Exploration illicite

 

Auteur : Hito
E-mail : h_hito76@yahoo.fr
Résumé: Un petit échange plutôt gênant !
Genre: Romance S/J, Humour…
Spoilers: Courant saison 7 avant Heroes 
Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas à moi mais à la MGM…
NB/ : Comme toujours, merci à Aurélia et Hélios ! Bisous les filles !

ATTENTION : Cette fic est pour adultes uniquement !

 

 

 

Depuis le début, il savait qu’il n’aurait jamais du toucher cette fichue pierre. C’était pourtant pas faute de beugler ce genre de recommandation à qui mieux mieux à chaque fois que Daniel tendait la main vers un artefact inconnu… Alors pourquoi diable y avait-il touché ???

Raaaah !

Et maintenant, il pouvait admirer le résultat. Lui en elle… et elle en lui...

Ok, dis comme ça, ça semblait beaucoup plus réjouissant que ça en avait l’air. Lui en elle… Mmmm…

Mais non ! Il était en elle mais pas dans ce sens là… hélas, songea-t-il, exaspéré en lorgnant vers sa droite. C’était assez curieux de se voir de l’extérieur, en fait. Il devait admettre avec fierté qu’il était plutôt imposant. Plus tout jeune, certes mais encore bien fichu pour son âge. Et grand… Grand en tout cas pour lui qui était à présent enfermé dans ce corps qui mesurait 1m78. Il avait la curieuse impression d’être devenu un nain… Pourtant Carter était assez grande, surtout pour une femme mais malgré tout, il se sentait ridiculement petit et du coup en situation d’infériorité. Et ça, il n’aimait pas du tout ! Sans parler du fait qu’il avait vraiment un sentiment de vide atroce et déconcertant… Une partie de son corps lui manquait désespérément. Ben quoi ?!! Ok, c’était peut être macho et plutôt malvenu de penser à ça, mais c’était plus fort que lui ! A la place, il se retrouvait avec deux … trucs qui l’empêchaient de voir ses pieds sans se pencher… Pas très pratique, franchement.

Bon, mis à part ça, c’était assez agréable, malgré tout. Pas de douleurs continuelles aux genoux, ni en bas de son dos, conséquences de leur dernier combat contre des Jaffas. En songeant à cela, il se tourna vers la jeune femme qui marchait à ses côtés.

La pauvre, elle devait déguster…

***

 

Pourquoi ne leur avait-il pas dit qu’il souffrait encore ? songea la jeune femme, furieuse contre son supérieur.

La douleur dans son dos était presque insupportable. Sans parler de ses genoux. Et dire qu’il vivait ça au quotidien… Cet homme était vraiment impossible ! A croire qu’il prenait un malin plaisir à la souffrance ! Il aurait suffit d’un mot à Janet et ils seraient tous restés à la base pendant encore une semaine, le temps que la douleur dans le bas de son dos disparaisse.

Mais non ! C’est tellement mieux de courir l’univers avec un poignard enfoncé dans les reins ! 

Sa colère lui sembla tout à coup étrange… D’ordinaire, elle ne réagissait pas aussi vivement? C’était peut-être dû à un surplus de testostérones ? La sensation était curieuse, en tout cas.

Enfin, malgré la douleur qui lui vrillait le corps, elle devait reconnaître qu’il était assez agréable d’être aussi… grand et fort. Elle avait l’impression de pouvoir soulever des montagnes. Lorsqu’elle avait récupéré son sac, après le transfert qui les avait tous les deux assommés, elle avait été surprise de le sentir étrangement si léger. Pourtant il s’agissait bien de son barda… pas de doute. Mais sa masse musculaire ayant changé, elle l’avait soulevé avec une facilité qui l’avait tout à coup fait sourire jusqu’aux oreilles.

Bon, c’était vrai… La douleur dans son dos l’avait aussitôt fait redescendre sur terre cependant, elle avait eu, en l’espace de quelques secondes, l’impression de s’être transformée en Superwoman !

… Ou plutôt en Superman...

Bref ! L’expérience était assez intéressante… du moment qu’elle récupérait son corps après…

***

 

La Porte apparut enfin devant eux. Le retour à la base promettait quelques explications et quiproquos pas forcément très plaisants mais ils ne pouvaient rester ainsi sans l’avis du docteur Frasier. Sans un mot, Daniel composa les coordonnées et tous les quatre traversèrent le vortex.

- SG1 ? Vous êtes en avance, attaqua de suite Hammond tandis qu’il regardait passer Sam devant lui, indifférente aux propos de son supérieur.

Quelque peu déboussolé, il lui fallut quelques secondes avant de réagir. C’était un comportement assez inhabituel de la part de la jeune femme.

- Major Carter !! appela-t-il aussitôt, n’appréciant pas d’être ainsi ignoré.
- Je suis là, Mon Général, lui répondit de suite la voix du Colonel O’Neill.

Incrédule, il regarda l’homme en face de lui mais devant sa mine étrangement innocente, qui, il faut bien l’avouer, ne collait pas du tout avec la personnalité de Jack, Hammond comprit rapidement le problème.

- Colonel O’Neill !!! rugit-il aussitôt en direction des couloirs.

Ils attendirent quelques secondes puis l’enveloppe du Major Carter réapparut dans l’encadrement de la porte.

- Raaaaaah !!! Vous voyez bien qu’on a un problème ! Je vais voir le doc ! s’exclama-t-« elle ».

Devant l’expression outré et si peu familière de la jeune femme, Hammond eut toutes les peines du monde à garder son sérieux. Ce n’était pas la première fois qu’ils étaient confrontés à une telle situation et au-delà du côté problématique de la chose, savoir Jack enfermé dans le corps d’une femme avait tout d’une bonne plaisanterie. Bien évidement, il ne laissa rien transpirer de ses pensées.

- Que s’est-il passé ? insista-t-il donc.

Ce fut Sam qui prit la parole tout en tentant nerveusement de remettre une mèche rebelle inexistante derrière son oreille. Frottant son crâne rasé avec maladresse, elle se mit au garde à vous.

- Nous sommes arrivés dans une sorte de grotte et … euh… Le…

Lui venant en aide, Jack s’avança vers eux.

- J’ai eu la riche idée de toucher une pierre sur le mur… C’était stupide, je sais. Je ne comprends même pas pourquoi j’ai fait ça.
- Peut-être avait-elle un pouvoir hypnotique, Mon Colonel, intervint Sam afin d’éviter à son supérieur de se faire réprimander. 
- Ouais eh bien quoiqu’il en soit… voilà le résultat, répondit-il en écartant les bras afin de se montrer à tous.

Face à l’expression outrée du visage de « Sam », Hammond ne put réfréner plus longtemps un sourire amusé. C’était vraiment curieux de voir la jeune femme grimacer de la sorte. Normal, puisque ça n’était pas vraiment elle…

- Bien… finit par déclarer le Général. Tous à l’infirmerie. Débriefing dans deux heures.

Levant les yeux au ciel, Jack passa devant tout le monde, bousculant au passage SG4 qui venait de pénétrer en salle d’embarquement.

- C’est sa mauvaise semaine ? grogna le Lieutenant Colonel Jones hélas trop fort pour qu’O’Neill ne l’entende pas.

Celui-ci stoppa net son élan et fit demi-tour pour se planter juste devant l’officier qui ouvrit de grands yeux devant l’expression glaciale de la jeune femme. Après tout, elle l’avait bousculé sans s’excuser alors qu’il était plus gradé qu’elle…

- Vous pouvez répéter, Jones ?

Stupéfait, celui-ci mit un instant à répondre :

- Pas si je n’en ai pas envie, MAJOR !
- Je rêve ou vous venez de proférer des propos sexistes ?
- Ça lui arrive tout le temps, répliqua la vraie Sam qui passait juste derrière eux sans s’arrêter.
- Vraiment… répondit O’Neill, tentant vainement de s’imposer du haut de son 1m78.

Jones plissa les yeux, quelque peu surpris par l’autorité et la froideur peu commune qui se dégageait du regard de la jeune femme. Quelque chose clochait…

- Colonel ? Un problème ? demanda alors Hammond qui passait près d’eux.
- En effet, Mon Général…
- Ce n’est pas à vous que je parle mais au Colonel O’Neill, l’interrompit son supérieur en se tournant vers l’enveloppe du Major Carter.

Jones cilla à peine, sentant une sueur froide glisser le long de son dos. Est-ce qu’il venait de faire la gaffe d’insulter le second d’O’Neill… alors que celui-ci se trouvait en fait dans le corps de la jeune femme… ?

- J’ai en effet un problème, Général, répondit Jack sans pour autant quitter sa victime des yeux. Le Lieutenant Colonel Jones vient de tenir des propos discriminatoires à l’encontre du Major Carter. 

Hammond se tourna aussitôt vers l’accusé, le regard sombre.

- Vous me ferez un rapport détaillé, Colonel O’Neill.
- Certainement, Monsieur.

Et sans un mot de plus, Jack se détourna et partit en direction de l’infirmerie. Il retrouva Sam qui l’attendait un peu plus loin dans le couloir.

- Merci, Mon Colonel, dit-elle simplement à son arrivée.
- Vous auriez du me le dire, Carter.

La jeune femme haussa les épaules.

- Vous savez parfaitement que je ne le pouvais pas.

O’Neill se tourna vers son propre reflet, cherchant à sonder la jeune femme. En vain. Il avait un visage incroyablement inexpressif... Plutôt rassurant, en fait. Sauf qu’à cet instant, cela ne l’aidait pas. Sentant qu’elle n’en dirait pas davantage, il resongea à la cause de cette petite altercation et pâlit brutalement.

- Carter… grogna-t-il en ralentissant le pas.
- Mon Colonel ? demanda-t-elle aussitôt, inquiète de se voir tout à coup si blanche.

Elle avait vraiment une drôle de tête lorsqu’elle avait peur…

Jack se rapprocha alors d’elle, agrippant ses épaules pour qu’elle baisse sa tête à son niveau. Sam songea brusquement que pour la première fois depuis qu’elle le connaissait, cette soudaine proximité ne l’affolait pas du tout. Il fallait dire que se voir de près n’avait rien de particulièrement… excitant.

- Dites-moi une chose… souffla-t-il près de son oreille. Euh… Je suis désolé d’aborder ce genre de euh... sujet…
- Allez-y, Mon Colonel, répondit-elle sur le même ton, intriguée par ses hésitations.
- J’espère que vos… prochaines… Enfin… La prochaine fois que vous aurez vos…

Comprenant où il voulait en venir, la jeune femme s’écarta aussitôt de lui, le visage écarlate. Ils se regardèrent en silence, lui terriblement embarrassé, elle tout simplement horrifiée.

Finalement, son visage pouvait être également très expressif, songea Jack en s’observant. Mais revenant au problème qui l’intéressait, O’Neill finit par se racler la gorge.

- Oui, donc… Je ne veux pas vous gêner, bien sûr… Mais j’ai vraiment besoin d’être rassuré à ce sujet.

Sam acquiesça, la gorge sèche.

- Pas avant deux semaines, Monsieur.
- Ah… répondit-il simplement.

Et sans un mot, ils reprirent le chemin de l’infirmerie avant de s’arrêter en même temps, la même pensée traversant leurs esprits simultanément.

Comment allaient-ils faire pour les toilettes ?

***

 

Tous deux déboulèrent dans l’infirmerie et Jack sauta de suite sur Janet qui avait déjà été mise au courant du transfert par un Daniel particulièrement loquace.

- Doc ! s’écria-t-il en attrapant celle-ci par les épaules. Il faut absolument que nous retrouvions nos corps respectifs le plus rapidement possible !

L’espace d’un instant, le docteur Frasier regarda la jeune femme en face d’elle avec stupéfaction puis finit par retrouver ses esprits.

- Colonel ?
- Qui voulez-vous que ce soit !?… Sortez-nous de là !!! insista Jack plus que paniqué.
- Je veux bien mais il va tout d’abord falloir que je vous examine… Et quand bien même je le ferais, il y a de forte que chance que je ne puisse rien pour vous. Si la responsable de ce… transfert est une technologie extra-terrestre… c’est plutôt Daniel le plus amène de vous aider.

A peine avait-elle fini sa phrase qu’O’Neill la lâchait pour rejoindre Jackson assis sur un des lits en train de passer les tests habituels. Il poussa sans ménagement l’infirmière qui s’occupait de son ami et agrippa le jeune homme.

- Daniel ! Il faut absolument que nous retrouvions nos corps respectifs le plus rapidement possible ! répéta-t-il avec la même intonation.
- Euh… oui, je le comprends bien…
- Non ! Vous ne comprenez pas !!! Il le faut ! Le plus rapidement possible, sinon Carter et moi allons nous trouver dans une situation très gênante !!!

Puis se tournant vers Sam, il se figea, les yeux écarquillés.

- Qu’est-ce que vous faites ?

La jeune femme suspendit aussitôt son geste.

- … Eh bien… Je bois, Mon Colonel, répondit-elle avec innocence, un verre d’eau dans la main. J’ai la gorge…

Mais il ne la laissa pas finir :

- Vous vous fichez de moi !!? Vous jetez ça immédiatement !

Comprenant enfin où Jack voulait en venir, Daniel ne put retenir plus longtemps son hilarité. Il s’étrangla cependant très vite devant le regard meurtrier de son ami. Après quelques bonnes quintes de toux incontrôlables, il finit par retrouver son souffle.

- Je… J’ai pris des photos du temple, il y avait des inscriptions sur les murs et près de la Pierre que vous avez touchée… Je pourrais commencer par là.

Et devant le regard insistant et peu amène de son coéquipier, il s’empressa de rajouter :

- … dès que je sors d’ici…
- Bien !

Sur ce, Jack se dirigea vers l’un des lits inoccupés.

Sam le regarda sauter dessus avec aisance, tout en frottant ses genoux d’une air satisfait. Il appréciait visiblement la bonne santé de son corps, ce qui en soit était assez logique étant donné l’état dans lequel son corps à lui se trouvait… Elle s’assit donc à son tour en face de son supérieur et ne put réprimer plus longtemps une grimace de douleur. Redressant la tête, elle croisa son propre regard bleu et y lut de la peine et de la compassion. Elle avait un visage très expressif… Trop expressif. Il faudrait qu’elle fasse attention.

- Doc ! appela alors O’Neill.

Janet laissa une infirmière s’occuper de Teal’c et s’avança vers lui.

- Colonel ?
- Vous pourriez vous occuper tout de suite de… Carter ?

Frasier haussa les sourcils en se tournant vers Sam.

- Qu’est-ce qui ne va pas ?
- Les genoux… et le dos, grogna Jack pour elle, embarrassé.

Janet se rembrunit aussitôt.

- Je croyais que vous étiez guéri ?

Un ricanement venant du lit voisin lui répondit.

- Euh… désolée, maugréa aussitôt Carter devant le regard glaciale de son supérieur.

Frasier jeta alors un œil mauvais à O’Neill qui se détourna en grimaçant.

- Je vois…Vas-y Sam, allonge-toi.

Et sans un mot de plus, elle tira le rideau de séparation.

Les différents examens et tests furent faits le plus rapidement possible et Sam attendit patiemment les premiers résultats à l’infirmerie. Assise sur le lit, elle observait ses mains depuis quelques minutes déjà. En fait, ce n’était pas vraiment ses mains à elle… mais ses mains à lui.

« Ses » mains.

Grandes, incroyablement grandes et puissantes. Agiles. Nerveuses. Légèrement calleuses, habituées aux travaux manuels… Ses doigts étaient longs et bien dessinés, ses paumes larges et robustes. Jamais jusqu’ici, elle n’avait pu les observer avec autant d’attention. Ces mains qu’elle aimait.

Le bruit d’un rideau qu’on tire la fit sursauter. Dans un effort suprême, elle s’arracha à son étude morphologique et redressa la tête. Son propre reflet apparut sous ses yeux et l’espace d’un instant, elle en fut quelque peu perdue.

- Carter ? ça va ?

Elle sourit devant sa mine inquiète. C’était assez drôle de voir à quel point Jack O’Neill était devenu si expressif depuis qu’il se trouvait dans son propre corps.

- Bien Monsieur, merci.

Il acquiesça et enfonça ses mains dans les poches de son pantalon d'un geste familier.

- Les genoux ?

Sam haussa les épaules. Elle souffrait encore malgré les anti-inflammatoires que Janet lui avait donnés.

- Je connais un massage qui pourrait vous soulager. Vous permettez ?

La jeune femme se sentit brusquement rougir, ce qui en soit était impossible puisqu’en sept années à côtoyer cet homme, elle ne l’avait jamais vu… rougir.

- Je ne ferais que masser mes propres genoux, Carter… dit-il aussitôt, sentant sûrement ses hésitations.

Alors elle acquiesça et remonta son pantalon. Dans un premier temps, elle resta quelque peu crispée puis, voir son propre reflet penché à la masser lui ôta toute idée ambiguë. Tout ça n’avait définitivement rien d’embarrassant. Sentant la douleur s’apaiser peu à peu sous ses doigts experts, elle ferma les yeux, savourant ce moment ô combien agréable. Elle les rouvrit cependant très vite lorsqu’elle sentit son esprit s’égarer…

Après tout, c’était quand même Jack O’Neill qui lui massait les jambes !

Sam entendit alors des sons étouffés venant de l’entrée de l’infirmerie et se retourna. Elle croisa le regard de plusieurs soldats entassés dans le couloir, les observant avec effarement.

Ce fut à ce moment précis qu’elle réalisa combien cette scène pouvait être ambiguë pour un œil extérieur : le Major Carter était accroupie, en train de masser les genoux de son supérieur direct, le Colonel O’Neill…

Particulièrement embarrassée, elle reprit cependant très vite ses esprits et s’écria de sa voix la plus glaciale, choisissant ses mots avec soin pour plus de réalisme :

- Vous n’avez que ça à faire ?

Et tandis que tous se redressaient, inquiets, elle en rajouta :

- Déguerpissez avant que je ne m’énerve !

Ils ne se le firent pas redire deux fois et partirent sans demander leur reste. Se détournant, elle croisa le regard amusé de Jack.

- Il y avait le Colonel Summers parmi les personnes que vous avez … houspillé, Major !

Sam fit la grimace, s’excusant du regard au moment où son supérieur se redressait.

- On va peut-être s’arrêter là pour aujourd’hui. Ça va mieux ?
- Beaucoup mieux, merci.
- Si jamais vous souffrez trop, venez me voir, dit-il avec sollicitude.

La jeune femme retint à grand peine un sourire attendri devant la mine coupable qu’il arborait. Il s’en voulait qu’elle ait à supporter ses vieilles blessures mais il n’y pouvait rien.

Janet choisit ce moment pour venir vers eux.

- Les premières analyses ne donnent rien de particulier, hélas. J’espère que Daniel aura plus de chance. En attendant, je vous conseille de prendre votre mal en patience et … de mettre au point certaines règles afin de faciliter votre vie à tous les deux.

Devant l’expression perplexe de leurs visages, la jeune femme dut rajouter :

- Echanger vos vêtements par exemple. Et puis il y a le problème des douches. Je vais demander au Général de vous donner accès à celles des quartiers VIP. Vous ne pouvez pas aller dans les vestiaires de vos sexes respectifs… comme vous pouvez l’imaginer.

Mais rien qu’au mot « douche », ils avaient tous deux pâlis. Sam imagina brusquement son supérieur en train de laver son propre corps et une bouffée de chaleur l’envahit aussitôt. Elle tenta de suite de réprimer ses sentiments et se tourna vers Jack qui lui aussi, luttait apparemment pour garder son calme.

En effet, ils allaient devoir mettre au point certaines règles…

***

 

Tous deux marchaient côte à côte dans les couloirs depuis un moment lorsque Jack s’arrêta brusquement, les yeux posés sur l’arrière train de « sa coéquipière ». Perdue dans ses pensées, Sam ne le remarqua pas de suite.

- Carter ! s’exclama-t-il alors, la faisant sursauter.

Elle se retourna de suite.

- Mon Colonel ?

Il se rapprocha d’elle et se posta juste sous son nez, les poings sur les hanches.

- Il va falloir que vous travailliez un peu votre démarche !
- Je vous demande pardon ? demanda-t-elle aussitôt, incrédule.
- Vous vous tortillez quand vous marchez !

Cette fois-ci, Sam ne put s’empêcher de rougir.

- Je ne me tortille pas ! se récria-t-elle.
- Si ! Vous vous tortillez !

La jeune femme ouvrit la bouche pour répliquer mais finit par la refermer, partagée entre la colère, la gêne et… l’amusement. Cette discussion était complètement surréaliste… Depuis ce matin, tout était surréaliste…

Elle soupira.

- Que voulez-vous que je fasse, Mon Colonel ?
- Que vous arrêtiez de vous tortiller. Ça ne me gêne pas du tout lorsque vous… lorsque vous êtes "vous", bredouilla-t-il finalement en gesticulant des mains, mais je tiens à ma réputation, moi !

Sam leva les yeux au ciel. Les hommes !

- Ne vous inquiétez pas, Monsieur! Personne ne peut douter de votre vi…

Elle s’arrêta cependant en rougissant. Elle perdait la tête de lui dire des choses pareilles? Pour sa défense, elle se sentait un peu perdue depuis ce transfert et avait la sensation de ne pas vraiment se trouver en face de Jack O’Neill. Ce qui finalement était extrêmement dangereux car elle n’était plus tout à fait sur ses gardes.

Et ça, il devait l’avoir remarqué, vu l’éclat soudain de ses yeux bleus, et le sourire amusé sur ses lèvres.

- Vous disiez ? Personne ne peut douter de ma … ?

Sam tenta aussitôt de le refroidir d’une œillade meurtrière mais il ne sembla pas en être particulièrement troublé. Forcément ! Comment aurait-il pu avoir peur de son propre regard, aussi impressionnant fut-il… ?

- Ma vi… ? insista-t-il donc, un sourire au coin.

Terriblement agacée par son assurance suffisante, la jeune femme se détourna et poursuivit sa route à grandes enjambées. Elle eut de suite la satisfaction de le voir trottiner pour rester à sa hauteur.

- Carter… grogna-t-il pour la faire ralentir.

Elle n’avait pas vraiment envie d’obéir mais ils étaient arrivés à l’intersection qui séparait leurs quartiers respectifs, aussi dut-elle s’arrêter.

- Mon Colonel, dit-elle précipitamment afin de devancer son supérieur alors qu’il ouvrait déjà la bouche pour parler. Je vais préparer quelques affaires pour vous et viendrai vous les donner dans dix minutes.

Et sans perdre un instant de plus, elle s’élança dans le couloir et s’engouffra dans sa chambre. Appuyée contre la porte fermée, elle passa une main nerveuse sur son visage et fut surprise de trouver sa joue si rappeuse. Elle soupira aussitôt. Difficile de s’y faire… à ça, et lui en elle. Surtout à lui en elle…

Sam avait un sérieux problème. Lorsqu’elle lui parlait, ou même qu’elle l’écoutait, elle avait davantage la sensation de se trouver devant un clone plutôt que son supérieur et c’était très perturbant.

Dans un soupir, elle s’avança dans la chambre, mais se figea brusquement, son cœur faisant une embardée. Elle venait de se voir dans le miroir et l’espace d’un instant fut surprise de découvrir son supérieur dans ses quartiers ! Elle se reprit cependant très vite et avança lentement vers la glace, hypnotisée par le regard brun qui l’observait.

Plus elle se rapprochait et plus son pouls s’accélérait. Peu à peu, un sourire naquit sur les lèvres de « Jack »… Un sourire qui la fit aussitôt frissonner ! Elle s’arrêta enfin juste devant le miroir, le cœur cognant à se rompre d’excitation. Il était là, devant elle et elle pouvait le regarder à loisir. Chaque centimètre, chaque millimètre de sa peau, de ses traits furent alors observés avec minutie. Son front, le sillon entre ses sourcils, ses pommettes abruptes, ses petites rides au coin des yeux qui s’accentuaient à chaque fois qu’il souriait, son nez droit et même la minuscule et presque invisible fossette au menton…

Un régal.

Face à ce spectacle ô combien agréable, le sourire de Sam s’accentua et son cœur bondit dans sa poitrine. Jamais elle ne l’avait vu sourire ainsi. Jamais avec cette expression radieuse et insouciante. Elle sentit aussitôt une chaleur intense la parcourir. C’était incroyablement étrange… Plus elle regardait son reflet, et plus le sang s’échauffait dans ses veines. Finalement, lorsqu’elle croisa de nouveau le regard d’ « O’Neill », celui-ci s’était fait fiévreux et dévorant. Elle sentit un violent frisson la traverser de part en part et ses jambes se mirent à trembler de façon incontrôlable.

Sam leva une main vacillante vers son front brûlant et observa son reflet en faire de même… Les joues en feu, elle prit alors conscience de l’absurdité de la situation. Elle était littéralement en train de se consumer de désir pour son propre reflet !

Des coups secs contre la porte la firent redescendre sur terre. Elle soupira bruyamment et voulut se retourner mais elle eut alors l’impression étrange d’être… engoncée. Elle baissa donc les yeux avec curiosité et rougit violemment.

- Carter ? appela une voix à travers la cloison, avant de frapper une seconde fois.
- … Mon Dieu… souffla-t-elle, les joues brûlantes.

Fébrile, elle regarda autour d’elle, cherchant nerveusement une solution à son problème.

- Je… J’arrive, Mon Colonel… ! Deux minutes ! bredouilla-t-elle assez fort pour qu’il l’entende.

Pourquoi était-il là ?? Elle avait dit qu’elle le retrouvait chez lui… L’esprit embrouillé, tournant désespérément en rond, ses yeux tombèrent sur l’heure qu’affichait son radio-réveil. Elle grogna aussitôt en constatant que ça faisait déjà cinq bonnes minutes qu’elle aurait du le rejoindre dans ses quartiers. Elle n’avait pas vu le temps passer !

- Carter ? appela de nouveau O’Neill, avec un soupçon d’impatience dans la voix.
- … Je viens, je viens !

Sam finit par prendre la première chemise qu’elle trouva et, tout en la tenant devant elle, alla ouvrir la porte. Elle croisa aussitôt son propre regard curieux et un tantinet inquisiteur.

- Un problème ? demanda son supérieur, les bras chargés de vêtements.
- … Euh, non…

Ils restèrent l’un en face de l’autre un moment… puis Jack finit par rompre ce silence pesant. Pesant, du moins pour la jeune femme.

- Vous vous décidez à me faire rentrer où on fait l’échange dans le couloir, Major ?
- Oh ! sursauta aussitôt Sam avant de s’écarter. Excusez moi… Entrez, Monsieur.

Sans plus attendre, O’Neill pénétra à l’intérieur de la chambre et survola la pièce du regard.

- En un quart d’heure, vous n’avez trouvé que cette chemise?… J’ai aucune envie de faire un défilé de mode, Carter. Tee-shirt et pantalon m’iront très bien.
- Oui, oui, bien sûr…

Sur ce, pendant que Jack déposait les quelques vêtements qu’il tenait sur le lit, Sam se dirigea vers la commode et retira deux pantalons, plusieurs tee-shirts, des chaussettes mais hésita à poursuivre. Elle ouvrit cependant le tiroir de ses sous-vêtements et ne put empêcher ses joues de se colorer. Au moins, avec tout ça, le petit souci de tout à l’heure avait disparu.

- Evitez la dentelle, j’ai la peau sensible… dit une voix juste derrière elle, la faisant sursauter.

Elle se retourna prestement, protégeant le contenu du meuble de son corps. Il se trouvait à peine à quelques centimètres d’elle et tentait, en se levant sur la pointe des pieds, de regarder par-dessus son épaule.

- Mon Colonel ! s’écria aussitôt la jeune femme en refermant le tiroir d’un geste brusque.

Il la regarda, penaud, mais une lueur amusée persistait au fond de ses yeux.

- Ben quoi… ! Vous allez devoir me donner des sous-vêtements !

Soupirant, Sam finit par rouvrir la commode et en retira plusieurs culottes blanches en coton… Simplicité, simplicité !

Mais il restait un souci et pas des moindres… Le soutien-gorge.

- Je suis peut-être pas obligé d’en mettre, proposa Jack, lisant dans ses pensées.

Sam se redressa aussitôt.

- Il est hors de question que vous sortiez sans ! réagit-elle aussitôt. Imaginez si je n’en avais pas !

Elle aurait mieux fait de se taire, songea-t-elle en croisant le regard aussitôt rêveur de son supérieur.

- Mon Colonel !! protesta-t-elle aussitôt.

Jack se racla la gorge. Il est vrai que si la jeune femme déambulait dans les couloirs du SGC sans soutien-gorge, ils auraient vite droit à une émeute...

- Vous avez peut-être raison... murmura-t-il, s'imaginant déjà pourchassé par une escouade de soldat en rut.

Brrrrr !!!! grogna-t-il intérieurement, une sueur glacée glissant déjà le long de son dos.

Il se tourna donc vers elle, attendant qu’elle lui donne « l’indispensable » dessous mais sentit l’impatience le gagner devant la timidité soudaine de la jeune femme.

- Allez, Carter ! On va pas y passer la journée ! finit par s’exclamer O’Neill en s’éloignant.

Ces paroles neutres la firent redescendre sur terre. C’est vrai, pourquoi être embarrassée ? Il en avait déjà vu !… Et certainement plus qu’elle ne le pensait, songea-t-elle avec une pointe de jalousie.

Elle fouilla dans le tiroir et prit deux soutien-gorges. Il pourrait choisir celui qu’il trouverait le plus confortable. Après tout, c’était déjà un engin de torture pour elle, alors pour lui qui n’y était pas habitué.

- Voilà, dit-elle en posant le tout sur le lit. 

Elle se redressa et attendit patiemment qu’il finisse par prendre ses affaires avant de sortir mais curieusement, il restait immobile et semblait légèrement… embarrassé.

Allons donc ! Quel sujet gênant allait-il encore abordé ? songea-t-elle avec nervosité.

- Je vous écoute, Mon Colonel, fit-elle au bout d’un instant, désespérant de le voir parler.

Il fit la grimace tout en évitant soigneusement son regard.

- Eh bien… Je pensais aux douches…

Comme prévu, Sam sentit ses joues s’empourprer. Encore parasitée par les émotions qui avaient afflué en elle quelques minutes auparavant, elle tenta de chasser les images érotiques que ce simple mot provoquait.

Jack sous la douche.

Pire, Jack caressant son corps sous la douche...

Stop ! Surtout ne pas penser à ça ! Hors de question qu’elle se retrouve dans le même état que tout à l’heure avec lui à ses côtés !!

- J’y ai réfléchi…
- Vous y avez réfléchi ? intervint la jeune femme, confuse.
- Ben oui… Pas vous ?

Sam baissa la tête, embarrassée.

Pour tout dire, elle n’en avait pas eu le temps. Mais il était évident que cette idée serait finalement venue la traverser… s’il lui avait juste laissé quelques minutes de plus…

- Et vous avez trouvé une solution ? demanda la jeune femme en éludant la question de Jack.
- Eh bien… A part fermer les yeux et utiliser un gant en poil de mouton angora histoire de rien… sentir, je vois pas trop. J’avais espéré que vous nous trouveriez encore une idée géniale pour nous sortir de ce pétrin.

Sam se racla la gorge et finit par secouer la tête.

- Je suis désolée, Mon Colonel. Mais... le gant est une bonne idée. Un gant épais.
- Très épais... grogna O’Neill pour lui-même.

Ils se regardèrent un court instant, tentant de sonder l’autre... en vain. Même elle pouvait avoir un visage indéchiffrable lorsqu’elle le voulait bien.

- Bon... soupira Jack en se détournant.

Il prit dans ses bras la pile de vêtements et se dirigea vers la porte. S’apprêtant à sortir, il se tourna une dernière fois vers elle, une lueur amusée dans les yeux.

- Interdiction de regarder, hein ! s’exclama-t-il, la faisant aussitôt rougir.
- Mon Colonel ! protesta-t-elle pour la forme, songeant que si la situation devait perdurer, même avec la meilleure volonté du monde, elle ne pourrait pas résister très longtemps.

Et sans un mot de plus, il sortit et la laissa seule.

***

 

Jack, son précieux fardeau dans les bras, marchait d’un pas décidé en direction de ses quartiers. Au détour d’un couloir, il croisa le Major Harris qui, après avoir jeté un œil sur la pile de vêtements, haussa les sourcils et se permit un clin d’œil. Choqué, O’Neill s’arrêta et se retourna. L’officier poursuivit cependant sa route, non sans avoir au préalable détaillé sa silhouette avec insistance.

Beurk ! grogna-t-il intérieurement.

Il savait qu’il devrait s’y faire, avec tous ces types dans la base et Carter qui ne passait pas inaperçue… Mais bon…

Beurk !!!

Jack haussa cependant les épaules et poursuivit son chemin tout en regardant distraitement son fardeau.

- Oups ! s’exclama-t-il en pressant les vêtements contre lui d’un geste brusque.

Il avait complètement oublié que les culottes et soutien-gorges se trouvaient au-dessus de la pile ! Heureusement que Carter n’était pas avec lui, il aurait eu droit à un sacré savon…

Lorsqu’il s’enferma enfin dans ses quartiers, il posa le linge sur le lit et l’observa un moment immobile. Il avança une main vers l’un des sous-vêtements mais se reprit cependant très vite. Il avait l’impression d’être un môme en pleine puberté !  Il avait quand même passé l’âge de jouer les voyeurs !

Dans un soupir, Jack se détourna. Il savait ce qui lui ferait le plus grand bien ! Une bonne douche ! Il croisa alors son reflet dans le miroir de sa chambre et songea que finalement, la douche n’était pas une si bonne idée...

Mais, ils revenaient d’une mission de deux jours et il se sentait un peu poisseux, à juste titre. Il avait fait une chaleur abominable sur cette planète. Dans un nouveau soupir, il se dirigea vers sa commode, en sortit une serviette propre et le gant le plus épais qu’il put trouver.

De toute façon, il allait devoir y passer un moment ou à un autre, alors...

Il choisit un pantalon, un tee-shirt, une paire de chaussette et du bout des doigts prit une des culottes et un soutien-gorge. Faisant abstraction des images grivoises qui lui venaient à l’esprit, Jack cacha les deux sous-vêtements entre le treillis et le haut. Moins il les aurait sous les yeux, mieux il se porterait.

Sans se poser davantage de questions, il se dirigea vers les quartiers VIP. A première vue, les airmans en faction avaient été mis au courant par le Général car ils le laissèrent passer sans difficultés.  Il pénétra dans la première suite et posa ses affaires sur le lit. Après avoir pris la serviette et le gant, il entra dans la salle de bain et s’arrêta au milieu, le coeur battant soudain plus vite.

Le grand moment était arrivé.

Dans un soupir, il commença par ôter ses Rangers puis ses chaussettes mais ses mains se figèrent sur les boutons du pantalon. Il rencontra alors le regard de la jeune femme dans le miroir et sentit son coeur manquer un battement.

Jack déglutit avec difficulté, conscient de l’incroyable opportunité que cette situation engendrait. Les poings serrés, il observa les courbes voluptueuses de son reflet et sentit peu à peu le désir naître en lui. Dans un soupir, il se détourna cependant. Cette expérience allait être beaucoup plus frustrante qu’il ne l’avait pensé de prime abord. Sans réfléchir, il déboutonna son pantalon, le fit tomber à ses pieds et ôta d’un geste vif son tee-shirt. Les yeux fermés, il tenta d’oublier que derrière lui se trouvait un miroir qui semblait l’appeler de façon insidieuse et obstinée.

Et s’il se lavait en gardant ses sous-vêtements ? Fronçant le nez, il finit par détacher tant bien que mal le soutien-gorge puis, les yeux toujours clos, fit tomber au sol le dernier bout de tissu.

Il soupira bruyamment, cherchant à ôter la tension extrême qui avait brusquement pris possession de lui.

« Surtout, ne pas se retourner... »

Ouvrant les yeux, il prit le gant posé sur un tabouret à coté de la douche et, tentant de faire abstraction de la courbe douce d’une poitrine ainsi que de la peau blanche et soyeuse qu’il percevait à chaque coup d’oeil vers le bas, pénétra à l’intérieur de la cabine. Il ouvrit le robinet et se laissa enfin aller, les paupières closes, le visage tendu. Il resta un moment comme ça, savourant ce court instant de calme, puis prenant le gel douche posé sur un petit rebord, commença à se savonner le visage. Jusqu’ici, tout allait bien. Hélas pour lui, de nouvelles images s’insinuèrent dans son esprit, affaiblissant ses jambes et surtout... sa volonté.

- C’est pas vrai ! s’exclama-t-il rageusement, furieux contre lui-même. Finissons-en !

D’un geste vif, il prit son gant, mit du savon dessus et, gardant les yeux obstinément fermés commença à se laver le corps en commençant par les zones les plus sensibles. Serrant les dents, il savonna sa poitrine et percevant la mollesse et la rondeur d’un sein sous sa paume sentit lamentablement ses résolutions faiblir. C’était une véritable torture ! Ok, il était connu pour son incroyable volonté mais là... Il lui suffisait juste d’ouvrir les yeux et de regarder. Juste un coup d’oeil... Un tout petit coup d’oeil...

Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!!

Furieux, il tourna d'un geste rageur le robinet et de l’eau glacée vint brutalement lui remettre les idées en place. Le souffle coupé, il en profita pour laver l’autre sein et le poing serré à l’intérieur même du gant, il s’attaqua à la partie la plus intime de la jeune femme.

- Bon sang, de bon sang, de bon sang ! grogna-t-il au bord de l’apoplexie.

Lorsqu’enfin ce fut chose faite, il soupira bruyamment, et s’attaqua au reste de son corps qui, en comparaison, était une véritable sinécure.

Il fallait vraiment que Daniel se dépêche de trouver une solution...

***

 

Au même moment, dans les toilettes de la base, une porte s’ouvrit et le « Colonel O’Neill » s’extirpa des cabinets, le visage écarlate.

Il fallait vraiment que Daniel se dépêche de trouver une solution...

***

 

Daniel, Teal’c, Sam et Hammond attendaient en salle de Briefing l’arrivée du sempiternel retardataire. Celui-ci pénétra dans la pièce aux pas de course, les cheveux encore humides, attirant tous les regards non pas vers le nouveau venu mais vers Carter. Celle-ci rougit violemment et serra ses deux mains jointes l’une contre l’autre.

Il avait pris une douche.

Les yeux baissés, elle l’entendit s’asseoir mais refusa de tourner la tête vers lui.

- Quoi ? finit-il par s’exclamer tandis qu’un silence de plus en plus pesant persistait.

Ce fut Hammond qui recouvra ses esprits en premier et, après s’être raclé la gorge, se tourna vers Daniel.

- Bien… Docteur Jackson, avez-vous une idée de ce qui a pu se passer ?

Celui-ci, les yeux toujours posés sur Sam, finit par remettre ses lunettes sur le bout de son nez et leva quelques feuilles qu’il tenait dans la main.

- En fait… J’ai commencé la traduction des inscriptions se trouvant sur le mur mais pour l’heure… je n’ai rien de vraiment concret. Le peuple qui a construit ce temple…
- Cette grotte, vous voulez dire ? intervint O’Neill, acerbe.
- … ce temple, donc, reprit le jeune homme avec indifférence, y a inscrit leur code de conduite, leurs valeurs ainsi que leur façon de vivre. Je ne sais pas pourquoi ils ont finalement déserté cet endroit mais je pense qu’ils doivent y faire allusion quelque part. Bref. Sur le premier mur, à l’entrée, il est écrit qu’à l’époque qu’ils nomment eux-même « Néomalécienne », les peuplades de cette planète vivaient en parfaite harmonie avec la nature et en parfait accord avec…
- Daniel, par pitié… le coupa aussitôt Jack, désespéré. Ils racontent quoi sur le transfert de corps ?

Le Docteur Jackson soupira et se tourna vers son ami. Croisant le regard bleu et limpide de « Sam », la réplique acerbe qu’il s’apprêtait à lancer mourut dans sa gorge. Comment pourrait-il s’énerver contre « elle » ? Profondément agacé et quelque peu frustré, il se reporta son attention sur ses notes.

- Je ne suis pas encore rendu à ce passage.

Exaspéré, Jack s’avança sur sa chaise :

- Et si vous sautiez le blabla inutile pour aller directement à l’essentiel ??
- Ce n’est pas si simple, Sa… Jack ! s’exclama Daniel, gardant cependant obstinément les yeux baissés.

C’était très difficile de faire le lien entre la voix douce de la jeune femme et O’Neill.

- Si je ne traduis pas l’ensemble, reprit-il, je risque de passer à côté de quelque chose de primordiale…
- La seule chose primordiale est de trouver un moyen de nous rendre nos corps respectifs ! s’écria O’Neill, plus qu’énervé à présent.

Il se remémorait l’épreuve de la douche et n’avait pas très envie qu’elle se renouvelle. Enfin… Disons que l’idée de la douche en elle-même et surtout de l’image de Sam sous la douche n’était pas déplaisante… mais il ne savait simplement pas combien de temps il pourrait encore résister.

- Colonel ! intervint cependant Hammond. Calmez-vous.
- Me calmer ? Général, je crois que vous ne comprenez pas à quel point cette situation est… gênante, déclara-t-il en lançant un coup d’œil vers Sam qui baissa aussitôt la tête.

Voilà qu’elle évitait son regard maintenant.

- J’imagine aisément combien ce doit être perturbant, Colonel. Mais vous allez devoir laisser un peu de temps au Docteur Jackson. En attendant, je veux que vous et le Major Carter passiez régulièrement à l’infirmerie afin de vérifier l’évolution de votre état. Si évolution il y a, bien sûr.

Jack soupira bruyamment, laissant lourdement tomber sa tête sur le bureau, les mains de chaque côté de son visage.

- Vous m’avez bien compris, Colonel ? insista Hammond.
- Parfaitement, Mon Général, maugréa celui-ci immobile.

Il entendit une chaise bouger et comprit que son supérieur quittait la pièce. La tête reposant toujours sur la table, il jeta un œil vers Teal’c.

- J’ai besoin de me défouler…
- Avec plaisir, O’Neill.

Sans un mot, il se redressa et, suivi du Jaffa, partit en direction de la salle de sport.

Daniel croisa le regard brun de… Sam et soupira.

- C’est très perturbant…
- Et vous vous plaigniez... maugréa la jeune femme en posant un regard lourd sur lui.

Jackson leva les mains en signe de reddition.

- Je suis désolé. Je fais vraiment mon possible.
- Je sais, Daniel, excusez-moi… C’est juste que c’est… très gênant comme situation.

Mais perdu dans ses pensées, le jeune homme entendit à peine les propos de Carter.

- Il a osé prendre une douche… murmura-t-il avant de se rendre compte qu’il avait parlé à voix haute.

Sam rougit violemment et, l’espace d’un instant, Jackson fut amusé de voir le visage de « Jack » avec cette expression embarrassée.

- Danieeeel !

***

 

Jack et Teal’c se jaugeaient depuis deux bonnes minutes, immobiles.

- Comment je vais expliquer ça, moi ? finit par lâcher O’Neill.
- Je vous avais dit d’utiliser votre agilité et non votre force. Le Major Carter aurait très bien pu éviter ce coup.

Jack leva les yeux au ciel et rien que ce geste le fit grimacer. Il était bon pour avoir un œil au beurre noir… Comment allait-il annoncer ça à son second ?

- Vous devriez mettre un peu de glace dessus, O’Neill.

Dans un soupir, celui-ci se dirigea vers la glacière prévue à cet effet et remplit une poche avant de la poser sur sa paupière endolorie. Tout cela était vraiment perturbant. Il ne connaissait plus son corps, il ne connaissait plus ses limites. Jack avant tenté quelques droites sur le Jaffa et, incrédule, avait vu celui-ci accuser les coups avec une humiliante passivité.

« N’utilisez pas votre force », lui avait-il dit.

Comment ça, ne pas utiliser sa force ? Comment faire alors pour se battre ?

Il avait bien vu Carter mettre parfois en difficulté le Jaffa lorsqu’elle était vraiment en forme mais… si elle n’utilisait pas sa force… comment faisait-elle ?

… Avec ce truc en plus, songea-t-il agacé, en tirant sur l’une des brides de son soutien gorge.

- Le Major Carter est quelqu’un de très technique, déclara Teal’c, venu rejoindre son ami. Sa rapidité aidant, elle est une guerrière très efficace. Mais elle ne frappe jamais de front. Elle connaît ses limites.
- Oui ben moi, je ne les connais pas ! Si je ne peux même pas me défouler en me battant, je vais faire comment pour évacuer…

Il se tut cependant devant le haussement de sourcil du Jaffa.

- Pour évacuer quoi, O’Neill ? demanda Teal’c, intéressé.
- … Pour évacuer ma… colère, répondit Jack, guère convaincant.

Devant le silence pesant qui suivit et le regard scrutateur de son ami, il finit par soupirer.

- Et si on allait manger ? J’ai faim !
- Comme vous voulez. Nous nous rejoignons au mess, dit seulement le Jaffa en se détournant pour sortir.

O’Neill haussa les sourcils puis réalisa l’horreur de la situation.

Qui disait sport… disait… douche.

Dans un grognement, il repoussa violemment cette idée. Tant pis, il attendrait demain. Une fois par jour était déjà beaucoup trop pour son cœur.

***

 

Sam, la mâchoire crispée, les bras chargés, marchait d’un pas décidé vers les quartiers VIP. Cette situation semblait amuser tout le monde mais pas elle ! Franchement non !

Il avait pris une douche ! Il n’avait même pas attendu le débriefing et les informations éventuelles de Daniel. Celui-ci aurait très bien pu trouver comment inverser le processus !

Dans un geste rageur, elle ouvrit la porte d’une des suites et s’enferma à l’intérieur. Elle se dirigea ensuite vers les douches et posa ses vêtements ainsi que son nécessaire de toilette. Elle se retourna alors et réprima un cri de terreur en voyant son reflet dans la glace.

- Bon sang !! s’exclama-t-elle exaspérée de se faire encore avoir.

Laissant le temps à son cœur de retrouver un rythme à peu près normal, elle finit par se détourner et commença à ôter ses vêtements. Sa colère aidant, elle ne prit pas tout de suite conscience de ce que cela impliquait. Ce fut lorsqu’elle retira son tee-shirt et baissa la tête pour porter ses mains à son pantalon qu’elle réalisa… Troublée, elle découvrit sous ses yeux un torse puissant à l’endroit même où aurait du se trouver sa poitrine. Sans même s’en rendre compte elle se tourna vers le miroir et sentit son cœur manquer un battement.

Il était là, devant elle, vêtu seulement d’un pantalon. La gorge de la jeune femme s’assécha brusquement, hypnotisée. Ses yeux glissèrent sur son torse à la peau délicieusement bronzé, aux muscles fermes et parfaitement dessinés. De nombreuses cicatrices blanchies par le temps venaient briser cette parfaite harmonie et cependant sans jamais l’enlaidir. Elle caressa du regard l’une d’entre elles plus longue que les autres. Prenant naissance sur ton torse, elle s’étendait le long de son ventre plat pour se perdre sous la ceinture de son pantalon, lui donnant l’irrésistible envie de savoir à quel endroit elle allait mourir.

Un gémissement s’échappa de sa gorge et le son grave qui lui parvint la fit redescendre sur terre. Rougissante, elle parvint à se détourner et réalisa avec embarras que son désir était de nouveau visible.

Elle tenta dans un premier temps de se calmer mais inévitablement les images de ce qu’elle avait eu sous les yeux à l’instant même lui revenaient sans cesse en mémoire, aussi finit-elle par capituler. Les paupières closes, elle ôta le reste de ses vêtements et tâtonna pour entrer dans la cabine de douche. Elle parvint non sans mal à se laver, évitant soigneusement une certaine partie, et ressortit précipitamment, le feu aux joues. Son désir n’avait pas diminué, bien au contraire et elle eut toutes les peines du monde à se rhabiller !

***

 

Lorsque Sam pénétra dans le mess, elle y retrouva ses trois coéquipiers déjà attablés. Un léger silence se fit à son entrée et la jeune femme comprit rapidement que des bruits commençaient déjà à courir sur elle et sur le Colonel O’Neill. Se demandant si la cause de cette agitation était due au changement de corps ou à la scène de l’infirmerie, elle haussa les épaules et se permit un coup d’œil vers ses amis. D’où elle était, elle aperçut l’assiette de son supérieur et son sang ne fit qu’un tour.

Imperturbable en apparence, elle s’avança vers le self, prit un plateau puis se servit une salade et un yaourt. Enfin, munie de son « précieux » chargement, elle se dirigea vers la table de SG1 mais ne s’assit pas de suite. D’un geste vif, elle attrapa le plateau de Jack et déposa le sien à la place.

- Eh !!! s’exclama aussitôt O’Neill, outré.

Impassible, Sam s’assit en face de lui.

- Je n’ai pas envie de passer les prochaines semaines dans la salle de sport pour essayer d’évacuer ce que vous aurez ingurgité… Mon colonel, rajouta-t-elle cependant devant l’air menaçant de son supérieur.

Mais elle se figea brusquement.

- Qu’est-ce que… Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-elle alors en levant la main vers lui.

Gêné, Jack se contenta de remuer sur son siège, silencieux.

- Mon Colonel ! Pourquoi ai-je l’œil tuméfié ?
- Oh ? Tuméfié ? … Comme vous y allez… bredouilla-t-il, nerveusement.
- Il est tuméfié !
- Non !
- Si, intervint le docteur Jackson, sans qu’on le lui ait demandé.
- Daniel ! On vous a pas sonné !  

Celui-ci leva les mains mais un sourire persistait sur son visage.

- Je suis désolée, Major Carter, déclara Teal’c, prenant part à la discussion. O’Neill et moi avons fait un combat mais il n’a pas su éviter l’un de mes coups. J’aurais du prévoir qu’il ne serait pas capable d’utiliser votre agilité à bon escient.
- Eh oh ! réagit aussitôt Jack, vexé. C’est pas évident d’être dans un corps si dissemblable… Lors de notre transfert à tous les deux, la différence était beaucoup moins grande.
- C’est vous qui le dites, fit simplement le Jaffa, imperturbable.

O’Neill se redressa aussitôt, piqué au vif.

- Eh !!! 

Devant le sourire qui apparut sur les lèvres de ses trois amis, Jack finit par se détendre. Il ne se ferait jamais aux taquineries de Teal’c. Surtout lorsqu’il en était la cible.

Dans un soupir, il reporta son attention sur l’assiette posée devant lui.

- Je ne suis pas un lapin, Carter ! Et puis rien qu’une salade… Pitié…
- Et un yaourt, intervint Daniel, amusé.
- Oh ça va, hein ! grogna O’Neill passablement irrité.

L’air plus que renfrogné, il regarda la jeune femme attaquer avec appétit le steak qu’il n’avait pas eu le temps d’entamer. Sa fourchette toujours en suspend, il finit par la plonger dans son assiette et enfourna une feuille de salade en grimaçant.

- C’est Janet qui serait contente, ironisa de nouveau le Docteur Jackson, vraiment très amusé. Jack O’Neill mangeant de la salade !
- Si vous n’arrêtez pas, je vais vous la faire avaler par les trous du nez, Daniel !
- Je prendrais votre défense, intervint le Jaffa avec flegme en se tournant vers le jeune archéologue.
- Merci Teal’c.

Jack posa bruyamment sa fourchette. La verdure, c’était vraiment pas pour lui…

- Tout le monde se ligue contre moi ?

Personne ne répondit et les deux hommes plongèrent le nez dans leur assiette. Blasé, O’Neill se tourna vers la jeune femme.

Sam semblait se délecter. Après tout, vu tout ce qu’il ingurgitait et le ventre plat qu’elle avait eu la chance d’observer dans la glace, elle pouvait à loisir avaler tout ce qu’elle voulait sans qu’il prenne un gramme ! Pas de sentiment de culpabilité après un lourd repas !

O’Neill la regarda manger la dernière bouchée avec une volupté non feinte et sa frustration se dissipa finalement devant le plaisir qu’il vit sur son propre visage. Il était content de lui avoir permit indirectement de trouver une certaine compensation à leur état.

Aussi, dans un soupir, il reprit sa fourchette et commença à manger sa salade. Après tout, c’était temporaire et comparé à tout ce qu’il devait subir depuis qu’il était dans le corps de la jeune femme, c’était loin d’être le pire.

Ok, il exagérait un peu… C’était pas si terrible que ça, bien que ça pouvait très vite le devenir si la situation persistait. La tentation allait devenir de plus en plus grande… et la frustration allant de paire, aussi. Il commençait sérieusement à douter de sa capacité à résister à toutes les formes de torture.

***

 

Après ce copieux dîner, Sam avait fini par laisser ses trois amis se chamailler au mess afin de rejoindre l’infirmerie pour y faire les tests obligatoires, compte tenu de leurs états.

Elle s’y trouvait depuis quelques minutes déjà, subissant divers examens, lorsque Janet la rejoignit pour remplacer la jeune infirmière qui s’occupait d’elle.

- Alors ? demanda le docteur Frasier en souriant. Comment vas-tu ? Les genoux ?
- Ça va. C’est supportable. Le Colonel m’a montré comment soulager la douleur lorsque ça n’allait pas.

Janet se permit un sourire mais ne fit aucun commentaire. Elle l’ausculta en silence, s’attardant sur son dos puis lorsque tout fut fait, finit par se redresser.

- Très bien, tout me semble normal… enfin… physiquement. 

Carter  soupira de soulagement. Cette situation était déjà suffisamment pénible sans y rajouter un souci supplémentaire.

- Alors, Sam… finit par demander Janet. Ça fait quoi d’être dans la peau d’un homme ?

Carter sourit aussitôt, comprenant la curiosité de la jeune femme.

- C’est… différent.
- Sans rire ! s’exclama aussitôt Fraisier en levant les yeux au ciel.

Le sourire de Sam s’accentua.

- Ce n ’est pas facile à décrire… Et puis j’imagine que tout dépend du corps dans lequel on se trouve.

Une lueur amusée brilla dans les yeux du médecin.

- Et j’imagine que tu es bien tombée… ?

Carter rougit doucement.

- Disons qu’en effet… on peut difficilement faire plus… commença-t-elle avant de s’interrompre devant le regard malicieux de son amie. Enfin bref ! J’ai l’impression d’avoir une force surhumaine mais en revanche, j’ai perdu mon agilité. C’est assez étrange. Il faudra que j’aille faire un tour en salle de sport…
- Mm, répondit simplement Janet, sans se départir de son sourire.

Devant le regard insistant du jeune médecin, Sam finit par soupirer.

- Quoi ?!
- Tu as pris une douche ?

La jeune femme rougit aussitôt et baissa la tête, embarrassée.

- Il a bien fallu. Et je te rappelle que le Colonel en a fait de même…
- Et ? insista Janet, peu intéressée par ce que Jack avait bien pu faire.
- Et quoi ? demanda Carter avec appréhension.

Frasier leva de nouveau les yeux au ciel, mi-amusée, mi-exaspérée.

- Ohh !! Je t’en prie, Sam !… Tu as regardé ?

Les yeux exorbités, la jeune femme resta un instant la bouche ouverte, une sueur glacée coulant le long de son dos. Son amie parvenait toujours à savoir lorsqu’elle mentait… Comment allait-elle se sortir de ce pétrin ??

- Janet !! s’exclama-t-elle donc, « choquée ».

Mais ce cri outragé n’empêcha pas le jeune médecin de se rapprocher d’elle avec curiosité.

- Alors ?

Agacée, Sam finit par répondre.

- Non ! Bien sur que non !

Dieu que ça sonnait faux ! songea-t-elle aussitôt avec désespoir.

Et lorsqu’elle vit le sourire de Janet s’élargir, elle baissa piteusement la tête.

- Oui bon… Peut-être un peu… Mais pas grand-chose ! s’écria-t-elle aussitôt devant l’étincelle victorieuse qui brillait dans les yeux de son amie. Du moins… rien de compromettant.
- Oh… fit aussitôt Frasier, passablement déçue. Tu n’y as même pas jeté un coup d’œil ?
- Non !!

Cette fois-ci, cette protestation était criante de sincérité. Janet s’en rendit compte mais n’abandonna pas la partie. C’était trop amusant de voir le visage du « Colonel » avec cette expression de vierge effarouchée !

- Et pour les toilettes ? Comment as-tu fait alors ?

Nouveau regard choqué !

- Janet !!! … Je me suis assise ! Je ne voulais pas… Mais !! Qu’est-ce que tu me fais dire !!? s’exclama finalement Sam avant de se lever, les joues en feu.

Et tandis que Frasier éclatait de rire, la jeune femme commença à se détendre et finit par partager son hilarité. Il est vrai que la situation était ridiculement comique,  en plus d’être horriblement gênante !

Quelques minutes plus tard, Sam rejoignit son bureau et tenta de se concentrer sur son travail… en vain, et les personnes qui passaient dans les couloirs et lui jetaient des œillades ahuries ne l’aidaient pas. Aussi, après délibération, elle finit par se diriger vers ses quartiers. Une bonne nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien.

****************************

 

La sonnerie du réveil la fit émerger de rêves tous plus étranges les uns que les autres. Des rêves érotiques pour la plupart, d’ailleurs… Dans un soupir, Sam tendit la main et éteignit brusquement l’appareil. Elle passa une main molle sur son visage encore ensommeillé et sursauta violemment en sentant sa joue rappeuse.

- Ohhhhh… soupira-t-elle aussitôt avant de se détendre.

Elle avait « presque » oublié.

Prenant le temps d’émerger, elle alluma la lumière de sa table de chevet et ouvrir péniblement les yeux. Quelles surprises lui réservait cette journée… ?

Dans un grognement, elle s’étira lentement et sentit de nouveau cette impression dérangeante… Fermant les yeux en soupirant, elle finit par les rouvrir et baissa la tête.  Elle se détourna aussitôt, le feu aux joues.

- Ce… ce machin est franchement agaçant !!! s’exclama-t-elle, plus qu’embarrassée.

Elle commença à respirer avec lenteur, cherchant à calmer les battements de son cœur  qui s’étaient précipités depuis qu’elle avait vu la bosse sous sa couverture.

Et quelle bosse…

Appuyant désespérément ses poings serrés sur ses yeux clos, Sam tenta de réprimer les images qui venaient sournoisement s’imposer à son esprit. Les mains de Jack, le torse puissant de Jack et cette cicatrice… Cette cicatrice qui se perdait sous sa ceinture…

Et si elle y jetait un œil… ? Juste un petit coup d’œil de rien du tout… ?

Non !!! Non ! s’écria aussitôt sa raison. Elle n’avait aucun droit de faire une chose pareille !

D’un autre côté… peut-être s’était-il rincé l’œil, lui ! Après tout c’était un homme !... Enfin… plus tout à fait, il est vrai, mais dans sa tête, si ! Et s’il s’était mis nu devant la glace et avait regardé ?!

A cette idée, Sam sentit ses joues s’empourprer davantage. Essayant de retrouver son souffle, elle respira bruyamment pour se détendre un peu et lorsque les battements de son cœur reprirent une vitesse plus supportable, elle écarta ses poings fermés et reposa les bras le long de son corps. Elle observa un instant le plafond et suivit des yeux l’une des fissures tout en se concentrant sur sa respiration.

C’est curieux parce que cette fissure ressemble étrangement à la cicatrice qu’il songea-t-elle alors avant d’interrompre ses pensées en grognant.

Et voilà ! C’était reparti ! L’envie… L’irrésistible envie de jeter un coup d’oeil…

- Oh et puis, mince ! Tu n’as qu’à regarder une bonne fois pour toute et on en parlera plus ! marmonna-t-elle en introduisant une main sous les draps.

Les joues en feu, la respiration courte, elle fit glisser le caleçon et agrippa fébrilement la couverture. Les doigts crispés, se bouchant mentalement les oreilles pour ne pas entendre les hurlements désespérés de sa raison, Sam souleva prestement le dessus-de-lit et baissa la tête.

Sous le choc, elle en lâcha son caleçon dont l’élastique vint la percuter de plein fouet.

- Aoutch ! grogna-t-elle en se recroquevillant sur elle-même, tentant de retrouver son souffle. Tu l’as bien mérité…

Le front brûlant, un sourire vint cependant étirer ses lèvres.

Cet homme était vraiment par-fait.  

***
 

Jack se leva, les yeux encore à moitié fermés. Il tâtonna jusqu’à la chaise où était posé son pantalon lorsque son regard fut inexorablement attiré par le miroir. Un sourire vint étirer ses lèvres en découvrant le reflet de la jeune femme. Les cheveux en bataille, les paupières encore alourdies par le sommeil, sa petite frimousse chiffonnée par le pli des draps… Elle était tout simplement adorable…

Son regard glissa alors sur les jambes nues de la jeune femme et le mot « adorable » fut rapidement remplacé par « désirable ». « Elle » ne portait qu’une culotte et un tee-shirt qui laissait apercevoir son ventre à la peau délicieusement pâle et satinée. Ses yeux remontèrent encore plus haut et il sentit sa gorge s’assécher davantage. Forcément… Il avait ôté le soutien-gorge hier soir avant de se coucher. Dans le noir évidemment, afin d’éviter la tentation de regarder. Et maintenant voilà… Elle était là devant lui, en slip et tee-shirt… les seins libres sous le vêtement… Les seins libres sous le vêtement… sous le vêtement… Sans même réaliser ce qu’il faisait, de ses mains tremblantes il souleva légèrement le tissu dévoilant peu à peu le ventre plat de la jeune femme… Hypnotisé, il continua de remonter jusqu’à apercevoir la naissance de sa poitrine. Là, il stoppa net, la respiration courte, le désir au creux des reins…

Serrant les dents, le regard trouble, il observa la jeune femme, hésitant, puis d’un geste vif ôta le tee-shirt et le jeta au sol.

Il en eut le souffle coupé.

Jack tenta de déglutir, en vain. Sa gorge était devenue désespérément sèche. Le regard brûlant, il fixait avec avidité la poitrine nue dévoilée devant lui, si belle, aux courbes si rondes et parfaites. La blancheur de sa peau, la douceur qui s’en dégageait lui démangeait les mains. Un violement frisson le parcourut de part en part et, fiévreux, il vit la pointe des seins de la jeune femme se durcirent sous son regard.

Il ferma aussitôt les yeux.

Il allait mourir… Il était fou de se faire du mal ainsi… Il regardait une femme que jamais il ne pourrait avoir, que jamais il ne pourrait toucher. Désirer sans savoir était encore supportable mais là… Elle était devant lui, presque nue et il ne pouvait que regarder.

Cette situation devenait vraiment insupportable.

D’un geste rageur, il se pencha et récupéra le tee-shirt avant de l’enfiler rapidement. Puis prenant son pantalon, il le revêtit et sortit, ses affaires de toilette sous le bras.

Lorsqu’il pénétra dans la suite VIP, il s’arrêta brusquement en découvrant sa propre enveloppe, Carter donc, devant le lavabo de la salle de bain. Vêtu d’un simple caleçon et d’un tee-shirt, elle avait la figure recouverte de mousse à raser et semblait ne pas savoir par quel bout commencer. 

Amusé, O’Neill s’avança et attendit qu’elle ait éloigné le rasoir de sa joue pour signaler sa présence. Il n’avait pas très envie de retrouver son corps agrémenté d’une nouvelle cicatrice… sur le visage en plus…

- Hello ! Besoin d’aide ?

Comme prévu, la jeune femme sursauta violemment et se retourna vers lui.

- Mon Colonel !...

Elle lui sourit maladroitement, songeant avec soulagement que s’il était arrivé cinq minutes plus tôt, elle en aurait été fort embarrassée… et lui tendit le rasoir avec soulagement. Etant donné la taille du corps de Jack, Sam finit par s’asseoir sur un tabouret et O’Neill leva son visage pour avoir une meilleure prise. Leurs regards se croisèrent et devant le comique de la situation, ils se sourirent avec chaleur.

Tout en se concentrant sur sa tache, Jack réalisa combien il désirait que tout redevienne comme avant et curieusement ce n’était pas pour qu’il retrouve son corps à lui mais simplement pour pouvoir de nouveau plonger son regard dans celui de la jeune femme… Elle lui manquait. Certes il pouvait la regarder à loisir mais elle restait enfermée derrière une vitre infranchissable et sa voix sonnait différemment à son oreille.

Et pourtant, la plus belle partie se trouvait devant lui, à l’intérieur de son propre corps mais la situation était telle que les rares fois où ils étaient ensemble, une gêne palpable les éloignait inexorablement.

Jack ne savait pas trop si elle s’était permise quoique ce soit. Il imaginait la jeune femme beaucoup trop sage pour cela et la culpabilité ne le quittait plus. Il avait joué les voyeurs, il avait violé son intimité et la honte le tenaillait depuis. Ecoeuré par sa propre faiblesse, il s’était promis de ne plus recommencer.

***

 

Lorsqu’arriva enfin l’heure du Briefing, ce fut un Daniel épuisé qui entra dans la salle avec les bras chargés de papiers. Jack, pour une fois à l’heure, l’interrogea du regard avec impatience et se sentit soulagé en voyant son ami lui sourire en hochant la tête.

Une fois tous installés, la réunion commença.

- Alors, Docteur Jackson, demanda Hammond pour la forme.
- J’ai réussir à traduire la totalité… beugla-t-il en étouffant un bâillement… des inscriptions et…
- Daniel… venez-en aux faits… intervint de suite Jack, comprenant que le jeune homme allait encore partir dans une de ses longues explications.

Celui-ci soupira et poursuivit donc :

- En fait, pour que tout rentre dans l’ordre, il faut simplement que tous les deux soyez de nouveau dans la pièce du temple et que Sam touche la Pierre.
- C’est tout ? murmura la jeune femme, perplexe.
- Eh oui…
- A quoi sert cette salle, Daniel Jackson ? demanda Teal’c, insensible aux œillades meurtrières de Jack.

Après un coup d’œil amusé vers ce dernier, le jeune archéologue s’adossa à son fauteuil.

- En fait, il s’agit d’une salle où étaient pratiqués les accouchements, déclara-t-il faisant hausser tous les sourcils présents dans la salle.
- Les accouchements ? répéta Hammond, surpris.
- Oui. Comme j’ai… essayé de vous le dire au dernier débriefing, ce peuple était en parfaite harmonie avec tout ce qui l’entourait. Hommes et femmes vivaient dans l’égalité la plus parfaite. Aussi, afin de partager les joies de l’enfantement, ils construisirent un moyen d’échanger leurs corps pour que les deux parents puissent vivre la naissance de leurs enfants.
- Ouah… s’exclama Jack, ne sachant trop s’il devait être choqué ou…choqué...

Un silence se fit où la perplexité se lisait sur tous les visages puis Daniel se racla la gorge avant de poursuivre.

- Il y a juste une chose qui me semble étrange…
- Laquelle ? demanda de suite Hammond.
- Eh bien, l’emploi de deux mots différents pour la même chose… Il s’agirait d’une salle qui aurait deux utilités différentes mais pourtant … A chaque fois le terme utilisé est « accouchement ».
- Vous êtes sur, Daniel Jackson ? intervint Teal’c.

Le jeune homme acquiesça en remettant ses lunettes sur le bout de son nez.

- Quasi-certain, oui.
- « Quasi-certain » est trop peu sûr pour que je vous laisse risquer quoique ce soit, réagit Hammond.

Mais Jack se redressa aussitôt sur son siège.

- Mon Général ! Je crois que le Major Carter et moi sommes d’accord pour tenter le coup !
- En effet, Monsieur, acquiesça de suite la jeune femme.

Hammond se tourna vers ses deux officiers, hésitant. Puis jetant un œil sur Daniel, il fronça les sourcils.

- Soit mais le Docteur Jackson a apparemment besoin de repos, je ne peux le laisser partir ainsi.
- Ca va aller, Général, répondit l’intéressé. Cette planète ne contient rien qui puisse intéresser les Goa’ulds et nous n’avons découvert aucune forme de vie la dernière fois. L’opération ne durera que quelques minutes.

Hammond soupira. Les quatre membres de SG1 étaient à présent tournés vers lui, suspendus à ses lèvres et devant le regard suppliant du Major… euh, non, de Jack, il finit par capituler.

- Très bien. Préparez-vous. Vous partez dans vingt minutes !
- Merci Mon Général ! s’exclamèrent de concerts les deux militaires en se levant d’un bond. 

***

 

Quelques dizaines de minutes plus tard, SG1 entrait enfin dans la grotte.

- Le temple, Jack ! C’est un temple !
- Oui ben ça ressemble plus à une grotte, désolé !

Sans un mot, ils pénétrèrent plus en profondeur dans un tunnel seulement éclairé par le reflet de pierres lumineuses à même les murs. Des inscriptions étaient gravées de ci de là et lorsqu’ils parvinrent jusqu’à une alcôve, ils s’arrêtèrent.

- Bon… Je crois que c’est là que vous nous laissez, dit Jack en se tournant vers les deux hommes.

Teal’c acquiesça alors que Daniel regardait autour de lui, se désintéressant déjà de ses compagnons. Dans un soupir, Sam et lui entrèrent dans le renfoncement et s’approchèrent de la pierre plane et lumineuse qui trônait au milieu du mur. Jack s’apprêtait à poser la main dessus lorsqu’il s’arrêta brusquement.

- Daniel ! appela-t-il.
- … Quoi ?
- Vous avez dit que c ’était Carter qui devait toucher la pierre… Vous parliez du corps de Carter ou de sa conscience ?

Un silence se fit à cette remarque pour la moins essentielle et le Docteur Jackson apparut à l’entrée de l’alcôve.

- … Bonne question… répliqua-t-il, perplexe.

O’Neill leva les yeux au ciel et laissa tomber son bras le long du corps.

- Pour l’amour du ciel, Daniel !!
- Ce n’était pas précisé, Jack !!

Un nouveau silence se fit où les deux hommes se regardèrent, inquiets.

- Ok… grogna finalement O’Neill en jetant un œil vers la jeune femme. Vous avez une idée ?

Sam haussa les sourcils avant de répondre.

- Eh bien… Puisque c’est vous qui l’avez touché et transféré nos consciences, je pense que la logique voudrait que ce soit moi qui le fasse à mon tour.

Les yeux plissés, sceptique, Jack fit la grimace.

- Z’êtes sûre ?
- Je pense oui. S’ils faisaient cela lors des accouchements, la femme ne pouvant se déplacer, c’était la conscience à l’intérieur du corps de l’homme qui devait s’en occuper.
- … Ah oui, acquiesça Jack, la mine convaincu. C’est logique.

Il se poussa donc afin de laisser sa place à Carter et vit Daniel reculer du coin de l’œil. Sam leva la main afin de la poser sur la pierre mais O’Neill l’interrompit brusquement.

- Attendez ! 

Passablement exaspérée, la jeune femme baissa son bras.

- Daniel !
- Quoi !? répliqua celui-ci en s’avançant de nouveau avec irritation.

Il était crevé, il n’avait qu’une envie…dormir !

- Si ce changement de corps est censé aider pour les accouchements… pourquoi ça nous a assommé, Carter et moi, la dernière fois ?

Troisième silence. Teal’c apparut à son tour, un sourcil plein de perplexité dressé sur son front.

- Je trouve qu’il y a beaucoup de points sombres dans votre théorie, Daniel… ironisa Jack, plus acerbe que jamais.
- Peut-être est-ce simplement parce que notre physionomie est légèrement différente de celle des anciens habitants de cette planète, proposa Sam.

Les trois hommes l’observèrent, la même expression sceptique sur le visage, si bien qu’elle finit par écarter les bras en signe d’impuissance.

- J’essaie de trouver une explication logique…
- Bon ! s'exclama finalement Jack. Si on continue comme ça, on y est encore demain.

Faisant un geste de la main afin d’inciter les deux hommes à sortir de la pièce, il se tourna vers son second.

- Allez-y.

Sam acquiesça et posa une main tremblante sur la pierre. Aussitôt un flash éblouissant s’en échappa et les deux militaires tombèrent au sol, évanouis.

Un grondement sourd se fit alors entendre. Un grondement qui n’avait pas eu lieu la dernière fois. Le temple se mit à trembler dangereusement et Teal’c et Daniel regardèrent autour d’eux, inquiets. D’un commun accord tacite, ils s’avancèrent d’un même mouvement afin d'aller chercher leurs amis dans la salle mais un pan de mur vint brusquement les en séparer.

Le grondement cessa aussitôt et tout redevint calme.

- … Oui… Donc… murmura Daniel, perplexe en regardant autour de lui.

Le jaffa empoigna de suite sa radio.

- O’Neill ? Major Carter ? Vous m’entendez?

Des grésillements leur répondirent puis finalement une voix passablement endormie et étrangement métallique se fit entendre.

- Oui… Je vous reçois quatre sur cinq.
-
O’Neill ! Vous allez bien ?
- Affirmatif… Ah !!!!

Inquiets par le brusque cri de leur ami, Teal’c et Daniel se concertèrent du regard.

- Quoi ??? demanda aussitôt le docteur Jackson.
- HaHa !!! On a retrouvé nos corps !

Les deux hommes levèrent les yeux à l’unisson, exaspérés et soulagés à la fois. Daniel finit par se tourner vers le mur qui les séparait. Il y avait quelques symboles inscrits dessus et surtout une sorte de pendule.

- Bizarre…
- Qu’y a-t-il, Daniel Jackson ?
- Regardez… dit-il en indiquant du doigt le cadran de pierre, tout en lisant les inscriptions. Il y a un décompte.
- Un décompte ?
- Oui… Apparemment … la « porte » s’ouvrira dans cinq de nos heures.

Surpris, les deux hommes se concertèrent du regard.

- S’il s’agit d’isoler le couple pour un accouchement… c’est assez court, cinq heures, déclara Teal’c.

De l’autre côté, Sam et Jack tentaient de trouver un moyen d’ouvrir la cloison qui les séparait de la sortie.

Quelque peu euphorique d’avoir retrouvé son corps, la jeune femme ne quittait cependant pas du regard l’homme en face d’elle. Ça lui faisait un bien fou de pouvoir de nouveau le voir bouger, évoluer à proximité sans un miroir entre eux.

Rougissante, elle se remémora les quelques découvertes qu’elle avait pu faire mais finit par chasser ces idées de son esprit. Ce n’était vraiment pas le moment de fantasmer. Ils devaient trouver un moyen de sortir !

- Et si on faisait sauter tout ça avec du C4… ? proposa Jack sans surprise.
- Etant donné l’instabilité de la grotte, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Mon Colonel.

A ces mots, Jack se retourna vers elle et l’observa un instant, un sourire sur les lèvres. Rougissante devant son insistance, Sam finit par se racler la gorge.

- Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle d’une petite voix.
- … Rien… murmura-t-il simplement, plus énigmatique que jamais.

Puis, sans un mot de plus, il se détourna et empoigna sa radio.

- Vous avez trouvé un moyen de nous sortir de là ?
- … En fait, il suffit d’attendre, répondit Daniel. Le mur devrait s’ouvrir dans environ cinq heures.

Jack regarda la jeune femme, sceptique.

- Vous êtes sûr, demanda-t-il à travers leur radio ?
- Certain oui.
-
Bon… Alors on va attendre. Terminé.

Sam ôta l’attache de son P90 et le posa par terre. Cinq heures à patienter… Elle regarda autour d’elle, songeant qu’il commençait sérieusement à faire chaud. Une ouverture au dessus de leur tête laissait sous-entendre qu’il y avait un système d’aération et pourtant… en moins de quelques minutes la température avait augmenté de près de cinq à six degrés.

- Je crois qu’on a un petit problème, maugréa Jack en ôtant son gilet par balle, rapidement suivi par la jeune femme.
- Je sens de l’air, Mon Colonel, je ne pense pas qu’on risque quoique ce soit.

Ils patientèrent quelques minutes, crispés puis finirent par se détendre. En effet, la température avait cessé d’augmenter.

- C’est préconisé pour les accouchements, une telle chaleur ?
- Pas que je sache, Monsieur… Mais je ne suis pas une experte en la matière, répondit-elle passablement agacée.

Comme si le simple fait d'être une femme la rendait forcément au courant de ce genre de chose… Comprenant qu’il venait de commettre une maladresse, Jack se permit une grimace et se détourna.

Un nouveau grondement se fit alors entendre.

- Les cinq heures sont déjà passées ? demanda-t-il, sachant parfaitement qu’il ne s’était écoulé que dix minutes.
- O’Neill ? cracha sa radio.
- Je vous entends, Teal’c. Qu’est-ce qui se passe encore ?
- Pas la moindre idée…
-
Mon Colonel, s’exclama alors la jeune femme, attirant son regard vers une ouverture d’où s’échappait une fine rigole d’un liquide transparent.

Perplexe, il s’avança vers elle et trempa son doigt. C’était de l’eau chaude. Pas brûlante mais chaude. Incrédule, il regarda la coulée devenir de plus en plus grosse.

- Ils veulent nous noyer ou quoi ? se récria Jack en reculant, s’éclaboussant à chaque pas.

D’un geste brusque, il empoigna sa radio.

- La salle est en train de se remplir d’eau !!

Un silence accueillit cette nouvelle.

- … Quoi ? finit par intervenir Daniel, de la perplexité dans la voix.
- Vous m’avez très bien compris !!
- … Je… Je ne comprends pas… Attendez.

Jack jeta un regard blasé du côté de la jeune femme.

- Attendre… Il en a de bonne ! Regardez autour de vous. Il y a peut-être un mécanisme permettant l’ouverture du mur.
- A vos ordres, dit-elle avant de tâtonner, appuyant sur chaque pierre apparente.

L’eau commençait sérieusement à ralentir leurs mouvements rendus chaotiques par l’urgence de la situation. La jeune femme en avait à présent jusqu’à mi-cuisses et tous deux étaient au moins tombés une fois, trébuchant sur des appendices au sol devenus invisibles.

- Jack ? grésilla brusquement la radio.
- Je vous écoute, Daniel ! s’exclama celui-ci pour couvrir le bruit de l’eau résonnant dans ce lieu clos.
- Ça devrait s’arrêter dans pas longtemps.
-
Comment ça ? Pourquoi cette salle se remplirait-elle seulement à moitié d’eau ?
- Pour faciliter l’accouchement j’imagine… L’eau est chaude ?
-
Euh… oui.
- Alors ce doit être pour ça. Il s’agit d’accouchement aquatique.

Et comme pour accentuer la véracité de ces paroles, le grondement cessa et le calme revint enfin.

- L’eau ne monte plus, Mon Colonel, déclara Sam non sans soulagement.
- C’est bon, ça s’est arrêté, répliqua Jack dans la radio.
- Entendu O’Neill.  

Dans un soupir, Sam et Jack se regardèrent avant de rejoindre laborieusement le centre de la pièce. La jeune femme avait de l’eau presque jusqu’à la taille.

La chaleur aidant, ses cheveux lui collaient à la peau et elle les ramena d’un geste vif derrière ses oreilles. Lorsqu’elle redressa la tête, elle croisa le regard de son supérieur qui la dévisageait avec insistance. Il s’apprêtait à dire quelque chose lorsqu’un craquement sourd se fit entendre les faisant sursauter. O’Neill leva aussitôt les yeux au ciel.

- C’est pas vrai… Qu’est-ce qui va encore nous tomber dessus ?
- Ecoutez... intervint Sam, la main levée.

Jack se figea l’oreille dressée et un léger sifflement lui parvint. Ils restèrent tous les deux immobiles, attendant avec inquiétude la suite.

- …Vous sentez ? demanda alors la jeune femme.
- Sentir quoi ?
- Cette odeur… On dirait… du lilas.

O’Neill haussa les sourcils puis se détendit un peu.

- Bon… Une température élevée, de l’eau chaude pour faire trempette, du parfum… C’est plutôt agréable finalement.

A peine avait-il dit ces mots que son regard se posa de nouveau sur Carter.

Avec elle à ses côtés, ça avait même un petit goût de paradis…

Les vêtements mouillés de la jeune femme collaient à son corps comme une seconde peau et lorsque ses yeux glissèrent sur sa poitrine, le souvenir de ce qu’il avait pu admirer dans le miroir le submergea de plein fouet. Il pouvait percevoir la pointe dressée de ses seins à travers le tissu fin du tee-shirt et la réaction de son corps ne se fit pas attendre.

- Et merde… grogna-t-il plus frustré que jamais.

Sam jeta aussitôt un coup d’œil vers lui et intercepta son regard brûlant avant qu’il ne détourne la tête précipitamment. Les joues de la jeune femme s’enflammèrent brusquement. La gorge sèche, ses yeux glissèrent sur son torse pour s’arrêter plus bas, là où, grâce à la transparence de l’eau, il ne pouvait cacher plus longtemps son désir. Le cœur de Sam fit de suite une embardée.

Il avait envie d’elle. « IL » avait envie d’elle… songea-t-elle, son corps prit de tremblements à cette simple idée.

Des images lui revinrent. Une en particulière. Fugace.

Un gémissement incontrôlé s’échappa de sa gorge alors que ses yeux restaient accrochés à cette partie de lui qui la faisait frissonner d’envie.

Le bassin du Colonel sembla se tourner davantage vers elle et Sam releva précipitamment la tête. Il l'observait, un sourire amusé et gourmand sur ses lèvres fines et terriblement sensuelles. Rouge de confusion, elle ne parvenait cependant pas à rompre le lien. Ils étaient comme arrimés l’un à l’autre à travers leurs regards fiévreux.

- Vous avez regardé… murmura-t-il, la voix délicieusement rauque.

Passablement perdue, la jeune femme ne put que bredouiller :

- … Pardon ?…
- Lors de notre court échange… répondit-il, sans se départir de son sourire. Vous avez regardé…
- Non ! réagit-elle aussitôt, les joues brûlantes.
- Vraiment ? murmura-t-il de nouveau, le regard scrutateur et peu convaincu.
- … Non… répéta-t-elle avec beaucoup moins de force cependant.

Ses yeux bruns posés sur elle lui faisaient perdre tout contrôle. Son cœur manqua un battement lorsque le sourire carnassier de Jack s’élargit.

- Vous mentez mal, Major ! Vous avez regardé…

Le front brûlant, la jeune femme soupira afin de retrouver un semblant de souffle.

- Peut-être… Un petit peu… mais ne me dites pas que vous n’en avez pas fait de même !

Il lui répondit d’un simple regard et elle n’eut besoin de rien d’autre pour comprendre.

La seule idée de ses yeux posés sur elle, nue, la fit trembler. Chaque parcelle de sa peau la piquait, la démangeait à présent. Elle voulait sentir ses mains sur elle, son corps contre le sien, ses lèvres sur sa bouche…

- Et alors ? Ca vous a plu ? demanda-t-il à leur surprise à tous les deux.

Le regard de la jeune femme était suffisamment éloquent mais il n’avait pu résister à l’envie de la voir embarrassée. Après tout, ils ne faisaient que parler. Il contrôlait encore la situation…

Sam se sentit rougir un peu plus devant son assurance. Bien sûr qu’il était sûr de lui… avec le corps qu’il avait. Sachant parfaitement qu’il ne lui avait posé cette question que pour la taquiner, elle se redressa vaillamment, un sourire charmeur sur les lèvres.

- Et vous ? murmura-t-elle, la tête penchée en arrière dans une pose langoureuse.

Sam ne savait même plus ce qu’elle faisait. Comment pouvait-elle se permettre un tel comportement ? D’un autre côté, ça lui permettait de maîtriser la situation. Il la troublait suffisamment comme ça, elle préférait et de loin mener la danse. Et puisque visiblement, il voulait s’amuser à ce petit jeu là, elle pouvait encore lui montrer qu’elle ne se laisserait pas faire. Quitte à être frustrée, il le serait avec elle.

Lorsqu’elle le vit déglutir avec difficulté, Sam sourit un peu plus. Son regard brun se fit plus sombre, et sa mâchoire se crispa dans un suprême effort pour résister.

- Oh oui… grogna-t-il lui faisant brusquement perdre sa belle assurance.

A cet instant précis, ils comprirent tous deux qu’ils ne contrôlaient en fait absolument rien. Ils étaient tous les deux au beau milieu de la pièce, de l’eau jusqu’aux reins, leurs vêtements leur collant à la peau, le regard rivé l’un à l’autre. L’envie qui les tiraillait était la même. Brûlante, dévorante, impérieuse.

- … Il se passe quelque chose… d’étrange… finit par bredouiller Jack, sans parvenir à détacher son regard de la jeune femme.
- … Oui, souffla-t-elle simplement.

Nouveau silence. Dans un mouvement presque imperceptible, ils se rapprochèrent pour se retrouver à quelques centimètres à peine.

- … Il y a quelque chose… dans l’air… Carter…
- … Oui, répéta-t-elle, incapable de prononcer quoique ce soit d’autre.

Oui. C’était la seule chose qu’elle pouvait articuler. Oui. A tout ce qu’il dirait.

Prenant cela pour un encouragement, Jack finit par combler la courte distance qui les séparait et prit ses lèvres dans un baiser ardent…

***

 

- Oh, oh…
- Qu’y a-t-il, Daniel Jackson ? demanda Teal’c en se tournant vers le jeune homme occupé à traduire les inscriptions sur le mur de séparation.

Celui-ci se redressa et jeta un coup d’œil embarrassé vers le Jaffa.

- Je crois que je me suis trompé dans la traduction…

Teal’c leva un sourcil.

- Il ne s’agirait pas d’une salle d’accouchement ?
- Si… Si. Mais elle ne sert pas qu’à ça.
- Et quel est donc son autre utilité ?

Passablement gêné, Daniel leva une main tremblante vers les deux symboles qui encerclaient la pendule.

- Celui de droite signifie « Accouchement » et celui de gauche… « Fertilité »… Or c’est ce mode-là qui est activé.
- Oh… répondit-simplement le Jaffa avant d’empoigner sa radio. O’Neill ?

Des grésillements leur répondirent et inquiet, Teal’c réitéra son appel.

- O’Neill, vous m’entendez ?

Il y eut un court instant de silence puis la voix enrouée et passablement… haletante de Jack se fit entendre :

- Silence radio ! rugit-il sans plus de commentaires.

Les deux hommes se tournèrent alors l’un vers l’autre, le même « Oh » silencieux sur les lèvres.

***

 

- ... Il doit y avoir... un truc dans... l’air... répéta Jack contre les lèvres de la jeune femme, entrecoupant ses baisers fiévreux de paroles dont il ne comprenait même plus la signification.
- ... Une sorte de gaz... renchérit Sam en enroulant ses bras autour du cou de son compagnon.

Se pressant contre lui, elle arquait tout son corps l’attirant toujours plus près, ouvrant ses lèvres sous les siennes. Leurs langues se joignirent dans une danse folle, impérieuse et avide. Ils gémirent tous deux et Jack glissa ses mains sur les fesses de la jeune femme incitant celle-ci par ce geste à enrouler ses jambes autour de ses hanches. Muni de son précieux fardeau, il se rapprocha des parois de la salle et allongea la jeune femme sur un large muret légèrement en pente qui émergeait de l’eau. Certainement la « table d’accouchement ».

Les lèvres soudées, ils s’embrassaient à perdre haleine, incapables de se détacher l’un de l’autre. Les mains de Sam glissèrent de la nuque bronzée de Jack jusqu’à son dos, sentant les muscles se tendre sous ses doigts impatients. Elle voulait toucher sa peau, caresser ce torse puissant qu’elle avait pu admiré. C’était vital. D’un geste vif et rendu maladroit par l’impatience, elle souleva le tee-shirt imbibé d’eau et incita Jack d’un grognement implicite à lever les bras pour l’aider à l’ôter. Le vêtement fut jeté loin d’eux et Sam put avec délectation glisser ses mains tremblantes sur son torse, arrachant un gémissement de plaisir à son compagnon qui reprit aussitôt ses lèvres dans un baiser dévorant.

Fiévreuse, elle sentait son désir contre elle et d’un geste lascif, elle enroula de nouveau ses jambes autour de lui et l’attira plus près. La bouche de Jack glissa de ses lèvres jusqu’à sa joue pour rejoindre son oreille.

- Si vous continuez... Je ne réponds plus de rien... murmura-t-il d’une voix rauque qui la fit trembler d’excitation.

Un sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme tandis qu’elle se cambrait vers lui.

- Parce vous pourriez vous arrêter... ? souffla-t-elle.
- ... Bien sûr, gémit-il en frottant ses reins contre elle, glissant une main sous le tee-shirt de la jeune femme.

Il souleva le vêtement d’un geste lent et calculé accélérant la respiration déjà haletante de Sam. Elle l’aida finalement à l’ôter et se retrouva en soutien gorge devant lui.

- Je suis plus doué pour l’enlever que pour le mettre... murmura-t-il à son oreille avec une pointe d’humour, tandis que ses doigts détachaient habilement le sous-vêtement.

Se redressant sur un coude, il finit par enlever le bout de tissu et l’envoya au loin rejoindre les deux tee-shirts. Le souffle coupé, il regarda avec délice la poitrine nue de la jeune femme puis dans un râle fondit sur elle, embrassant, caressant de ses lèvres, irritant de sa langue les pointes fièrement dressées. Sam se cambra un peu plus vers lui, enfouissant ses doigts tremblants dans ses cheveux courts.

- Vous... Vous êtes toujours capable de vous arrêtez ? demanda-t-elle un sourire sur les lèvres.

La bouche de Jack remonta jusqu’à elle et il l’embrassa de nouveau avec fièvre, la faisant gémir de plaisir.

- Bien sûr... répéta-t-il bien que ses gestes démentaient ses propos.

Il n’avait plus eu aucun contrôle depuis l’instant où ils avaient commencé cette étrange discussion sur qui avait vu quoi... Et ils le savaient tous les deux.

S’écartant légèrement de lui, au grand dam de Jack, Sam fit glisser ses mains entre eux et commença à dégrafer la ceinture de son compagnon. Il n’en fallut pas plus à celui-ci pour se redresser et l’aider dans cette tache, faisant de même pour le pantalon de la jeune femme. Tandis que Sam soulevait les hanches vers lui, il fit glisser le vêtement et, après avoir ôté les chaussures qui l’empêchaient d’aller plus loin, enleva entièrement le treillis. Le regard brûlant de Jack se posa sur le dernier morceau de tissu qui la recouvrait. Il laissa sa main glisser sur le ventre de la jeune femme et frôla sa peau, la faisant gémir doucement par anticipation. Puis enfin ses doigts se faufilèrent sous le sous-vêtement et elle se cambra, l'incitant à approfondir ce contact trop léger. Il reprit aussitôt ses lèvres dans un baiser profond et passionné, leurs langues se caressant avec avidité alors que ses doigts pénétraient son intimité accueillante.

- Sam... grogna-t-il, rendu fou par sa docilité.

Les mains de la jeune femme firent glisser le pantalon de son compagnon d’une main tremblante, entraînant dans son sillage le caleçon inutile.

- Viens... souffla-t-elle en mordillant l’oreille de Jack, accélérant davantage sa respiration saccadée.

Tandis qu'il se redressait, la jeune femme regarda avec un plaisir non dissimulé l’objet de ses désirs enfin dévoilé. Alors, n'y tenant plus, il ôta d'un geste vif la culotte de Sam.

Elle leva la tête et croisa le regard dévorant de Jack. La même faim, la même avidité se lisaient dans leurs yeux. Un sourire sur les lèvres, Sam finit par écarter les cuisses, enroulant ses jambes autour de ses reins, l’attirant à elle, en elle. Dans un grognement de plaisir, il plongea dans sa chaleur humide, reprenant ses lèvres sans jamais se lasser. Leurs mains glissaient, caressaient, griffaient leurs peaux brûlantes et il commença à se mouvoir avec une lenteur calculée, la torturant un peu plus à chaque coup de rein.

- Jack... supplia-t-elle contre ses lèvres, se cambrant pour qu’il aille plus loin, encore plus loin.

Alors, répondant à ses plaintes, il s’enfonça un peu plus. Accélérant son va et vient, soupirant contre elle, il caressait de ses mains avides le corps fiévreux de la jeune femme, appréciant la souplesse de sa peau, la fermeté de ses cuisses contre sa paume, la douceur de ses seins contre son torse. Cette femme le rendait fou. « Il » était fou. Fou d’elle, fou de son intelligence, fou de son caractère bien trempé, fou de son courage et de sa force, fou de ses faiblesses aussi.

Dans un râle, il reprit ses lèvres et bien que rendu passionné par son désir, il mit dans ce baiser tout ce qu’il ressentait, tous ses sentiments, toute sa tendresse et son affection. Elle y répondit avec la même ferveur, passant une main tremblante sur sa joue, agrippant sa nuque pour se serrer un peu plus contre lui. Perdant totalement pied, il plongea en elle avec plus de force, puis, enfin, lorsqu’il sentit le corps de la jeune femme se cambrer dans un dernier spasme, il laissa la jouissance le happer à son tour et ils gémirent tous deux, lèvres contre lèvres, cœur contre cœur.

Sans force, Jack s’effondra sur Sam mais parvint dans un suprême effort à s’appuyer sur ses bras pour ne pas l’écraser sous poids. La respiration haletante, ils tentaient tous deux de reprendre leurs souffles. Désireux de ne pas rompre le charme de cette étreinte inattendue, interdite… bref, inappropriée, il nicha son visage dans le cou de la jeune femme et posa ses lèvres encore brûlantes de leurs baiser sur sa peau. Il sentit une main venir se glisser sur sa nuque et caresser tendrement ses cheveux collés par l’humidité de l’air.

Il ferma aussitôt les yeux et laissa échapper un soupir de contentement… Que disait-il ?… De béatitude.

- C’est dû à un gaz, vous avez dit, finit-il par murmurer, sans pour autant bouger d’un millimètre.
- Oui… souffla-t-elle. Un gaz avec des phéromones, peut-être.
- Mmmm… Je vous crois sur paroles…

Le retour au vouvoiement s’était fait naturellement, chacun sachant parfaitement que cette situation était et resterait accidentelle. Mais pour l’heure, ils étaient là, tous les deux… Conscient qu’il était encore en elle, il voulut la libérer mais d’une pression des cuisses, elle l’incita à ne pas s’éloigner.

- Restez… murmura Sam simplement.

Alors il glissa de nouveau en elle mais se redressa sur ses coudes pour l’observer.

Elle évita son regard un instant, les joues roses, puis finit par plonger ses yeux dans les siens. Un sourire tendre vint éclairer le visage viril de Jack et lorsqu’il se pencha vers elle pour l’embrasser, elle ouvrit les lèvres afin de l’accueillir. Ce fut doux, profond et Sam sentit confusément ses yeux s’embuer. Dieu merci, avec la sueur et l’humidité qui recouvraient leurs corps et son visage, il ne remarquerait rien.

Et il ne vit rien, trop intéressé par les émotions que leurs baisers faisaient naître en lui. Inlassablement, ils se caressèrent de nouveau et le désir revint peu à peu les submerger. Lorsqu’il commença de nouveau à se mouvoir en elle, Sam ferma les yeux et se laissa envahir par le plaisir.

***

 

Un grondement sourd le réveilla en sursaut. Passablement perdu, Daniel finit par retrouver ses repères en découvrant Teal’c debout devant lui.

- Les cinq heures sont écoulées, Daniel Jackson. La porte s’ouvre.

A ces mots, le jeune homme se mit prestement sur ses jambes, attendant avec impatience de voir ce qu’il allait découvrir derrière ce mur. Certes, il ne se faisait pas d’illusions cependant… Peut-être y aurait-il un infime indice de…

Mais il cessa aussitôt de penser devant le spectacle qui s’offrait à lui.

A moitié dévêtus, les deux militaires étaient en train de s’habiller à la hâte, et Daniel sourit devant leur embarras.

Après avoir vu ça, même Jack ne pourrait plus nier ! songea-t-il avec amusement.

- On vous dérange ? demanda-t-il avec ironie avant de se raidir devant le regard noir d’O’Neill.
- C’est à cause d’un gaz ! s’exclama celui-ci avec véhémence.

Jackson fit la grimace. En effet, les inscriptions sur la porte de pierre laissaient sous entendre l’utilisation d’un produit olfactif. Le résultat était juste plus radical qu’il ne l’avait pensé.

- Ah oui, il en est question sur le mur…
- C’est bien une sorte de drogue? demanda la jeune femme remettant son gilet par balle, évitant soigneusement le regard de son supérieur.
- Sûrement oui… répondit Daniel, songeant brusquement à l’eau qui aurait dû les submerger à l’ouverture de la porte.

La salle avait dû se vider juste avant.

- Quoiqu’il en soit, intervint le Colonel, il serait peut-être plus prudent de… taire ce…

Un silence se fit tandis que Jack s’arrêtait, ne trouvant pas le mot adéquat, ou ayant peur de dire celui qu'il ne fallait pas.

- … dérapage, finit Sam pour lui.

O’Neill jeta un œil vers elle, une lueur nostalgique dans le regard.

- Oui… dérapage, acquiesça-t-il avant de se détourner, la mâchoire crispée.

Une fois rhabillés, ce fut une équipe silencieuse et tendue qui se dirigea vers la Porte des Etoiles. Sam marchait la tête basse, se demandant encore comment ils en étaient arrivés là et surtout comment elle allait faire pour que cela ne reste qu’anecdotique. Elle avait encore les lèvres gonflées par ses baisers, l’odeur de sa peau et la chaleur de ses mains sur son corps… Tout était si frais dans sa mémoire et elle se remémorait volontairement chaque détail afin de ne rien oublier. Les jambes en coton, elle sentait son cœur s’emballer au souvenir de chacune de ses caresses, chacun de ses sourires et de son regard qui en disaient bien plus long qu’il ne l’aurait lui-même souhaité. Car cela avait été de l’amour et de la tendresse dans ses yeux. Pas seulement du désir.

Elle se tourna vers lui et l’espace d’un instant, plongea dans son regard brun… mais d’un geste vif, ils se détournèrent, gênés.

Non… Ce qui s’était passé ne pourrait pas être oublié aussi facilement qu’une déclaration indirecte… Impossible.

Arriveraient-ils à passer par-dessus ça ? Parviendraient-ils encore à faire semblant d’être de simples amis ? Supporterait-elle de le voir avec une autre femme après ce qu’ils avaient partagé… ?

Dans un soupir, elle vit enfin la Porte se découper au loin.

Ils fallaient absolument qu’ils parlent de tout ça. Certes, ils avaient agit sous l’emprise d’une drogue mais malgré tout, ils ne pouvaient nier qu’ils avaient été plus que consentants.

Arrivés près du DHD, Daniel entra les coordonnées, le signal et SG1 traversa le vortex.

***

 

Janet les regarda entrer dans l’infirmerie non sans curiosité. Le Major Carter et le Colonel O’Neill étaient mouillés de la tête aux pieds et avaient leur mine des mauvais jours. Elle crut donc le problème insoluble mais Sam lui sourit et elle sut de suite que tout était entré dans l’ordre.

- Eh bien ? Tu n’es pas contente d’avoir retrouvé ton corps ? demanda le jeune médecin à son amie.

Celle-ci s’assit sur le lit à côté de celui de son supérieur mais garda cependant les yeux baissés.

- Si, si… Bien sûr.

Sceptique, Janet observa le visage fermé de Sam.

- Vous auriez dû rentrer plus tôt. Que s’est-il passé ?
- … Nous avons été enfermés pendant près de cinq heures après le transfert.

Janet haussa les sourcils, un sourire naissant sur ses lèvres.

- Tous les deux ?... Et pourquoi êtes-vous trempés comme ça ?
- Une sorte de mécanisme a été enclenchée… La salle s’est remplie à moitié d’eau et… nous avons inhalé une sorte de gaz…
- Un gaz ? réagit aussitôt Janet en fronçant les sourcils.

Elle repassa aussitôt en mode médical. D’un geste vif, elle ordonna aux infirmières de commencer les tests en priorité sur les deux militaires.

- Et quel a été l’effet ? demanda-t-elle, tandis que Sam rougissait violemment.

Celle-ci resta muette, incapable de prononcer le moindre son si bien que Jack finit par venir à son secours.

- Doc ! J’ai le dos en compote, vous ne pourriez pas regarder ça ?

Janet hésita un instant, avant de se diriger vers O’Neill.

- Alors, Colonel… Quels ont été les effets ? dit-elle de nouveau en soulevant le tee-shirt humide de son patient.

Sa main se figea aussitôt.

- Comme vous pouvez le constater… déclara simplement Jack d’une voix neutre, on voudrait éviter de s’étendre sur le sujet…

Janet se racla la gorge et remit le tee-shirt en place. De minces griffures zébraient de ci de là son dos, conséquences d’un corps à corps torride.

- Je vois…

Une lueur amusée apparut dans le regard de la jeune femme.

- Nous allons faire des tests afin de connaître la teneur exacte de ce gaz. En attendant… Je serais muette comme une tombe.

Et sans un mot de plus, les examens commencèrent.

***

 

Le débriefing ne fut pas des plus faciles à gérer. Jack restait de marbre et répondait stoïquement aux questions de son supérieur. La jeune femme, de son côté, gardait obstinément la tête baissée et se demandait comment il faisait pour rester aussi… impassible. A croire qu’il s’en fichait, qu’il ne ressentait rien. Il semblait à mille lieux de l’homme qui lui avait fait l’amour encore et encore dans cette grotte…

Dans un soupir, elle sentit son pouls s’accélérer lorsque la fameuse question fut posée :

- Et quels étaient les effets de ce gaz ? demanda Hammond.

Comme tous se turent, celui-ci haussa les sourcils sans comprendre.

- Eh bien ? insista-t-il.
- Une grande sérénité, répondit Teal’c à la surprise de ses trois coéquipiers. Ce qui est parfaitement logique puisque le mécanisme se trouvait en mode « accouchement », n’est-ce pas, Daniel Jackson ?

Celui-ci remit d’un geste nerveux ses lunettes sur le nez.

- Euh oui… C’est tout à fait ça, Teal’c.

Celui-ci inclina la tête et reprit sa pose d’origine, aussi silencieux qu’à l’ordinaire. Lorsqu’Hammond se tourna vers son second pour confirmation, Jack eut un simple sourire crispé, consentant dans son silence.

Janet choisit cet instant pour entrer dans la salle de Briefing, un dossier sous le bras.

- Ah, docteur Frasier, l’accueillit le Général. Vous avez les résultats à propos de ce fameux gaz ?
- En effet, Monsieur, acquiesça la jeune femme, jetant un coup d’oeil amusé vers les deux intéressés qui la regardaient avec inquiétude. 

Elle se racla la gorge avant de poursuivre.

- J’ai bien trouvé dans les analyses du Colonel O’Neill et du Major Carter les résidus d’un gaz… Il s’agit en fait d’un anxiolytique. 

Face à l’expression perplexe de Sam, Jack se permit un haussement de sourcil interrogateur et Janet se chargea de répondre à sa question muette.

- Un calmant, si vous préférez.

Incrédule, O’Neill ne put retenir un rire nerveux.

- Un calmant ?... C’est une blague…

Il se reprit aussitôt devant la mine étonnée de son supérieur.

- … Enfin, moi ce que j’en dis… J’ai pas vraiment senti d’effet… calmant. C’est tout…

Jack croisa alors le regard de Sam et bien que terriblement gênés, ils ne parvinrent à se détacher l’un de l’autre. Ils ne savaient plus trop ce qui s’était passé. Et s’il n’y avait pas eu de déclencheurs particuliers, comment en étaient-ils arrivés là ?

Le visage d’O’Neill finit par se détendre et un léger sourire apparut sur ses lèvres.

Sept ans. Sept longues années et il se demandait encore comment la situation avait pu déraper. C’était plutôt un vrai miracle que ça ne soit pas arrivé avant. Et franchement, quitte à mentir à Hammond, autant aller jusqu’au bout. Et Dieu… qu’il avait envie d’aller jusqu’au bout…

- Bien… conclut donc le Général. J’imagine que ce gaz va disparaître de leurs organismes?
- En effet, Monsieur. Il est sans danger et dans deux ou trois jours, il n’y aura plus rien.
- Très bien. Jusque là je vous donne quartier libre. Vous pouvez rentrer chez vous mais vous devrez faire un rapport au Docteur Frasier tous les jours, juste au cas où. Je vous attends jeudi matin à 8h en salle de Briefing. Vous pouvez disposer.

Et sans un mot de plus, Hammond sortit de la salle, les trois militaires au garde à vous. Après un bref coup d’œil amusé vers ses deux amis, Daniel s’apprêtait à ouvrir la bouche mais il fut interrompu par un Teal’c stoïque qui le fit sortir par la force de la pièce. 

Ainsi débarrassés du jeune homme, Sam et Jack se tournèrent vers Janet qui souriait à présent sans ambages.

- Vous avez menti… commença Carter. Ce n’était pas un anxiolytique…

Le jeune médecin accentua son sourire au plus grand déplaisir des deux militaires.

- Figurez-vous que si, dit-elle simplement avant de se détourner et de sortir, non sans un dernier regard amusé vers eux.

Restés seuls, un silence embarrassé se fit. Jack enfonça ses mains nerveuses dans les poches de son pantalon et Sam se permit un coup d’œil vers lui. Il l’observait et son regard n’avait plus rien de neutre ou d’impassible. Elle se sentit aussitôt fondre sous son intensité. Les battements de son cœur résonnaient jusque dans sa tête. A cet instant, elle sut qu’elle ne pourrait rien lui refuser. Quoiqu’il dirait…

- Vous savez qu’il y a des sources chaudes pas loin de mon chalet ? finit-il par murmurer, une lueur espiègle dans le regard. Ca vous tente ?

La jeune femme ne put retenir un sourire lumineux.

Oui… A tout ce qu’il dirait…

- Alors ? Ca vous tente? insista-t-il devant son silence.

Amusée, Sam se détourna doucement et s’engouffra d’un pas tranquille dans les couloirs.

- … Eh !... Carter ?
- …
- Carter ?

      

 

FIN

 

C'est du petit NC17, je vous l'accorde. Et pas réaliste du tout mais tant pis! J'ai vraiment bien rigolé en l'écrivant!