Correspondance


Auteur : Hito
E-mail : h_hito76@yahoo.fr
Résumé: Une correspondance Carter / O’Neill
Genre: Romance S/J
Spoilers: Saison 8, après Threads
Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

NB/ Rendons à César ce qui est à César : Merci Laney ;-)
Et un énorme bisou à Gjc et à Aurélia (revenue du royaume de Klorel saine et sauve !)

Pour Némésis, qui a toujours les mots justes et fait des feedbacks constructifs. J’ai essayé de tenir compte de tes critiques et ai retravaillé le tout ! A la base, le but n’était pas vraiment d’écrire une fic mais simplement une correspondance. Mais comme on m’a demandé une suite, j’ai pensé que refaire cette première partie sous forme de fanfic en tenant compte de ton avis simplifierait les choses ! ^__^

________________

 


Jack fixait l’écran de son ordinateur depuis quelques minutes déjà, les doigts figés au-dessus du clavier. Le mail était créé, l’adresse entrée… mais le message en lui-même brillait de par son absence…
Pour en arriver là, il avait passé de nombreuses heures la main posée sur le combiné téléphonique. Il était même parvenu à composer les six premiers numéros – à trois reprises - mais avait toujours fini par raccrocher, le souffre ridiculement court, la mâchoire crispée.
Il était pourtant sûr de lui, à présent. En deux mois, il avait eu le temps d’y réfléchir. Deux mois… Soixante jours.
Et soixante nuits…

Dans un soupir, il tapota le plus simple :

« Carter »

En voilà, une entrée en matière ! Parfaite ! ... Et maintenant ?
Maintenant…
Faire profil bas. Après tout, elle avait refusé de prendre tous ses appels, du moins ceux qu’il avait tentés les quinze premiers jours, à son travail… Apparemment, elle lui en voulait.
Mais de toute façon, il n’était pas très doué pour la parlotte. Et encore moins au téléphone.
Alors voilà… Par mail, ça lui semblait plus… faisable.

- Oui, enfin… Si on veut, marmonna-t-il, le regard hypnotisé par la page blanche.

Secouant nerveusement la tête, il finit par sortir de sa torpeur.

- Bon allez ! Secoue-toi ! Reste professionnel et ce sera parfait !

Humble et professionnel…


« Carter,

Vous me connaissez, je ne suis pas très doué pour parler alors je tente le coup par écrit. Nous nous sommes quittés sans un mot et pour tout vous avouer… je ne pensais pas que vous alliez vraiment partir.
Comme je vous l’ai dit bien des fois, vous êtes un membre irremplaçable du SGC et de SG1, aussi, pourriez-vous envisager de revenir dans l’équipe ? Je ne sais pas trop ce qui vous a incitée à partir mais quoi que ce soit, faites m’en part et je verrai s’il est en mon pouvoir d’y remédier.
A bientôt j’espère.

Jack »


Parfait ! C’était à la fois professionnel et amical.
Il relut le mail à plusieurs reprises et son regard accrocha sa signature.

« Jack »

Peut-être un peu trop familier, là.
Tapotant nerveusement sur son clavier, il effaça son prénom au profit d’un « Général O’Neill ».
Il observa l’ensemble d’un œil critique et soupira.
Fallait peut-être pas exagérer ! Ils avaient quand même passé huit années de leur vie ensemble. En tant qu’amis.
« O’Neill » semblait être un bon compromis.
Après une dernière relecture, il songea à tout effacer mais dans un grognement plaintif, Jack consentit à cliquer sur « Envoyer ».
Voilà ! Maintenant, restait plus qu’à attendre une réponse.

***

Et l’attente fut longue… Du moins lui sembla-t-il. A chaque nouveau mail reçu, son cœur manquait d’exploser et c’était d’une main tremblante qu’il ouvrait sa messagerie…
Un mail du Général Martin, un autre du Président… Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous à lui écrire aujourd’hui ? Ils voulaient sa mort ?
Les minutes, les heures s’engrenaient sans le moindre message et vers 23h30 Jack se résolut à rejoindre ses quartiers d’un pas traînant.


Lors de cette nuit agitée, il ne parvint à dormir que quelques heures seulement et se leva finalement lorsque son réveil afficha 7h00. Après une douche éclair et un petit déjeuner léger, il rejoignit son bureau et manqua de s’étouffer avec le croissant qu’il venait de mettre dans sa bouche.
Un mail de « Samantha Carter » trônait au milieu des autres.
Fébrile, il enfourna le reste de son petit déjeuner et s’assit prestement sur son large fauteuil avant d’ouvrir le message… court.

Vraiment très court…


« Date : Sam. 17/08/2004 07 :12


Général,

Votre E-mail m’a surprise. Je pensais avoir été assez claire quant aux motivations de mon départ. Je ne changerai pas d’avis. Personne n’est irremplaçable et vous le savez parfaitement.

Carter »


Aïe… Elle lui en voulait vraiment… Il ne savait pas très bien pourquoi mais, apparemment, c’était toujours à l’ordre du jour.
Il lut et relut le mail, cherchant des réponses qui n’existaient pas… et c’est de nouveau en soupirant qu’il cliqua sur « Répondre ».

« Carter »

… toujours aussi facile, l’introduction. Pourquoi le reste avait-il autant de mal à sortir ?


« Carter,

Je suis perplexe. Le ton de votre mail… ou devrais-je dire « missive »… m’a semblé bien froid. »


Glacial même mais bon… il n’allait pas s’appesantir là-dessus.
Bon ! Jusqu’ici, c’était plutôt pas mal ! Maintenant, quoi rajouter ?
Il relut le mail de Carter encore une fois.
« Je pensais avoir été assez claire quant aux motivations de mon départ. »
Oui, eh bien… « Claire » n’était vraiment pas le terme qui la définissait le mieux…


« Je trouve au contraire que vos motivations sont très loin d’être claires. Quitter le SGC parce que vous aviez envie de passer à autre chose est assez flou et peu convaincant. Nous savons tous les deux que vous adorez votre travail ici. Ne me dites pas que vous pensez pouvoir trouver mieux à Washington. »


Parfait ! Elle ne pourrait jamais prétendre l’inverse ! Il était évident que le boulot au SGC était sans conteste plus passionnant qu’à la capitale !
Bien… Maintenant… Comment la faire revenir ?
Jack fixa l’écran, lisant et relisant indéfiniment ce qui avait déjà été rédigé.
Si seulement il savait exactement pourquoi elle était partie…

- Shanahan ? maugréa-t-il alors.

Possible. Très possible même. Elle avait peut-être senti le besoin de changer d’air et mettre ainsi de l’espace entre elle et ces lieux qui la rattachaient à ce type.

« Activation de la Porte non programmée ! »

- Eh merde… marmonna Jack en sauvant son mail.

La suite attendrait…

***

Après un retour en catastrophe de SG4 et un débriefing indispensable, Jack rejoignit son bureau avec lassitude.
Ce boulot commençait sérieusement à lui peser et sans la présence de Teal’c et de Daniel, il aurait certainement laissé tomber. Il estimait avoir suffisamment donné et n’éprouvait plus la moindre satisfaction à son travail. En fait, une seule chose aurait pu rendre agréable ses journées, enfermé dans cette base.
Attrapant sa souris, il rouvrit le mail et tenta de mettre de l’ordre dans ses pensées.

Donc… Shanahan, responsable du départ de Carter. Soit. Mais alors pourquoi lui en voulait-elle à lui ?

Il n’avait peut-être pas été suffisamment à l’écoute. Il faut dire que d’ordinaire, c’était Danny Boy qui jouait les confidents. Et parfois Teal’c en certaines occasions - les morts de Daniel, par exemple… Mais jamais lui. Jamais elle ne se confiait à lui alors il avait trouvé normal de garder une certaine distance après leur rupture.
Il avait apparemment eu tort. Encore une fois.

- Bon allez ! Finissons-en !


« Je ne sais pas si votre décision a un rapport avec votre rupture avec Shanahan, même si ça ne me regarde pas, mais vous savez qu’ici vous avez des amis tout prêts à vous soutenir. Alors je vous le demande comme une faveur personnelle. Pourriez-vous reconsidérer mon offre quant à un retour prochain au SGC ?

O’Neill »

Voilà ! C’était parfait !
« Envoyer »

***

Encore une fois, il attendit impatiemment une réponse qui ne vint pas et il était déjà 20h30 passé lorsqu’un Daniel en civil déboula dans son bureau.

- … Ben alors ? Qu’est-ce vous faites ?

Perplexe, Jack leva les yeux de son ordinateur.

- Pardon ?
- On était censé se faire une soirée chez vous… Vous avez oublié ?

O’Neill jeta un œil à l’heure qu’affichait son ordinateur et soupira.

- Désolé, je n’avais pas vu qu’il était si tard. J’arrive tout de suite. Vous me donnez dix minutes ?
- Ok, on vous attend en haut !
- Merci.

Jack regarda Daniel refermer la porte derrière lui et commençait à ranger la paperasse empilée un peu partout sur son bureau lorsqu’une petite enveloppe clignotant dans sa barre de tâche lui indiqua la réception d’un mail. Il hésita un instant seulement puis finit par ouvrir sa messagerie. S’il n’en vérifiait pas la provenance, à coup sûr, ça lui gâcherait sa soirée…

« Samantha Carter » lut-il, le cœur cognant soudain plus vite.
D’un geste fébrile, il ouvrit le mail.


« Date : Sam. 17/08/2004 20 :42


Général,

Les motifs de mon départ n’ont rien à voir avec Pete. Ce choix est à la fois personnel et professionnel et je ne vois pas en quoi j’aurais le devoir de me justifier devant vous. Vous n’avez pas soulevé la moindre objection à ma démission ni à ma demande d’affectation lorsque j’étais encore au SGC. Je ne comprends pas pourquoi vous choisissez de le faire maintenant. Si j’étais aussi indispensable que vous le prétendez, vous n’auriez pas mis si longtemps à vous en rendre compte.

Carter »


Bon… Apparemment, ça n’allait pas être aussi simple qu’il l’avait espéré.
« Les motifs de mon départ n’ont rien à voir avec Pete. Ce choix est à la fois personnel et professionnel…»
Là, par contre, il ne comprenait plus… Si ce n’était pas dû à Shanahan, pourquoi parlait-elle de raisons personnelles ?
A moins que…
Non, c’était ridicule. Chassant certains soupçons – espoirs ? – qu’il jugeait irréalistes, il cliqua sur « Répondre ».
La meilleure chose qu’il pouvait encore faire était de s’excuser platement… et ce, même s’il ne savait pas vraiment pourquoi. Mais tant pis. Si ça pouvait la faire revenir… il n’y avait pas à hésiter.

« Carter »

DRING !
Dans un soupir, Jack lâcha son clavier pour empoigner le combiné téléphonique.

- O’Neill.
- Jack ? lui répondit une voix familière passablement agacée. Vous êtes encore dans votre bureau ?

La voix du Jaffa se fit alors entendre derrière lui.

- Je vous l’avais dit, Daniel Jackson. Vous me devez cinq dollars.
- Je sais, grogna le jeune homme, une main inutilement posée sur le combiné pour couvrir cet échange.

Jack grimaça en regardant l’heure…

- Désolé ! J’arrive tout de suite… Il y a eu une… urgence.
- Ben voyons… On vous attend. Bip… Bip… Bip…

O’Neill raccrocha à son tour, conscient qu’il allait devoir faire des pieds et des mains pour dérider le Petit Scarabée, ce soir…
Bah ! Il lui donnerait une bière !
Se levant déjà, il jeta un dernier coup d’œil au mail de Carter et soupira.
Tant pis. Il répondrait demain.

***

« Carter,

Vous n’avez pas le « devoir » de vous justifier… J’aimerais juste comprendre, voilà tout. Je vous sens remonté contre moi et je ne sais pas trop pourquoi… Si je vous ai peinée en ne cherchant pas à vous retenir, j’en suis désolé. J’ai estimé que c’était à vous de prendre cette décision et je ne me sentais pas le droit de vous influencer. Et puis comme je vous l’ai dit, je ne pensais pas que vous alliez vraiment partir…
Après… Je n’ai pas osé vous demander de revenir. Mais je le fais maintenant. Nous avons besoin de vous ici.

O’ Neill »


Voilà… Il ne lui avait fallu qu’une petite minute pour faire ce mail.
Ok… Une minute et une nuit entière… Il n’empêche, il était plutôt satisfait.
« Envoyer »
Bon… Et maintenant l’attente. C’était vraiment la partie qu’il détestait le plus…


***

« Date : Lun. 19/08/2004 13 :01


Général,

Vous avez besoin de moi ? Daniel m’a pourtant dit que mon remplaçant était très compétent et que vous en étiez satisfait.
De toute façon… je suis, il est vrai, assez remontée contre vous. Après tout, maintenant pourquoi le cacher? J’avais cru être plus importante et votre indifférence à mon égard m’a blessée. Mais tout cela m’a permis d’y voir un peu plus clair.
Alors oublions cela. C’est du passé. Quoiqu’il en soit, je ne reviendrai pas.

Carter »


Le front brûlant, Jack lut et relut le mail tant attendu et réalisa brusquement qu’il avait omis de respirer… Inspirant précipitamment, il remua nerveusement sur son fauteuil, agacé de se trouver ainsi en position de faiblesse.
Mais bon sang ! Comment pouvait-il prendre ce mail ?

« J’avais cru être plus importante et votre indifférence à mon égard m’a blessée. »

… C’était à cause de lui qu’elle était partie ?
Glissant une main sur sa nuque tendue, il s’adossa lourdement à son siège.
De quoi parlait-elle exactement ? D’un manque d’écoute et d’un autre manque auquel il n’osait même pas songé plus avant. De l’indifférence ? S’il y a bien une chose qu’elle ne lui inspirerait jamais c’était bien de l’indifférence !


« Carter,

Je ne comprends pas trop… Vous parlez d’indifférence, ça n’a jamais été le cas. »

Bon, jusqu’ici, ça allait.

« Quant à être importante, il me semble inutile de vous préciser combien c’est évident … »

Les doigts de Jack se figèrent brusquement. Il était en train de lui faire une déclaration, là, non ? Dans un grognement, il appuya sur « Suppr » jusqu’à faire disparaître la dernière phrase.

- Pourquoi ne pas lui dire que tu es fou d'elle pendant que t’y es ! grommela-t-il pour lui-même.

Non, il n’était définitivement pas à l’aise lorsqu’il s’agissait de parler sentiments… Et puis… Ils n’étaient pas censés le faire, après tout !
Dans un soupir agacé, il ferma le mail et ouvrit un rapport SG. Il s’occuperait de ça plus tard… Lorsqu’il saurait quoi répondre…

Hélas, plus les heures passaient, plus l’idée même d’aborder « ce sujet » le paniquait. Après tout, en parlant d’importance et d’indifférence, elle sous-entendait peut-être son manque de présence, tout simplement. Donc rien à voir avec de quelconques sentiments… particuliers.
Il était près de 19h 30 lorsqu’il rouvrit le mail et son énervement était à son comble. Ses doigts se mirent à voler rageusement sur les touches du clavier et la minute suivante, il apposa sa signature.

« Carter,

Je ne comprends pas trop… Vous parlez d’indifférence, ça n’a jamais été le cas.
Ecoutez, là je crois que vous abordez un sujet plus personnel et je ne suis pas sûr que ce soit très judicieux.
Je ne sais pas comment vous convaincre et je n’ai pas pour habitude de tourner autour du pot. Votre présence ici devient indispensable. Certes vous avez démissionné mais vous travaillez encore pour l’armée. Ne m’obligez pas à vous l’ordonner.
Et pour info, Carter… Votre démission n’a pas encore été validée par l’Etat Major. J’y ai veillé personnellement.

O’Neill »


On pouvait parfaitement sentir une certaine scission entre la première et seconde phrase mais tant pis !
« Envoyer » !
Jack s’effondra sur le dossier de son fauteuil et soupira, les yeux fermés. Partiellement apaisé, il tenta de reconstituer en pensées ce qu’il venait d’écrire et son estomac se noua d’appréhension.
Il était peut-être allé trop loin, là…
Se redressant vivement, il ouvrit la copie du mail envoyé et entreprit de la relire.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris ?!

***

Après une nouvelle nuit plus que courte – à ce rythme-là, il allait finir à l’infirmerie – Jack passa la journée du mardi dans un état apathique qui lui était insupportable. Il tenta vaillamment de se secouer mais, conscient d’avoir tout gâché en envoyant ce stupide mail, il restait persuadé que jamais il n’obtiendrait de réponse.
Quelle ne fut donc pas sa surprise lorsqu’en début d’après-midi, il reçut un mail de « Samantha Carter »


« Date : Mar. 20/08/2004 14 :22


J’ai du mal à croire que vous puissiez me faire du chantage ! Je suis allée vérifier à l’Etat Major où on m’a gentiment confirmé que vous retardiez volontairement la signature des papiers officiels.
Je ne comprends pas ! Jusqu’ici vous avez toujours respecté mes choix et n’avez jamais rien fait pour les influencer, qu’ils soient d’ordre professionnel ou privé et brusquement vous vous transformez en dictateur ? Là, j’avoue que je ne vous suis plus du tout.
En revanche, votre habilité à éviter les discussions personnelles ne m’a guère surprise. Vous êtes passé maître à ce petit jeu-là.
Quoiqu’il en soit, ce n’est vraiment pas comme ça que vous me ferez revenir.

Carter »


Bon… au moins, il avait obtenu une réponse et avait donc la possibilité de rattraper le coup.
En y songeant, il aurait du se douter qu’elle se rebifferait forcément face à cet abus de pouvoir. Elle n’était pas du genre à se laisser faire sans réagir.
Un sourire vint étirer les lèvres de Jack alors même que son estomac se nouait d’envie. L’envie de la voir, l’envie de lui parler… L’envie de l’entendre se rebeller contre lui.
Après une relecture rapide, il réalisa qu’elle avait laissé tomber les « Général » au profit d’un message plus… spontané et familier. La froideur de leurs premiers échanges avait donc fait place à la colère et Jack préférait de loin cette perte de contrôle. Il se sentait étrangement plus proche d’elle.

- Bon… C’est pas tout ça, mais va falloir se faire pardonner, maintenant.

D’un geste brusque, il empoigna le combiné de son téléphone.

- Walter ?
- Oui, Mon Général ?
- Passez-moi l’Etat Major.

***

« Très bien, j’admets ne pas y être allé de main morte et j’en suis désolé… voilà, je m’excuse platement ! Vous êtes satisfaite ?
Mais au moins j’aurai essayé. Tout ce que je veux, c’est que vous reveniez. J’ai signé vos fichus papiers ce matin. Vous pourrez aller vérifier dès réception de ce mail. Ils sont au courant, à l’Etat Major. »

Jack interrompit sa prose afin de se relire. Il espérait que ses efforts pour se faire pardonner attirerait un minimum la sympathie de Carter. Après tout, elle savait parfaitement qu’il détestait cela !
Par contre, maintenant, il se devait de répondre à ça :

« En revanche, votre habilité à éviter les discussions personnelles ne m’a guère surprise. Vous êtes passé maître à ce petit jeu-là. »

Jack soupira nerveusement, triturant le pauvre stylo qui avait eu la malchance de se trouver à porter de main… Puis au bout de quelques minutes de réflexion, il finit par lâcher sa victime et tapota nerveusement un semblant de réponse.

« Quant aux discussions personnelles… Comme vous y allez ! Et je vous rappelle, Carter, que vous étiez également la dernière à vouloir en discuter… »

- Raaaah ! C’est nul ! grommela-t-il en effaçant vivement cette dernière phrase.

Lui faire des excuses pour ensuite l’incriminer… Ce n’était guère sensé.

« Moi « habile à éviter les discussions personnelles» ? Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez… »

Jack fixa cette dernière phrase quelques secondes puis l’effaça en gémissant.

- Au secours…

Ok ! C’est vrai qu’il avait sciemment évité d’aborder ce sujet-là… Mais après tout, il avait ses raisons… outre que le fait d’être mal à l’aise…


« Quant à l’autre sujet… Je ne refuse pas la discussion. Mais dans l’éventualité d’un prochain retour, j’ai estimé qu’il serait plus judicieux d’éviter d’en parler.

O’Neill »


Voilà ! Parfait ! Il s’améliorait de mail en mail… !
« Envoyer » !
Repoussant son fauteuil avec satisfaction, il se redressa en frottant son estomac soudain bruyant. Le petit déjeuner qu’il avait pris à 6h30 était déjà loin… Ce boulot allait avoir sa peau...

DRING !

- Raaah ! grogna-t-il en empoignant rageusement son téléphone. O’Neill !
- Jack ? répondit Daniel sans tenir compte de l’énervement contenue dans la voix de son ami. On va manger un morceau au mess, vous venez ?
- Oh oui ! soupira celui-ci. J’arrive de suite !
- Ok… Ah au fait ! Ce serait super si vous pouviez demander au cuistot d’y aller mollo sur le citron… Rodney a perdu cinq kilos depuis qu’il est ici…

S’apprêtant à répondre de façon bien sentie, Jack entrebâillait déjà la bouche mais son regard accrocha une petite enveloppe qui venait d’apparaître dans sa barre de tâche. Ouvrant sa messagerie sans attendre, il sentit son cœur manquer un battement en découvrant le nom de l’expéditeur.
« Samantha Carter »


« Date : Mer. 21/08/2004 13 :13


« Mais dans l’éventualité d’un prochain retour, j’ai estimé qu’il serait plus judicieux d’éviter d’en parler. »
Quelle jolie phrase ! Vous avez passé combien de temps à la rédiger ?

Carter »


Un sourire vint aussitôt détendre son visage fatigué et Jack s’assit de nouveau sur son siège, sa faim oubliée.

- … Jack ?... vous êtes toujours là ?
- Ah… euh… oui ! Mais j’ai un truc qui vient de me tomber dessus… Allez au mess sans moi.

Et sans attendre un mot de plus, il raccrocha.
Au-delà du fait de la savoir au même moment que lui devant son PC c'était la note évidente d’humour dans ce mail qui le réjouit.
Levant les mains au-dessus de son clavier, il s’empressa de répondre :

« Très drôle.
Une dizaine de minutes… Et ne riez pas ! Je vous entends du fin fond de Cheyenne Mountain…

Bon alors. Quel sujet voulez-vous qu’on aborde ?

O’Neill »

Il hésita quelques secondes puis finit par cliquer sur « Envoyer ».
Ceci fait, il attendit impatiemment sa réponse.

- Faites qu’elle soit encore devant son … maugréa-t-il avant de s’interrompre brusquement. Yes !

Jack ouvrit aussitôt le mail qu’il venait de recevoir.


« Date : Mer. 21/08/2004 13 :18


Pourquoi voulez-vous que je revienne ? Et épargnez-moi les raisons d’Etat !

Carter »


- Raaaaah…

Quoi répondre ? Certes, il désirait se montrer honnête mais là ? Que voulait-elle entendre de lui ?

« Parce que… »

Jack resta bien une dizaine de minutes le regard rivé à ces deux petits mots mais la suite ne venait désespérément pas… Inquiet à l’idée qu’elle puisse quitter son bureau pour vaquer à d’autres occupations, ce qui retarderait considérablement la réponse de la jeune femme, Jack choisit de jouer la carte de l’humour… Après tout, ça marchait toujours avec elle !


« Parce que votre remplaçant me tape sur les nerfs ! C’est un petit prétentieux geignard qui fait dans son pantalon à chaque activation de la Porte ! Et j’ai beau faire le menu du mess moi-même, il n’a toujours pas compris qu’il était indésirable ici !
En revanche, j’ai reçu des plaintes. Apparemment, certains sont lassés d’avoir du citron dans tous les plats qu’ils avalent… Carter, pitié ! Revenez !

O’Neill »


« Envoyer »

- Faites qu’elle soit encore devant son PC… Faites qu’elle soit encore devant son PC… Faites qu’elle soit encore devant son PC… Faites qu’elle soit encore devant son PC… YES !


« Date : Mer. 21/08/2004 13 :34


Pourquoi voulez-vous que je revienne ? (BIS) Et épargnez-moi les raisons d’Etat et excuses bidons !

Carter »


Arfffff… Apparemment, son humour n’avait plus tout à fait le même succès qu’avant.
Soupirant bruyamment, Jack se leva de son fauteuil et fit quelques pas.
Pourquoi voulait-il qu’elle revienne ?
Pourquoi ?

- Parce qu’on a besoin de vous ici !

… Non, s’il répondait ça, elle lui balancerait certainement un virus pour se venger…

- Parce que… Parce que… Oh et puis merde ! s’exclama-t-il, fatigué.

D’un geste brusque, il se rassit sur son fauteuil et tapa sa réponse.


« Parce que vous êtes trop loin.

O’Neill »


« Envoyer » !
Dans un grognement rageur, il frotta son visage de ses mains tremblantes et s’adossa à son siège.
Il venait de lui faire une jolie déclaration, là. Restait plus qu’à espérer qu’elle ne lui rirait pas à la figure…
Jetant un œil machinal sur son PC, il sentit son cœur vaciller. Il y avait déjà une réponse… Sautant sur sa souris, il entreprit d’ouvrir le mail, l’espoir au ventre.


« Date : Mer. 21/08/2004 13 :51


Vous pourriez développer ?

Carter »

- « Vous pourriez développer ? »… Elle veut ma mort ou quoi ?

Développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer, développer…

« Parce que je vous préfèrerai à la base ! Avec nous ! Avec moi ! Vous voulez un dessin ? »

Argg… Non… trop agressif !
« Suppr »…

« Parce que j’ai besoin de vous ici ! Parce que j’ai besoin… de… de… de vous ici ! »

« Suppr » !

« Parce que j’en ai marre de manger des plats au citron ! Et puis voir McKay tous les matins me donne des boutons !... »

« Suppr » !!

« Parce que… Je suis sûr que je vous manque ! Allez ! Avouez-le ! Vous en pincez toujours pour moi ! »

« Suppr » !!!!!!!!!

« Pour l’amour du ciel !... Ca fait cinq fois que je réécris ce fichu mail…
Est-ce que je suis vraiment obligé de répondre ?
Raaaaah !
Daniel est cloîtré dans son bureau toute la journée, mon poisson rouge est plus bavard que Teal’c et Felger a menacé de faire exploser la base si vous ne reveniez pas très vite ! C’est l’enfer ici !
Est-ce que c’est assez développé à votre goût ?

O’Neill »


« Envoyer » !
Il allait finir par mourir d’apoplexie, avec ces conneries !
S’effondrant lourdement sur le dossier de son siège, il tenta de retrouver un semblant de souffle. Mais à peine venait-il de se calmer qu’un nouveau mail arrivait.
Dans un grondement sourd, il se redressa vaillamment.


« Date : Mer. 21/08/2004 14 :27


Et vous ?

Carter »


Ok… Bon, là… Il n’allait plus pouvoir y couper.


« Moi ? J’en suis venu à vous faire du chantage !

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que vous me manquez ?
Eh bien oui. Vous me manquez, Carter.

O’Neill »


« Envoyer »
Les yeux rivés à l’écran de son PC, il regarda les minutes s’engrener avec une lenteur insupportable. Lui qui avait cru que la réponse serait aussi rapide que les autres…
Elle le faisait exprès ou quoi ???
Dix bonnes minutes après l’envoi de son message, Jack sortait déjà mentalement son Beretta pour se tirer une balle dans la tête lorsque le mail arriva enfin.


« Date : Mer. 21/08/2004 14 :42


Et ça veut dire quoi, selon vous ?

Carter »


Décidément, elle ne lui facilitait vraiment pas la tâche… Et impossible de savoir selon le ton de son mail si elle était troublée, heureuse ou au contraire… indifférente.
Bah ! De toute façon, il en avait déjà dit suffisamment. Elle cherchait apparemment juste confirmation.


« Je crois qu’on sait très bien ce que ça veut dire.

O’Neill »


« Envoyer »
Voilà une superbe façon détournée de dire « Je vous aime ».
Il était vraiment très fort pour dire les choses sans les prononcer…
Dans un soupir tremblant, il tenta de se détendre mais finit par hausser les sourcils de lassitude. Une vraie boule de nerf.
Mais Dieu merci, cette fois-ci, la réponse ne tarda pas.


« Date : Mer. 21/08/2004 14 :44


Est-ce que ça change quelque chose ?

Carter »


Allons donc !
Il avait espéré une réponse plus… explicite. Mais au moins, elle ne l’envoyait pas sur les roses.


« En restant à Washington, vous ne le saurez jamais.

O’Neill »


« Envoyer »
Vidé, Jack dut attendre quelques minutes avant d’obtenir une réponse mais lorsqu’il lut celle-ci, l’espoir vint balayer la fatigue et la faim accumulées.


« Date : Mer. 21/08/2004 14 :51


Je refuse de revenir sans garanties.

Carter »


Des garanties ? Il ne manquait que des garanties pour qu’elle revienne ?
Souriant franchement, Jack empoigna son téléphone.

- Walter ?
- Mon Général !
- Je voudrais que vous avanciez un rendez-vous…

******************************************


Une demi-heure… Plus d’une demi-heure s’était écoulée et toujours aucune réponse…
Sam jeta un œil sur ses assistants toujours en pleine effervescence autour du générateur sur lequel elle aurait du travailler depuis deux heures.

- Allez… supplia la jeune femme d’une voix faible, le nez dans sa messagerie.

Elle s’était contrainte à n’actualiser sa page que toutes les minutes et faisait mine de lire des rapports qu’elle connaissait déjà par cœur.
Qu’était-il en train de faire ? Pourquoi mettait-il autant de temps pour répondre ? A croire que ça l’amusait de la laisser ainsi dans l’incertitude ! Elle ne demandait pourtant pas la lune ! Un « oui » ou un « non » !

… Enfin, un « oui » de préférence…

Depuis qu’il lui avait envoyé le premier mail, elle était passée par toutes les émotions possibles et inimaginables. Surprise, rage contenue, colère, tendresse et espoir… A plusieurs reprises, son cœur avait failli lâcher, surtout lors de ces deux dernières heures. Mais ce qu’elle avait ressenti en lisant ces quelques mots : « Je crois qu’on sait très bien ce que ça veut dire. » était tout simplement indescriptible…

Alors voilà, maintenant, elle était littéralement suspendue à… son PC. Lorsque l’horloge indiqua 15 : 36 au lieu de 15 : 35, Sam actualisa de nouveau sa messagerie d’un geste nerveux et ne parvint à retenir un cri de soulagement. Etouffant aussitôt celui-ci d’un raclement de gorge précipité, la jeune femme se contraignit à prendre un air dégagé en ouvrant le mail.


« Date : Mer. 21/08/2004 15 :35


Je dois être à Washington demain dans la matinée.
Si vous êtes d’accord, on peut se voir dans l’après-midi et je vous donnerai toutes les garanties que vous voulez…

O’Neill »


Les joues de Sam prirent aussitôt une teinte joliment écarlate et un sourire immense vint manger son visage.
« … je vous donnerai toutes les garanties que vous voulez… »
« … toutes les garanties que vous voulez… »

A cette simple perspective, un violent frisson parcourut tout son corps et c’est d’une main tremblante qu’elle répondit :


« Très bien. Je vous attendrai…

Sam »

FIN……….. ok… A suivre… ;-)