Auteur : Hito
E-mail : h_hito76@yahoo.fr
Résumé: Les Grands Maîtres ont décidé
de se débarrasser de la Tau’ri une bonne fois pour toute…
Genre: Aventure, Romance S/J…
Spoilers: Début saison 8
Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas
à moi mais à la MGM…
NB/ : J’ai écris cette fic dans l’optique de faire une fin à la série Stargate SG1. Au premier abord, je voulais la rendre la plus réaliste possible mais je suis tombée inévitablement dans le ship… On ne se refait pas… Ah ah ah !!!! …………… Désolée…
Attention il y a quelques petits sous-entendus qui peuvent heurter les esprits les plus jeunes (très jeunes) mais franchement rien de méchant !
******************************
- Alors ? Que décidez-vous, Mon Général ?
Perplexe, O’Neill se tourna vers les trois membres de son équipe
phare afin d’avoir leur avis… Pour seules réponses, il eut
droit à un regard indifférent de la part de Daniel, un haussement
de sourcil significatif de Teal’c et un sourire amusé de Carter…
Blasé, il reporta son attention sur le Sergent Harriman…
- Un steak frites ? … Tout le monde aime les steaks frites, non ? finit-il
par répondre, plein d’espoir.
Il se tourna ensuite vers son second.
- Carter !
- Mon Général ?
- Vous adorez ça, n’est-ce pas ?
Un peu déstabilisée par cette question, Sam remua nerveusement
sur son siège avant de répondre.
- Euh… Oui, Monsieur…
- Ahhhh ! Un steak frites, c’est parfait !
Incrédule, Harriman regarda le visage souriant de son supérieur.
- Mais… Mon Général… On ne peut pas servir un steak
frites à une délégation extra-terrestre ? …
- … Vraiment ? … Et pourquoi cela ? demanda sérieusement
Jack, perplexe.
- … Eh bien… commença Harriman, finalement interrompu par
l’alarme de la base…
« Activation de la Porte non programmée ! »
- Sauvé par le gong, murmura le docteur Jackson, tout en se levant pour
suivre le reste du groupe en salle de commande.
- Je vous ai entendu, Daniel ! grogna Jack sans pour autant se retourner.
Pénétrant dans la pièce adjacente à celle de la
salle d’embarquement, O’Neill s’avança jusqu’à
la vitre qui les séparait de la Porte des Etoiles.
- On a un signal ?
- … C’est la Tok’ra, Mon Général.
- Ouvrez l’iris ! ordonna aussitôt Jack en se tournant vers Carter.
Il croisa le regard chaleureux de la jeune femme dont le visage était
déjà illuminé d’un sourire éblouissant.
- « Papa » a enfin décidé de sortir de sa tanière
! déclara O’Neill tout en s’inclinant afin de la laisser
passer en premier.
Celle-ci ne se fit pas prier et s’élança dans les escaliers
afin de rejoindre la salle d’embarquement. Cela faisait maintenant presque
un an qu’ils n’avaient plus eu de nouvelles de leur ancien allié
et Sam, bien que toujours maîtresse d’elle-même, ne pouvait
s’empêcher d’avoir parfois quelques moments d’inquiétude
et d’agacement face à cette situation… Elle n’avait
jamais vraiment accepté le choix des Tok’ras de rompre l’Alliance
même si elle en comprenait les raisons… Tout ce qu’elle savait,
c’était que cette décision l’avait éloignée
de son père… songea-t-elle tout en pénétrant dans
la salle, suivie de ses amis…
L’ancienne équipe SG1 au grand complet se trouvait à présent
côte à côte en bas de la passerelle, attendant avec un mélange
de joie et d’anxiété le nouvel arrivant. Un soupir de soulagement,
presque inaudible pourtant, se fit entendre dans la salle tandis que Jacob traversait
le vortex d’un pas décidé. A peine arrivé, il chercha
des yeux sa fille et lorsqu’il croisa son regard, un sourire vint éclairer
son visage soucieux.
- Sam…
Celle-ci sortit du rang et vint à la rencontre de son père, les
bras tendus.
- Papa !
Elle se pressa contre lui, réconfortée de le savoir enfin près
d’elle, sain et sauf. L’incertitude commençait à la
ronger… Etait-il vivant ? Le reverrait-elle un jour ? Ces deux questions
l’avaient hantée chaque jour un peu plus… Et maintenant,
il était là, dans ses bras…
Après quelques secondes, serrés l’un contre l’autre,
ils se redressèrent et Jacob scruta le visage de sa fille, cherchant
des indices de ce qu’avait été sa vie pendant cette année
écoulée loin de lui. Croisant son regard chaud et plein d’entrain,
il fut rassuré. Elle allait bien.
Il se tourna donc vers le reste du groupe et marqua un temps d’arrêt.
- Où est George ?
Pour seule réponse, O’Neill s’avança vers le nouvel
arrivant, la main tendue.
- Ca nous fait plaisir de vous voir aussi, Jacob !
Celui-ci serra machinalement la main de Jack puis réitéra sa question,
inquiet.
- … Où est George ?
- Papa… Le Général Hammond a été promu. C’est
le Général O’Neill qui dirige le SGC, maintenant.
Incrédule, les yeux de Jacob se posèrent sur l’étoile
que Jack arborait de chaque côté de son col.
- Eh bien… Ca doit être un sacré désordre, ici…
plaisanta-t-il finalement, retrouvant enfin l’usage de la parole …
Félicitations !
Un sourire fier barra aussitôt le visage de Jack tandis qu’il acquiesçait.
- En effet ! C’est un peu le bordel ! Mais j’m’améliore
!
Cette remarque fit sourire tout le monde mais très vite, Jacob retrouva
son regard soucieux. Sentant les ennuies venir, O’Neill préféra
retarder un maximum le moment des explications. Il se tourna donc vers Sam.
- Colonel ! Et si vous montriez à votre père la salle de Briefing
!
- Mais… Il sait parfaitement où… commença la jeune
femme qui finit cependant par réaliser la raison de cette curieuse demande.
En effet, son père venait de faire volte face et la regardait avec une
lueur étrange dans les yeux.
- Lieutenant Colonel ? demanda-t-il pour avoir confirmation.
Sam sourit timidement et acquiesça enfin tandis que son père,
le regard brillant, posait une main chaude sur sa joue.
- … Je suis si fier de toi…
Profondément touchée par son geste et ses paroles, la jeune femme
sentit confusément ses yeux s’embuer… Elle avait eu, en quelques
minutes à peine, un trop plein d’émotions qui ne demandait
plus qu’à ressortir. Devinant sa gêne, Jack finit par la
pousser gentiment vers le couloir.
- La salle de Briefing, Carter !
- Euh oui, Mon Général… acquiesça-t-elle avec reconnaissance
tout en s’avançant dans le couloir afin de les « guider ».
Une fois tous assis autour de la table, Jack se tourna vers Jacob.
- Alors !! J’imagine que votre venue n’est pas simplement une visite
de courtoisie…
Le regard troublé du Général Carter finit par confirmer
les craintes d’O’Neill quant à la gravité de la situation.
A la surprise de tous, il laissait Selmak annoncer la terrible nouvelle :
- En effet… Nous avons appris que les Grands Maîtres Goa’ulds
s’étaient réunis, il y a quelques jours à peine.
Ils ont finalement décidé de rassembler leurs forces et de s’attaquer
à la Terre… Ils veulent annihiler la menace Tau’ri.
Un silence pesant s’instaura dans la salle, finalement rompu par Jack.
- … Euh… Ils ont oublié qu’ils ont passé un
traité avec les Asgards… ?
Daniel, recouvrant l’usage de la parole, acquiesça.
- Oui ! La Terre est une planète protégée, ils n’ont
aucun droit de nous attaquer !
- Vous oubliez Anubis, Daniel Jackson… Ca ne l’a pas empêché
de s’en prendre à la Tau’ri, intervint Teal’c.
- … Et les Asgards ne sont même pas intervenus, renchérit
involontairement Carter, re-songeant avec un pincement au cœur à
cette situation qui avait bien failli coûter la vie de son supérieur.
Elle croisa au même instant le regard de celui-ci qui sembla s’adoucir
imperceptiblement à son contact. Sam eut l’impression étrange
et presque dérangeante qu’il avait soudain la faculté de
lire dans ses pensées. Elle balaya cette idée absurde d’un
mouvement nerveux de la main.
- J’imagine que vous êtes au courant pour Anubis ? demanda Jack,
reportant son attention sur Semalk.
- En effet… Je sais aussi que vous avez détruit en partie sa flotte
grâce à une arme des Anciens.
- C’est le cas. Mais je ne comprends pas pourquoi ils sont prêts
à s’attaquer à nous tout en sachant que nous avons une technologie
capable de les annihiler.
Selmak sembla perdre pied l’espace de quelques secondes et laissa sa place
à Jacob.
- … Ils savent parfaitement que vous n’avez plus les moyens de faire
marcher cette technologie …
SG1 se regarda, partagée entre l’inquiétude et l’incrédulité.
- Comment ?... demanda Daniel, devançant ses amis qui s’apprêtaient
à poser la même question.
- Ils se fient au jugement de Camulus. Il a affirmé que vous ne pouviez
plus utiliser l’arme des Anciens.
Lorsque Jack entendit prononcer le nom du Goa’uld qui avait été
leur « hôte » pendant quelques semaines, il ne put réprimer
un geste de d’impatience.
- Quelle bonne idée d’avoir accepté de lui donner asile,
à celui-là ! Il ne manquait plus que ça !
- Bon… Et les Asgards ? intervint Daniel, ne perdant pas courage. Il est
vrai qu’ils ne sont pas intervenus mais ils avaient leurs raisons…
Ils s’occupaient des Réplicateurs. Rien ne dit qu’ils ne
viendront pas nous aider.
- Il y a quelques jours, répondit seulement Jacob, un vaisseau Goa’uld
s’est aventuré sur une des planètes protégées.
Les Asgards ne se sont même pas déplacés… Lorsque
c’est arrivé aux oreilles des Grands Maîtres, vous imaginez
aisément leur réaction…
- Ils se sont tout de suite appropriés cette planète, répondit
Teal’c sombrement.
Le Général Carter acquiesça simplement, tandis que la nouvelle
faisait son chemin dans les esprits. Jack finit par rompre le silence.
- Ok… Mais peut-être qu’ils viendront si la Terre est attaquée…
Ils nous doivent bien ça ! … Et puis Thor m’aime bien…
Jacob secoua la tête, insensible à la plaisanterie.
- Qu’ils interviennent où non ne changera rien du tout…
Tous le regardèrent avec incrédulité… Tous sauf Sam.
- C’est vrai, murmura-t-elle…
- Carter ?
Sam se tourna vers son supérieur.
- J’ai bien peur que les Asgards ne soient plus aussi intouchables et
puissants qu’ils l’étaient, il y a encore quelques années,
Mon Général. Anubis avait des vaisseaux beaucoup plus sophistiqués
que ceux des autres Goa’ulds et capables de rivalisés avec ceux
de Thor. Et maintenant ce sont les Grands Maîtres qui les ont en leur
possession…
- Sans compter qu’en réunissant leurs forces, nous pouvons estimer
la taille de leur flotte à plus d’une soixantaine de vaisseaux-mères…
renchérit Jacob, faisant vivement réagir les autres personnes
présentes dans la salle. Celle des Asgards est certainement très
loin d’être aussi grande…
- … Plus d’une soixantaine ? s’exclama Jack, abasourdi…
Vous êtes en train de nous dire qu’il y a plus d’une soixantaine
de vaisseaux Goa’ulds qui se dirige droit sur nous en ce moment même
?
- J’en ai bien peur…
- … Mais pourquoi ? Jusqu’ici, ils nous ont laissés tranquilles.
Pourquoi maintenant ?
- Ils estiment que vous êtes devenus une trop grande menace. Vous êtes
capable d’utiliser les armes des Anciens. Ils préfèrent
attaquer en premier avant que vous ne trouviez un moyen de tous les exterminer.
- La meilleure défense, c’est l’attaque, résuma Daniel
sombrement.
- Exactement…
Un nouveau silence pesant s’instaura dans la pièce.
- Cette fois-ci, je crois que nous avons un sérieux problème…
murmura Jack en se frottant la nuque avec lassitude.
Il laissa glisser son regard sur les quatre autres personnes autour de la table
et finit par s’arrêter sur Jacob.
- Est-ce que vous pouvez nous aider ?
Celui-ci baissa lentement la tête, laissant Selmak reprendre le dessus.
- Je suis désolé mais la Tok’ra n’a pas les moyens
d’intervenir dans un tel conflit.
- Les moyens ou l’envie ? grogna Daniel, le regard sombre.
- Jacob et moi sommes prêts à vous aider, et vous le savez mais
mon peuple, lui, ne veut pas se risquer dans un combat… perdu d’avance.
Ces paroles tombèrent comme un couperet.
« Perdu d’avance »
Chacun mâcha et remâcha ces mots dont la signification ne leur était
que trop familière…
- Ce n’est pas la première fois que le combat semble « perdu
d’avance » et pourtant nous sommes encore là, intervint Jack,
tentant de voir le bon côté des choses.
- Oui mais la situation n’a jamais été aussi désespérée,
O’Neill, réagit aussitôt Teal’c, ne faisant qu’énoncer
une vérité.
Pour seule réponse, Jack se leva et regarda Selmak.
- Merci d’être venu nous prévenir. Avez-vous une idée
de combien de temps nous disposons avant leur attaque.
Le Tok’ra se redressa à son tour.
- Une semaine… Deux semaines tout au plus… Rien n’est encore
déterminé. Dès que nous aurons davantage de nouvelles,
nous vous préviendrons.
- Merci, acquiesça Jack, en se tournant vers son second. Carter ! Essayez
de prévenir les Asgards. On ne sait jamais…
- A vos ordres, Mon Général ! s’exclama-t-elle en se leva
aussitôt suivie du reste de son équipe.
Sur ce, O’Neill sortit d’un pas vif de la salle pour rejoindre son
bureau… Il avait quelques coups de téléphone à passer.
***
Sam et Jacob se trouvaient à présent dans le labo de celle-ci.
Ils avaient profité du départ d’O’Neill pour s’isoler
un peu afin de discuter tranquillement tous les deux. Quelque peu réservée
au début, la jeune femme finit par se détendre progressivement.
Non pas que ses relations avec son père soient tendues, tout du moins
plus maintenant, mais il y avait toujours eu entre eux ce petit côté…
Comment le décrirait-elle… ? Rigide ? Pondéré ? …
Militaire… Oui… Militaire. Une sorte de retenue qu’on s’oblige
à garder continuellement en soi…
Particulièrement conscient de cette gêne et désireux de
détendre un peu plus l’atmosphère, Jacob demanda à
Sam de lui parler de leur combat contre Anubis. Peu à peu, elle se prit
au jeu et ce fut donc avec effervescence qu’elle lui parla des connaissances
des Anciens que le Colonel O’Neill, à l’époque, avaient
su utiliser, de la bataille qui avait fait rage en Antarctique, de la destruction
spectaculaire de la flotte de leur ennemi et de l’emprisonnement de Jack
dans le cercueil de glace.
Jacob écouta avec attention, désireux de lire entre les lignes
afin de savoir comment sa fille avait vécu tout cela. Sam lui parla ensuite
de son emprisonnement par les Réplicateurs et le cœur du Tok’ra
se serra en songeant ce par quoi sa fille était passée. Il n’avait
même pas été là pour l’aider…
Comprenant, par le silence soudain pesant de son père, qu’il s’en
voulait de son absence au moment même où elle avait eu le plus
besoin de lui, la jeune femme finit par poser une main rassurante sur celle
de Jacob.
- Mais tout ça c’est du passé ! Je vais bien. Et encore
plus maintenant que je te sais sain et sauf.
Le Tok’ra sourit tendrement.
- Et te voici à la tête de SG1, maintenant.
- Et oui ! confirma-t-elle fièrement.
Après tout, pourquoi se montrer faussement humble ? Elle n’avait
que 37 ans et était le chef de l’équipe phare du projet
le plus secret de la planète.
- Ce n’était pas trop difficile au début ?
- … Eh bien… réfléchit-elle avant de répondre…
Ca n’a pas été évident, c’est certain. Cependant,
le problème ne venait pas de mes capacités mais davantage du manque
de confiance que j’avais en moi. Heureusement, le Général
O’Neill en avait suffisamment pour nous deux !
Jacob plissa les yeux, un sourire au coin des lèvres.
- Il t’a soutenue ?
- Du début à la fin ! Il croyait plus en moi que n’importe
qui d’autres dans cette base, y compris moi-même ! fit-elle en riant
doucement. A présent, tout se passe bien.
Il acquiesça simplement avant de demander quelque peu gêné.
- Et sinon… En dehors de la base ? … Comment va… ta vie ?
La jeune femme sourit devant l’air embarrassé de son père.
- Tu veux dire… Ai-je rencontré quelqu’un ? demanda Sam en
riant gentiment tandis qu’il acquiesçait encore plus gêné…
J’ai fait la connaissance d’un homme peu avant la fin de l’Alliance
et nous sommes ensemble depuis.
- Vraiment ? demanda-t-il intéressé et heureux à la fois.
Sa fille se donnait tellement à son travail. Il avait toujours eu peur
qu’elle passe à côté d’une vie de famille, trop
occupée à se concentrer sur sa carrière, et qu’elle
finisse un jour par le regretter.
- Tu ne m’en as pas parlé, pourtant, la dernière fois que
nous nous sommes vus… continua-t-il doucement.
- C’est vrai, je… Je ne savais pas alors si c’était
suffisamment sérieux pour aborder ce sujet avec toi… Et puis tu
es parti et… Enfin, bref ! fit-elle en brassant de l’air, un sourire
sur les lèvres. Il s’appelle Peter. Peter Shanahan. Il est policier.
- Et… ça se passe bien ?
Sam sourit de nouveau. Son père s’inquiétait pour elle mais
se sentait cependant gêné de lui poser des questions aussi intimes.
De ce fait, c’était bien la première fois qu’elle
abordait avec lui un sujet aussi personnel.
- Ca se passe très bien. Il est extrêmement gentil et …
Elle s’arrêta quelques instants afin de trouver le mot exact qui
pourrait le décrire avec le plus d’exactitude.
- … amoureux, finit-elle par lancer.
- Amoureux… Et toi ?… Es-tu amoureuse ?
La question la surprit et son manque de spontanéité à y
répondre également, ce qui n’échappa pas à
l’œil perçant de son père.
- … Oui, dit-elle cependant au bout d’un instant. Bien sur que oui,
sinon, je ne serai pas avec lui.
Et ça, c’était vrai. Elle aimait Pete… Peut-être
pas aussi fort qu’il le méritait ou même qu’elle aurait
dû mais… oui, elle l’aimait.
« Oui. Bien sûr que oui, sinon, je ne serai pas avec lui. »
Il n’aurait jamais cru pouvoir avoir aussi mal en entendant une chose
qui pourtant coulait de source. Mais que croyait-il à la fin ? Qu’elle
pourrait être avec un homme tout en continuant de l’aimer ? C’était
ridicule.
Jack s’adossa contre le mur du couloir attenant au laboratoire du Colonel
Carter. Il était venu dire à celle-ci et à Jacob qu’un
Tok’ra avait passé la porte et désirait le retour immédiat
de Selmak parmi eux lorsqu’il avait surpris leur discussion. Et sans savoir
vraiment pourquoi ni comment, il s’était retrouvé à
jouer les espions afin d’en apprendre un peu plus sur la relation que
son second entretenait avec Shanahan. Eh bien voilà ! Maintenant il savait
!
Il avait stupidement cru que rien ne changerait jamais entre eux. Que malgré
les hommes et femmes qui rentraient et sortaient dans leurs vies, leurs sentiments
l’un pour l’autre resteraient les mêmes. Ces sentiments à
lui étaient encore bien présents… Plus que jamais, d’ailleurs…Il
y avait des choses comme ça, qui ne changeaient pas. Et visiblement,
il était bien le seul dans ce cas précis… . Mais comment
pouvait-il lui en vouloir ? Elle tentait simplement de faire sa vie avec quelqu’un
d’autre, avec quelqu’un qu’elle avait le droit d’aimer.
Construire quelque chose. Elle était jeune, elle. Elle avait encore le
temps d’avoir une famille. C’était finalement ce qui pouvait
lui arriver de mieux ! se consola-t-il tout en cherchant à retrouver
ses esprits.
Oui, il avait mal. Oui, tout à coup plus rien n’avait de sens.
Il avait le sentiment de ne plus avoir de futur. Il s’était bêtement
accroché à l’idée qu’un jour peut-être,
ils seraient ensemble. Et ce rêve venait tout à coup de s’effondrer.
Il l’avait perdue. Définitivement.
Oh, ils seraient toujours amis. Il y aurait toujours ce respect, cette tendresse
particulière qui les liait mais il ne serait plus… non… il
n’était déjà plus le Premier. Il venait d’être
relégué dans une autre catégorie… celle où
se tenaient bien au chaud Daniel et Teal’c… ses meilleurs amis.
Un sentiment de lassitude extrême et de vide total s’abattit soudain
sur lui. L’esprit embrumé, il tenta de reprendre pied. Ce n’était
vraiment pas le moment de flancher. Surtout pas avec ce qui leur tombait dessus.
Se redressant vaillamment et se composant un masque de nonchalance joyeuse,
il finit par retrouver l’usage de ses jambes et pénétra
dans le labo de Sam.
- Carter !
Celle-ci se retourna comme prise sur le fait, visiblement effrayée à
l’idée qu’il ait pu entendre quoique ce soit de sa discussion
avec son père.
- Mon Général ! répondit-elle au garde à vous.
Cette réaction, qu’elle n’arrivait décidément
pas à perdre depuis qu’il était passé Général
et qui l’amusait d’ordinaire, l’exaspéra aujourd’hui
au plus au point. Encore une de ces fichues barrières…
- Pour la dernière fois, repos, Colonel ! s’exclama-t-il, peut-être
un peu trop brusquement…
Tous surpris, y compris lui-même, par cette réaction incongrue,
O’Neill finit cependant par se tourner vers Jacob.
- Un Tok’ra vient d’arriver… Li… Leni… Luni…
Enfin bref, il veut que vous rentriez avec lui…
Puis fixant son regard sur Sam, il finit par lancer, désireux de faire
oublier sa soudaine brusquerie:
- … Je suis désolé, Carter. Jacob va devoir partir…
Mais avant même qu’elle n’ait ouvert la bouche pour répondre,
l’alarme de la base s’enclencha.
« Activation de la Porte non programmée ! »
- Décidément, tout le monde a décidé de nous rendre
visite aujourd’hui ! grogna Jack en s’élançant dans
le couloir rapidement suivi de Sam et Jacob.
La Porte s’ouvrit à l’instant même où ils pénétraient
en salle d’embarquement. O’Neill leva la tête en direction
du Sergent Harriman qui répondit aussitôt à sa question
silencieuse à travers les hauts parleurs.
- C’est le signal de Bra’tac !
- Ouvrez l’iris !
Teal’c, Daniel ainsi que le Tok’ra Line’c vinrent à
leur tour les rejoindre pour accueillir le Jaffa. A peine arrivé, Teal’c
s’avança vers son Maître, un sourire aux lèvres, le
bras tendu. Ils s’empoignèrent amicalement, une lueur complice
dans les yeux.
- Tek’ma’te, Bra’tac !
- Tek’ma’te, mon vieil ami !
Une fois ces effusions pour le moins viriles terminées, le nouvel arrivant
se tourna vers le reste du groupe puis découvrant les deux Tok’ras
présents, il acquiesça simplement, le regard grave.
- Je constate que vous avez déjà été mis au courant…
Jack s’avança vers lui et ils se saluèrent d’un signe
de la tête.
- Vous venez donc nous confirmer l’attaque des Grands Maîtres ?
- Hélas, mon ami… Mais sachez que vous pouvez compter sur l’aide
des Jaffas ! Nous sommes en ce moment même en train de réunir toutes
nos forces pour venir vous porter main forte !
***
Ils étaient à présent tous réunis en salle de
Briefing. L’annonce d’une aide de la part des Jaffas ne pouvait
pas mieux tomber et leur redonnait du baume au cœur. Sam avait envoyé
un message aux Asgards mais ils n’avaient reçu aucune réponse,
ce qui en soit ne surprit personne…
- Quel genre d’aide pouvez-vous nous apporter ? demanda O’Neill,
allant droit au but.
- … Nous sommes, depuis la cuisante défaite d’Anubis, en
possession de quatre de ses anciens vaisseaux-mères ! déclara Bra’tac
à la surprise générale.
- Vous avez quatre vaisseaux-mères ? s’exclama Daniel, incrédule…
Comment avez-vous fait ?
Le Jaffa sourit et redressa fièrement la tête.
- Le bruit retentissant qu’a fait la défaite d’Anubis parmi
tous les Jaffas a énormément ébranlé leurs croyances.
Beaucoup ont compris qu’ils avaient affaire à de faux Dieux! Ils
se sont rebellés, ont pris les commandes de leurs vaisseaux et sont venus
rejoindre notre cause… En plus des Ha’taks, nous avons de nombreux
vaisseaux Al’keshs, sans parler d’un bon nombre de Jaffas rebelles
parmi les troupes des Grands Maîtres. Certes, nous n’avons aucun
des nôtres parmi les proches des Seigneurs Goa’ulds mais ceux en
place nous fournissent tout de même de précieux renseignements
sur leurs déplacements et leurs intentions.
Tous l’écoutèrent avec attention et Teal’c ne put
retenir plus longtemps un sourire victorieux. Leur combat n’avait donc
pas été vain. Quatre vaisseaux-mères et des centaines de
Jaffas libres ! Il y a encore deux ou trois ans, cette seule idée était
utopique…
- Eh bien… Nous vous remercions infiniment pour votre aide, Bra’tac,
remercia Jack. Elle est évidemment la bienvenue comme vous pouvez l’imaginer.
- Quatre vaisseaux, avec les modifications apportées par Anubis…
Si seulement nous avions un peu de temps pour les étudier…
- Ils sont en ce moment même en train de faire route vers la Tau’ri,
Colonel Carter, lui répondit le vieux Jaffa. Ils devraient arriver dans
deux ou trois jours à peine.
- … Mais je doute que cela nous suffise pour comprendre le fonctionnement
de leurs boucliers… Si nous avions eu un peu plus de temps, nous aurions
pu renforcer le Prométhée…
Avant même que Sam ait fini sa phrase, un soupir excédé
attira l’attention de tous sur Line’c.
- Vous êtes en train de parler de quatre vaisseaux par-ci, d’un
vaisseau par-là… Les Grands Maîtres ont une soixantaine de
vaisseaux à leur disposition ! Vous ne tiendrez pas une minute face à
une telle puissance de feu ! C’est du suicide !
Le Tok’ra se tourna alors vers Bra’tac.
- Vous êtes prêt à risquer l’avantage incroyable que
vous venez d’avoir pour une cause vouée à l’échec
? Vous n’êtes pas encore assez nombreux ! Vous allez tout perdre
dans ce combat !
- Ecoutez, commença Jack, furieux, mais aussitôt interrompu par
le bras levé du Maître Jaffa…
- Laissez-moi lui répondre, O’Neill.
Celui-ci acquiesça, à contre cœur, cependant. Il aurait bien
dit à ce Tok’ra sa façon de penser ! Combien de fois les
avaient-ils aidés, lui et tous ses congénères !? Et en
retour, ils n’avaient récolté que des ennuis !
Bra’tac se pencha vers Line’c en face de lui, les deux mains posées
à plat sur la table.
- Nous avons choisi d’aider les Tau’ris parce que sans eux nous
ne serions pas là où nous en sommes maintenant.
- Au bord du désastre !? intervint le Tok’ra, glacial.
- Non !… Libres, tout simplement. Ils ont anéanti plus de Goa’ulds
en huit ans que les guerres et les rébellions en plus d’un millénaire,
montrant ainsi la vulnérabilité de ces faux Dieux ! Grâce
à eux, le doute est dans les esprits de chaque Jaffa et ce n’est
plus qu’une question de temps avant que tous finissent par se rebeller.
Et quand bien même, en les aidant nous perdrions notre seule chance avant
longtemps de nous libérer de la domination des Goa’ulds, nous ne
pouvons laisser notre allié, celui qui fut le plus fidèle, disparaître
sans rien faire ! C’est une question d’honneur avant tout !
***************************************
- Monsieur le Président ? Ils sont tous là.
Henry Hayes leva la tête et referma le dossier qu’il tenait dans
ses mains.
- Très bien, j’arrive, répondit-il en se levant.
Il venait de réunir une cellule de crise où les principaux dirigeants
des pays alliés avaient évidemment été conviés.
La situation était grave, pour ne pas dire dramatique aux dires du Général
O’Neill et de son état major. Il se devait de mettre au courant
les autres gouvernements de la menace que la planète encourait.
Ce fut donc d’un pas décidé qu’il se dirigea vers
la salle de conférence et y pénétra avec, sur ses talons,
le général des armées. Il prit place au bout de la longue
table de réunion où se trouvaient déjà réunis
les représentants de l’Angleterre, de la France, de la Russie,
de la Chine et du Canada*. Il s’assit lourdement sur son fauteuil avant
de prendre la parole.
- Messieurs… Je vous remercie d’être venus aussi rapidement.
- J’imagine, aux vues de l’urgence de votre message, qu’il
s’agit d’un problème capital… intervint le Général
des armées Russe.
Hayes acquiesça, la mine sombre.
- En effet. Nous avons appris de source sûre qu’une soixantaine
de vaisseaux Goa’ulds se dirigeait à l’heure actuelle tout
droit vers la Terre...
Des exclamations étouffées s’élevèrent dans
la pièce à cette annonce.
- … Il s’agit d’une attaque lancée contre nous de grande
envergure. Elle vise l’annihilation totale de la planète, finit
le Président des Etats Unis.
- … Mais pourquoi… ? demanda l’ambassadeur britannique, retrouvant
ses esprits en premier. Nous sommes une planète protégée
!
Le Général des Armées américain prit alors la parole
et leur expliqua dans les grandes lignes en quoi la situation actuelle avait
incité les Goa’ulds à agir. Henry Hayes ne l’écouta
que d’une oreille, ayant déjà pris connaissance de tout
cela la veille au soir. Comme il s’y attendait, lorsque tout fut dit,
les réactions se révélèrent être on ne peut
plus agressives et très peu constructives…
- Si les américains n’avaient pas choisi d’utiliser cette
Porte sans se soucier le moins du monde des risques qu’ils faisaient courir
à la Terre, commença l’ambassadeur chinois, nous n’en
serions pas là !
Hayes soupira tentant de fermer son esprit aux commentaires suivants qui sans
conteste seraient du même ordre. Il les laissa se défouler ainsi
pendant quelques minutes puis finalement choisit de couper court à ces
récriminations, certes justifiées, mais peu constructives.
- Ecoutez ! Cela ne sert strictement à rien de ruminer ainsi les erreurs
- ou non - du passé. Nous avons un problème à résoudre…
et pas des moindres, je vous le rappelle.
- Qu’y a-t-il à résoudre ? demanda l’ambassadeur du
Canada, quelques peu agacé. Que pouvons-nous faire face à une
telle force de frappe ?
- Pour cela nous avons les membres du SGC en collaboration avec l’état
major qui travaillent dessus, répondit Hayes, coupant court à
toute autre remarque de ce genre. Nous avons obtenu l’aide des Jaffas
et nous espérons bientôt recevoir des nouvelles des Asgards…
Mais en ce qui concerne les problèmes d’ordre public, il nous faut
prendre une décision.
Tous se tournèrent vers lui sans comprendre.
- De quoi parlez-vous ? demanda l’ambassadeur français.
- Devons-nous, oui ou non, dévoiler l’existence de la Porte et
du danger que le monde va courir à la population ?
Ces paroles provoquèrent un silence méditatif. Ce fut le gouverneur
chinois qui le rompit en premier.
- Il a toujours été dans les intentions de mon pays d’en
parler à notre nation.
Le Russe renifla dédaigneusement.
- Mais bien sûr… Est-ce que vous imaginez la panique que tout cela
provoquerait ? Nous n’avons pas besoin de ça en plus de tout le
reste !
- Je pense pourtant que les gens ont le droit de savoir, commenta le français,
plus pour lui-même que pour les six hommes qui l’entouraient.
- Surtout s’il s’agit d’une bataille perdue d’avance,
grogna le britannique en s’adossant lourdement au dossier de son siège.
Un nouveau silence s’instaura.
- Ecoutez, déclara finalement Hayes. Pour ma part, je ne suis pas vraiment
pour une révélation qui finalement provoquerait à mon sens
plus de mal que de bien. Certes, la population a le droit de connaître
la vérité et les risques qu’elle encourt, cependant…
Nous avons su protéger notre planète jusqu’ici et je ne
pense pas que le monde apprécierait d’être mis au courant
d’une telle situation dans des circonstances aussi… dramatiques.
Pour une fois, les cinq autres représentants acquiescèrent d’un
même mouvement.
- On nous reprocherait à coup sur d’avoir attendu le dernier moment
pour cela … renchérit l’ambassadeur britannique, songeant
aux élections prochaines de son pays.
Hayes soupira… Il savait parfaitement que chaque personne réunie
à cette table pensait, à cet instant précis, à la
sauvegarde de son poste et non plus au bien-être de la population…
Il trouvait tout cela lamentable, surtout aux vues de la situation actuelle
mais comment aurait-il pu leur en vouloir. Ses pensées n’avaient-elles
pas suivi la même direction au moment même où il avait prononcé
ces paroles…
- Nous sommes donc tous d’accord ? demanda-t-il, finalement. Pas un mot
pour le moment ?
Après un rapide coup d’œil autour d’eux, tous acquiescèrent
une seconde fois.
***
Jack raccrocha le téléphone et d’un signe de la main incita
Carter à entrer dans son bureau.
- Vous m’avez fait demander, Mon Général ?
Il sourit et acquiesça, s’adossant confortablement contre son siège.
- Comme vous le savez, Teal’c est parti avec Bra’tac pour récupérer
quelques vaisseaux Al’keshs que des rebelles ont réussis à
subtiliser… Daniel a le nez dans ses bouquins afin de chercher des indices
qui pourraient nous conduire vers une base des Anciens...
- Et trouver un ZPM capable de faire marcher l’arme en Antarctique…
finit-elle pour lui.
Il se pencha alors vers elle, mi-figue mi-raisin. Inévitablement, un
sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme.
- De vous à moi, je n’y crois pas trop, mais bon… Quant à
vous…
Jack s’arrêta quelques instants, suffisamment longtemps pour que
Sam soit intriguée.
- Quant à moi ... je dois m’occuper d’étudier les
boucliers des vaisseaux d’Anubis…
- Ils n’arriveront pas avant demain, selon Bra’tac. Vous avez quartier
libre, Carter.
Surprise, elle le regarda avec scepticisme. Ils étaient en pleine alerte
rouge et il lui offrait une journée de permission ?
- Mais… Mon Général… Vous avez certainement plus besoin…
Il balaya ses excuses d’un mouvement de la main, l’obligeant à
s’arrêter.
- Allons ! Vous savez parfaitement que vous n’avez rien de particulier
à faire jusqu’à demain … Vous pensez pouvoir nous
concocter en moins de 24 heures une arme suffisamment puissante pour détruire
la flotte des Grands Maîtres ?
- Non… sourit-elle en baissant la tête… Bien sûr que
non…
- Alors allez vous reposer, Carter. Les prochains jours vont être difficiles.
J’aurais besoin de vous au meilleur de votre forme.
Puis, il finit par rajouter, la fixant soudain avec insistance :
- Vous en profiterez pour voir Shanahan…
Incrédule, la jeune femme redressa vivement la tête et plongea
son regard dans celui de son supérieur. Il lui souriait gentiment …
pour ne pas dire tendrement, accélérant par ce geste les battements
déjà précipités de son cœur.
Il lui offrait une journée avec Peter… Il avait décidé
de lui donner cette permission afin qu’elle puisse voir son petit ami
avant le combat qui allait peut être sceller le destin de la Terre. Et
curieusement, cette nouvelle qui aurait du la réjouir la plongea dans
une profonde mélancolie. Cependant, elle refoula très vite ce
sentiment contradictoire et finit par esquisser un sourire reconnaissant.
- … Merci, Mon Général…
L’espace d’un instant, ils restèrent à se fixer sans
un mot puis Jack finit par se redresser sur son fauteuil, rompant le charme.
Sam baissa alors timidement la tête, essayant de contrôler le trouble
qui l’avait envahi mais incapable, cependant, de prendre congé.
- … Et vous, Mon Général… ? Vous devriez peut-être…
- Carter… grogna-t-il un sourire aux lèvres. Allez-vous-en ! …
Oust !
A contre-cœur, la jeune femme finit par lui rendre son sourire, le salua
et sortit précipitamment de la pièce.
Une fois seul, Jack se rembrunit. C’était bien à ça
que servaient les amis, non ? A rendre heureux ceux qu’ils aimaient. Et
lui dans tout ça ? Qui allait s’occuper de l’aider à
remplir le trou béant qu’était devenue sa vie… ?
***
L’esprit totalement ailleurs, Sam comprit qu’on lui avait posé
une question à l’instant même où elle sentit une main
se poser doucement sur son épaule.
- … Pardon ? … Tu disais ?
Pete lui sourit gentiment avant de passer un bras autour de sa taille et de
l’attirer à lui.
- Où étais-tu donc ? …
Embarrassée, la jeune femme secoua la tête et se tourna vers son
compagnon.
- Je suis désolée… Ce qui arrive est tellement… Mais
je devrais profiter de toi un maximum, seulement je n’arrive pas à
me sortir le boulot de la tête !
Bras dessus, bras dessous, ils se trouvaient pour l’heure dans un parc,
entourés de gens qui étaient à cent mille lieux d’imaginer
le danger imminent qui les menaçait.
Sam avait appelé son frère la veille au soir, simplement pour
entendre sa voix et celles de ses neveux et nièces. Comment leur dire
qu’ils risquaient de ne plus jamais se revoir, que dans quelques jours
à peine, la Terre s’embraserait peut être… ? Mais elle
n’avait pas le droit d’en parler, songea-t-elle en soupirant. Personne
ne devait savoir…
- La situation est si grave que ça ? demanda Pete alors, voyant la mine
soucieuse de son amie.
Pour seule réponse, elle se tourna vers lui, le regard sombre et un désagréable
frisson le traversa de part en part. Oui… Apparemment …
Alors, pris d’une soudaine inspiration, il prit les mains de Sam dans
les siennes et l’incita à s’asseoir à coté
de lui sur un banc. Ils se regardèrent un long moment et la jeune femme
sentit son estomac se nouer, lorsqu’elle devina ce qui allait être
dit à l’instant même. Elle ouvrit la bouche pour l’empêcher
de parler mais trop tard… Il la devança en posant un doigt sur
ses lèvres.
Plongeant la main dans la poche de son pantalon, il en ressortit une petite
boîte de velours noire qui laissait à présent peu de doute
sur ses intentions. Paniquée, Sam tenta cependant de garder son calme.
Elle ne voulait surtout pas le blesser.
Il ouvrit timidement l’écrin et le tendit vers elle, la main tremblante.
- Sam… Veux-tu m’épouser ?
Sentant son regard perçant posé sur elle, essayant certainement
d’analyser ce qui pouvait bien se passer dans son esprit, la jeune femme
tenta de contrôler un maximum ses émotions pour le moins contradictoires.
Il y avait sa raison qui, plus que comblée, lui dictait d’accepter.
Peter était un homme gentil, respectueux, attentif et sans aucun doute,
fou d’elle. Il avait une façon de la regarder qui ne pouvait la
laisser indifférente. Un mélange d’amour, d’adoration,
de passion …
Mais ce regard, un autre avait le même à son égard. Beaucoup
plus troublant encore, plus fort aussi… Et c’était ça
qui la freinait, qui faisait que sa raison perdait la plupart du temps toute
influence sur ses choix. Ecartelée, une envie étrange et pourtant
lancinante d’éclater en sanglot, Sam finit cependant par reprendre
ses esprits. Elle redressa vaillamment la tête et lui sourit. Elle sentit
Peter se détendre quelque peu mais il se rembrunit très vite lorsqu’elle
posa une main douce mais ferme sur l’écrin pour le refermer.
- Pete… C’est un peu trop tôt pour moi… Je voudrais
prendre le temps de réfléchir, si tu veux bien.
Il baissa piteusement la tête, très déçu mais finalement
son visage finit par s’éclairer. Elle ne lui avait pas dit non.
- Je comprends… Prend le temps qu’il te faudra…
Les battements de son cœur reprenant une vitesse plus régulière,
Sam finit par se détendre de nouveau. Elle glissa ses doigts dans les
cheveux fins de son compagnon, attira son visage jusqu’à elle et
posa doucement ses lèvres sur les siennes. Peter ne se fit pas prier
et répondit passionnément à ce baiser…
***
- Quoi ? s’exclama Daniel, les yeux exorbités.
Pour seule réponse, Sam l’incita de la main à baisser d’un
ton. Celui-ci se reprit aussitôt puis se tourna vers Teal’c, qui
lui, était resté des plus stoïques. Il reporta alors son
attention sur la jeune femme.
- Et… qu’avez-vous dit ?...
- … Eh bien…
Sam mit quelques instants avant de répondre, suffisamment pour que Jack
se remette de l’annonce qu’il venait d’entendre en surprenant
leur discussion. Sur ce, il pénétra dans salle de Briefing d’un
pas décidé.
- Enfin une bonne nouvelle parmi tout ce chaos ! déclara-t-il alors,
faisant sursauter tout le monde.
Il alla s’asseoir au bout de la table sous le regard incrédule
de SG1. Même Teal’c semblait abasourdi par le ton désinvolte
d’O’Neill. Faisant mine de ne pas comprendre la raison qui les poussait
à le regarder avec cet air… abruti, Jack finit par lever les mains.
- Quoi ?
Daniel fut le premier à retrouver ses esprits.
- Rien… Vous prenez ça… plutôt bien…
- Et pourquoi je devrais prendre ça mal ? demanda O’Neill soudain
glacial.
- … Euh… Pour rien, se reprit aussitôt Daniel, qui jetait
un regard confus vers Sam.
Celle-ci, depuis l’entrée de son supérieur dans la salle
n’avait pas ouvert la bouche. Elle regardait fixement ses mains croisées
sur la table, le visage neutre.
Mais à l’intérieur, c’était le chaos, la confusion...
De nouveau, elle avait une envie lancinante, presque intolérable de pleurer.
Serrant ses deux mains l’une contre l’autre faisant blanchir ses
jointures, elle finit cependant par redresser la tête, un sourire troublé
sur ses lèvres.
- Je n’ai pas encore pris ma décision.
Un silence accueillit finalement cette réponse, personne n’osant
réagir à cette nouvelle. Aussi, de plus en plus mal à l’aise,
Sam finit par se tourner vers son supérieur qui affichait un visage impénétrable.
- Bref… Passons à autre chose… Mon Général
?
Sur ce, reprenant ses esprits et désireux de ne pas gêner davantage
son second, Jack se tourna vers Daniel.
- Vous avez trouvé quelque chose ?
Remettant d’un doigt ses lunettes sur son nez, l’archéologue
secoua piteusement la tête.
- Hélas non… Rien de rien. Bien sûr, je continue mais là…
Je n’ai absolument aucune piste.
- Je m’y attendais un peu… Teal’c ?
- Nous avons trois autres vaisseaux Al’keshs qui font route en ce moment
même vers la Tau’ri. Ils seront là dans quelques jours.
- Très bien.
Jack se tourna alors vers Sam.
- Carter, la flotte Jaffa est apparue il y a quelques minutes sur nos radars.
Un hélicoptère vous conduira à la base de Colorado où
un avion vous attend déjà pour vous permette de rejoindre celle
en Antarctique. Les vaisseaux vont atterrir là-bas, histoire de passer
inaperçus.
La jeune femme acquiesça et se leva sous l’initiative de son supérieur.
- Préparez-vous, vous partez dès que vous êtes prête
!
Sur ce, SG1 se divisa.
***
Son sac avec tout son attirail sur le dos, le reste de ses affaires dans l’hélicoptère,
Carter se dirigeait d’un pas lourd vers l’ascenseur. Elle venait
de croiser Teal’c et Daniel qui, bien qu’en retard, venaient la
féliciter pour la demande en mariage de Pete… Féliciter
pour une demande en mariage… Certes, depuis qu’ils la connaissaient,
on ne pouvait pas dire que beaucoup d’hommes avaient rempli sa vie, bien
au contraire, mais de là à sous-entendre qu’il fallait marquer
cette journée d’une pierre blanche, c’était assez
humiliant, tout de même.
Elle s’était ensuite dirigée vers le bureau du Général
pour le saluer avant de partir mais il était introuvable. Le cœur
lourd, elle avait donc décidé de s’en aller sans avoir pu
le voir une dernière fois… Qui pouvait dire s’ils se reverraient
un jour? Les Goa’ulds arriveraient peut-être plus tôt que
prévu. Elle se trouverait alors à bord d’un des vaisseaux
Jaffas tandis que lui serait sur Terre…
…
Mais Pete aussi serait sur Terre…
…
Sam so
upira… Son esprit était plus confus que jamais.
La jeune femme arriva enfin devant l’ascenseur qui s’ouvrit à
son appel. Elle jeta un rapide coup d’œil dans son dos puis le cœur
serré, ne voyant personne, elle entra et appuya à contre-cœur
sur le zéro…
Perdue dans ses sombres pensées, elle sursauta violemment lorsqu’un
bras apparut tout à coup sous son nez, bloquant ainsi les battants de
la porte qui se refermaient sur elle. L’ascenseur s’ouvrit de nouveau
et le cœur de Sam s’emballa furieusement. Les mains posées
de chaque côté de l’élévateur, Jack redressa
la tête, un sourire sur les lèvres, la respiration courte. Il venait
apparemment de traverser l’étage au pas de course.
- Vous alliez partir sans un dernier petit coucou !?
La jeune femme rit doucement, une bouffée de joie intense parcourant
son corps.
- Je vous ai cherché partout ! lui répondit-elle finalement.
- Vraiment ? demanda-t-il, une lueur étrange dans les yeux.
Ils se regardèrent un instant, ne sachant trop quoi dire. L’esprit
embrouillé, Sam ne savait même plus pourquoi elle se trouvait dans
cet ascenseur… Elle était envahie par de multiples émotions
diverses qu’elle n’arrivait même plus à analyser. Mais
en avait-elle seulement envie ? songea-t-elle, se noyant dans le regard si chaud
de l’homme qui lui faisait face…
Finalement, rompant le charme, Jack recula d’un pas afin de permettre
aux portes de l’ascenseur de se refermer.
- Bon… Revenez-nous vite…
Ces paroles glissèrent sur elle comme une caresse tandis que, un nœud
à l’estomac, elle voyait les portes se rabattre sur le visage soudain
transparent de son supérieur. Le regard d’O’Neill reflétait
un mélange d’angoisse et de … ? Sam fit aussitôt un
pas vers lui, n’osant croire ce qu’elle venait d’y lire, mais
les battants se refermèrent définitivement et l’ascenseur
se mit en branle.
Bouleversée, elle tenta de retrouver ses esprits. Que lui arrivait-il
? Elle avait pourtant eu l’impression d’avoir tiré plus ou
moins un trait sur lui… Et voilà que tout revenait, toutes ces
questions, tous ces sentiments, toutes ces émotions bouleversantes et
dix fois plus intenses qu’avant… Sam venait de passer du bonheur
suprême en le voyant venir à elle, à la souffrance et au
désespoir le plus total en le regardant disparaître sous ses yeux…
Elle avait peur… Tellement peur de ne plus jamais le revoir. Et elle avait
lu la même terreur dans son regard…
Un grognement de frustration s’échappa de ses lèvres lorsqu’elle
réalisa que ses « adieux » avec Peter ne lui avaient pas
procuré le centième des émotions qu’elle venait
d’éprouver face à son supérieur.
Ce fut donc une Sam plus torturée que jamais qui vit s’éloigner
le complexe de Cheyenne Mountain, tandis que son hélicoptère s’élevait
dans le ciel du Colorabo.
******************************
« Bon sang, ce qu’il fait froid… »
Jerry prit entre ses mains le bol de soupe qu’il venait de se préparer
afin de profiter un maximum de la chaleur de ce contact. Il sentit cette onde
bienfaisante pénétrer lentement le coton de ses gans et réanimer
peu à peu ses doigts engourdis. Il rapprocha son visage du liquide brûlant
et soupira d’aise tandis qu’un frisson secouait tout son corps...
Mais un courant d’air glacé interrompit cet instant pour le moins
agréable lorsque son collègue et ami fit son entrée sous
la tente.
- Ohhh… Bob !!! Tu peux pas arrêter tes allées venues cinq
minutes !? Le peu de chaleur que j’arrive à amasser est aussitôt
chassé par ces putains de courants d’air!!
- On n’est pas là pour prendre le thé, j’te rappelle!
Plus vite on aura fini ces fichus relevés et plus vite on rentrera !
répondit du tac au tac l’interpellé tout en fouillant dans
un de ses sacs.
Haussant les épaules, Jerry se contenta de boire une première
gorgée de sa soupe et manqua de s’étouffer avec. Il avait
peut être un peu exagéré en la faisant bouillir aussi longtemps,
songea-t-il, la langue endolorie…
Conscient du ridicule de la situation, il se mit à souffler désespérément
sur le liquide brûlant. Ce faisant, il jeta un œil vers son compagnon
et croisa son regard blasé…
- Quoi ?!
- … Rien… Je te trouve parfois … pathétique…
- Merci, ça fait toujours plaisir…
- Je te rappelle que pour le moment, je me suis tapé toutes les analyses
et toi, la moitié des provisions !
Jerry fronça le nez… Il n’avait pas tort sur ce coup-là…
- C’est bon !! grogna-t-il à contre-cœur. Je finis ma soupe
et je m’occupe du…
Mais il ne termina pas sa phrase… Un grondement sourd attira soudain son
attention. Il se tourna aussitôt vers son ami afin d’avoir confirmation
et croisa son regard inquiet.
Ils se trouvaient en plein milieu de l’Antarctique, là où,
mis à part le vent, il n’y avait jamais le moindre bruit…
Donc, entendre ce genre de grondement n’avait vraiment rien de rassurant,
bien au contraire… Et le plus effrayant dans tout cela était que
ce son, loin de s’arrêter, continuait de s’amplifier !
- Qu’est ce que c’est que ce bordel !? grogna Bob, lâchant
ce qu’il faisait pour sortir précipitamment de la tente.
Le cœur au bord des lèvres, Jerry posa son bol sur le petit réchaud,
enfila en vitesse un deuxième anorak et partit rejoindre son ami à
l’extérieur, se préparant mentalement au pire : une brèche
dans le sol ? Un tremblement de terre ? La fin du monde ?
- Nom de Dieu ! Un OVNI ! entendit-il crier à travers le raffut, faisant
un pas dans la neige.
Ça… Il ne l’avait pas prévu !
Incrédule, il suivit des yeux la direction que Bob indiquait et, les
yeux écarquillés, regardait venir vers lui un engin volant d’une
taille inimaginable… Pour un peu, il en aurait pissé dans son pantalon
! Terrorisé, les jambes flageolantes, il agrippa la manche de son compagnon
sans pour autant quitter des yeux l’appareil qui fonçait droit
sur eux !
- Oh Putain, qu’est ce que c’est qu’ce truc ?!!!!! hurla-t-il
enfin, hystérique.
Le bruit devenait assourdissant, le sol tremblait… Au loin, la neige que
soulevait le vaisseau formait un voile blanchâtre, se mélangeant
aux nuages bas que l’engin fendait majestueusement.
- Putain !!! J’arrive pas à y croire !!!
- Nom de Dieu !!
Complètement terrorisés, ils finirent par plonger dans la neige
au moment même où le vaisseau passait au dessus de leur tête
sans même s’arrêter. L’air que celui-ci souleva sous
son passage faillit emporter la tente mais, les deux hommes accrochés
l’un à l’autre finirent par redresser la tête lorsqu’ils
comprirent qu’il les dépassait sans se soucier d’eux.
- Bon sang, c’est pas vrai !!! réagit enfin Bob en se relevant
précipitamment et fonçant tout droit vers la tente.
Incrédule, Jerry regarda son ami disparaître à l’intérieur
tandis que toujours au sol, complètement perdu, il tentait de retrouver
l’usage de ses jambes…
- Qu’est-ce que tu fous ? finit-il par demander lorsqu’il vit réapparaître
son compagnon quelques secondes plus tard.
- D’après toi ?
Sur ces mots, Bob leva la main et enclencha son caméscope numérique.
Mais le temps qu’il fasse tout cela, l’engin était déjà
loin, noyé dans un nuage blanc, le rendant pratiquement impossible à
identifier.
- Merde… Et merde… ! Et MERDE !!! finit-il par exploser comprenant
qu’il venait de laisser passer sa chance… C’est pas vrai !!!
Le bruit sourd peu à peu s’atténuait, le calme doucement
reprenait sa place… Terriblement déçu, Bob, les bras le
long du corps, regardait fixement un point à l’horizon, là
où le vaisseau avait finalement disparu.
- J’arrive pas à y croire… murmura-t-il tandis qu’il
se retournait vers Jerry pour partager avec lui l’incroyable expérience
qu’ils venaient de vivre…
Celui-ci, toujours au sol, regarda son ami s’immobiliser soudain, les
yeux écarquillés, et lentement, lever sa main afin de braquer
son caméscope dans sa direction.
De nouveau, un grondement sourd ampli l’air tout autour d’eux, faisant
trembler le sol et voler la neige… Un nœud au ventre, une sueur glacée
dans le dos, Jerry se retourna doucement, effrayé à l’avance
par ce qu’il était certain de voir…
- Oh bon sang… murmura-t-il en regardant s’avancer vers eux non
pas un mais trois vaisseaux.
Ceux-ci étaient eux-même entourés d’un nombre incalculable
d’engins de plus petite taille et cependant capable, à vu d’œil,
de transporter des centaines et des centaines d’êtres humains…
- NOM DE DIEU!!! On est en train de se faire envahir!!!! hurla Bob, hystérique.
*****************************
Jack posa son stylo et massa sa nuque douloureuse. Cela faisait maintenant plusieurs
heures qu’il était assis à son bureau en train de rédiger
des rapports que lui avait demandés l’Etat Major… Autant
dire qu’il aurait mille fois préféré se trouver sur
une planète à des années lumières de la Terre, avec
à ses fesses, une centaine de Jaffas.
Carter était partie depuis maintenant trois jours et les nouvelles qu’elle
lui donnait toutes les 24 heures n’étaient pas très rassurantes…
Elle semblait totalement dépassée par la technologie utilisée
par Anubis… Il hésitait encore à la faire revenir de suite.
Elle lui avait pourtant demandé plus de temps mais franchement, il n’avait
pas spécialement envie qu’elle s’éternise là-bas…
Le bruit de pas précipités provenant du couloir le tira soudain
de ses sombres pensées. Il tendit l’oreille et s’amusa à
deviner qui allait débouler dans son bureau.
- Daniel ! s’exclama-t-il avant même que celui-ci ne soit dans son
champ de vision.
Ne songeant même pas à se demander par quel subterfuge Jack avait
bien pu deviner qu’il allait pénétrer dans son bureau, ni
la raison pour laquelle celui-ci eut un geste victorieux en le regardant entrer
dans la pièce, Daniel stoppa net sa course et posa les deux mains sur
son bureau.
- Venez vite voir ça !
Et il repartit aussitôt sans donner davantage d’explications. Jack,
particulièrement ravi d’avoir une excuse pour cesser ses travaux
d’écriture, se redressa de suite et lui emboîta le pas. Il
n’eut pas très loin à aller puisque le linguiste s’arrêta
en salle de Briefing et alluma prestement la télévision. Il vit
Teal’c, accompagné de plusieurs personnes, pénétrer
au même moment dans la salle, désireux de voir la réaction
du Général sur les images qui s’affichaient à l’instant
même à l’écran.
O’Neill resta sans voix.
- Ca passe en ce moment même sur toutes les chaînes… précisa
Daniel tandis qu’il montait le son.
« … mais jusqu’à maintenant, la Maison Blanche a refusé tous commentaires sur cet incroyable découverte… Je vous rappelle, pour les personnes qui viennent d’allumer leur téléviseur, que les images que vous voyez en ce moment même ont été prises en Antarctique il y a maintenant près de deux jours. Comme vous pouvez le constater, il s’agit de plusieurs Ovnis dont quatre d’entre eux font plus de 500 mètres de diamètre ! D’autres plus petits… »
Jack prit la télécommande des mains de Daniel et baissa le son.
- Comment ont-il fait pour avoir ces images ? rugit-il, furieux.
- Apparemment, deux scientifiques se trouvaient dans une des stations de recherche
et ont tout filmé, répondit le jeune homme.
- C’est impossible ! Nous avons bien fait attention de donner un itinéraire
qui évitait tout risque de ce genre…
- Ces deux rigolos ont avancé leur voyage de deux semaines, intervint
Reynolds qui, en entrant dans la salle, avait entendu la dernière remarque
de Jack.
Tandis qu’O’Neill fixait avec lassitude l’écran de
télévision, la sonnerie de son téléphone retentit.
- Chouette… grogna-t-il tout en se dirigeant vers son bureau et claquant
la porte derrière lui.
Daniel et Teal’c se regardèrent un instant puis Reynolds prit la
télécommande que Jack avait abandonnée sur la table de
conférence et monta le son.
« … l’imaginer, les réactions un peu partout dans le monde ne se sont pas faites attendre ! De nombreuses manifestations et rassemblements se forment en ce moment même, et un vent de panique gagne la plupart des grandes villes… On peut déjà déplorer de nombreux incidents et vandalismes… »
Tout en disant cela, des images de foules dans la rue munies de banderoles
défilaient sur l’écran de télévision. Certains
prônaient des messages de paix, tandis que d’autres, au contraire,
se voulaient agressifs. Les membres du SGC présents dans la salle regardaient,
avec un sentiment parfois contradictoire, le monde s’éveiller à
une nouvelle aire.
Finalement, Jack ressortit quelques minutes plus tard et Reynolds coupa le son.
- Bon… Jusqu’à l’intervention du président,
vous avez ordre de ne pas sortir de la base et interdiction formelle de prendre
contact avec vos familles.
Un brouhaha contestataire s’éleva dans la foule de plus en plus
grande, agglutinée dans la salle de Briefing, mais très vite stoppé
par la main levée d’O’Neill.
- Vous n’aurez pas très longtemps à attendre. Il devrait
prendre la parole dans une ou deux heures tout au plus… En attendant,
silence radio.
Sur ces mots, il fit signe à Daniel et à Teal’c de le suivre
en salle de commande tandis que la foule se dispersait. Actionnant le micro,
il mit ensuite le reste de la base au courant puis se tourna finalement vers
le Sergent Harriman.
- Walter, contacter le Colonel Carter.
A ces mots, Daniel se tourna vers le jaffa, un petit sourire au coin. Le silence
radio ne concernait pas Sam… Il eut la surprise de voir Teal’c répondre
à son sourire, sans pour autant se départir de son rituel haussement
de sourcil.
Inconscient de ce qui se passait derrière son dos, O’Neill entra
en contact avec l’un des vaisseaux Jaffa.
- Carter ? Vous m’entendez ?
- Très bien, Mon Général ! répondit une voix quelque
peu métallique mais sans conteste celle de Sam.
Involontairement, Jack sourit.
C’était fou le pouvoir que sa simple voix avait sur lui, songea-t-il,
troublé… Il se reprit cependant très vite.
- Pouvez-vous, d’où vous êtes, capter une chaîne de
télé ?
- … Euh… oui, bien sûr, répondit-elle après
un instant, surprise par cette demande. Sur laquelle voulez-vous que je me branche
?
- Peu importe… Vous verrez.
- Très bien. Attendez deux minutes…
Ils entendirent au loin des grésillements puis le son se stabilisa.
- Mon Dieu… balbutia Sam… Qu’est-ce que… ?
- Et oui… Apparemment, nous ne sommes plus les seuls sur cette planète
à être au courant de l’existence des extraterrestres…
commenta Jack, ironiquement.
Un silence lui répondit…
- … Carter ? … Vous vous êtes évanouie ? demanda-t-il
au bout d’un certain temps.
- Euh… non, Mon Général… C’est incroyable…
Que… Qu’allons-nous faire ?
- Le Président va faire une annonce officielle dans une ou deux heures.
Je vous re-contacterais à ce moment-là afin que nous puissions
la suivre tous ensemble.
Un nouveau silence se fit, mais cette fois-ci de courte durée.
- … Très bien, Mon Général, finit-elle par répondre,
un sourire dans la voix… Merci.
C’était bien peu et pourtant, ce « merci » le toucha.
L’annonce officielle de l’existence de la Porte et des extraterrestres
était bien sûr un évènement majeur et il lui avait
semblé naturel de partager cela avec ses amis… et avec Sam en particulier.
Elle semblait avoir apprécié cette attention… songea-t-il
bêtement heureux.
- A tout à l’heure, Carter !
*******************************
Au même instant, dans le monde entier, tous les yeux étaient rivés
sur l’écran de leur téléviseur. Simultanément,
les responsables des six pays connaissant l’existence de la Porte s’apprêtaient
à prendre la parole.
Henri Hayes, nerveux et pourtant calme en apparence, venait de prendre place
devant les journalistes sous flashs incessants des photographes. Il attendit
que le calme se fasse dans la salle et se tourna vers la caméra.
- Je m’adresse à vous aujourd’hui comme le fait en ce moment
même l’ensemble de mes collègues auprès des citoyens
de leur pays.
Il fit une courte pose afin de regarder quelques personnes dans la pièce
pour donner plus de poids à ses paroles.
- En 1928, des archéologues faisant des fouilles à Gizeh, découvrirent
un énorme anneau fait d’un matériau inconnu sur Terre. De
nombreuses recherches furent entreprises pour découvrir son origine mais
ce ne fut qu’en 1994 que l’équipe scientifique, travaillant
sur ce projet, parvint enfin à en déterminer l’utilité.
Il s’agissait en réalité d’un engin extraterrestre
capable de transporter des personnes d’une planète à une
autre en seulement quelques secondes. Son nom : La Porte des Etoiles.
Des exclamations incrédules se firent entendre un peu partout dans la
pièce.
- Depuis maintenant huit ans, poursuivit cependant Hayes, nous explorons des
mondes à des années lumière de la Terre… Et non,
nous ne sommes pas seuls dans l’univers, confirma-t-il enfin officiellement.
A ces mots, un brouhaha s’éleva dans la salle mais rapidement étouffé
afin de permettre au Président de s’expliquer.
- Eh bien ! Il a le sens du spectacle, notre Président… commenta
Jack en salle de Briefing.
SG1 se trouvait en ce moment même à ses côtés, directement
connectée avec le Colonel Carter.
- Il aurait pu vous citer, Daniel, intervint Sam. Après tout, c’est
grâce à vous que la Porte a pu être activée.
Celui-ci remua nerveusement sur sa chaise.
- J’aime autant qu’il évite de parler de moi devant tout
ce monde… Les journalistes découvriront tout ça suffisamment
tôt.
Personne ne répondit à cette remarque. Chacun savait parfaitement
ce qui se passerait si la presse prenait connaissance de leurs noms…
Préférant éviter de s’appesantir sur tout cela, ils
reportèrent leur attention sur le discours du Président.
"
- … nos ennemis, poursuivait-il. Nous savons, à l’heure actuelle,
qu’une flotte composée de nombreux vaisseaux Goa’ulds se
dirige tout droit vers la Terre. Mais je tiens à vous rassurer, nos alliés
Jaffas ont aussitôt répondu présent afin de nous venir en
aide. Les vaisseaux qui ont été filmés en Antarctique font
partis de leur flotte…"
- A l’entendre, les Goa’ulds n’ont pas l’air d’être
une grande menace… intervint Daniel, quelque peu blasé.
- Le Président veut certainement éviter la panique, répondit
Sam.
- Il faudra bien qu’il parle des soixante vaisseaux qui foncent en ce
moment même sur nous… Je parie que c’est l’une des premières
questions que les journalistes vont poser…
- Ah ! intervint O’Neill. Chut! Ils parlent de nous!
"-
… sont composés d’hommes et de femmes extraordinaires qui
nous ont tous sauvés la vie à de nombreuses reprises. Nous et
la planète. Jusqu’ici, ils ont su repousser nos ennemis et je sais
qu’il en sera de même aujourd’hui."
- Chouette ! Quelle confiance, ironisa Jack.
Après quelques minutes, son discours prit fin et rapidement les questions
fusèrent.
Comme l’avait parié Daniel, les journalistes cherchèrent
à avoir des précisions sur la nature des Goa’ulds, de leur
avancée technologique et, bien sûr, la taille de leur flotte. Le
Président se montra assez évasif sur ce dernier point. Il y eut
évidement des questions véhémentes sur les raisons du gouvernement
à avoir caché aussi longtemps l’existence de la Porte. Henry
Hayes y fit face sans cesser de mettre en avant le courage de ceux qui, dans
l’ombre, avaient combattu et étaient morts pour leur planète.
- Assez judicieux de sa part… Il noie le poisson, répliqua O’Neill.
- Je trouve qu’il s’en sort plutôt bien, Mon Général.
- Le problème, Carter, c’est qu’ils vont finir par en venir
au SGC… Je n’ai pas très envie d’être mis sur
le devant des projecteurs…
De fil en aiguille, ce que Jack craignait se produisit…
"- Ecoutez, nos meilleurs hommes sont en ce moment même en train de tout
faire en leur pouvoir pour arrêter nos ennemis. Ayez confiance en eux.
- Monsieur le Président ! Tout à l’heure, vous avez parlé
de l’équipe SG1 sous le commandement du Général…
O’Neill! "intervint un journaliste au bout d’un instant après
avoir consulté ses notes. "Vous avez déclaré qu’à
de nombreuses reprises c’était eux qui avaient sauvé notre
planète ! Pouvez-vous nous parler davantage de ces hommes ?"
Henry Hayes sembla hésiter quelques instants.
- Attendez ! réagit aussitôt Jack. Comment a-t-il eu mon nom, celui-là
?
- Votre Président vous a nommé juste après la découverte
de la Porte, O’Neill… Vous parliez avec le Colonel Carter et Daniel
Jackson… répondit sobrement Teal’c qui jusqu’ici avait
préféré, à juste titre visiblement, se concentrer
sur le discours.
Mais avant même que Jack ait pu ouvrir la bouche, Hayes reprit la parole
:
"- Pendant 7 ans, le Général O’Neill, à l’époque
Colonel, dirigea l’équipe SG1. Compte tenu de ses brillants états
de service et en récompense de son incroyable bravoure et de ses nombreux
sacrifices, il fut promu et est dorénavant à la tête du
SGC. Son second, le Lieutenant Colonel Samantha Carter est à présent
commandant de l’unité SG1. Elle est astrophysicienne et notre meilleur
expert de la Porte des Etoiles. Le Docteur Daniel Jackson fait également
parti de l’équipe. Il est archéologue et linguiste. C’est
grâce à lui que les mystères de la Porte nous furent révélés
en 1994. Et enfin, le dernier membre de SG1 se nomme Teal’c. C’est
un guerrier Jaffa et notre allié le plus sûr. "
Atterré, Jack regarda Henry Hayes s’arrêter quelques instants
pour finir par rajouter :
"- Ces quatre personnes sont des héros. Ainsi que tous les membres du
SGC. Ayez foi en eux… Merci."
Sur ces dernières paroles, le Président se retira.
Furieux, Jack empoigna la télécommande et coupa le son.
- Mais quel imbécile !!! rugit-il se prenant la tête entre ses
mains.
Teal’c, quelque peu surpris, se tourna vers Daniel qui, de son côté,
se tapa le front contre la table, les mains à plat de chaque côté
de son visage.
- Pourquoi semblez-vous si… abattus ? Vous allez enfin être reconnu
pour vos nombreux exploits.
Jack ne daigna même pas répondre, tandis que Daniel, toujours «
face contre table » secouait désespérément la tête.
- Teal’c. Vous ne connaissez pas le pouvoir de la presse dans notre pays, consentit à lui expliquer Sam. Notre vie va être…
- … Disséquée… finit sombrement O’Neill en se
levant. Carter ! …
- Mon Général ?
- Je vous laisse encore deux jours. Si d’ici là il n’y a
aucune évolution dans vos recherches, vous rentrez immédiatement
au SGC.
- A vos ordres…
Sentant qu’elle voulait rajouter quelque chose, Jack attendit qu’elle
poursuive.
- Mon Général ?
- Oui ?
- … Pourriez-vous prévenir mon frère que je l’appellerai
dès que je rentrerai ?
- Bien sûr, Colonel.
- Merci.
***
A peine avait-elle coupé le contact avec le SGC que Sam se dirigea
d’un pas pressé vers le Générateur du Vaisseau Ha’tak.
Elle tentait fébrilement de chasser la foule de pensées envahissantes
qui venait parasiter son esprit mais en vain. Tout cela lui semblait complètement
surréaliste… Et pourtant ce n’était pas faute d’être
préparée à n’importe quelle situation.
Lorsque le Président avait parlé d’elle, Sam avait eu l’espace
d’un instant l’étrange impression qu’il parlait d’une
inconnue. Réalisant soudain la portée de ses mots, elle avait
ensuite senti une dérangeante fierté affluer en elle, très
vite refoulée par de la gêne et un profond sentiment de crainte…
Quelles allaient être les implications d’une telle déclaration
non seulement pour elle mais pour son frère et sa famille ?
Elle pria secrètement pour que les journalistes se concentrent expressément
sur le danger immédiat que représentaient les Goa’ulds…
Cependant, une partie d’elle-même n’y croyait guère
car c’était sans conteste pour cela que Hayes avait donné
leurs noms. Un bon moyen de détourner l’attention…
Et comme l’avait dit le Général O’Neill, leurs vies
allaient être disséquées, examinées au microscope
et peu de gens s’en sortaient sans au moins quelques blessures profondes.
Ses pensées se tournèrent inévitablement vers son supérieur.
Un nœud au ventre, elle songea lugubrement qu’il était certainement
le plus à plaindre. Nul doute que la mort accidentelle de Charlie ferait
la une de certains journaux à scandale. A cette pensée, elle sentit
son cœur se serrer douloureusement.
***
« Activation de la Porte non Programmée ! »
Le contact entre Carter et le SGC venait à peine d’être coupé
lorsque l’alarme se déclencha. Ni une ni deux, O’Neill et
SG1 se dirigèrent vers la salle de commande.
- C’est la Tok’ra, Mon Général.
- Ouvrez l’iris.
Comme prévu, Jacob revenait certainement afin de leur donner plus de
renseignements sur les déplacements et la taille de la flotte ennemie.
Quelle ne fut donc pas leur surprise de découvrir deux grands conseillers
Tok’ra à ses côtés.
- Comment ils s’appellent déjà, ces deux-là ? murmura
O’Neill à Daniel.
Celui-ci se tourna vers lui quelque peu blasé.
- Persus et Garshaw …
- Bienvenue ! réagit enfin O’Neill faussement convivial, s’avançant
vers eux. Persus, Garshaw, c’est un honneur de vous recevoir !
Ceux-ci inclinèrent sobrement la tête.
- Général O’Neill, salua la Tok’ra. Nous avons des
informations importantes à vous communiquer et qui pourraient marquer
un tournant dans notre combat à tous contre les Goa’ulds.
Jack abandonna son sourire et plongea un regard pénétrant dans
celui de la femme dans l’espoir un peu naïf de la sonder. Mais elle
resta froide et impénétrable. Il se tourna alors vers Jacob et
celui-ci lui sourit, encourageant.
- Très bien. Suivez le guide !
Aussitôt dit, aussitôt fait. Une fois tous installés en salle
de Briefing, Jack, d’un geste de la main, incita les Tok’ras à
prendre la parole.
- Nous avons appris grâce à un des nôtres infiltrés,
commença Jacob, que les Grands Maîtres prendraient part à
la bataille contre la Terre.
- Une bataille ? Ils s’attendent donc à un minimum de réaction
de notre part ? intervint Daniel.
- Au pire, ils s’attendent à une aide des Asgards mais ne la craignent
pas particulièrement, à juste titre…
- Quoiqu’il en soit, ce qu’il faut retenir c’est la présence
sur place des Grands Maîtres, déclara Persus, se mêlant à
la discussion. C’est une chance incroyable qui nous est offerte de nous
débarrasser une bonne fois pour toute de nos ennemis.
- Si nous parvenons à détruire leur vaisseau, intervint à
son tour Garshaw, nous porterons un coup fatal à la menace Goa’uld.
Privés de leurs maîtres, les Jaffas devront se rendre à
l’évidence…
- Les Goa’ulds ne sont pas des Dieux, finit Teal’c, le cœur
plein d’espoir.
Un silence se fit quelques instants dans la pièce puis Jack se pencha
en avant vers ses invités.
- Etes-vous en train de nous dire que vous nous offrez votre aide ?
Garshaw sourit et inclina simplement la tête en signe d’assentiment.
Mais Jack, refusant encore de se réjouir, continua de scruter le visage
des Tok’ras.
- Vous êtes conscient que vous allez devoir renouer avec les Jaffas. L’Alliance
en dépend.
- Nous sommes prêts à faire ce qu’il faudra pour que notre
union permette d’ébranler une bonne fois pour toute la domination
Goa’uld.
- Selon Lin… Lun…
- Line’c, intervint le docteur Jackson, venant en aide à son ami.
- Line’c, merci Daniel, le combat est pourtant voué à l’échec…
- Deux des nôtres sont devenus très proches des Grands Maîtres.
A nous de trouver un moyen d’utiliser cela à notre avantage. Nous
ne pouvons rien contre leur flotte, mais contre eux, si. Si nous détruisons
leur vaisseau, nous aurons gagné…
****************************
Sam ne put retenir un soupir exaspéré. Assise en face du générateur
de force qu’elle était censée « étudier »,
la jeune femme se laissa choir vers l’arrière, les bras en croix.
Cette fois-ci, elle devait se résoudre et accepter son échec.
Elle n’avait pas les connaissances nécessaires pour comprendre
le fonctionnement de cet engin.
Cela faisait maintenant près d’une semaine qu’elle se trouvait
seule sur ce vaisseau… Enfin seule… Tout est relatif puisqu’il
y avait des centaines de Jaffas à ses côtés mais…
Personne avec qui parler, loin de son équipe et de ses amis, à
travailler jours et nuits sur cette machine… Et tout ça pour quoi
? … Pour rien ! Elle n’y comprenait rien ! songea-t-elle impuissante
et furieuse. Elle détestait se sentir aussi inutile et dépassée.
La mort dans l’âme, elle se résolut à annoncer au
Général, la prochaine fois qu’il la contacterait, qu’elle
avait lamentablement échoué dans sa mission.
Toujours allongée au sol, elle grogna tout en pressant ses poings serrés
contre ses yeux. Elle détestait le décevoir. Il avait une telle
confiance en elle et c’était tellement rassurant pour elle de se
savoir indispensable à ses yeux. C’est pour cette raison que chaque
échec était une véritable torture. Sam tentait pourtant
de se convaincre que ça n’avait pas d’importance, qu’elle
ne devait pas tant se soucier de son opinion mais malgré tout, c’était
plus fort qu’elle. Elle adorait la façon qu’il avait de la
regarder lorsqu’elle parvenait à trouver une solution à
leurs problèmes ; cette confiance aveugle, cette lueur d’admiration
et de fierté qui brillait au fond de ses yeux. C’était donc
toujours avec désespoir qu’elle lui annonçait un échec.
Et pourtant elle savait parfaitement qu’il ne lui reprocherait rien…
Mais elle voulait tellement être la plus …
- Ohhh !!! Arrête Sam ! maugréa-t-elle, désireuse de voir
ses pensées prendre une toute autre direction…
Elle entendit alors la porte derrière elle s’ouvrir mais ne prit
même pas la peine de bouger.
- Ca travaille dur à ce que je vois ! fit une voix fort reconnaissable.
Sam se redressa aussitôt et regarda, incrédule, son père
s’avancer vers elle.
- Papa ! s’exclama-t-elle en se levant pour l’accueillir dans ses
bras… Mais qu’est-ce que tu fais là ?
- Je viens te relayer !
- … Je ne comprends pas… lui répondit-elle tout en le regardant
de travers.
Jacob sourit et lui expliqua rapidement l’intention des Tok’ras
de rejoindre l’Alliance dans leur combat contre les Grands Maîtres.
Sam l’écouta avec attention et reçut cette nouvelle avec
euphorie mais se demanda pourquoi le Général ne lui en avait pas
parlé, il y a deux heures lorsqu’elle avait été en
contact avec lui. Son père, voulant lui faire une surprise, avait expressément
demandé aux Jaffas et à Jack de ne rien lui dire…
- Tu exagères ! se plaignit simplement la jeune femme en souriant. Enfin
! … Nous allons pouvoir travailler ensemble sur le générateur
! Je suis sûre que l’aide de Selmak nous sera précieuse !
- Non, non, non ! gronda gentiment Jacob. Toi, tu rentres au SGC. Jack a ordonné
ton retour immédiat dès mon arrivée. Ils sont en train
de mettre au point une tactique pour infiltrer le vaisseau des Grands Maîtres.
Ils ont besoin de toi.
Sam hésita quelques instants puis finit par acquiescer. Elle aurait aimé
rester avec son père mais elle était à présent à
la tête de SG1. Elle ne pouvait se permettre de se montrer capricieuse.
- J’imagine que tu es au courant qu’à présent, le
monde entier sait pour la Porte ?
- Oui. J’ai appelé Mark pour savoir comment il vivait ça.
Il m’a dit que Jack l’avait appelé juste après l’annonce
officielle, leur conseillant de prendre quelques jours de congés et de
partir afin d’éviter les journalistes. Ils ont aussitôt sauté
dans leur voiture, donc ne t’inquiète pas pour eux. Tu pourras
les appeler une fois au SGC. Mark nous a laissé un numéro de téléphone
pour le joindre. Il attend ton appel avec impatience. Tu n’imagines pas
sa surprise lorsqu’il a entendu ton nom lors du discours du Président.
Sam sourit, quelque peu gênée.
- J’imagine… J’ai été la première étonnée…
Jacob resta silencieux quelques instants et observa sa fille. Elle avait l’air
fatiguée mais pas malheureuse.
- Et toi, Sammy ? Comment vis-tu tout ça ?
- Pour le moment, je ne réalise pas. Je suis restée enfermée
ici depuis l’annonce donc…
- Tu verras, dehors, c’est complètement … fou !
- J’avoue ne pas être très impatiente de voir ça,
pour tout te dire.
Le Tok’ra regarda de nouveau sa fille avec attention, hésitant
à poursuivre.
- Et Peter ? demanda-t-il finalement.
La jeune femme détourna sombrement la tête.
- Peter…
*********************************
*********************************
Sam se trouvait dans l’hélicoptère qui la ramenait au SGC.
Plus que quelques minutes encore et elle serait enfin arrivée. Curieusement,
elle se sentait à la fois fébrile et soulagée de rentrer
chez elle…
Chez elle…
Car c’était bien cela. Sa famille, les personnes qu’elle
aimait… Lui. Cela faisait maintenant près d’une semaine qu’elle
était partie et ce n’était pourtant pas la première
fois qu’elle restait loin d’eux aussi longtemps, bien au contraire…
Et cependant, cet éloignement lui avait pesé bien plus que de
coutume. Peut-être était-ce du à l’urgence du moment
? Au danger de l’instant… Ou peut-être un mélange de
tout ça.
En fait, elle savait parfaitement pourquoi elle voulait tant les rejoindre.
Quoiqu’il arrive, qu’ils vivent ou qu’ils périssent,
elle voulait être au près de son équipe. Partager ça
avec eux trois. Car comment survivrait-elle si elle restait en vie et pas eux
? Pete ne pourrait jamais combler le trou béant qu’une telle perte
creuserait en elle. Même son père. Alors quitte à mourir
ou à vivre, autant qu’ils soient ensemble, qu’ils partagent
le même sort. Sa seule inquiétude, à présent était
de savoir Jacob seul sur ce vaisseau.
- Colonel ? Nous arrivons ! lui dit inutilement le pilote à travers son
casque.
- Très bien…
La jeune femme pencha la tête afin de regarder la base apparaître
à sa gauche et fut soudain attirée par un attroupement près
des grilles séparant l’extérieur de la piste d’atterrissage.
Elle jeta un œil un peu plus loin et découvrit des camionnettes
munies d’antennes paraboliques.
- Des journalistes ? Depuis quand ont-ils découvert l’emplacement
de la base ?
- Ils sont arrivés hier. Je vous conseille de ne pas traîner une
fois descendue, Mon Colonel.
- Merci Sergent.
L’hélicoptère mit quelques secondes à se stabiliser
au sol et Sam ôta son casque, détacha sa ceinture et ouvrit finalement
la portière afin de s’extraire de l’appareil.
Elle fut aussitôt assaillie par une pluie de flashs et, courbant la tête
afin d’éviter les pâles de l’hélice, finit cependant
par se redresser et regarda les journalistes.
- C’est le Colonel Carter !
- Colonel Carter !! Où en est la situation actuelle ?
- Pouvez-vous nous dire dans combien de temps l’attaque compte-t-elle
être lancée ?
- Carter !
- Colonel !! Avez-vous trouvé un moyen de contre carré les Goa’ulds
?
- Qui sont les nouveaux alliés qui ont pris contact avec la Terre ?
Au milieu de ce vacarme, la jeune femme sentit cependant son cœur s’emballer.
Avant même d’en avoir compris la raison, son corps, lui, avait déjà
réagi. Elle se retourna donc pour découvrir son supérieur
marcher vivement à sa rencontre, un sourire aux lèvres.
« Carter ! » C’était lui.
Complètement perdue, non seulement par ce bombardement imprévisible
de flashs et de questions mais aussi par la présence pour le moins inattendue
du Général à son arrivée, la jeune femme resta les
bras ballants à le regarder venir à elle. Les jambes en coton, le rouge aux joues, le cœur battant à se rompre,
Sam réalisa combien le voir lui avait manqué. Elle ne put donc
empêcher un sourire lumineux de venir éclairer son visage.
Arrivé à son niveau, Jack posa une main chaude et accueillante
sur son bras afin de la tirer loin des caméras et appareils photos.
- Eh bien, Colonel ! dit-il d’une voix enjouée. Vous tenez la pose
? Faites attention ! Vous avez déjà votre fan club sur Internet
!
Eberluée et terriblement troublée par le regard chaleureux de
son supérieur, la jeune femme mit quelques temps avant de comprendre
ce qu’il venait de lui dire.
- Comment ? finit-elle par balbutier tout en marchant à ses côtés,
s’éloignant de la foule et du vacarme.
- Et oui, Carter ! Un fan Club ! Teal’c, Daniel et moi, on s’est
inscrit, évidemment. Parait qu’on a droit à un tee-shirt
comme cadeau de bienvenu. On devrait le recevoir d’ici deux ou trois jours,
donc soyez pas trop surprise si vous nous voyez avec !
Ebahie, la jeune femme finit par retrouver ses esprits et éclata de rire.
Un fan club ? Des tee-shirt ? C’était surréaliste!
- Vous plaisantez, Mon Général?
- Absolument pas ! fit-il un sourire au coin, trop heureux d’avoir pu
la faire rire en un temps si record.
Ils passèrent quelques contrôles puis parvinrent à l’ascenseur.
Une fois réfugiés à l’intérieur, Jack actionna
l’interrupteur et leur lente descente commença.
Ils restèrent silencieux pendant quelques instants puis Sam releva la
tête et croisa son regard. Ils se sourirent bêtement tandis que
la jeune femme, désireuse de ne pas laisser durer cet instant pour le
moins embarrassant, finit par demander tout en s’appuyant contre l’une
des cloisons :
- Et vous, Mon Général ? Vous avez un Fan Club ?
- Vous avez envie d’un tee-shirt avec ma tête dessus ? Je peux vous
en faire faire un si c’est ce que vous voulez !
Sam rit doucement. Dieu ! Qu’elle se sentait bien, à présent.
- Vous n’avez pas répondu.
- Figurez-vous que oui ! Même Teal’c en a un et pourtant aucune
photo n’existe de lui. Si vous pouviez voir les hypothèses qui
circulent sur le net à son sujet !
- J’imagine ! rit-elle, visualisant parfaitement la chose.
- Je devrais peut-être envoyer une photo ! Vous croyez qu’il m’enverrait
un cadeau en retour ?
Sam, cette fois-ci, se contenta de sourire, savourant ce petit moment de pure
insouciance.
- Je vais devoir m’inscrire dans chacun des vôtres…
- Ah non ! Vous ne pouvez être fan que d’un seul membre de SG1 !
- Vous ne faites plus vraiment parti de SG1, Mon Général.
Devant la mine soudain boudeuse de son supérieur, la jeune femme sourit.
- Je plaisantais ! Vous êtes… la tête pensante de l’équipe
!
Jack la regarda, une expression à la fois ironique et renfrognée
sur le visage.
- Vous vous moquez de moi… C’est vous la tête pensante, Carter…
Sam, toujours souriante, fit mine de réfléchir.
- Vous avez peut être raison…
- Vous frisez l’insubordination, Colonel !
- Très bien, très bien ! … Vous n’êtes pas la
tête pensante… mais vous êtes le cœur de cette équipe.
A ces mots, O’Neill mit quelques instants à répondre…
- … Le cœur…
Croisant le regard soudain perçant de son supérieur, la jeune
femme prit conscience qu’elle était peut-être allée
trop loin. Terriblement gênée, elle finit par baisser vivement
la tête, désireuse de cacher son trouble. Mais peu enclin à
lui venir en aide, Jack gardait le silence, ne la quittant pas des yeux. Il
finit cependant par avoir pitié d’elle et croisa les bras sur son
torse.
- En parlant de cœur, Shanahan a tenté de vous joindre à
plusieurs reprises.
La jeune femme sentit son estomac se nouer. Comment pourrait-elle seulement
parler de Peter de façon posée et sereine alors que son pouls
battait à se rompre auprès d’un autre homme.
Elle finit par soupirer douloureusement, tentant de chasser le trouble qui l’habitait
depuis quelques jours. Son éloignement n’avait fait que renforcer
ses craintes. Certes, elle avait beaucoup d’affection pour Pete mais rien
de comparable avec ce qu’elle ressentait encore et toujours pour son supérieur.
Ce serait injuste de sa part de faire semblant du contraire et de laisser à
son ami l’espoir que cela change un jour. Elle avait essayé et
elle avait perdu, songea-t-elle avec désespoir.
- Carter ? … Ca ne semble pas vous réjouir… ?
Sam redressa la tête et lui sourit péniblement. Que pouvait-elle
répondre ? Que pouvait-elle lui dire ? A lui…
- Si, bien sûr. Je vais l’appeler dès que nous serons arrivés.
- … Ca devra attendre un peu, j’en ai peur. Les garçons vont
devenir intenables si vous ne passez pas leur faire un coucou en arrivant. Ils
vous attendent en Salle de Briefing.
La jeune femme esquissa un sourire, plus naturel cette fois-ci.
- Très bien, alors… Ca attendra.
Un silence s’en suivit, chacun perdu dans ses pensées. Puis Jack
finit par le rompre et poser une question qui semblait le tourmenter depuis
quelques minutes déjà.
- Vous avez pris une décision ?
Elle se tourna vers lui sans comprendre… ou tout du moins, sans oser comprendre.
- Une décision ?
- … Concernant la proposition de Shanahan… ?
Pour une personne qui ne le connaissait pas aussi bien qu’elle, Jack lui
aurait paru des plus indifférents… Mais sa soudaine immobilité,
son regard on ne peut plus pénétrant lui prouvait à elle
combien il était nerveux. Et cette constatation la troubla profondément.
Elle hésita encore quelques instants mais eut confirmation lorsque la
mâchoire de son supérieur se serra dans un effort suprême
pour rester le plus indifférent possible.
Ses mains devinrent moites et son pouls s’accéléra dangereusement.
La discussion risquait de devenir plus personnelle voir dérangeante et
pourtant, c’était ce à quoi une partie d’elle asspirait.
- Je vais refuser.
Là, il ne put réprimer un fugace soupir de soulagement qui n’échappa
cependant pas à l’œil attentif de la jeune femme. Elle sentit
son cœur se réchauffer et, incapable de se contrôler, un sourire
vint éclairer son visage.
Non seulement ébranler par la réponse de Sam mais aussi par son
expression rayonnante, Jack en fut profondément troublé. N’osant
espérer ce que les yeux de son second semblaient vouloir lui dire, il
pencha la tête de côté et plissa les yeux, comme pour la
sonder.
- … Pourquoi ?
Il se fustigea aussitôt d’avoir dit ça. Trop direct ! Elle
ne répondrait jamais à une telle question ! Et en effet, le sourire
de la jeune femme s’évanouie tandis qu’elle baissait de nouveau
la tête. Jack soupira.
- Un pas en avant et deux pas en arrière, grommela-t-il pour lui-même.
C’est lorsqu’il vit Sam le regarder, une lueur incrédule
dans les yeux, qu’il réalisa qu’il avait parlé tout
haut. Qu’est ce qui lui arrivait, il perdait la tête ?
Heureusement pour lui ou malheureusement pour eux, l’ascenseur arriva
enfin à destination et les portes s’ouvrirent leur cédant
le passage. Sans un mot, Jack en sortit précipitamment, n’osant
affronter de nouveau le regard scrutateur de la jeune femme.
Le reste du trajet se fit en silence et lorsqu’ils parvinrent enfin en
salle de Briefing, tous deux eurent du mal à réprimer un soupir
de soulagement.
- Ah !!! Sam ! s’exclama aussitôt Daniel, un éblouissant
sourire sur son visage.
Il était assis, un magazine dans les mains et se leva aussitôt
pour aller à la rencontre de la jeune femme. Teal’c, à ses
cotés, se redressa à son tour et s’inclina respectueusement
devant elle, une expression satisfaite se lisant sur son visage.
« Nous voici enfin tous réunis. Tout va pour le mieux » semblait-il
penser.
Sam s’avança vers eux, souriante, tandis que Jack alla se positionner
devant la baie vitrée, face à la Porte des Etoiles.
- Vous allez bien, tous les deux ? demanda la jeune femme.
- Très bien, Colonel Carter. Nous sommes très heureux de vous
voir parmi nous.
- Moi aussi, Teal’c.
- Venez voir, intervint Daniel, l’incitant d’un geste à s’approcher
de la table de réunion.
Celle-ci s’avança un peu plus et jeta un œil sur le bureau.
Des dizaines de magazines y étaient entassés de façon désordonnée
et Sam ouvrit des yeux exorbités lorsqu’elle réalisa que
les personnes en couvertures n’étaient autres que son supérieur,
le jeune archéologue et elle-même…
- Mon Dieu… murmura-t-elle en tendant la main vers l’un d’eux
où sa tête était en première page.
« Samantha Carter, Superman n’a qu’à bien se tenir
! »
Incrédule, elle ouvrit le magazine et lu quelques lignes :
« Elle est belle, intelligente, se bat comme un homme. Portrait d’une
femme moderne et unique qui allie force et courage… »
- Qu’est-ce que c’est que… ? maugréa-t-elle en refermant
brusquement le magazine, les joues en feu.
Daniel sourit simplement en lui montrant la première page d’un
autre où cette fois-ci, il était lui-même en couverture.
- « Un génie incompris », lut-elle tandis qu’une lueur
amusée éclairait ses yeux… Il y a un peu de vrai la-dedans.
Elle jeta de nouveau un œil sur la table et fut soudain attiré par
un regard fort reconnaissable, terriblement pénétrant et qui eut
pour effet de lui nouer l’estomac. Elle fit glisser les deux magazines
qui le recouvraient en partie laissant apparaître le visage viril et autoritaire
de son supérieur en première page de Life.
« Un héros » était simplement écrit en caractère
gras. Instinctivement, elle redressa la tête et se tourna vers Jack mais
il se trouvait toujours dos à la salle, contemplant la Porte, perdu dans
ses pensées. Un héros… Certes, aucun mot n’aurait
pu mieux décrire cet homme, songea-t-elle, une bouffée de tendresse
s’insinuant traîtreusement en elle.
- Apparemment, les journalistes n’ont pas été trop…
virulents… murmura-t-elle pour elle-même.
Un reniflement dédaigneux lui répondit. Jack plongea nerveusement
les mains dans ses poches tandis que Daniel s’empressait de fouiller dans
la pile désordonnée pour lui tendre finalement un magazine à
scandale.
« Samantha, femme avant tout. Ces anciens petits amis racontent…
», « Photos exclusives ! »
La jeune femme vira aussitôt au rouge écarlate. La main tremblante,
elle se saisit du magazine et l’ouvrit. Il y avait des photos d’elle
en maillot de bain, prise par des « amis » lorsqu’elle avait
à peine 18 ans… Les sous-titres pour le moins ambiguës, déformaient
volontairement des jeux qui pourtant se voulaient sans le moindre sous entendu
scabreux.
- Comment ont-ils eu ces photos ?? … C’est…
Elle fut incapable d’en dire davantage. Daniel venait de lui mettre sous
les yeux un autre magazine :
« Jack O’Neill, irresponsable et suicidaire. Est-il vraiment capable
de diriger le SGC ? », « Tous les détails sur l’accident
tragique de son fils ».
- Mon Dieu… murmura-t-elle, atterrée.
- Daniel, ça suffit ! lança sèchement Jack qui s’était
finalement retourné.
La jeune femme leva la tête vers lui et croisa son regard glacé.
Daniel n’aurait pas du lui montrer ça, il semblait en être
terriblement blessé.
- Carter, vous devez être fatiguée par le voyage… Vous pouvez
rejoindre vos quartiers. Briefing demain à 8 heures. Passez juste à
l’infirmerie pour faire un contrôle de routine.
- A vos ordres, Mon Général.
Sur ce, elle choisit cependant quelques magazines où elle se trouvait
en première page, évitant soigneusement ceux à scandales
et fit un clin d’œil à Daniel et Teal’c.
- Juste pour voir ce qu’ils racontent sur moi !
***
Jack referma la porte derrière lui et s’assit à son bureau,
la mine sombre. Des pensées contradictoires ne cessaient de tourner dans
sa tête, l’empêchant de se concentrer sur quoique ce soit.
Il avait besoin de se retrouver seul quelques instants et réfléchir
à tout ça.
« Ça » étant, bien sûr, « Carter ».
Passés la joie et le soulagement immense de la savoir enfin revenue parmi
eux, il avait été surpris de la voir annoncer, un grand sourire
sur les lèvres, qu’elle allait refuser la demande en mariage de
Shanahan ! Qu’est ce qui l’avait étonné le plus ?
Son refus ou le sourire qu’elle lui avait lancé en le lui disant
? Son sang n’avait fait qu’un tour.
L’espace d’un instant, il avait cru qu’elle allait dire non
à cet homme parce que… parce que… Stop ! Il ne devait pas
penser à ça. C’était ridicule et surtout bien trop
présomptueux. De plus, elle n’avait pas dit qu’elle quittait
Shanahan mais juste qu’elle refusait sa demande en mariage… Peut-être
était ce simplement trop tôt pour elle.
Raaahhh ! Si seulement il avait réfléchi un peu plus avant de
parler et de lui demander stupidement « pourquoi ? » ! Il aurait
simplement du chercher à savoir si elle avait bien pesé le pour
et le contre avant de refuser et si son intention était définitive
où juste due à la situation exceptionnelle qu’ils étaient
tous en train de vivre… Au lieu de ça, il se trouvait dans l’incertitude
totale, partagée entre l’espoir et l’agonie…
Depuis qu’il avait surpris Sam en train d’avouer son affection pour
Shanahan à son père, Jack avait l’impression de vivre un
véritable enfer. Au delà de la notion même de perte, le
plus difficile pour lui était d’accepter qu’il n’avait
ni le droit, ni les moyens d’empêcher cela. Tout ne dépendait
plus de sa seule volonté comme cela avait été le cas depuis
quelques années, mais au contraire de celle de Carter, qui visiblement
avait décidé de passer à autre chose. Il regrettait à
présent amèrement d’avoir repoussé la jeune femme
lorsqu’elle avait semblé vouloir lui parler de ses sentiments,
alors qu’il était possédé par les connaissances des
Anciens. Jusqu’au bout, il avait senti que ce n’était pas
nécessaire, qu’il allait survivre. Appelez ça « le
sixième sens », si vous voulez…
Mais il avait eu tort. Il n’avait pas compris qu’elle était
à bout, à cette époque-là. Que son refus de lui
répondre ou d’avoir cette discussion était pour elle la
preuve qu’elle ne devait plus rien attendre de lui.
Alors elle avait décidé de le reléguer au rang d’ami
et de faire sa vie de son côté…
Et maintenant… Tout était devenu si difficile. Tout lui semblait
si laborieux depuis qu’il avait compris qu’elle lui était
à présent inaccessible. Rien ne semblait avoir changé pourtant
en apparence. Toujours les mêmes sourires lumineux lorsqu’elle le
voyait arriver près d’elle, toujours la même rougeur lorsqu’ils
avaient une discussion quelque peu ambiguë. Cette constante complicité
en était presque plus douloureuse… Mais tout était différent,
cependant. Tout était différent parce que Sam en aimait un autre.
Certes, elle ne voulait pas l’épouser pour le moment mais ses sentiments
pour lui étaient bien là…
Le téléphone sonna, interrompant ses sombres pensées. Dans
un soupir, il tendit le bras et décrocha.
- Oui ?
- Peter Shanahan demande à parler au Colonel Carter, Mon Général,
mais personne ne répond dans ses quartiers.
Jack hésita quelques instants… Elle devait se trouver à
l’infirmerie.
- Passez-le-moi.
- A vos ordres.
- … Allo ?
- Shanahan ? Bonsoir, O’Neill à l’appareil.
- … Ah… Bonsoir… J’aurais souhaité parler à
Sam. Je sais qu’elle est revenue au SGC, je l’ai vue à la
télévision.
- En effet. Elle est cependant en ce moment même indisponible mais je
lui dirais que vous avez appelé.
Un silence se fit au bout du fil, puis Jack crut l’entendre soupirer.
- Très bien, je vous remercie, Général.
Tous deux raccrochèrent. O’Neill ne put empêcher un geste
d’agacement et posa brutalement le stylo qu’il tenait dans sa main.
Entendre la voix de ce type l’avait prodigieusement irrité. Comme
il aurait aimé pouvoir l’envoyer balader, lui dire que Carter ne
voulait plus le voir… soupira-t-il en s’affalant sur son siège.
***
Sam rangeait les vêtements qui n’avaient pas servi pendant son petit
séjour en Antarctique, tandis qu’elle jetait, de temps en temps,
un coup d’œil vers la pile de magazines qu’elle avait emportés
avec elle et qui se trouvaient pour l’heure près de son oreiller.
N’y pouvant plus, elle finit par laisser tomber les pulls qu’elle
tenait dans ses bras et se dirigea vers le lit. Le cœur battant la chamade,
elle fit glisser les quelques revues et prit celui qu’elle avait soigneusement
caché.
« Un héros » relut-elle, tout en caressant du bout des doigts
le visage volontaire de son supérieur, en couverture du magazine.
Elle ouvrit celui-ci et alla directement aux pages le concernant, tout en s’asseyant
confortablement sur son lit pour savourer chaque minute de sa lecture. Elle
prit avant cela, cependant, le temps de regarder les quelques photos qui illustraient
l’article. Toutes le représentaient en uniforme en passant du treillis
à l’habit officiel. Un sourire aux lèvres, elle tentait
vainement et bêtement de choisir dans quelle tenue elle le préférait…
Finalement, incapable de se décider, elle commença sa lecture.
Il y avait beaucoup de blabla pour pas grand chose, la vie de Jack O’Neill
étant plutôt secrète, notamment lors de ses années
chez les Blacks Ops. Cependant, elle en apprit beaucoup plus sur son enfance
et sur son adolescence. Ils firent bien sûr allusion à son mariage,
au décès accidentel de Charlie et à son divorce mais restèrent
cependant assez vague à se sujet, préférant mettre l’accent
sur son courage à surmonter ces épreuves que sur ces épreuves
elles-mêmes.
Sam s’en réjouit aussitôt. Cet article était un véritable
hymne au Général O’Neill. L’auteur savait juste qu’il
avait sauvé la planète près d’une dizaine de fois
au péril de sa vie et cela lui suffisait. Peu importait les circonstances.
Cet homme était un héros.
Sam finit par refermer le magazine, quelque peu déçue cependant.
Il n’y avait rien de vraiment nouveau pour elle… sauf peut-être
qu’elle avait à présent des photos de lui ! songea-t-elle
en riant doucement avant de réaliser ce qu’elle était en
train de faire...
Comment en était-elle arrivée là ? Elle avait eu l’impression
d’être passée à autre chose, avait rencontré
un garçon merveilleux et en l’espace d’une semaine tout avait
changé. Elle se retrouvait encore plus amoureuse de Jack qu’auparavant
et le désirait plus que jamais.
Se refusant à songer à tout cela plus avant, elle posa le magazine
et jeta un œil sur les autres où elle se trouvait en couverture.
Un petit encart avec une photo d’O’Neill sur l’un d’entre
eux, l’interpella. Elle l’ouvrit, tourna quelques pages et trouva
l’article en question.
Son cœur fit un bon dans sa poitrine.
« Deux héros, célibataires, unis par des années de
luttes… La loi de non-fraternisation est-elle responsable d’une
injustice ?… »
A peine avait-elle lu ces quelques lignes que des coups frappés à
la porte la sortirent de sa torpeur. Elle se leva machinalement et alla ouvrir.
Son cœur s’affola aussitôt… et son trouble ne passa pas
inaperçu.
- Ca va, Carter ? … Vous avez l’air… bizarre.
Reprenant ses esprits, la jeune femme redressa vaillamment la tête.
- Tout va bien, juste un peu fatiguée, Mon Général.
A ces mots, Jack sembla hésiter.
- Je vais peut-être vous laisser alors…
- Non ! intervint-elle, peut-être un peu trop brusquement, ce qui les
surprit tous les deux.
Terriblement gênée, elle finit cependant par lui sourire nerveusement.
- Vous vouliez me dire quelque chose, Mon Général ?
- … Euh oui… Je peux entrer ?
- Bien sûr, répondit-elle en s’effaçant tandis qu’il
pénétrait dans ses quartiers et qu’elle refermait la porte
derrière lui.
C’est à cet instant précis qu’elle se souvint du magazine
Life posé en évidence sur son lit. Son sang ne faisant qu’un
tour, elle se précipita le plus naturellement possible entre son supérieur
et la revue afin de la lui cacher. Il ne sembla pas prêter attention à
ce stratagème, ses yeux étant posés sur celui qu’elle
tenait dans sa main. Avant même de réaliser quoique ce soit, elle
le vit fondre sur elle, lui subtilisant le magazine et commençant à
lire les premières lignes. Rouge de confusion, elle voulut le lui reprendre
mais celui-ci esquiva « l’attaque » d’un geste vif.
- Je… je… balbutia-t-elle, incapable de prononcer plus d’une
syllabe.
Il finit par redresser la tête, un étrange sourire sur les lèvres.
- Je ne pensais pas que ce genre d’article pouvait vous intéresser,
Carter.
- … Je viens juste de tomber dessus par hasard, Mon Général…
Jack acquiesça, faisant mine de la croire. Il relut cependant le titre
et finit par lui jeter un coup d’œil amusé.
- Et alors ?… Selon vous, la loi de non-fraternisation est-elle responsable
d’une injustice ?
Sam, déjà écarlate, sentit ses joues s’empourprer
davantage.
Comment pouvait-il aborder un sujet aussi tabou entre eux, comme si de rien
n’était ? Il semblait prendre tout cela avec tellement de légèreté,
ce qui, loin de la soulager, la plongeait dans une profonde détresse.
- … Il y a certainement des injustices, oui, répondit-elle donc
avec prudence.
Pour seule réponse, Jack la regarda quelques instants, puis finit par
acquiescer, tout humour ayant déserté son visage.
Encore une fois, elle venait de repousser toute possibilité de discussion
concernant leur relation personnelle. Il avait voulu la tester. Bravo ! Beau
résultat, songea-t-il amèrement.
Il lui tendit alors le magazine sans un mot mais ne croisa pas son regard lorsqu’elle
le lui prit d’un geste hésitant. En effet, ses yeux venaient de
se poser sur le lit.
Contournant la jeune femme qui se remettait à peine du brusque changement
d’humeur de son supérieur, il finit par se pencher pour saisir
la revue Life. Il ne comprenait plus rien. Il y avait une telle différence
entre les gestes et les paroles de Carter. Elle semblait, selon ses dires, être
d’une totale indifférence vis à vis de lui et pourtant elle
lisait des articles sur sa vie et rougissait dès qu’il croisait
son regard… Cette situation commençait sérieusement à
l’agacer à défaut de le torturer.
- Je… J’ai pris ce magazine par mégarde… dit-elle derrière
son dos.
- Mmmm, répondit-il seulement sans se retourner.
Il resta silencieux quelques instants, perdu dans ses pensées. Sam finit
par s’inquiéter.
- … Avez-vous lu l’article de cette revue ?
Comme il ne répondait toujours pas, la jeune femme s’obligea à
continuer :
- Il est très positif… Vous y êtes décrit comme…
- Un héros, je sais… Je l’ai lu. S’ils savaient tout
ce que j’ai fait lorsque j’étais dans les Black Ops, je ne
suis pas certain qu’ils utiliseraient un tel mot pour me qualifier...
dit-il finalement, plus sombre que jamais.
Sam resta silencieuse, ne sachant trop quoi répondre à une telle
affirmation. Elle ne savait pas exactement en quoi consistaient ses missions
mais en avait une certaine idée : enlèvements, assassinats…
Elle préféra chasser tout cela de son esprit. Pour elle, il était
celui qui lui avait sauvé la vie un nombre incalculable de fois, qui
avait fait preuve d’une totale abnégation, d’un courage et
d’une loyauté sans égal… En un mot…
- Vous êtes un héros, Mon Général. Que vous soyez
ou non d’accord avec cela, c’est un fait.
Il se tourna doucement vers elle et croisa son regard sincère et d’un
dévouement sans faille. Profondément ébranlé par
cette touchante assurance, il finit par lui sourire. Elle avait confiance en
lui, songea-t-il avec chaleur. Peu importe ce qu’elle lirait dans ces
magazines. Tout ce qui pouvait être dit sur son passé ne pouvait
effacer ces huit années à combattre côte à côte,
à risquer leurs vies ensemble. Il n’aurait pas dû avoir peur
lorsque Daniel avait tendu à Sam la revue à scandale qui étalait
au grand jour la pire erreur de sa vie. Il n’aurait pas dû craindre
que son opinion à son sujet ne change.
Revenant alors soudain à la réalité, il se rappela la raison
de sa présence chez elle. D’un geste nerveux, il déposa
le magazine sur le lit et se tourna vers elle.
- Shanahan a appelé lorsque vous étiez à l’infirmerie.
Il aimerait que vous le rappeliez.
Surprise par ce changement brusque de sujet, Sam finit par acquiescer.
- Très bien… Merci…
- … Vous comptez toujours refuser sa proposition ? demanda-t-il au bout
d’un instant de silence.
- … Oui.
- Et…
Jack s’interrompit. Comment aborder les raisons de ce refus sans être
déplacé ? se demanda-t-il, plus nerveux que jamais.
- Et ? insista cependant la jeune femme, voulant visiblement qu’il aille
au bout de sa pensée.
- … Et… Est-ce un refus… définitif ou temporaire ?
finit-il par souffler, le cœur au bord de l’implosion.
Sam sembla hésiter, ne s’attendant certes pas à une question
aussi personnelle et directe.
- … C’est définitif, Mon Général.
Elle avait dit cela sans le quitter des yeux, accrochant son regard, cherchant
à lui faire passer un message, mais Jack n’y prit pas garde, trop
désireux de masquer son trouble.
Il eut en effet toutes les peines du monde à ne pas hurler de joie en
entendant prononcés ces mots. Il détourna aussitôt les yeux
de peur qu’elle y lise ce qu’il avait tant de mal à cacher.
Il acquiesça simplement, puis, enfonçant ses mains tremblantes
dans les poches de son pantalon, Jack fit quelques pas dans la chambre et se
rapprocha de la sortie.
- Je suis désolé, dit-il finalement.
Non, il ne l’était pas. Il le savait et elle le savait elle aussi,
sans aucun doute.
- Merci…
Posant la main sur la poignée de la porte, il finit par se tourner vers
elle. Elle ne semblait pas particulièrement malheureuse par cet échec,
réalisa-t-il. Cela lui ôta définitivement l’horrible
culpabilité qu’il ressentait d’être ainsi satisfait
de la tournure que prenait l’histoire de son second avec Shanahan. Si
elle le vivait bien, pourquoi se montrer faussement peiné ?
- Bonne soirée, Carter. A demain.
- Bonne soirée à vous aussi, Mon Général, lui répondit-elle
tandis qu’il refermait la porte derrière lui.
… Encore profondément ébranlée par cette discussion
pour le moins étrange, Sam finit par s’effondrer sur son lit, les
mains tremblantes. Elle se força à respirer profondément
afin de ralentir les battements désordonnés de son cœur,
puis, préférant éviter de réfléchir plus
avant sur ce qui venait de se passer, elle prit le combiné téléphonique
et composa le numéro de Peter.
- Oui, lui répondit-il essoufflé après avoir couru jusqu’au
téléphone.
- Bonsoir, c’est moi…
- Sam !! Enfin ! Je commençais à désespérer…
La jeune femme se força à rire mais le cœur n’y était
pas.
- Il ne fallait pas t’inquiéter. Je t’avais dit que je serais
indisponible pendant une petite semaine.
- … Je sais mais que veux-tu. Tu me manquais.
Elle aurait du lui dire à l’instant même que cela avait été
réciproque mais la vérité étant hélas tout
autre, elle garda le silence.
- As-tu réfléchi à ma proposition ? finit-il par demander
au bout d’un instant.
- … Es-tu vraiment sûr de ne pas vouloir attendre qu’on se
voit pour en parler ? Par téléphone, ce n’est…
- Sam, la coupa-t-il brusquement. J’ai besoin de savoir. L’incertitude
est pire que tout…
Elle hésita quelques instants puis finit par soupirer. Elle détestait
devoir faire cela par l’intermédiaire du téléphone,
bien que ce soit plus facile pour elle dans ces conditions. Voir son visage
décomposé aurait été trop difficile à supporter.
- Je suis désolée, Peter… Je ne peux pas t’épouser.
Un long silence accueillit cette réponse. Sam, un nœud au ventre,
attendit patiemment qu’il puisse de nouveau parler.
- C’est à cause d’O’Neill ? demanda-t-il finalement
à la stupéfaction de la jeune femme.
- … Que… Comment ? balbutia-t-elle incrédule. Pourquoi dis-tu
cela ?
- Un pressentiment… Et puis quelques détails aussi… Le rapprochement
qu’ont fait certains journalistes…
Sam tenta aussitôt de prendre la parole afin de lui conseiller de ne pas
prendre en compte tout ce que disent les médias mais il la devança.
- Il n’y a pas que ça… Je vous ai vus à la télé
tout à l’heure. Lorsque tu es descendue de l’hélicoptère…
Tu ne m’as jamais souri comme ça, ni même regardé
de cette façon… Je te connais, Sam. Je connais chaque expression
de ton visage. Et ce que j’ai vu sur cette vidéo ne laissait aucun
doute.
Terriblement mortifiée, la jeune femme fut incapable de prononcer le
moindre son. Elle avala péniblement sa salive et tenta de retrouver son
souffle.
- Il… Il n’y a rien entre lui et moi… finit-elle par murmurer.
- Je le sais. Mais une loi ne peut empêcher deux personnes de s’aimer.
Sam était glacée. Elle savait pourtant parfaitement qu’en
l’appelant, elle mettrait un terme à leur relation mais c’était
malgré tout très difficile. En refusant Pete, elle disait adieu
à ses chances d’avoir une vie de couple stable et replongeait dans
les méandres de la solitude et de la souffrance d’un amour impossible.
Ça serait si simple de tout nier, maintenant. De lui dire qu’il
se faisait des idées, que finalement, elle se sentait prête à
sauter le pas avec lui… Mais elle ne pouvait s’y résoudre.
Elle n’aurait pas été sincère, ni avec Peter, ni
avec elle-même…
- Je suis désolée… murmura-t-elle simplement dans un sanglot.
- … Moi aussi… soupira-t-il, la voix tremblante. Bonne chance pour
les jours à venir, Sam.
Et il raccrocha.
Incapable de se contenir plus longtemps, elle éclata en sanglot. Le cœur
serré, un râle de désespoir s’échappant de
ses lèvres, elle se laissa tomber sur son lit et enfouie son visage ruisselant
dans l’oreiller.
Pourquoi n’avait-elle pas le droit d’avoir ce qu’elle voulait
? Pourquoi ne pouvait-elle être simplement heureuse ? Tout était
si compliqué !
Ouvrant ses yeux noyés de larmes, son regard trouble tomba sur la photo
de Jack.
Voilà ce qu’elle voulait. Voilà ce qu’elle désirait
plus que tout au monde. Peu importait tout le reste, c’était de
lui dont elle avait besoin.
Le cœur gonflé de ce désir violent de conquête, elle
se redressa et essuya d’une main tremblante les larmes sur ses joues.
La respiration haletante, les yeux toujours fixés sur le visage de son
supérieur, elle sentit tout son corps se contracter. Jack se serait trouvé
dans la pièce, elle lui aurait littéralement sauté dessus.
Elle le voulait. Peu importaient les conséquences, peu importaient sa
carrière, l’armée, le pays, la planète. Elle ne pourrait
être heureuse qu’en étant avec lui.
Soudain fiévreuse, elle se leva précipitamment de son lit et,
sans réfléchir davantage, sortit de sa chambre d’un pas
nerveux. Elle devait savoir. Il fallait qu’elle sache maintenant.
Forte de cette décision, elle traversa les couloirs de la base dans un
état second. Elle croisa bien quelques personnes mais ne leur prêta
pas la moindre attention, toute ses forces étant dirigées vers
un seul et unique but : arriver jusqu’au bureau du Général
O’Neill.
Son excitation aurait pu diminuer au fur et à mesure des minutes qui
s’écoulaient mais bien au contraire. Sa volonté seule l’animait.
Elle finit par arriver à bon port et ne prit même pas la peine
de frapper. Elle pénétra dans le bureau comme un ouragan et referma
la porte derrière elle. Surpris, Jack redressa la tête et regarda
avec incrédulité son second se retourner vers lui, les yeux brillants,
les joues roses, visiblement bouleversée.
- … Carter ?… Ca ne va pas ? s’inquiéta-t-il aussitôt,
sans même prendre la peine de lui faire remarquer qu’elle n’avait
pas frappé.
- Répondez simplement à une question, balbutia-t-elle, tant sa
nervosité lui faisait perdre tout contrôle sur elle-même.
Surprise, Jack finit par écarter les mains, l’incitant à
poursuivre.
- Si je démissionnais, est-ce que cela changerait quelque chose entre
nous ?
Abasourdi, O’Neill sentit son cœur cesser de battre et son sang se
figer dans ses veines. Puis, aussi brusquement que son corps s’était
pétrifié, tout se remit en branle, lui donnant l’impression
suffocante qu’il allait exploser. Tout sauf son cerveau qui semblait pour
l’heure incapable de marcher, aussi resta-t-il muet, la regardant simplement,
les yeux exorbités.
Terriblement frustrée par ce silence, la jeune femme posa ses mains à
plat sur le bureau et réitéra sa question :
- Si je démissionnais, est-ce que cela changerait quelque chose entre
nous ?!
Cette fois-ci, Jack sortit enfin de sa torpeur.
- Carter… Jamais je ne vous laisserais démissionner…
Rendue furieuse par cette réponse, la jeune femme fronça les sourcils,
agitant la main d’impatience.
- Je ne vous parle pas de ça ! Je vous ai posé une question !
Est-ce que cela changerait quelque chose ?
Comprenant alors où elle voulait en venir, il finit par lui sourire doucement.
- Bien sûr, répondit-il enfin, se demandant comment elle avait
pu un seul instant en douter.
A ces mots, le corps de Sam se détendit complètement. Un son étrange
s’échappa de ses lèvres, mi-soupir, mi-sanglot, et
son visage s’illumina d’un sourire.
Enfin, elle savait. Pour la première fois depuis des années, son
cœur ne saignait plus. Par ces deux mots, « Bien sûr »,
il venait de panser la plaie béante qu’il avait lui-même
creusée, peu à peu, sans même qu’il en soit conscient.
Fermant les yeux quelques instants pour savourer pleinement la chaleur qui se
répandait dans tout son corps, elle ne vit pas Jack se lever pour lui
faire face. Elle sentit simplement une main chaude la frôler, hésitante,
puis glisser sur sa joue fiévreuse dans une caresse tendre qui la fit
frissonner.
Sam ouvrit alors les yeux et ancra son regard au sien, chaud, brillant…
empli de certitude…
Mais l’alarme retentit soudain, les faisant sursauter tous deux d’un
même mouvement. Aussitôt, le téléphone de Jack se
mit à sonner et dans un soupir, il laissa retomber sa main sans pour
autant quitter des yeux la jeune femme. Celle-ci baissa la tête, un sourire
persistant cependant sur ses lèvres.
Jamais tranquille cinq minutes… songea O’Neill frustré d’être
dérangé à un moment aussi crucial pour eux. Dans un grognement,
il saisit le combiné téléphonique.
- Quoi ?! rugit-il agressif.
Sam, reprenant ses esprits, tenta de retrouver son calme. apparemment, les nouvelles
étaient mauvaises, songea-t-elle en regardant le visage soudain sévère
de Jack.
- … J’arrive ! finit-il par lancer avant de raccrocher et de se
tourner vers elle. Bra’tac vient de nous prévenir que les radars
des vaisseaux Hat’ak avaient détecté l’arrivée
imminente de nombreux vaisseaux Goa’ulds…
- … Alors ça commence, dit-elle simplement croisant son regard
inquiet.
Jack et Sam se sourirent bravement puis ils se dirigèrent d’un
même pas vers la porte et sortirent sans un mot. Ils devaient mettre à
présent leurs sentiments de côté et se concentrer sur leur
mission… Sauver la Terre…
***
Lorsqu’ils arrivèrent en salle de commande, Teal’c et Daniel
s’y trouvaient déjà. On leur apprit que les vaisseaux Jaffas
avaient déjà décollé pour intercepter la flotte
ennemie tandis que le Prométhée attendait les ordres de l’Etat
Major. O’Neill contacta la Maison Blanche. L’opération était
lancée.
- Nous avons dix minutes pour nous préparer, annonça Jack en se
tournant vers son équipe.
Quelque peu nerveux, il regarda Sam qui avait semblé surprise en entendant
son ordre.
- Carter… Je vais reprendre le commandement de SG1. J’espère
que… vous n’y voyez pas d’inconvénients…
- Pas du tout, Mon Général, répondit-elle souriante. Je
ne le voyais pas autrement. J’attendais juste confirmation.
Son supérieur lui rendit alors son sourire, avec cependant une lueur
peu professionnelle dans les yeux. Daniel ne s’en rendit pas compte, trop
occupé à tapoter le dos de son ami.
- Comme au bon vieux temps ! s’exclama-t-il, étonné d’être
aussi heureux du retour de Jack dans l’équipe.
- Ce sera un plaisir de combattre de nouveau à vos côtés,
O’Neill, renchérit Teal’c en inclinant la tête.
Quelque peu surpris et ému par ce débordement sentimental, Jack
finit par se racler la gorge.
- Oui, bon… Arrêtez ou je sors les violons, plaisanta-t-il pour
se donner une contenance.
Puis retrouvant leur sérieux, ils finirent par prendre la direction des
vestiaires.
***
La nouvelle de l’arrivée imminente de l’ennemi se propagea
comme une traînée de poudre et partout dans le monde des sirènes
annonçant l’attaque extraterrestre retentirent. La plupart des
gens se terrèrent aussitôt à l’intérieur de
leurs maisons, impuissants dans ce combat décisif. D’autres au
contraire s’étaient regroupés à l’extérieur,
les yeux levés vers le ciel, attendant le coup d’envoi d’une
bataille incertaine et cependant déterminante.
Chacun avait auprès de lui une radio ou la télévision allumée
afin de suivre en direct les commentaires des journalistes sur les répercutions
éventuelles que ce combat aurait sur Terre. Ils n’avaient bien
sûr aucuns moyens de voir ce qui se passerait dans l’espace mais
ils auraient au moins les réactions de ceux qui se trouveraient directement
en dessous du champ de bataille.
***
Les portes de l’ascenseur se refermèrent enfin sur SG1 et ils
commencèrent leur lente ascension.
- Ppppfffff ! On n’a pas la pression, déjà… grogna
Jack tout en calant derrière le dos son arme afin d’ajuster plus
facilement son gilet par balle.
En effet, du vestiaire à l’ascenseur, ils avaient été
suivis par les membres du SGC pendant tout leur trajet. Certains les avaient
simplement regardés passer avec gravité, les saluant de la tête,
leur donnant parfois une petite tape sur l’épaule ou se permettant
un « bonne chance ». D’autres au contraire, beaucoup plus
expressifs, applaudissaient, les encourageant par des cris, des accolades bienveillantes…
- Ce doit être dur pour eux de se sentir aussi… impuissants…
fit remarquer Daniel, perspicace.
Jack se tourna vers lui et sourit.
- Je sais ce que c’est… Vous pouvez pas savoir à quel point
ça me fait plaisir de porter de nouveau le treillis et ce petit joujou
en bandoulière, dit-il en tapotant son P90.
Tous sourirent à cette remarque. En effet, depuis que les portes de l’ascenseur
s’étaient refermées, O’Neill arborait un sourire presque…
extatique…
- Bon ! finit-il par s’exclamer après quelques instants de silence.
Après cette mission, je vous invite tous dans mon chalet pour une méga
partie de pêche ! Ca vous dit ? … Teal’c, inutile de répondre,
je sais parfaitement que vous ne pouvez refuser une telle proposition…
A ces mots, le Jaffa haussa un sourcil lourd de sens.
- Tenez ! s’exclama Jack, prenant ce mouvement en témoin. Regardez
comme il est content !
- Si le Colonel Carter et Daniel Jackson nous accompagnent, je consens à
venir… répondit simplement Teal’c, désireux de ne
pas froisser son ami en refusant son offre.
- Génial ! Et vous, Space Monkey ? Ca vous dirait de venir taquiner le
poisson ?
Tout en parlant, O’Neill leva le bras et, d’un geste familier, remit
sur le nez de l’archéologue les lunettes qui menaçaient
de tomber par terre. Faussement vexé par l’utilisation de ce surnom
pour le moins réducteur, Daniel renifla faisant reculer précipitamment
la main du Général.
- Eh bien… Exceptionnellement, je pourrais faire un effort… finit-il
cependant par maugréer.
Jack sourit et se tourna enfin vers Sam. Celle-ci accueillit son regard interrogateur
avec un sourire amusé.
- Carter ?
- … Je ne sais pas, Mon Général… J’ai pleins
d’expériences qui m’attendent dans mon labo, commença-t-elle
« s’auto-caricaturant ».
Se prenant au jeu, O’Neill recula, surpris.
- Comment ? Vous refusez une partie de pêche ?
Puis se tournant vers le Jaffa :
- Teal’c ! Convainquez-la de venir avec nous ! Dites-lui combien vous
vous êtes amusé la dernière fois !
Celui-ci se tourna lentement vers son ami, blasé.
- Vous désirez vraiment que je lui parle de ce fameux week-end, O’Neill
?
Après réflexion, Jack finit par faire la grimace.
- Euh…
A cet instant, l’ascenseur se stabilisa et les portes s’ouvrirent
devant eux.
- Bon, déclara O’Neill. Nous y voilà… Allons-y, mauvaise
troupe !
Lorsqu’ils sortirent, le soleil se couchait parant le ciel de couleurs
chaudes et chatoyantes. Difficile de croire qu’il s’agissait peut
être de la dernière fois que le Colorado voyait le jour, songea
Jack, tandis qu’un bruit assourdissant attirait son attention vers les
grilles les séparant de l’extérieur. Des centaines de personnes
étaient réunies autour de la base. Lorsque ceux-ci reconnurent
l’équipe SG1 au grand complet, leurs cris redoublèrent.
- Bonne chance, SG1 !!
- On compte sur vous !!
Tous ces gens n’avaient aucune idée de la gravité de la
situation et dans un sens, il valait mieux qu’il en soit ainsi…
Leurs nombreuses réussites passées et le manque d’information
devaient certainement leur faire penser qu’il s’agissait d’une
mission comme une autre.
Jack empoigna alors son talkie-walkie et l’actionna.
- Nous sommes en position.
Quelques secondes plus tard, les encouragements qui résonnaient autour
d’eux finirent par cesser pour se transformer en cris d’incrédulité
et d’excitation. La foule leva la tête d’un même mouvement
vers le ciel tandis qu’apparaissait au-dessus de Cheyenne Mountain l’impressionnant
et massif vaisseau qui faisait la fierté de l’USAF.
Dans un ronronnement sourd, le Prométhée se positionna au-dessus
de la base et resta en suspend quelques instants. Un faisceau de lumière
vint alors encercler SG1 et l’équipe disparut brusquement sous
leurs yeux ébahis…
***
Une fois montée sur le Prométhée grâce aux anneaux
de transport, SG1 se dirigea d’un pas résolu jusqu’au poste
de commandement.
- Hello George ! s’exclama O’Neill en entrant.
Hammond se retourna, un sourire sur les lèvres.
- Jack ! Colonel, Daniel, Teal’c ! Bienvenus.
Après les salutations de rigueur, SG1 apprit que Bra’tac et Jacob
se trouvaient déjà sur le Prométhée et préparaient
le vaisseau Cargo. Quelques minutes suivant leur arrivée, les deux hommes
firent leur apparition sur la passerelle.
- Sam... salua tendrement Jacob, heureux de retrouver sa fille.
Celle-ci vint le serrer dans ses bras tandis que tous se tournèrent vers
la fenêtre. En effet, le Prométhée venait de rejoindre les
quatre Hat’aks Jaffas et se mettait en position.
- Nous n’avons pas pu renforcer nos boucliers, signala Hammond, aussi
devrons nous nous placer le plus près possible d’un des vaisseaux-mères
pour profiter du sien. Mais pour l’heure, il vaut mieux nous déployer
un maximum.
- J’espère seulement que les premiers à arriver seront ceux
d’Anubis... Sinon, nous sommes fichus, intervint Jacob, sombrement.
Personne ne répondit à cette affirmation. Tout dépendait
en effet de cela.
Rak’nor apparut soudain sur l’écran, communiquant ainsi simultanément
avec les quatre autres vaisseaux.
- Ils arrivent dans quelques secondes ! Préparez-vous !
Hammond alla aussitôt s’asseoir sur son siège.
- Sommes-nous prêt à faire feu ?
- Oui, Mon Général !
Chacun retenait son souffle, les yeux rivés vers l’espace.
Soudain, un éclat bleuté fendit l’immensité du ciel
et un nombre impressionnant de vaisseaux apparut devant eux.
- Nom de Dieu... ne put s’empêcher de murmurer O’Neill, un
désagréable frisson dans le dos.
- Feu à volonté !!! s’exclama aussitôt Hammond alors
que déjà les Jaffas attaquaient.
Privés de boucliers pendant quelques secondes à leur sortie d’hyperespace,
les premiers vaisseaux Goa’uld explosèrent sous l’assaut.
- Virez à droite ! Il faut en détruire le plus possible ! Inutile
de tirer dans le vide !
Ils continuèrent ainsi pendant quelques secondes parvenant à réduire
la flotte ennemie de 20% !
- On sort de là maintenant ! ordonna le Général tandis
que leurs tirs se trouvaient à présent confrontés aux boucliers
défensifs Goa’ulds.
La riposte ennemie ne se fit pas attendre, aussi le Prométhée
alla se mettre rapidement à l’abri sous un vaisseau Jaffa.
- Quel est le bilan ? demanda Hammond, communiquant avec les alliés.
- ... Nous avons eu tous les vaisseaux d’Anubis et trois Hat’aks
! s’exclama triomphalement Rak’nor.
Un hourra de soulagement s’éleva en salle de commande. La première
partie du plan était une réussite.
Seuls détenteurs de vaisseaux améliorés, les Jaffas pouvaient
se risquer à affronter la flotte ennemie pendant un temps relativement
plus long que s’ils avaient eu en face d’eux une puissance de feu
équivalente à la leur. Leurs boucliers, beaucoup plus résistants
que ceux des Hat’aks standards leur donnaient un avantage non négligeable,
bien que temporaire cependant.
Tout dépendait à présent de SG1.
*****************************
*****************************
SG1 ne perdit pas une minute de plus et, accompagnée de Jacob et Bra’tac,
monta dans le vaisseau Cargo.
- Les Al’keshs et les X-302 viennent de décoller, intervint Hammond,
communiquant avec eux de la salle de commande. Ils vous couvriront le temps
pour vous de rejoindre le vaisseau Amiral des Grands Maîtres... Bonne
chance, SG1.
- Merci, Mon Général ! répondit O’Neill.
Puis, se tournant vers ses compagnons :
- On y va.
Bra’tac, aux commandes du vaisseau, demanda l’ouverture des portes
les séparant du vide spatial puis décolla, les immergeant brusquement
dans un tourbillon d’explosions.
Confinés dans le Prométhée, il était difficile de
se rendre réellement compte du désordre et de la virulence du
combat qui se jouait à l’extérieur. Les X-302 aux prises
avec les planeurs de la mort offraient un spectacle impressionnant dans ce ballet
majestueux et dramatiquement mortel. Sans la présence non négligeable
des Al’keshs, ils auraient vite été dépassés.
Escorté par une petite flotte, le vaisseau cargo s’éloigna
du Prométhée afin de gagner un espace plus tranquille.
- Mon Général, nous sommes à bonne distance, signala Sam,
les yeux rivés au radar.
- Très bien. Allons-y !
- Enclenchement de l’hyperespace ! signala Bra’tac tandis qu’un
éclair bleuté se créait sous leurs yeux.
Le vaisseau fut alors pris d’une brusque accélération et
traversa sans encombres le champ de bataille.
- C’est bon ! Nous sommes passés ! s’exclama Sam, signifiant
au Maître Jaffa de couper l’hyper-propulsion.
Ils se retrouvaient à présent à l’arrière
de la flotte ennemie, non loin du vaisseau Amiral Goa’uld qui restait
seul à bonne distance du conflit.
- J’espère que vos amis ont réussi à couper les détecteurs
et boucliers, déclara Bra’tac en se tournant vers Jacob. Sinon,
nous sommes perdus...
- On n’a pas le temps d’attendre pour le savoir, intervint Jack.
Rapprochez-nous qu’on puisse monter à bord.
Et d’un geste de la main, il incita son équipe à se positionner
près des anneaux de transports. Une fois tout le monde en position, Bra’tac
se tourna vers eux et inclina sobrement la tête.
- Bonne chance !
SG1 et Jacob parvinrent sans encombres dans le vaisseau des Grands Maîtres
mais avant même qu’ils ne fassent le moindre pas, ils se retrouvèrent
très vite encerclés par une quinzaine de Jaffas armés jusqu’aux
dents.
Ils étaient tombés dans un piège...
Les portes de la salle des anneaux s’ouvrirent alors sur Ba’al,
escorté de son prima.
- Bienvenue SG1 ! Nous vous attendions !
***
Bra’tac venait à peine de transférer ses amis dans le
vaisseau Amiral qu’il fut tout de suite assaillit par une escouade de
planeurs de la mort. Comprenant qu’ils venaient de tomber dans un piège,
il passa en hyperespace et retourna aux côtés du Prométhée.
- Hammond, vous me recevez ?
- Très bien, Bra’tac. Vous ne deviez pas rester près du
vaisseau des Grands Maîtres ?
- J’ai bien peur que nous ne soyons tombés dans un piège
! A peine SG1 transférée, des planeurs de la mort ont tenté
de m’intercepter !
Un lourd silence accueillit ces paroles puis la voix du Général
s’éleva de nouveau :
- Alors j’ai bien peur que tout ne soit perdu...
Et comme pour confirmer ces funestes paroles, l’un des Hat’aks Jaffa,
fragilisé par des tirs incessants, explosa dans le ciel, réduisant
un peu plus leurs maigres chances de victoire...
***
SG1 et Jacob furent conduits rapidement dans une salle gigantesque où
plus d’une dizaine de Grands Maîtres étaient réunis,
assis sur des trônes à leurs effigies. Leur arrivée fut
saluée par un grondement de contentement.
Jack découvrit alors deux corps gisant sans vie à quelques mètres
seulement d’eux. Il s’agissait, sans nul doute, des Tok’ras
chargés de les aider à entrer dans le vaisseau.
- Curieux... murmura Daniel tandis qu’on les forçait à s’avancer
un peu plus dans la salle.
- Qu’est ce qu’il y a ? s’enquit O’Neill sans pour autant
se tourner vers son ami.
- Il manque Yu...
En effet, Jack jeta un rapide coup d’oeil autour de lui mais ne vit aucune
trace du vieux Goa’uld. En revanche, son prima se trouvait à l’instant
même aux côtés de Ba’al qui regagnait son trône.
Celui-ci, après s’être assis, commença les hostilités.
- Voici donc l’équipe SG1 au grand complet ! Nous sommes très
heureux de vous avoir avec nous !
- Plaisir non partagé, soyez en certain ! répondit Jack sur le
même ton.
Puis regardant de nouveau autour de lui :
- Il y a des têtes de serpents que je ne connais pas... Tiens en parlant
de ça, où est Yu ?
Ba’al, visiblement porte-parole de la soirée, redressa la tête
tout en s’adossant confortablement sur son siège.
- Yu n’est plus. Il devenait trop... encombrant.
- Vraiment ? intervint Jack en jetant un regard lourd de sens à l’ancien
Prima du vieux Goa’uld.
Compte tenu de l’extrême fidélité que celui-ci avait
eue envers son Maître, O’Neill espérait qu’il gardait
au fond de lui une certaine rancœur vis à vis de ceux qui l’avaient
tué. Mais pour l’heure, Oshu semblait n’avoir aucun ressentiment,
tout du moins en apparence. Il restait de glace derrière son nouveau
Seigneur.
Quelque peu agacé, Jack reporta son attention sur Ba’al.
- Alors ! Que comptez-vous faire de nous, cette fois-ci ?
Un sourire cruel apparut sur les lèvres du Goa’uld. Ce fut Amaterasu
qui, cependant, choisit de les mettre au courant.
- Nous vous avons préparé une petite surprise. Comme nous étions
certains que vous alliez tenter quelque chose contre nous, nous avons choisi
d’utiliser ça à notre avantage.
- C’est à dire ?
- Vous faire payer votre audace et vos prétentions en vous obligeant
à nous servir jusqu’à la fin de votre vie !
Jack haussa les sourcils, perplexe.
- Là, je crois que vous divaguez !
Pour seule réponse, sous le signal d’Amaterasu, deux jaffas pénétrèrent
dans la salle portant une sorte d’amphore métallique. Ils la posèrent
entre les Grands Maîtres et les prisonniers.
- Oh non... murmura Sam, comprenant soudain où ils voulaient en venir.
Toujours perplexe, O’Neill se tourna vers son second.
- Qu’est ce que c’est ?
Incapable de répondre, ce fut Teal’c qui parla pour elle.
- Des symbiotes Goa’ulds...
- Arggg... répondit Jack avec une grimace de dégoût.
Puis se tournant vers Ba’al :
- C’est pas comme ça qu’on va vous obéir ! On va au
contraire devenir aussi... arrogant que vous ! Avec ces serpents dans la tête,
c’est les ennuis assurés !!
Le Goa’uld se leva alors, plongea sa main dans l’amphore et en ressortit
un symbiote étrangement peu agité.
- C’est pour cette raison qu’on a choisie ceux-ci.
Un silence accueillit ces paroles.
- Euh... Je veux pas vous faire de peine mais pour moi, vous vous ressemblez
tous... intervint O’Neill au bout d’un certain temps.
- Jack...
- Daniel ?
- ...Ce sont des Goa’ulds sans mémoire génétique...
- ... Et alors ?
Agacé, le jeune homme passa la main à Sam.
- Ce sont les mêmes symbiotes que portaient les supers soldats d’Anubis,
Mon Général. Ils sont sans volonté propre. Ils ne font
qu’obéir aux ordres.
- Ah... fut la seule réponse de Jack, comprenant enfin où ils
voulaient en venir. Oui... Donc finalement, on n’est pas très intéressé...
Mais sans tenir compte de cette remarque, d’un signe de la main, Ba’al
ordonna qu’on fasse avancer devant lui O’Neill. Aussitôt,
deux jaffas à la musculature impressionnante empoignèrent brutalement
celui-ci et l’obligèrent à se rapprocher du Goa’uld.
Ni une ni deux, les autres membres de SG1 tentèrent une intervention
mais qui se solda très vite par un échec.
- Inutile de vous exciter ainsi, ironisa Kali, l’un des Grands Maîtres.
Votre tour viendra !
- Mon Général ! s’exclama Sam, sans prêter attention
à cette intervention.
O’Neill se tourna vers la jeune femme et lui sourit courageusement. Il
ne voulait surtout pas qu’elle voit la terreur et le dégoût
que lui inspirait le symbiote visqueux que tenait Ba’al dans sa main.
Cette fois-ci, tout semblait bien fini. Jack ne voyait vraiment pas comment
ils pourraient s’en sortir... C’était également cette
même certitude qu’il put lire dans le regard mortifié de
ses amis.
Ne supportant plus de voir les yeux désespérés de son second
posés sur lui, il finit par se détourner tout en fermant les siens.
Quitte à mourir ou tout du moins perdre son identité, il préférait
emporter avec lui l’image de la femme qu’il aimait comme dernière
vision consciente...
***
Pendant ce temps, sur le Prométhée, la situation était
tout aussi désespérée.
- Mon Général ! Les boucliers ne sont plus qu’à 20%
de leur capacité ! Les défenses des Hat’aks Jaffas sont
au plus bas ! Ils ne peuvent plus nous protéger !
- Alors inutile de rester dans leurs sillages ! Nous ne faisons que les affaiblir
davantage ! répondit Hammond.
Rak’nor apparut tout à coup à l’écran.
- Nous ne pourrons pas tenir plus longtemps ! Nos boucliers ne nous protègent
quasiment plus!
- Il le faut pourtant ! Nous ne savons pas exactement où en est SG1 !
Ils ont peut-être plus de chance que nous !
***
Comme dans l’un de ses pires cauchemars, Jack entendit le cri faible
du symbiote se rapprocher dramatiquement de son oreille et tressaillit lorsqu’il
sentit son corps visqueux contre son cou. Il regretta tout à coup de
ne pas avoir sur lui l’une de ces petites pilules de cyanure qu’affectionnent
tant les Russes. Il aurait ainsi pu mettre fin à sa vie, au lieu de devoir
vivre une telle horreur...
Mais à l’instant même où l’ignoble contact de
ce reptile extraterrestre se faisait plus précis, un puissant tremblement
secoua tout le vaisseau. O’Neill, perdant l’équilibre, se
raccrocha à l’amphore et la renversa dans un bruit assourdissant.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, la première chose qu’il vit fut
le regard exorbité de terreur de Ba’al. Ses pupilles s’illuminèrent
tout à coup puis devinrent étrangement vitreux. Son corps s’affaissait
lentement, laissant apparaître derrière lui Oshu, un poignard dans
la main.
Profitant du désordre que venait de provoquer non seulement la secousse
inexpliquée du vaisseau mais l’assassinat de Ba’al, SG1 et
Jacob empoignèrent les armes des Jaffas les plus proches et commencèrent
à tirer sur les Grands Maîtres.
***
Tandis que le Prométhée tentait vainement d’éviter
les attaques redoublées des vaisseaux ennemis, un éclair bleuté
fendit le ciel et une dizaine de croiseurs extraterrestres apparurent.
- Les Asgards ! s’exclama Hammond alors que des hourras et des soupirs
de soulagement s’élevaient déjà en salle de commande.
A peine arrivés, ceux-ci entrèrent dans la bataille. Bien que
quatre fois moins nombreux que les Goa’ulds, leur puissance de feu leur
permit rapidement de réduire considérablement ce désavantage
numérique.
Tous les Hat’aks ennemis changèrent aussitôt de cible, évitant
ainsi aux alliés d’être pulvérisés. Ils n’auraient
pas tenu une minute de plus.
- Ne perdons pas de temps ! réagit finalement Hammond. Rien n’est
joué ! Feu à volonté !
***
Moins de quelques secondes après la secousse du vaisseau, l’alarme
Goa’uld retentit et une voix s’éleva dans la salle :
- Une flotte Asagard vient d’apparaître, Mes Seigneurs ! Elle est
composée d’une dizaine de croiseurs !
Mais les Grands Maîtres, ayant déjà fort à faire
avec les Tau’ris, ne purent répondre à cette annonce. Sentant
cependant qu’ils allaient vite être dépassés, SG1,
Jacob et Oshu, agrippé par O’Neill, décidèrent d’un
commun accord implicite de quitter la salle.
Tandis qu’ils couraient dans les couloirs, tentant de semer les Jaffas,
Jack se tourna vers son équipe.
- Il faut absolument détruire ce vaisseau ! Teal’c, Daniel, Jacob
! Avec l’aide de Selmak vous allez déconnecter les défenses
de ce vaisseau ! C’est notre seul moyen de pouvoir fuir avec les anneaux
de transport. En espérant que Bra’tac soit encore dans les parages
! ... Carter, moi et ... euh...
Jack se tourna vers l’ancien Prima de Yu, le visage interrogateur.
- Oshu !
- Oshu ! Donc Oshu, Carter et moi, on s’occupe de poser le C4 près
du générateur !
Ils finirent ainsi par se diviser au croisement d’un couloir. Grâce
à leur nouvel allié, Jack et Sam purent rapidement trouver la
salle en question. Après un combat succins avec les quelques Jaffas qui
gardaient le générateur, ils posèrent le C4.
- O’Neill !
- Je vous écoute, Teal’c ?
- Nous ne parvenons pas à déconnecter les défenses du vaisseau.
Oshu agrippa l’épaule de Jack.
- Les Grands Maîtres ont du prévoir que vous tenteriez cela. Ils
ont pris leur précaution.
O’Neill grimaça tout en se tournant vers Sam et agrippa son talkie-walkie.
- Aucun moyen d’utiliser les anneaux avec le bouclier ?
- Aucun, lui répondit Jacob. Nous ne pouvons pas sortir de là...
Un blanc s’en suivit, tandis que tous cherchaient un moyen de quitter
les lieux.
- Et les planeurs de la mort ? intervint Daniel.
Tous avaient eu la même idée au même moment mais la bouche
de l’archéologue avait tendance à être plus rapide
que la normale...
- Bravo P’tit génie, s’exclama O’Neill. On se donne rendez-vous là-bas. J’enclenche
le compte à rebours. Vous avez cinq minutes !
Un silence accueillit cette dernière remarque.
- Euh, Jack... réagit finalement Daniel. Et s’il n’y a plus
de planeurs ?
- C’est notre seule chance de sortir d’ici alors quoiqu’il
arrive, dans cinq minutes tout explose.
Tous partirent donc afin de rejoindre le plus rapidement possible les vaisseaux.
Ce fut Jack, Sam et Oshu qui y parvinrent en premier et découvrirent
horrifiés qu’il ne restait plus aucun planeur...
- O’Neill ! s’exclama alors Teal’c faisant grésiller
la radio.
- Oui ?
- Nous sommes aux prises avec des Jaffas ! ...
En effet, derrière la voix de leur ami, résonnait le son fort
reconnaissable de tirs et d’un combat acharné.
- ... Nous ne parviendrons jamais à rejoindre les planeurs ! poursuivit-il,
inquiet.
- De toute façon, il n’y a plus de vaisseaux. Nous sommes tous
bloqués ici.
Un lourd silence répondit à cette annonce.
- Entendu, O’Neill, fit cependant Teal’c au bout d’un certain
temps. De combien de temps disposons-nous ?
- Moins d’une minute... déclara sombrement Jack après avoir
regardé sa montre.
Il réalisa tout à coup ce que cela signifiait. Il ne leur restait
que quelques secondes... Se tournant vers Sam qui était à présent
adossée au mur, à ses cotés, il croisa son regard et y
lut la même inquiétude, la même peur. Ils allaient mourir.
Mais curieusement, le fait de mourir ne lui sembla pas le pire dans tout cela.
Non. Ce qui lui tordait les boyaux c’était de savoir qu’Elle
allait périr aussi. Ils allaient tous deux disparaître et ils ne
se seraient jamais rien dit... Ils ne se seraient jamais vraiment...
Mais il cessa soudain de penser... Comme dans un rêve, il la vit se rapprocher
de lui, doucement, presque timidement... Incapable d’avaler sa salive,
le coeur au bord de l’explosion, presque plus bouleversé par cette
femme s’avançant vers lui que par l’idée même
de la mort, Jack finit par retrouver l’usage de ses membres et glissa
une main tremblante dans les cheveux soyeux de Sam. Faisant abstraction de tout
le reste, de tout ce qui n’était pas elle, il attira son visage
jusqu’à lui et caressa avec tendresse ses lèvres chaudes
et si tentatrices.
Mon Dieu, qu’il aimait cette femme, songea-t-il avec désespoir.
Comment avait-il fait pour la tenir aussi longtemps éloignée de
lui ? Il sentit tout à coup les mains de Sam s’accrocher fébrilement
à lui, collant son corps souple contre le sien. Une chaleur intense et
vibrante parcourut alors tout son être. Il la voulait, d’une envie
lancinante, douloureuse et passionnée. Il n’avait qu’une
idée en tête, ne faire plus qu’un avec elle, caresser son
corps, la couvrir de baisers.
Aussi, resserrant davantage son étreinte, il fondit sur elle, l’embrassant
avec fièvre, savourant son contact, son parfum et l’ardeur avec
laquelle elle y répondait. Ils se dévoraient mutuellement, désespérément.
Tout était devenu flou autour d’eux, seules les émotions
avaient à présent leur importance. Ils ne réalisèrent
donc pas que l’alarme du vaisseau Amiral s’était tue, que
les bruits de tirs autour d’eux avaient cessé.
- Salutations, O’Neill.
Cette voix résonna dans l’esprit fiévreux de Jack mais il
mit cependant quelques secondes à en déterminer la provenance
et les conséquences que cela impliquait. Lorsqu’il comprit, il
se raidit aussitôt et écarta doucement le visage de la jeune femme
mettant un terme à ce baiser pour le moins inoubliable...
Lentement, il tourna la tête en direction de la voix et découvrit
comme il s’y attendait Thor. Prenant alors conscience qu’ils ne
se trouvaient plus dans le vaisseau Goa’uld, qui soit dit en passant,
avait du exploser depuis maintenant quelques secondes, Jack jeta un oeil autour
de lui et rencontra, posés sur eux, les regards amusés de Daniel
et Teal’c, ainsi que celui dangereusement indéchiffrable de Jacob.
« Oups... » songea-t-il alors, une sueur froide glissant le long
de son dos.
D’un même mouvement, Sam et lui se séparèrent brusquement,
gênés. Jack se tourna alors vers l’Asagard qui, à
l’image d’Oshu, arborait une expression de totale neutralité.
- Faudrait arrêter d’attendre la dernière seconde, Thor !
s’exclama-t-il alors, de mauvaise foi.
- Désolé, O’Neill. J’ai détecté l’explosif
qu’au moment de son déclenchement.
Conscient qu’il était mal venu de reprocher cela à leur
sauveur, et devant le regard quelque peu outré de SG1, Jack finit par
s’incliner.
- Oui, enfin... Merci !
- Je vous en prie.
O’Neill se permit alors un coup d’oeil vers Jacob et accrocha son
regard... Le Tok’ra avait cependant, dorénavant, les bras croisés
sur son torse, attendant visiblement des explications.
Un sourire crispé sur les lèvres, Jack se tourna vers son second,
mais celle-ci semblait trouver un intérêt certain dans la contemplation
de ses chaussures. Peut-être devrait-il faire la même chose ?
Comme le silence s’éternisait un peu trop, Daniel finit par leur
venir en aide et se tourna vers Thor.
- Où en est la bataille ?
L’Asgard se pencha sur ses moniteurs.
- Les tirs ont cessé. Il ne reste qu’une quinzaine de vaisseaux
Goa’ulds et ceux-ci se rendent.
- Et les alliés ?
- Deux Hat’aks et Le Prométhée ont survécu. De notre
côté, il ne nous reste que six croiseurs... assez endommagés,
d’ailleurs. Nous n’aurions pas pu tenir très longtemps sans
la destruction du vaisseau des Grands Maîtres.
- ... Merci d’être venu, Thor, intervint alors Jack, ayant retrouvé
tout son aplomb.
Pour une fois, il n’y avait aucune malice dans ses paroles. Il était
sincèrement reconnaissant et voulait que l’Asgard le comprenne.
- C’est tout naturel, O’Neill.
- Pourquoi avoir tant tardé ? demanda cependant Sam, ayant elle aussi
retrouvé son sang froid.
- Cela fait plusieurs mois que nous sommes en conflit direct avec les Réplicateurs.
Grâce à l’arme qu’O’Neill a faite et que nous
avons installée sur tous nos vaisseaux, nous avons pu déclencher
une guerre ouverte contre eux, chose qui avait été impossible
jusqu’ici. Cela nous a pris du temps mais nous sommes parvenus à
les vaincre. Cependant...
- Cependant ? demanda Teal’c, un sourcil levé.
- Une petite partie d’entre eux s’est échappée...
- Et connaissant ces petites bêtes et leur besoin de se reproduire à
tout va, on a pas fini d’en entendre parler... maugréa Jack.
- ... Au fait ! s’exclama tout à coup Daniel. Il y a une des planètes
protégées qui a été envahie par ...
- Nous y sommes passés avant d’arriver ici. Il n’y eut que
peu de résistance. Ils n’ont même pas eu le temps de prévenir
les Grands Maîtres de notre arrivée.
Jack, soudain joyeux, fit claquer ses deux mains l’une contre l’autre,
un sourire sur les lèvres.
- Eh bien ! Tout est bien qui finit bien !
- Tout n’est pas fini... déclara froidement Jacob, ouvrant la bouche
pour la première fois depuis leur arrivée sur le vaisseau Asgard.
«Re-oups... »
***********************************
***********************************
Sam regarda sa montre pour la quatrième fois. Il avait vingt cinq minutes
de retard... C’était relativement peu comparé à certaines
fois il faut l’avouer mais cette fois-ci, la patience de la jeune femme
avait été mise à rude épreuve.
Depuis leur retour sur Terre, elle n’avait pu le voir qu’à
deux reprises et encore était-ce de loin et par hasard... Il ne l’avait
même pas regardée, même pas fait appeler... Rien. Rien depuis
trois jours...
Elle comprenait aisément qu’il soit surchargé de travail.
Il ne se passait pas une minute sans que quelqu’un lui sauta dessus pour
lui demander quelque chose. Sans parler de l’Etat Major, du Président,
de la presse etc. Elle ne savait même pas si son père avait pu
le voir. Elle avait pourtant vu Jacob l’interpeller à peine téléportés
par Thor dans la salle de Briefing mais le Sergent Harriman l’avait aussitôt
attrapé et ne l’avait plus lâché depuis. Cette situation
devenait impossible ! Elle ne demandait pas grand chose pourtant ! Cinq petites
minutes, cinq petites minutes histoire de savoir où ils en étaient
tous les deux !
Mais étaient-ils seulement quelque part, d’ailleurs ? Avec cette
victoire historique et interplanétaire contre les Goa’ulds, le
Général O’Neill avait été porté aux
nues par les médias... Elle aussi, c’est vrai... Mais lui, particulièrement...
Et si ça lui avait monté à la tête ? Elle l’imagina
soudain entouré de toute une nuée de jeunes et jolies femmes en
mal de héros, se collant à lui, un sourire aguicheur sur les lèvres...
Sam tenta de chasser cette image cauchemardesque de son esprit mais en vain.
Jack aimait les femmes... Trop, sans aucun doute... Quel homme normalement constitué
ne perdrait pas la tête devant un tel débordement ?
Non !!! Il l’aimait ! Il le lui avait dit... Enfin, sous-entendu... Oui,
sous-entendu. C’était bien ça le drame entre eux. C’était
toujours sous-entendu et aussitôt oublié.
Sam soupira sombrement et s’enfonça un peu plus dans son siège.
Comment pourrait-elle seulement oublier ce baiser ? Elle en tremblait encore
rien que d’y penser. Jamais on ne l’avait embrassée comme
ça. Jamais elle n’avait senti autant de désir chez un homme.
S’il faisait l’amour aussi bien qu’il embrassait... Mon Dieu
! A quoi songeait-elle !? Stop ! Stop ! Stop !
« Respire, respire, respire! Ce n’est ni le lieu ni le moment pour
penser à cela ! » se dit-elle sentant le rouge empourprer ses joues.
Sam découvrit tout à coup le regard inquisiteur de Daniel posé
sur elle. Inutile de dire qu’à peine arrivés sur Terre,
il lui avait fait passer un véritable interrogatoire en règle
! Mais, elle n’avait rien lâché. Qu’aurait-elle eu
à lâcher d’ailleurs... songea-t-elle lugubrement. Elle se
tourna alors vers Teal’c et fut surprise de constater que lui aussi avait
les yeux rivés sur elle.
- Quoi ? finit-elle par s’exclamer, quelque peu agacée.
Le Jaffa leva un sourcil, surpris certainement par le ton acerbe de sa voix.
Eh bien quoi ? Elle était de mauvaise humeur ! Elle avait bien le droit,
non ?
- Rien du tout, Colonel Carter.
- Alors arrêtez de me fixer comme ça ! Et c’est valable surtout
pour vous, Daniel !
Celui-ci se contenta de faire la grimace, comprenant qu’il valait mieux
la laisser tranquille pendant quelque temps.
C’est à cet instant que Jack fit son apparition. Très détendu
et quelque peu joyeux, il fut étonné de sentir un froid glacial
dans la pièce et des visages fermés tournés vers lui.
- Oulà ! s’exclama-t-il en regardant sa montre. Je suis si en retard
que ça ?
Une demi-heure... La routine, pourtant... Bizarre.
Il jeta alors un oeil vers la jeune femme et croisa son regard frigorifique...
Aïe ! Il aurait peut-être du prendre quelques minutes sur son temps
pour lui parler... Bien joué, Jack !...
- Oui, bon... Le Président nous convit à une petite soirée
afin de nous présenter officiellement aux médias. Depuis le début
de ce conflit, personne n’a pu rentrer... Nous savons parfaitement que
nos pelouses sont pleines de journalistes n’attendant qu’une chose...
nous bombarder de questions à notre retour à la maison... En organisant
cette sauterie, il espère nous éviter ce désagrément...
Devant les trois regards sceptiques posés sur lui, il finit par lever
les mains.
- Ok... Son véritable but est de se faire de la pub aux côté
des « sauveurs de l’humanité », comme ils nous appellent,
mais bon... Il veut aussi présenter l’Alliance. Jacob viendra représenter
la Tok’ra. Brat’ac, les Jaffas et Thor les Asgards. Il y aura la
télé et tout le tralala.
- Tous viendront ? intervint Daniel, surpris.
- Oui ! Ils ont tous répondu présent, même Thor ! J’ai
l’impression que depuis que les Réplicateurs se font tout petit,
le téléphone avec les Asgards marche beaucoup mieux.
Comme un silence froid répondit à ce trait d’humour, Jack
finit par faire claquer ses mains l’une contre l’autre tout en souriant,
quelque peu crispé par l’ambiance.
- Bon ! Et si on reparlait de cette partie de pêche que vous m’aviez
promise !
Tous les regards convergèrent inévitablement vers Sam. Elle était
la seule à ne pas avoir eu le temps de promettre quoique ce soit. Et
vue la mine sombre qu’elle arborait, ce n’était pas gagné...
Se raclant la gorge, O’Neill se tourna donc vers Daniel.
- Danny Boy ?
- ... Vous savez, j’ai un prénom...
- Vraiment ? ... Toujours ok ?
- Ca marche.
- Mmmm, quel enthousiasme !
Puis se tournant vers le Jaffa.
- Teal’c.
- J’accepte de venir également.
- Super !
Jack se tourna alors vers la jeune femme, le coeur battant soudain plus vite.
- Sam ? Une partie de pêche ?
Celle-ci, jusqu’ici concentrée sur ses mains, attendant patiemment
que son tour ne vienne, redressa brusquement la tête, incrédule.
Elle ne fut pas la seule non plus d’ailleurs à être aussi
surprise.
- Euh... Jack ?
- Daniel ?
- Vous l’avez appelée « Sam »...
- Vraiment ?
- Oui.
- Non...
- Si
- Daniel ?
- Oui ?
- Fermez-là.
Puis se tournant de nouveau vers la jeune femme :
- Alors ? Ca vous dit, Sam ?
Un soupir d’exaspération et un geste d’agacement lui parvinrent
en direction de Daniel mais il n’y prêta pas attention. Elle continuait
de le regarder avec incrédulité.
- ... Mon Général... commença-t-elle cependant au bout
d’un certain temps.
- Jack, réagit-il aussitôt, à la surprise de tout le monde.
Pas de chichi entre nous, voyons !
Un sourire étrange étira soudain ses lèvres, se chargeant
de troubler encore davantage la jeune femme. Qu’est-ce qui lui prenait
? Devant tout le monde, en salle de réunion... Avec les caméras
braquées sur eux...
- Mon Général, reprit-elle avec cette fois-ci plus d’assurance...
Mais d’un geste de la main, il la coupa dans son élan.
- Je ne suis plus Général.
Un silence abasourdi accueillit cette réponse.
- O’Neill... intervint alors Teal’c, la mine soucieuse. Vous ne
dirigez plus le SGC ?
- Si, si ! Mais j’ai démissionné de l’armée.
Ils me laissent cependant aux commandes de la base.
- Donc vous êtes un civil maintenant ? demanda Daniel pour avoir confirmation.
- Exact ! ... Enfin...
Il s’arrêta quelques instants et fouilla dans sa poche pour en ressortir
une enveloppe.
- Ma lettre est encore là, mais j’ai eu l’assurance qu’elle
serait acceptée. Bref ! Plus de « Général »
!
- Mais... balbutia enfin Sam, sortant de sa torpeur. Vous ne pouvez pas démissionner
!
Un noeud à l’estomac, Jack finit par se tourner vers la jeune femme.
Il scruta son visage pendant un instant avant de répondre.
- Et pourquoi donc ?
- ... Enfin... L’armée c’est toute votre vie !
A cette exclamation tout droit sortie du coeur, il ne put s’empêcher
de sourire.
- Toute ma vie... Une partie, c’est vrai. Pas la meilleure, j’espère.
Si avec ça, elle n’avait pas compris... songea-t-il, un peu gêné
cependant d’en être arrivé là devant Daniel et Teal’c.
Il n’osait même pas se tourner vers eux de peur de croiser leurs
regards amusés.
- Alors, Sam ! Cette partie de pêche ?
Quelque peu abasourdie de le voir revenir à une discussion si triviale
alors qu’ils parlaient auparavant d’une chose aussi importante,
la jeune femme acquiesça la tête, souhaitant revenir rapidement
au sujet qui l’intéressait.
- D’accord pour la pêche... mais...
- Ce dimanche ? insista-t-il, un sourire gigantesque sur les lèvres.
- ... Euh oui, très bien... cependant..
- Super !
Il se tourna alors vers ses deux amis, mettant un terme à toutes les
remarques que Sam aurait pu faire ou dire.
- Bon, les garçons ! De notre côté, on se fera une partie
de pêche dans deux semaines, ça vous va !?
A ces mots, Daniel fut le premier à réagir. Il tenta de répliquer
en se levant mais il fut aussitôt assis de force par la main ferme et
le regard assassin de Teal’c.
« Si vous interférez dans cette affaire, vous êtes un homme
mort, Daniel Jackson. » semblait-il lui dire en pensées.
Sur ce, sans les laisser rajouter quoique ce soit, Jack fit demi-tour et entra
dans son bureau, refermant la porte derrière lui.
Finalement, Daniel se tourna vers la jeune femme, un sourire amusé sur
les lèvres.
- Je crois que vous vous êtes faite avoir, Sam !
Virant au rouge, celle-ci jeta un oeil vers Teal’c et croisa son regard
étrangement satisfait. Elle avait donc bien compris... Elle venait d’être
invitée, seule, à venir le rejoindre dans son chalet...
Le coeur battant la chamade, la jeune femme finit par se lever doucement, avec
maladresse.
Que devait-elle faire ? Retourner dans ses quartiers, histoire de réfléchir
à tout ça et retrouver un semblant de calme ou au contraire, aller
directement voir Jack pour demander des explications... ? Elle n’était
pas vraiment en état d’avoir une quelconque discussion avec qui
que ce soit et encore moins avec lui, cependant... Après ce qu’il
venait de lui dire, il attendait certainement une réaction de sa part.
Alors, soufflant un grand coup, essuyant ses mains moites sur son pantalon,
Sam finit par redresser la tête et s’avança vers la porte
fermée. Elle leva une main tremblante, tapa doucement et finit par entrer
lorsqu’on le lui demanda. Faisant bien attention de refermer derrière
elle, la jeune femme se retourna vers O’Neill et se posta devant son bureau,
attendant patiemment qu’il relève la tête.
Leurs yeux se croisèrent alors. Il ne souriait pas et semblait au contraire
inquiet. Il ne savait pas trop comment elle allait prendre tout cela et seul
avec elle, il avait cessé de se cacher derrière une assurance
feinte.
Le visage fermé de la jeune femme n’était pas des plus engageants...
- Je sais que j’aurais du vous parler avant... commença-t-il finalement,
ce silence devenant pour lui de plus en plus pesant. Mais je voulais être
sûr d’avoir des réponses satisfaisantes à vous apporter.
Satisfaisantes et concrètes.
- Si vous faites cela, vous allez le regretter, Mon Général...
Surpris, il mit un certain temps avant de comprendre de quoi elle parlait, et
ne réalisa même pas qu’elle l’avait une nouvelle fois
appelé par son grade. Les vieilles habitudes avaient la vie dure.
- Vous parlez de ma démission ? ... Ecoutez, Carter, je vais de plus
en plus passer de temps derrière ce bureau alors que je fasse parti de
l’armée ou que je sois simplement un civil, ça n’a
plus aucune importance.
- Mais vous avez dit avoir toujours désiré devenir « cet
homme », être Général.
- Mes priorités ont changé.
Il avait dit ces mots d’un regard plein de sous-entendus, chose qu’elle
ne put ignorer plus longtemps. Rougissante, elle baissa la tête et un
sourire vint enfin étirer ses lèvres. Encouragé, Jack finit
par sourire à son tour, un peu plus détendu.
- Enfin... Mes priorités avaient changé depuis pas mal de temps,
pour tout vous dire mais... je n’étais pas certain...
- Et maintenant, vous l’êtes ? demanda-t-elle, pour le taquiner.
Je vous trouve bien sûr de vous, Mon Général.
- ... Diantre! Réagit-il aussitôt sur le même ton. Me serais-je
fait des idées sur l’enthousiasme avec lequel vous avez répondu
à ... mes avances, Colonel ?
Il parlait du baiser, songea aussitôt la jeune femme, les joues en feu.
A chaque fois qu’elle se remémorait cette scène, elle perdait
tout ses moyens... Ca n’échappa évidement pas à l’oeil
attentif de Jack qui sourit de plus belle !
- Vous savez qu’il n’y a pas de caméras dans ce bureau, Carter...
Cette phrase glissa sur elle comme une caresse, la faisant trembler de tous
ses membres... Comment pouvait-il autant la troubler ? Il n’avait rien
fait que sourire et parler depuis qu’elle était entrée dans
ce bureau. Pas un seul geste déplacé. Il était simplement
assis sur son siège, les mains croisées sur la table, le regard
fixé sur elle et un sourire ironique barrant son visage. Rien de bien
nouveau. Juste lui... et c’était suffisant pour la mettre dans
tous ses états.
Mais depuis qu’il l’avait embrassée... Depuis qu’elle
avait eu un aperçu du désir qui couvait en lui, à chaque
fois qu’elle croisait son regard, elle sentait son corps inévitablement
se languir d’une nouvelle « confrontation ».
La gorge sèche, incapable de prononcer le moindre son, elle le vit se
redresser et approcher lentement son visage du sien. Tendue à l’extrême
dans l’attente d’un nouveau contact, avant même qu’il
ne l’ait touchée, un gémissement s’échappa
des lèvres de la jeune femme.
- Je prends ça pour un assentiment, murmura-t-il contre sa bouche avant
de l’embrasser.
*************************
Jack soupira bruyamment.
Peut-être un peu trop bruyamment, songea-t-il tandis que Daniel lui lançait
un regard exaspéré. Eh bien quoi ?! Il s’ennuyait !! Ca
faisait bien vingt minutes que le Président discourait devant les journalistes
à propos de la bataille qui avait eu lieu quelques jours auparavant.
O’Neill avait bien tenté au début de suivre ce long monologue
mais... C’était vraiment pas son truc...
En plus, on l’avait forcé à mettre ce satané uniforme
alors qu’il n’était même plus Général
!!! Enfin, dans deux jours, il ne le serait officiellement plus... Il pourrait
alors balancer aux ordures cette tenue encombrante... Le seul bon point, tout
de même, qu’il voyait à cet accoutrement, était le
regard de convoitise que lui avait lancé Carter lorsqu’ils s’étaient
croisés dans les couloirs de l’hôtel à Washington.
Non, finalement, il ne le jetterait pas... Elle avait l’air de bien l’aimer
là-dedans, ça pouvait toujours servir... songea-t-il, un sourire
goguenard aux lèvres...
Plus que trois jours et c’était dimanche...
« Plus que trois jours et à nous deux, Carter ! ... Non ! Sam !
... Sam… »
Il n’arrivait pas à s’y faire... Sam... Pourtant combien
de fois n’avait-il pas rêvé de l’appeler par son prénom...
Samantha... Tout un monde de délices caché derrière ce
simple mot.
Sa-man-tha...
« Oulà ! On se calme ! On arrête de penser à des trucs
pareils sinon ça risque de se voir... D’ailleurs, je me demande
si c’est pas déjà trop tard », songea-t-il tandis
qu’il croisait le regard scrutateur de Jacob...
Oui, ça devait se lire sur son visage, à défaut d’ailleurs.
- Il parait que vous avez invité Sam à une partie de pêche
dans le Minnesota ?
« Comment il sait ça, lui ? » se demanda aussitôt Jack...
pas longtemps cependant puisqu’il vit Daniel se détourner précipitamment
vers ses voisins de gauche.
- Papa... intervint alors Carter, un peu gênée par une telle question.
- En effet ! Je vais lui apprendre à pêcher !
« Arggg... Peut-être un peu trop de sous-entendus dans cette phrase...
»
- Puisque je reste sur Terre jusqu’à mardi, je pourrais me joindre
à vous.
« Définitivement trop de sous-entendus ! Beau-papa n’a pas
apprécié ! Je suis maudis !! »
- Papa... répéta une seconde fois Sam mais cette fois-ci avec
une note de supplique dans la voix.
Plutôt rassurant... Il n’était apparemment pas le seul que
cette histoire semblait désespérer...
- O’Neill ? Vous parlez souvent de la pêche. Qu’est-ce cela
? demanda alors Thor, prenant part à la discussion.
- Oui, c’est vrai, intervint Bra’tac. J’aimerais assez essayer.
- Je vous le déconseille, mon ami, réagit aussitôt Teal’c,
désireux d’éviter à son Maître une telle épreuve.
« Quel petit plaisantin ce jaffa ! » songea Jack. Il allait finir
par penser qu’il n’aimait vraiment pas ça !
- Et si nous allions tous ensemble pêcher, dimanche ! s’exclama
alors Daniel.
Au regard noir que lui lança O’Neill, celui-ci regretta aussitôt
ses paroles... Pour une fois qu’ils étaient tous réunis,
un week-end ensemble lui avait semblé une bonne idée... Mais c’était
sans compter le rendez-vous amoureux que Sam et Jack avaient prévu...
Aïe...
Et croisant l’oeillade meurtrière que Teal’c lui lança,
il ne put réprimer une grimace.
Aïe, Aïe, Aïe...
- C’est une bonne idée, Daniel Jackson, répondit Bra’tac,
ne tenant pas compte de l’avertissement de son vieil ami.
- Je ne sais pas en quoi cela consiste mais je me joindrai à vous avec
plaisir, dit Thor.
- Nous pourrions demander à Hammond du Texas de venir avec nous, continua
le Maître Jaffa pour lui-même.
- Papa, pourquoi avoir parlé de ça ?
- Danieeeel, vous êtes un homme mort...
- Ça fait des années que je n’ai pas été pêcher.
Tu n’es pas contente de profiter un peu de ton vieux père ?
- Je peux le tenir si vous le désirer, O’Neill.
- Ce n’est pas ça, papa mais tu sais, je... enfin nous...
- Nous pourrons bénéficier de la téléportation pour
nous y rendre plus rapidement. N’est-ce pas là-bas qu’il
m’arrive parfois de vous enlever, O’Neill ?
- Si tout à fait, Thor... Et merci Teal’c, j’apprécie
votre soutien.
- Ecoutez les gars... Je n’ai pas fait exprès... C’est sorti
tout seul.
- Tu disais chérie ? Vous comptiez faire quoi ?
- Maître Bra’tac, pourriez-vous demander à Teal’c ...
de me lâcher s’il vous plait.
- Papa je t’en prie ! Je ne suis plus une enfant !
- Si vous l’avez insulté d’une quelconque façon, je
n’en ai pas le droit, Daniel Jackson...
C’est dans cette joyeuse cacophonie que prit fin le discours du Président.
Tous les journalistes et toutes les caméras se tournèrent vers
eux, représentants de l’Alliance ayant sauvé l’Univers
de la plus grande menace jamais rencontrée jusqu’ici.
- Ecoute, chérie, je m’inquiète, c’est normal !
- Thor, vous ne pourriez pas m’aider ?
- J’ai trente sept ans, papa ! Je sais me débrouiller toute seule !
- Teal’c, enlevez-lui ses lunettes, je ne voudrais pas les abîmer...
- Est-ce normal tous ces gens qui nous regardent, O’Neill ?
- Il t’a fallu huit ans pour comprendre une chose aussi évidente
! Tu as encore des choses à apprendre, ma petite !
- Laissez mes lunettes tranquilles ! Teal’c ! Arrêtez ça
!
- Général O’Neill, je crois que c’est à nous...
- Pour l’amour du ciel !! Il faut vraiment tout faire soi-même,
ici !
- Alors si c’était si évident, pourquoi tu ne m’as
rien dit ?
- Jack ! … Mais… Rendez-les-moi !
- O’Neill, le Président a cessé son discours.
La voix de Teal’c résonna un peu plus fort que les autres, couvrant
le brouhaha et faisant tourner tout le monde vers les journalistes et caméras.
D’un même mouvement, tous se redressèrent, Daniel récupéra
enfin ses lunettes et Jack, un sourire crispé sur les lèvres croisa
le regard incrédule et quelque peu blasé du Président.
- … Général O’Neill ? … Pouvez-vous dire quelques
mots aux six milliards d’habitants de la Terre qui vous regardent en ce
moment même ?
Gêné, Jack s’avança de quelques pas, incertain. Il
avait complètement oublié le discours qu’il devait prononcer
après celui du Président... Il leva donc simplement le doigt vers
la caméra, priant pour qu’on le téléporte à
l’instant même sur une autre planète avec des dizaines de
Jaffas armés jusqu’aux dents voulant lui faire la peau...
« Mais non... Je suis maudis ! »
- Ah, parce qu’on est en direct, là ? demanda-t-il, un sourire crispé
sur les lèvres...
FIN
J’espère que ça vous a plu. Je ne suis pas très douée
pour l’action donc autant vous dire que j’ai ramé et c’est
un peu pour ça qu’il y a finalement plus de ship que prévu…
^_^
Pour le Canada* faisant parti des pays au courant pour la Porte, je rappelle simplement qu’ils y font allusion dans l’épisode The Lost City (La cité perdue) saison 7. Je n’ai rien inventé J
Voilou ! Un p’tit mail ? ;-)