Sans Carter

Auteur : Hito
E-mail : h_hito76@yahoo.fr
Résumé: Carter disparaît…
Genre: Aventure, Romance…
Spoilers: Courant saison 7, après « la fin de l’Union » et avant « Heroes »
Disclaimer : Les personnages et l’univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

NB/ Merci encore une fois à Tails et à ses deux amis « Oui oui » et « Non non » !



P8X521

Sg1 se trouvait sous le feu de l’ennemi. Suspendus au-dessus d’une Porte des Etoiles couchée à l’horizontale, O’Neill et Carter tentaient de se hisser jusqu’à la passerelle où se trouvaient déjà Daniel et Teal’c.

Un groupe de Jaffa posté sur P8X521 les avait capturés et s’apprêtait à les expédier sur Tin’ac, une planète qui abritait le camp de prisonniers le plus grand que les maîtres Goa’uld possédaient. SG1 avait été attachée à des cordes, flottant juste au-dessus de la Porte. Ce n’était pas celle par laquelle ils étaient arrivés. Celle-ci, couchée à même le sol, servait uniquement au transport vers l’extérieur. Lors d’une cérémonie, les prisonniers suspendus étaient généralement lâchés dans le vide, envoyés vers Tin’ac par le vortex ouvert. La chute de l’autre côté était terrible…

Mais pour l’heure, SG1 n’en était pas encore là. Teal’c, grâce au couteau que portait Jack à la cheville, avait réussi à couper ses liens puis, profitant de l’inattention générale, avait libéré ses amis. Hélas, leur tentative d’évasion fut vite découverte par les Jaffas qui gardaient les lieux. Ni une ni deux, la porte fut ouverte, attendant de les engloutir. Suspendus au-dessus d’elle, Jack et Sam tentaient de rejoindre leurs coéquipiers mais les Jaffas commencèrent à leur tirer dessus.
Teal’c, fracassant la tête de l’un d’eux qui, téméraire, s’était un peu trop approché, s’empara de sa lance et répliqua.

O’Neill était presque arrivé en haut lorsqu’un cri le fit aussitôt se retourner. Le cœur au bord des lèvres, il vit la corde en dessous de lui s’effilocher à une vitesse inquiétante. Un tir Jaffa l’avait entamée. Elle allait céder dans quelques secondes entraînant Sam dans sa chute.

- Carter ! Prenez ma main !! s ’exclama O’Neill, commençant à glisser vers elle, le bras tendu.

La jeune femme regarda la corde sur le point de rompre. Jack était trop loin, elle ne pourrait jamais l’atteindre assez vite…
Elle redressa la tête et l’espace d’un instant, leurs regards se croisèrent.

- Carter… murmura-t-il, la main toujours tendue espérant vainement un miracle.

La corde lâcha.

- CARTER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


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Un mois plus tard
SGC - Quartiers du Colonel O’Neill


Son réveil affichait 5h36 du matin…

Incapable de rester allongé plus longtemps sans pour autant trouver le sommeil, O’Neill finit par repousser violemment sa couverture. Il venait de passer la nuit à tourner dans tous les sens pour s’endormir… en vain. Les seules fois où il parvenait à fermer l’œil étaient généralement au retour de missions… Il s’effondrait la plupart du temps sur son lit épuisé et sombrait aussitôt dans un sommeil agité fait de cauchemars et de cris… Le sien, en l’occurrence, lorsque la corde avait lâché…

Il se revoyait ensuite empoigner fébrilement son couteau et couper la corde à laquelle il était encore attaché, afin de plonger à son tour dans le vortex… Mais celui-ci se fermait avant même qu’il ne l’atteigne et il s’effondrait au sol… la peur au ventre, prenant alors conscience qu’à cet instant précis, elle se trouvait à des milliers d’années lumières de lui… et que peut-être, il ne la reverrait plus jamais…
Il se réveillait alors en sursaut, désorienté, puis réalisant que ce cauchemar n’en était pas un, une terreur sans nom s’insinuait brutalement en lui, le faisant suffoquer, incapable de penser à autre chose qu’à cette douleur atroce dans la poitrine…

Finalement… Il vaut peut-être mieux ne pas dormir… songea-t-il, en s’extirpant hors de son lit.

Après une douche rapide, il s’habilla et se dirigea d’un pas lourd vers le mess. Il avait besoin d’un café, et vite…
Arrivé près de l’ascenseur, le soldat en faction le salua nerveusement, droit comme « i », et malgré le risque encouru, ne put s’empêcher de jeter un œil discret vers son supérieur. Jack n’y prêta même pas attention, trop habitué dorénavant à voir la majeure partie des personnes de cette base le regarder avec cette même expression sur le visage…

Depuis la disparition de Carter, tout le monde était au petit soin avec lui mais l’évitait comme la peste. Il faut dire aussi que ses excès de rage quelque peu incontrôlés y étaient certainement pour beaucoup… Le Colonel O’Neill n’était pas réputé pour sa patience mais depuis qu’il avait perdu son second, un rien le faisait sortir de ses gongs. Il avait déjà eu plusieurs avertissements de la part du Général mais rien n’y faisait et Hammond se voyait difficilement mettre son meilleur élément sur la touche parce qu’il faisait pleurer les infirmières ou terrorisait les nouvelles recrues qui avaient eu la mauvaise idée de s’approcher un peu trop près de lui…

Du coup, seules quelques personnes osaient encore le côtoyer… En fait, ils n’étaient tout simplement plus que quatre capables de le supporter, lui et ses humeurs, songea-t-il lugubrement en sortant de l’ascenseur pour s’enfoncer dans les couloirs du SGC. Mais finalement ça le soulageait… Inutile d’essayer de faire bonne figure avec eux, ils n’auraient pas été dupe une seule seconde… Et de toute façon, Jack savait parfaitement qu’il n’aurait pas pu jouer ce petit jeu là bien longtemps.

Arrivé à l’entrée du mess, il pénétra dans la salle et fut à peine surpris d’y trouver Teal’c et Daniel déjà attablés. Il n’était pas le seul à souffrir d’insomnie et Janet avait beau tout tenter pour les faire dormir, rien n’y faisait. A peine conscient du silence que son entrée venait de provoquer, Jack partit se servir un café et revint s’asseoir à la table de SG1… ou de ce qu’il en restait.

- O’Neill, salua sobrement le Jaffa tandis que son ami s’installait à ses côtés.
- Salut… répondit-il simplement, plongeant le nez dans son bol.

Daniel sembla sonder le nouvel arrivant afin de déterminer son humeur. Puis, concluant que ça n’était pas pire que d’habitude, il entama la discussion sur la question qui le taraudait depuis la veille. Il aurait bien tenté d’en parler avec lui à ce moment-là mais O’Neill était tellement furieux que le jeune archéologue avait jugé bon de patienter un peu.

- Alors ? Que vous a dit Hammond hier ?

Le froncement de sourcil de son ami ne présageait rien de bon… Jack resta silencieux quelques secondes, suffisamment pour que le jaffa et Daniel comprennent que la réponse n’allait pas leur plaire.

- … Il nous laisse encore quinze jours et après, quelqu’un viendra la remplacer, finit-il par lâcher avant d’avaler une gorgée du breuvage.
- Quinze jours… murmura Daniel en fermant les yeux. Je pensais qu’ils nous donneraient plus de temps…
- Nous n’avons plus aucune piste de valable… Selon la Tok’ra, elle n’est plus sur Tin’ac et nous n’avons aucune idée de l’endroit où elle a pu être expédiée… Aux yeux de l’état major, elle est officiellement « portée disparue »…
- Et dans 15 jours, les recherches seront abandonnées, finit Teal’c sombrement.
- … Officiellement abandonnées… murmura Jack.


15 jours plus tard
Salle de Briefing

Le Major Mike Summers croisa et décroisa nerveusement les jambes. L’attente devenait un véritable supplice. Il faut dire qu’il savait parfaitement qu’il n’était pas le bienvenu ici... On l’avait mis en garde à la minute même de sa venue au SGC, deux jours auparavant.

Il y a quelques semaines de cela, compte tenu de ses remarquables états de service, on lui avait proposé de faire partie d’une unité secrète dirigée par le Général Hammond. Aux dires de ses supérieurs, cela semblait être pour lui la chance de sa vie. Il n’avait donc pas hésité et avait signé. Autant dire que lorsqu’il était arrivé à Cheyenne Mountain et vu la Porte des Etoiles pour la première fois, il n’en crût pas ses yeux. On l’avait installé ensuite dans une salle remplie de rapports et il avait plongé avec effarement et délectation dans l’univers des équipes SG.

Evidement, celle qui retint de suite son attention fut SG1. Qui n’aurait pas un jour rêvé de faire partie de cette escouade ?

… A présent, assis en salle de briefing, il regrettait amèrement de voir son vœu se réaliser…

Bien sûr, sa première réaction à cette nouvelle avait été de sauter de joie ! SG1 ! La meilleure équipe !! Et puis il avait appris qu’il remplacerait le major Carter disparue en mission. Il savait mieux que quiconque que prendre la place d’un membre d’un groupe était extrêmement délicat. Encore plus lorsqu’il s’agissait d’une personne qui, aux dires de son supérieur hiérarchique, était , je cite : « irremplaçable ».

Il n’avait pas encore rencontré le Colonel O’Neill mais en avait beaucoup entendu parlé. De son changement surtout. En effet, cela faisait à présent un mois que le Major Carter avait disparu et son absence s’était fortement faite ressentir au sein de la base. Surtout parmi les membres de SG1. Il ne savait donc pas du tout à quoi s’attendre.

En lisant leurs rapports, il avait déjà pu se faire une idée du caractère de chacun.
Succinctement, Daniel Jackson semblait être un grand passionné, assez tête en l’air et humaniste dans l’âme. Teal’c, l’extraterrestre, peu loquace et direct avait tout de la parfaite machine de guerre, bien qu’en lisant les rapports d’O’Neill, Mike sentait qu’il ne fallait pas s’arrêter à cette image. Il se ferait sa propre opinion en le rencontrant. Quant au major Carter, elle avait tout d’une superwoman. Intelligente, soldat efficace, experte dans la Porte des Etoiles, il comprenait mieux ce que « irremplaçable » signifiait…
Et enfin le Colonel Jack O’Neill… C’était celui qu’il appréhendait le plus de voir. Officier reconnu comme étant l’un des meilleurs jamais employé par l’Air Force, il était devenu une véritable légende vivante. Aucune décision majeure n’était prise sans un avis préalable de sa part. Son opinion était sans conteste déterminante quant à son avenir au SGC… Et il devait remplacer son second… A chaque rapport de mission, O’Neill ne tarissait pas d’éloges sur le Major Carter. Il était évident qu’il avait un profond respect pour elle. Il se demandait même parfois s’il n’y avait pas davantage… Mais ça, ça ne le regardait pas. Quoiqu’il en soit… Il se trouvait dans de beaux draps, maintenant…

La porte s’ouvrit enfin laissant le passage au Général Hammond. Mike se leva aussitôt et se mit au garde à vous, attendant que son supérieur le salut à son tour.

- Repos, Major… SG1 ne devrait plus tarder.

Mike, prenant alors son mal en patience, s’attarda sur le visage fatigué du général. Il l’avait déjà croisé à Washington il y a quelques mois de cela mais à l’époque, bien que soucieux, il avait bien meilleure mine que maintenant : il semblait presque sur les rotules. Une de ses sources lui avait appris que le père du Major Carter était très ami avec lui et qu’Hammond avait connu la jeune femme alors qu’elle n’était qu’une enfant. Pas étonnant qu’il soit plus ou moins anéanti par sa disparition.

Des pas retentirent soudain, provenant de l’escalier au milieu de la pièce. Teal’c et le Docteur Jackson pénétraient dans la salle de Briefing. Le regard scrutateur de Mike croisa celui plus sombre des deux hommes.

Ca présage rien de bon… songea-t-il devant la mine glaciale de ses nouveaux coéquipiers.

Il avait espéré, l’espace d’un instant, avoir au moins un peu de soutien de la part de l’archéologue mais il déchanta aussitôt. Celui-ci l’observait froidement, soutenant sans peine son regard. Il avait songé à plusieurs reprises que Jackson devait être quelqu’un de modéré, compréhensif… Il faut croire que la disparition du Major Carter l’avait quelque peu changé. Mais, au bout de quelques minutes, il décela cependant quelque chose qui ressemblait à... de la compassion…

A moins qu’il ne s’agisse de pitié, songea-t-il soudain, un nœud à l’estomac, tandis que d’autres pas résonnaient dans les escaliers…

Le Colonel O’Neill faisait son entrée, les mains dans les poches, la mine sombre. A peine arrivé dans la salle, il tourna la tête vers Mike, jaugeant le nouveau venu. Il s’arrêta au milieu de la pièce et regarda avec animosité le Major Summers se mettre au garde à vous.
Apparemment, il n’allait pas lui faciliter la tâche, songea le jeune homme, attendant que son supérieur le libère d’un signe de la main.

- Colonel… intervint alors le Général.

A contre cœur, Jack finit par le saluer et s’assit à la table où ses coéquipiers l’attendaient déjà.

- Bien… commença Hammond s’asseyant à son tour et invitant Mike à faire de même. Puisque vous êtes tous là, je vous présente le Major Summers.

Il se tourna alors vers O’Neill :

- Colonel, puisque vous avez expressément demandé un militaire et non un scientifique pour remplacer le Major Carter, je vous ai choisi l’un de nos meilleurs éléments.

Mike sourit intérieurement à ces mots. Ça faisait toujours plaisir à entendre…

- Je n’ai jamais demandé de remplacer Carter, grogna Jack aussitôt.
- Vous m’avez très bien compris, Colonel, répliqua Hammond.

O’Neill posa alors bruyamment le crayon qu’il tenait dans la main et se tourna vers Mike.

- Que ce soit bien clair, Summers. L’équipe SG1 ne fait plus d’exploration, ni de mission diplomatique. A présent, nous nous concentrons exclusivement sur notre combat contre les Goa’uld. Vous n’êtes ici que pour nous aider à retrouver Carter. Et une fois que ce sera fait...
- Je changerai d’équipe, coupa Mike, comprenant de suite où il voulait en venir. C’est tout à fait normal, je comprends parfaitement. Je ferai tout pour vous aider à la retrouver, Mon Colonel.

Ces mots semblèrent apaiser quelque peu O’Neill.

- Le but reste, cependant,
officiellement, de découvrir des technologies susceptibles de combattre les Goa’uld… reprit alors Hammond. Retrouver le Major Carter n’est pas une priorité.
- Mais officieusement, elle l’est, bien sûr, rajouta Jack afin que les choses soient bien claires.
- J’ai compris, Mon Colonel. Le Major Carter est la priorité.

Le général Hammond acquiesça tandis que Jack clôturait la discussion :

- Bienvenue dans l’équipe, Summers.

 


Plusieurs semaines s’écoulèrent.
SG1 accumulait les missions dangereuses et s’en sortait pourtant sans trop de dommages. Il faut dire qu’ils étaient tous extrêmement prudents, conscients que, s’ils venaient à disparaître, Carter serait définitivement perdue.

Tout au long de cette période, Mike découvrait peu à peu la vraie personnalité de ses coéquipiers. Il apprit surtout combien ils avaient changé depuis la disparition du Major. Nombre de rumeurs et de discussions à ce sujet avaient cours dans les couloirs du SGC.

Daniel passait la plupart de son temps libre non plus dans son bureau entouré de ses bouquins mais dans la salle de sport afin de se perfectionner en combat rapproché. Il ne délaissait pas pour autant son travail mais estimait qu’il lui était nécessaire de se perfectionner au corps à corps, compte tenu de la nouvelle nature de leurs missions.

Teal’c méditait deux fois plus souvent maintenant qu’à l’époque où il avait encore un symbiote dans le ventre…

Quant à Jack, il avait tout simplement perdu son sens de l’humour. Un vrai tyran ! Exigeant et autoritaire. Il n’y avait qu’en présence de Daniel et de Teal’c qu’il retrouvait un semblant « d’humanité ». Il faut dire que ces trois-là étaient plus soudés que jamais. On avait dit à Mike qu’à l’origine O’Neill et Jackson ne s’entendaient pas très bien. Rien de méchant mais de grosses divergences d’opinions… Eh bien ces temps-là semblaient être révolus. Ils étaient tous deux aussi intransigeants l’un que l’autre.

Bref ! L’ambiance était on ne peut plus pesante !

Mike, pourtant rompu aux pires situations, avait bien du mal à tenir le coup. Les missions difficiles se succédaient à une vitesse incroyable, O’Neill se portant volontaire dès que le mot Goa’uld était prononcé. Aucun de ses deux coéquipiers et amis n’y voyait à redire. Ils l’auraient suivi en enfer s’il l’avait demandé. Teal’c s’en sortait très bien. Il faut dire qu’il avait le physique et l’endurance adéquate. En revanche, il imaginait aisément ce que ce rythme intensif pouvait provoquer chez Daniel. Malgré ses efforts, celui-ci n’était pas un homme de terrain. Lorsqu’il rentrait de mission, il avait généralement bien du mal à rejoindre ses quartiers et s’endormait la plupart du temps à l’infirmerie. Le lendemain, il repartait sans un mot, sans se plaindre…

Quant au Colonel, il faut bien avouer que, malgré sa remarquable constitution, il n’était plus tout jeune. Mike ne comptait plus les fois où il avait vu Jack aller voir le Docteur Frasier pour se plaindre de douleurs aux genoux, au dos. Ses vieilles blessures lui en faisaient baver. Et compte tenu de son aversion pour tout ce qui portait une blouse blanche, on pouvait aisément imaginer combien il devait souffrir pour se rendre à l’infirmerie de son plein gré.

Il arrivait parfois au Général Hammond d’intervenir pour les inciter à prendre du repos mais la plupart du temps il se faisait tout simplement rembarrer par son second. Voyant O’Neill aussi buté, il avait rapidement abandonné l’idée de leur imposer des congés. Il n’arriverait à rien, il le savait.

Et de toutes façons, ils étaient seuls. C’était à eux de la retrouver. Ils avaient espéré l’aide de la Tok’ra pour infiltrer Tin’ac, mais ces deniers avaient rapidement perdus la trace de la jeune femme. Elle n’était restée que quelques heures sur cette planète avant d’être envoyée ailleurs… on ne savait où. Jacob, le père de Sam faisait des pieds et des mains pour la retrouver mais le peu d’autorité qu’avait encore Selmac auprès de ses condisciples y mettait un sérieux frein. Il avait les mains liées et ne comptait plus que sur SG1 pour la sauver.

Les quelques rares fois où Jacob était venu sur Terre pour prendre des nouvelles, Mike avait senti un grand froid entre lui et O’Neill. Il avait vite compris que le père de Sam le jugeait responsable de ce drame, tandis que Jack, lui, courbait l’échine, écrasé par un profond sentiment de culpabilité. La réaction du Général Carter était logique. Lorsqu’on souffre trop, on a besoin de diriger sa frustration, sa colère vers une autre personne. O’Neill l’acceptait sans rechigner.

Ils avaient également demandé l’aide des Asgards mais ceux-ci n’avaient pas daigné répondre. Quelques semaines plus tard, cependant, ils étaient finalement venus mais non pas pour leur apporter leur secours mais pour demander un service à O’Neill. Celui-ci, furieux, avait envoyé promener Thor, lui signifiant clairement que puisqu’il ne l’aidait pas, il refusait de risquer sa peau pour eux. Sa vie était à présent bien trop importante. En effet, si SG1 était dissoute, c’était la fin des recherches, la fin de Carter. Hors de question qu’il se mette en danger pour « rien ».

Quelque peu gêné et désireux de ne pas créer un incident diplomatique entre les Asgards et la Terre, Hammond avait proposé l’aide d’une autre équipe SG mais Thor, peu confiant, avait refusé. Il était donc reparti les mains vides.
Mais par chance, il n’était pas rancunier.
Dès lors, le SGC était contacté régulièrement par les Asgards qui leur donnaient les coordonnées de planètes susceptibles de cacher des Goa’ulds. Deux fois plus de missions pour SG1.

Cela faisait à présent quatre mois que le Major Carter avait disparu. Mike avait dorénavant une vision assez concrète de la jeune femme et de sa personnalité. En effet, même absente, loin du SGC, il ne se passait pas une journée sans qu’il n'entende son nom, sans qu’on parle de ce qu’elle avait accompli, de ce qu’elle avait découvert, de ce qu’elle aimait ou détestait… Elle était toujours là, en fait. Personne n’en parlait au passé, personne n’aurait osé sous-entendre qu’elle ne reviendrait pas. SG1 la trouverait, ils n’abandonneraient pas. Jamais.

Mike se surprit à ressentir de la sympathie pour elle. Il ne la connaissait pas, ne l’avait jamais rencontrée mais il commençait à prendre pleinement conscience de l’importance qu’elle avait pour certaines personnes ici. Janet Frasier, par exemple. Sa meilleure amie. Dès qu’elle entendait SG1 rentrer de mission, elle accourait à la salle d’embarquement pour voir si Sam les accompagnait. Puis, la tête basse, elle retournait à l’infirmerie, préparant un lit pour Daniel afin qu’il puisse se reposer le plus tôt possible. C’était toujours la même chose. Depuis quatre mois, maintenant…

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Au même moment
Lieu inconnu

Ca faisait combien de temps, à présent ? Deux mois ? Six mois ? Un an ?… Une éternité. Carter redressa la tête et regarda sa prison. Les murs étaient noirs et humides. Des toux et des ronflements se mêlaient à des gémissements et parfois à des pleures. Sam se rembrunit.

A quoi cela servait-il de pleurer ? se récria-t-elle intérieurement, de mauvaise foi…

Elle aussi avait pleuré. Au début. Elle avait pleuré de frustration. Elle avait pleuré parce qu’elle avait faim, parce qu’elle avait froid, parce qu’elle était épuisée à creuser dans ces fichues mines. Elle regarda ses mains usées, blessées, sachant parfaitement qu’elles n’auraient pas le temps de guérir. D’autres coupures viendraient aussitôt les remplacer… Non ! Elle ne pleurerait pas. C’était terminé. Elle se souvint, honteuse, s’être effondrée en larmes, un jour, devant plusieurs Jaffas. Ils l’avaient regardée avec un tel mépris… Elle s’était aussitôt reprise. C’était terminé ! Elle ne flancherait plus ! Elle était forte ! Elle ne laisserait pas tomber!

Carter savait parfaitement qu’à des milliers d’années lumière d’ici, trois hommes cherchaient à la retrouver. Peu importait le temps qu’il faudrait, elle savait qu’ils ne renonceraient pas. Sam, elle, n’abandonnerait pas, à leur place. Ils finiraient par la rejoindre. Il fallait juste qu’elle tienne le coup suffisamment longtemps. Chose qui semblait plus facile à dire qu’à faire. Elle flottait à présent dans ses vêtements usés. Elle devait faire peine à voir.
Enfin… Elle ne devait pas se plaindre. On ne lui avait pas implanté de symbiote et les Jaffas qui la retenaient ne savaient visiblement pas qui elle était. Sans cela, elle serait certainement morte à l’heure qu’il est, après avoir été torturée pendant des heures. Non, elle ne devait vraiment pas se plaindre, songea-t-elle changeant de position pour étirer ses membres douloureux.

Malgré son état de fatigue extrême, Sam avait du mal à dormir. Chaque nuit, elle passait en revu toutes les possibilités de fuites qui étaient à sa portée mais à chaque fois, elle en arrivait à la même conclusion : quand bien même elle réussissait à rejoindre la Porte, elle se retrouverait immanquablement confrontée à l’iris infranchissable de la Terre.
« Quand bien même »
De toute façon, il lui faudrait un miracle pour parvenir à échapper à ses geôliers.

Elle avait longtemps espéré la présence de rebelles Jaffas ou d’espions Tok’ras parmi eux, mais elle avait finit par abandonner cette idée. Si cela avait été le cas, SG1 aurait déjà tenté depuis longtemps de la faire sortir d’ici.

Alors elle attendait… Elle ne savait pas au juste où elle trouvait la patience et la force lui permettant de tenir le coup. Elle se surprenait elle-même. Peut être était-ce parce qu’elle avait une foi totale en ses amis. Sam avait pourtant bien conscience que la chercher était comme chercher une aiguille dans une botte de foin mais peu importe. Le Colonel ne la laisserait pas tomber. Ni Daniel, ni Teal’c. Ils devaient en ce moment même remuer ciel et terre pour glaner quelques informations susceptibles de leur servir dans leur quête. Son père les aiderait également. Peut-être même que les Asgards leur donneraient un petit coup de main… Oui… C’est ça qui lui donnait l’énergie de survivre. Plus que l’espoir d’être retrouvée, c’était la certitude d’être recherchée…


Un grondement sourd se fit brusquement entendre, réveillant un à un les prisonniers. Les murs se mirent à trembler, soulevant la poussière, empoisonnant l’air autour d’eux, les faisant suffoquer. Des cris de panique résonnèrent autour de Sam tandis que certains prisonniers, les plus anciens, tentaient vainement de calmer les autres.

- Du calme ! Il ne s’agit pas d’un tremblement de terre mais simplement d’un vaisseau qui s’approche !

Un gros vaisseau alors, songea Carter, imaginant l’un d’eux se poser sur une des pyramides à quelques kilomètres des mines. Pourvu qu’il ne s’agisse pas d’un des Grands Maîtres Goa’uld.

S’il la reconnaissait, elle était perdue.




Plusieurs heures s’écoulèrent sans que personne ne s’occupe d’eux. Cela permit aux prisonniers de souffler un peu, même si l’arrivée d’un « Dieu » les terrorisait bien davantage que n’importe quels travaux forcés. Enfin, les portes s’ouvrirent dans un bruit métallique assourdissant. Plusieurs Jaffas, armes aux poings, pénétrèrent dans le cachot au milieu des gémissements apeurés. Au symbole doré que l’un d’eux exhibait fièrement, Sam comprit qu’ils avaient affaire à un Prima et à sa garde.

- Ke’i ! s’écria celui-ci.

Carter vit tout le monde poser un genou à terre et s’empressa de faire de même. Autant passer inaperçue. Le Prima s’avança au milieu d’eux, désignant un tel puis un autre. Ces personnes étaient aussitôt relevées et emmenées hors de la cellule. Sam baissa la tête, courba le dos espérant se fondre dans le décor. Mais le Jaffa s’arrêta devant elle. L’obligeant à se relever, il l’examina, hésitant, puis d’un geste de la main, ordonna qu’on l’emmène aussi.

Les dents serrées, la peur au ventre elle suivit ses compagnons d’infortune jusqu’à une salle possédant des anneaux de transport. Ni une, ni deux, ils se retrouvèrent sur le vaisseau Goa’uld. Ils furent ensuite lavés et changés puis emmenés vers leur nouveau maître.
Lorsqu’elle le vit, Sam fut quelque peu soulagée. Elle ne l’avait jamais rencontré.

- Ke’i ! A genoux devant votre Dieu Ammon ! s’exclama alors le Prima.

Le Goa’uld se leva et s’avança vers les prisonniers. L’hôte avait une trentaine d’année, le teint mât et le regard froid. Il passa devant ses nouveaux esclaves, semblant hésiter, puis finalement choisit trois d’entre eux. Un nœud vint se former dans la gorge de Sam. Elle avait été désignée… Désignée mais pour quoi ?

- Sha’lokma’kor ! gronda ensuite Ammon en désignant les autres prisonniers.

A ces mots, ceux-ci se mirent à hurler de peur, tentant vainement de fuir. Carter n’eut pas le loisir de voir ce qui allait advenir d’eux, on l’emmenait déjà vers une salle adjacente à celle où trônait le faux Dieu.


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Sam releva la tête et s’essuya le front. Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’elle servait Ammon. Il n’avait visiblement pas détecté la présence de Jolinar en elle, ce qui en soit était un véritable miracle. Elle faisait bien attention de toujours restée éloignée de lui, la peur au ventre. En parallèle, elle cherchait un moyen de fuir, mais elle dut vite se faire une raison… Sans Porte, elle n’avait aucune chance d’aller bien loin.

Elle apprit qu’ils devaient recevoir une délégation étrangère, d’où l’utilité des esclaves supplémentaires. Inquiète, Sam n’espérait qu’une chose, ne pas être obligée de croiser le regard des invités… Il ne fallait surtout pas qu’on la reconnaisse. Malheureusement, compte tenu de son physique agréable, elle avait été choisie pour faire partie des serviteurs lors de la réunion.
Ses cheveux ayant bien poussés, Carter tenta de cacher son visage derrière eux.

- Tu ne sers que notre Maître. Notre invité ne prendra rien, lui déclara alors un Jaffa.

Notre invité ? Tous ces esclaves, ces cérémonies pour une seule personne ? Elle devait être d’une grande importance… Et pourtant, elle ne prendrait aucun rafraîchissement…

« J’espère que ce n’est pas Anubis ! »
songea aussitôt Sam.

Elle prit alors le plateau contenant le verre d’Ammon et pénétra dans la salle de conférence. La tête basse, Carter se rapprocha du Goa’uld, l’oreille tendue.

- Je sais parfaitement tout cela, soyez en certain, grognait celui-ci. Cependant, il est hors de question pour moi de me contenter uniquement de ces restes…
- Il s’agit d’un traité que nous avons passé avec les Grands Maîtres, vous n’en faites pas partie, vous n’avez pas votre mot à dire, répondit une voix monocorde que reconnue aussitôt Sam, le cœur battant.

Les mains tremblantes, elle posa le verre devant Ammon puis redressa la tête, découvrant son visage. L’espace d’un instant, elle croisa le regard de Thor. Les yeux de celui-ci s’arrondirent sous la surprise puis se reprenant rapidement, il reporta son attention sur le Goa’uld.
Restait à espérer que celui-ci, qui ne lâchait pas son invité du regard, n’ait rien remarqué…

- Vous n’avez aucun droit sur ces mondes, reprit alors l’Asgard. Ils sont sous notre protection. Rompez ce traité et nous serons contraints d’intervenir.

Tandis que Sam se dirigeait vers la sortie, elle eut pleinement conscience de la fureur qui habitait soudain Ammon. Dire à un Goa’uld que ses pouvoirs, ses droits étaient limités était pure folie ! Seuls des Asgards pouvaient se permettre de prononcer de tels mots sans risquer de représailles, songea Carter le sourire aux lèvres. Enfin, elle sortit de la salle, l’espoir au cœur. Maintenant que Thor savait où elle se trouvait, Le Colonel ne tarderait pas à l’apprendre.


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Le lendemain
SGC

- Je suis désolé, Colonel ! C’est un ordre émanant directement du président ! Il a entendu dire que vous recherchiez le Major Carter davantage que des armes susceptibles de nous aider dans notre combat contre les Goa’ulds… Autant dire qu’il n’a pas apprécié !

Le Général et SG1, Mike compris, se trouvaient en salle de Briefing. Hammond et Jack étaient tous les deux, debout. Le ton montait dangereusement.

- Qui lui en a parlé !? s’exclama alors O’Neill, furieux.
- Je n’en ai pas la moindre idée ! … Vous savez combien ça me coûte de dire cela mais nous n’avons trouvé aucun renseignement sur le Major Carter depuis presque cinq mois ! Le but premier des équipes SG n’est pas la guerre ouverte contre les Grands Maîtres Goa’uld mais l’exploration et la découverte de nouvelles planètes. Chose que SG1 ne fait plus depuis très longtemps…
- Vous étiez le premier à nous soutenir lorsque nous avons continué les recherches malgré l’interdiction de la Maison Blanche… ! interrompit Jack au bord de la crise de nerf.
- Je sais cela, Colonel !! explosa soudain Hammond, faisant sursauter tout le monde.

Conscient qu’il venait de perdre son sang froid, son regard glissa sur les visages troublés de son auditoire. Même O’Neill s’était tu. Ce n’était pas tous les jours que le Général se mettait à hurler comme ça…
Celui-ci, soudain très las, passa une main tremblante sur son crâne chauve. Il était exténué, usé… Il allait donner sa lettre de démission mais avant cela, il devait convaincre Jack de ne pas faire de bêtises et de cesser les recherches. Enfin, les recherches actives. Il restait toujours l’espoir qu’ils la retrouvent au hasard d’une mission…

- C’est terminé, Colonel… finit par soupirer Hammond, trop conscient du visage de son second qui se décomposait sous ses yeux.
- Non ! s’exclama alors Daniel en se levant, rapidement suivi de Teal’c, qui par se geste appuyait le refus de son ami.

Force de ce soutien, Jack retrouva des couleurs.

- Il est hors de question que nous arrêtions, finit par déclarer O’Neill, le regard inflexible.

Un bruit sourd interrompit une discussion déjà houleuse et qui semblait loin d’être finie. Dans un léger nuage étincellent, Thor fit son apparition. Tous, d’un même mouvement, se tournèrent vers lui.

- Salutations, déclara simplement le nouveau venu à l’assemblée.

Reprenant ses esprits, Hammond s’approcha de lui.

- Bonjour Thor, que pouvons-nous faire pour vous ?
- J’ai une nouvelle qui devrait vous intéresser…

L’Asgard se tourna alors vers Jack qui venait de se rasseoir, suivi du reste de son équipe.

- … J’ai vu le Major Carter hier.

Un silence s’instaura tandis que la même expression d’incrédulité se dessinait sur les visages de chaque personne présente dans la salle. Cela faisait des mois qu’ils cherchaient le moindre indice, la moindre piste pour la retrouver et voilà que Thor venait leur annoncer qu’il l’avait vue… hier… O’Neill finit par se relever lentement, les mains posées sur la table, n’osant croire ce qu’il venait d’entendre.

- Quoi ? réagit-il enfin, essayant de maîtriser les battements de son cœur qui venait de bondir dans sa poitrine.
- Elle se trouvait dans le vaisseau d’un Goa’uld nommé Ammon. Elle lui sert visiblement d’esclave.

Thor se tut, attendant une intervention quelconque d’un des membres de SG1 mais la nouvelle venait à première vue de secouer tout le monde…

- … Elle va bien ? intervint alors Daniel, retrouvant l’usage de la parole. Comment était-elle ?

Celui-ci se retourna vers le jeune homme, le visage sans expression.

- … Vivante… , déclara simplement le nouveau venu, avare de commentaires sur la santé du Major.
- Vous lui avez parlé ? coupa le Général Hammond.
- Non. Ammon ne sait pas qui elle est. Heureusement pour elle, d’ailleurs.
- Pourquoi ne pas l’avoir ramenée avec vous ? intervint de nouveau Daniel.
- Je n’en ai pas le droit. Si les Grands Maîtres apprenaient que je m’immisçais ainsi dans leurs affaires, notre traité serait caduque. Et vous savez que nous n’avons pas les moyens de rentrer en guerre contre eux.

Un nouveau silence s’instaura quelques secondes dans la salle. Chacun avait conscience que leurs recherches auraient pu se terminer à l’instant même, si Thor était revenu avec Sam.

- Qui est ce Goa’uld ? Est-il dangereux, demanda alors Jack, retrouvant l’usage de la parole et ses réflexes de militaire ?
- Ils le sont tous, O’Neill, répliqua l’extraterrestre. Celui-ci particulièrement en ce moment. Il cherche à se faire une place parmi les Grands Maîtres et s’il apprend que le Major Carter fait partie des guerriers de la Terre, s’en est fini d’elle. Il est parfaitement au courant des dégâts que vous causez aux Goa’ulds, surtout depuis quelques mois… Quelle meilleure façon d’entrer parmi les Grands Maîtres que de leur apporter le moyen de détruire votre planète.
- Carter ne dira rien, réagit aussitôt Jack.
- Peut être pas sous la torture mais… Ils ont d’autres moyens.

O’Neill balaya ces propos d’un revers de la main.

- De toute façon, nous allons la chercher ! répliqua-t-il en se tournant vers son supérieur, attendant son approbation.
- Bien sûr, répondit celui-ci. Quelles sont les coordonnées de la planète sur laquelle elle se trouve ?
- Il n’y a pas de Porte là-bas.

Nouveau silence.

- Contactons la Tok’ra, proposa Mike qui s’était contenté d’écouter jusqu’ici. Je suis sûr que le Général Carter se fera un plaisir de nous aider.


Un peu plus tard
Quartier du Colonel O’Neill

Il ne pourrait jamais dormir… SG1 devait attendre que Jacob reprenne contact avec eux pour pouvoir organiser la mission de secours. Tiraillé entre l’allégresse de la savoir vivante, l’excitation à l’idée de la revoir et la terreur que tout ça tourne mal, O’Neill était bien incapable de fermer l’œil.
Il se leva, fit les cent pas, s’assit quelques instants puis se releva de nouveau. L’attente était décidément le plus difficile à vivre. Si seulement cette foutue planète avait eu une porte, elle serait peut être déjà là, à l’heure qu’il est !

Daniel était directement allé prévenir Janet, une fois Thor parti. Celle-ci les avait aussitôt fait appeler à l’infirmerie pour une petite vérification de routine et leur avait administré un cocktail survitaminé de son invention. Elle aurait peut être mieux fait de leur filer ça avant le départ en mission. Il était trois heures du matin et il n’avait toujours pas sommeil ! Très efficace ce mélange ! A coup sûr, Space Monkey devait sauter comme une puce dans sa chambre ! A moins qu’il ne soit encore en train de s’entraîner avec Teal’c.

Il avait fait de remarquables progrès depuis quelques semaines. Il faut dire qu’il n’avait pas ménagé ses efforts. Jamais Jack n’aurait cru que Daniel cachait autant de ressources en lui. Beaucoup à sa place aurait abandonné. Il voyait bien que même Summers avait du mal à suivre, et pourtant c’était un homme surentraîné. Pas mauvais cet officier, d’ailleurs, dut reconnaître O’Neill à plusieurs reprises. Il leur avait souvent sauvé la peau et malgré le fait qu’il ne connaisse absolument pas Carter, il n’en restait pas moins très impliqué dans leurs recherches. Il le recommanderait au Colonel Parker qui dirigeait SG2. Celui-ci avait du mal à s’entendre avec son second. Summers ferait parfaitement l’affaire. Bien sûr, c’était au cas où Carter reprendrait sa place…

Ça faisait cinq mois maintenant. Cinq mois qu’elle n’était plus là. Cinq mois qu’il ne vivait plus. Il avait l’impression étrange d’être en sursis. Le matin, il se levait et sa première pensée allait vers elle.

Comment la trouver ?
Sait-elle qu’on la cherche ?
Tient-elle le coup ?
Et puis il se couchait et sa dernière pensée était encore tournée vers elle.
A-t-elle un endroit confortable pour dormir ?
Est-ce qu’elle mange correctement ?
Est-elle bien traitée ?…

Et surtout…

Est-elle vivante ?

Maintenant il avait la réponse à cette question qui le torturait tous les jours, à chaque instant. Oui, elle était vivante. Oui, il allait la revoir. Et oui, il avait une chance de lui parler et de le lui dire…


Quelques heures plus tard

« Activation de la Porte Non Programmée ! »

- Enfin ! grogna Jack…

SG1, réunie en salle de Briefing dans l’attente de la Tok’ra se leva aussitôt et descendit en courant dans la salle de commande. Le Général se trouvait déjà sur place.

- Un signal, demanda aussitôt O’Neill en s’approchant de son supérieur ?
- C’est la Tok’ra, Monsieur, répondit Harriman.
- Ouvrez l’iris, ordonna Hammond tandis qu’il se dirigeait, suivi de son équipe phare « au grand complet », vers les escaliers qui menaient à la salle d’embarquement.

A peine arrivés, ils virent Jacob sortir du vortex et s’arrêter aussitôt lorsqu’il découvrit les cinq hommes l’attendant en bas de la rampe… Le cœur battant, comprenant qu’ils devaient s’agir de Sam, il finit par retrouver l’usage de ses jambes et descendit pour les rejoindre, scrutant nerveusement les visages tournés vers lui. Son cœur se réchauffa violemment lorsqu’il vit la flamme de l’espoir brûler dans les yeux de SG1 et d’Hammond.

- On sait où elle est, dit simplement O’Neill.



Rejoignant rapidement la salle de Briefing, ils expliquèrent dans les grandes lignes ce qu’ils avaient appris de la bouche de Thor. Jacob, refusant d’attendre plus longtemps, les incita à se préparer et ni une ni deux, ils passèrent tous ensemble la Porte afin de rejoindre la base Tok’ra la plus proche de la planète où Sam était prisonnière. Ils montèrent ensuite dans un vaisseau cargo et partirent sans plus attendre.
En approche de la planète, ils analysèrent les lieux. Jacob, soucieux, laissa échapper un grognement contrarié.

- C’est étrange…
- Qu’y a-t-il, demanda Daniel, rejoignant le Général Carter à l’avant tout en finissant d’attacher son gilet par balle ?
- J’ai analysé le vaisseau Goa’uld et je n’ai détecté que très peu de monde à l’intérieur.
- Ce n’est pas normal ?
- Pas trop non… Où sont passés les autres gardes?
- Pas sur cette planète visiblement, intervint Teal’c qui s’occupait de l’analyse terrestre.

Jacob s’approcha de l’écran du Jaffa et regarda à son tour, recalculant les données.

- Ça ne me dit rien qui vaille…
- Peu importe…

O’Neill venait de les rejoindre et avait entendu la conversation.

- On y va.

D’un même geste, Teal’c et Daniel se levèrent et suivirent Jack afin de se mettre au milieu des anneaux de transport.

- Major, qu’est-ce que vous fichez, grommela O’Neill voyant Summers fouiller dans une sacoche ?
- On a oublié la trousse de soin, au cas où…

Une fois celle-ci glissée dans sa poche, il rejoignit SG1.

- Bonne chance, intervint Jacob, le regard grave.

Jack acquiesça.

- Allez-y !



Lorsqu’ils arrivèrent à l’intérieur du vaisseau grâce aux anneaux de transport, ils furent surpris de ne trouver personne. Même pas un ou deux gardes… Ne perdant pas de temps à se poser de vaines questions, SG1 se sépara afin de couvrir le plus de distance possible en un minimum de temps.

- Mon Colonel, appela Summers au bout de quelques minutes.
- Je vous écoute, Major.
-
Il n’y a aucun Jaffa dans ce vaisseau. Uniquement des esclaves…
- J’avais remarqué…
- Je trouve ça louche, O’Neill, intervint Teal’c. Il s’agit certainement d’un piège. Nous ne trouverons pas le Major Carter ici.

Jack acquiesça silencieusement. Il était à présent en face des cellules du vaisseau, il n’y avait personne à l’intérieur.

-
Jack !! s’exclama tout à coup Daniel.
- Aouch ! Ne criez pas comme ça !
-
Je suis dans la salle de contrôle ! Il faut vite sortir de là !!!
- Comment ça ?
-
L’autodestruction du vaisseau a été programmée ! Il nous reste à peine 3 minutes pour partir!
- Quoi ?? Il ne devrait pas y avoir des sirènes ou une grosse voix nous conseillant de vider les lieux ?
-
Elle est silencieuse ! Teal’c a raison ! C’est un piège ! finit par crier Daniel tandis qu’il s’élançait déjà dans les couloirs.
- Tous aux anneaux de transport !!! Vite !! hurla Jack.
-
Et les esclaves ??
- On n’a pas le temps !



FLASHBACK
Quelques heures plus tôt
Vaisseau d’Ammon

- Ton nom, demanda Ammon sèchement ?

Carter avait été mandée par ce dernier après la réunion.

- … Sam, mon Maître, répondit-elle en s’inclinant humblement devant lui.

Le Goa’uld se leva et s’avança vers elle. Les mains moites, le cœur cognant lourdement dans sa poitrine, la jeune femme attendit patiemment qu’il arrive à son niveau. De la main, il redressa sa tête et scruta son visage. Carter baissa docilement les yeux, sachant qu’il n’aimerait pas qu’elle affronte son regard. Un esclave ne faisait jamais ça.

- Sam, répéta Ammon après réflexion.

Soudain, sans prévenir, il écarta le col de la tunique que portait la jeune femme à la recherche de quelque chose.

« Mes plaques ! » songea-t-elle épouvantée. Heureusement, elle ne les portait jamais sur elle. Les Goa’uld connaissaient bien les terriens maintenant. Ils savaient parfaitement qu’ils portaient des colliers avec leur nom inscrit dessus. De peur qu’Ammon ne les remarque un jour, Carter les avait cachées dans ses quartiers, sous la paillasse où elle dormait.

Se doutait-il qu’elle venait de la Terre ? Comment avait-il pu deviner ?

Frustré de ne rien trouvé, il referma le vêtement de la jeune femme d’un geste vif puis se détourna et alla se rasseoir sur son trône. Son Prima apparut à cet instant. Après avoir salué son Dieu, il s’approcha et lui remit quelque chose.
La jeune femme attendit, jetant un œil furtif aux deux hommes en train de parler à voix basse. Un frisson désagréable la parcourut lorsqu’elle croisa le regard victorieux d’Ammon.
Le Prima s’éloigna tandis que le Goa’uld, tenant quelque chose dans sa main, prononçait ces quelques mots :

- Samantha Carter…

Le cœur de la jeune femme s’emballa. Les doigts d’Ammon se desserrèrent, libérant la chaîne ainsi que ses deux plaques d’identification.

« J’aurais mieux fait de les jeter ! » songea-t-elle inutilement.

D’un geste vif, elle remit ses cheveux derrière les oreilles et se redressa fièrement. Elle redevenait le Major Carter.

- Membre de SG1 si je ne m’abuse ! Et vous étiez sous mes yeux depuis le début.
- En effet ! Vous n’êtes pas très perspicace, rétorqua-t-elle alors, arrogante.

A ces mots, les yeux d’Ammon s’illuminèrent dangereusement, mais il se reprit très vite.

« Un Goa’uld patient… ça alors ! »

- Malgré tout, je t’ai découverte ! Il faut dire que Thor n’a pas été très discret. J’imagine qu’il est aussitôt parti prévenir la Tau’ri qu’il vous avait trouvée. Les Grands Maîtres Goa’uld ne comprenaient pas pourquoi, depuis quelques mois, les tiens s’attaquaient aussi souvent à eux… Ils te cherchaient, n’est-ce pas ?

Ces mots firent sourire Carter bien malgré elle. Elle le savait ! Ils avaient retourné ciel et terre pour la retrouver !
Voyant que la jeune femme ne prononcerait plus un mot, Ammon continua donc son monologue.

- Ils vont donc certainement tenter de venir te chercher… ici…

A ces mots, le sourire de Sam s’évanouie.

- Et bien je leur réserve une surprise. Si SG1 est détruite, les Grands Maîtres seront bien obligés de m’accepter parmi eux en remerciement… Je suis vraiment très heureux de faire ta connaissance Samantha Carter…



MAINTENANT
Vaisseau cargo

- Eh bien ! C’était moins une ! s’exclama Daniel en s’accrochant à ce qu’il pouvait.

La déflagration due à l’explosion faisait trembler dangereusement le vaisseau.

- Ca va aller ? demanda Mike, inquiet.
- Oui, nous avons échappé au pire, lui répondit Jacob, alors que le calme revenait à bord.

Un bruit sourd se fit soudain entendre derrière eux provenant de la salle des anneaux de transport. Des jurons vinrent se mêler à une série de grondements violents. Ils virent passer à travers l’ouverture de la porte des caisses et d’autres objets divers de part et d’autres de la pièce. Visiblement quelqu’un était en train de défoncer à coup de pieds et de poings tout ce qui se trouvait à sa portée.

- Qu’est-ce que…, commença Daniel voulant aller voir ce qui se passait.

Il fut arrêté par Teal’c.

- Laissez-le. Je crois qu’O’Neill a besoin d’être seul quelques instants.

Tous regardèrent le Jaffa, puis comme il était venu, le bruit cessa soudain. Ils tendirent l’oreille mais plus aucun son ne leur parvenait. Jacob rompit le silence.

- Je vais aller lui parler.

Il se leva et entra dans la salle des anneaux. Tout était sans dessus dessous. Il finit par trouver O’Neill dans un coin, assis par terre, la tête entre les mains. Il hésita. Depuis la disparition de Sam, il n’avait pu s’empêcher d’en vouloir à Jack. C’était injuste, il en avait parfaitement conscience mais c’était plus fort que lui. Il avait eu besoin de rejeter la responsabilité de cette perte insupportable sur quelqu’un. Et O’Neill l’avait accepté, sans jamais se plaindre. Mais c’était peut être devenu un fardeau trop douloureux à porter. D’autant que Jacob avait parfaitement conscience des sentiments qu’il avait envers sa fille. Il le savait depuis longtemps déjà. Il n’en avait jamais parlé avec Sam. Ils n’étaient pas assez « intimes » pour qu’elle se confie à ce sujet. Mais il était suffisamment perspicace pour comprendre que tous les deux étaient liés l’un à l’autre. Implicitement, sans aucun doute mais liés quand même. Jack devait souffrir sûrement autant qu’il souffrait.

- Vous ne l’aiderez pas en faisant ça, dit-il seulement, la voix plus cassante qu’il ne l’aurait voulu.

O’Neill ne releva pas pour autant la tête.

- Et si elle était sur ce vaisseau…? murmura-t-il.
- Non. Ammon savait que nous allions venir la chercher. Il ne l’aurait pas laissée à bord au risque que son plan ne marche pas et qu’elle lui échappe. Il l’a emmenée avec lui.
- Et il va la torturer…

Ces paroles broyèrent le cœur de Jacob l’empêchant de parler pendant quelques secondes. Que pouvait-il rajouter à ça ? Oui, il allait la torturer…
Incapable de trouver les mots pouvant les soulager, car il n’en existait tout simplement pas, il finit par se laisser glisser à côté de Jack tandis que celui-ci redressait la tête. Ses traits étaient tirés, son visage crispé par la terreur à l’idée des souffrances qu’elle traversait peut être à l’instant même. Le regard des deux hommes se croisa. La même angoisse se lisait dans leurs yeux.

- Il faut qu’on la retrouve. Maintenant je sais quel Goa’uld chercher, souffla Jack. Je ne le lâcherai pas.


Au même moment
Vaisseau d’Ammon

Sam reprit conscience.

Où se trouvait-elle ?

Ouvrant les yeux, elle réalisa qu’elle était enfermée dans une sorte de … cercueil lumineux… Un sarcophage… Elle était morte. Quelques instants tout du moins.

Elle se souvenait. On l’avait torturée, longtemps, doucement. Jamais elle n’avait autant souffert de sa vie. Et visiblement, cela allait durer encore un certain temps, songea-t-elle tandis que son tombeau s’ouvrait. Elle tenta de se relever mais son corps l’en empêchait. Elle devrait attendre encore un peu.
Carter pensa soudain à Jack. Il avait vécu la même chose il y avait un ou deux ans. Après avoir été possédé par un Tok’ra, il avait été fait prisonnier et torturé pendant des jours… Etait-ce ce qui l’attendait ? se demanda-t-elle la peur au ventre. Depuis sa capture, ce nœud à l’estomac ne la quittait plus. Elle se réveillait et se couchait avec… Elle songea avec cynisme qu’il serait miraculeux si, tout au long de sa vie, elle n’attrapait pas un ulcère.

Des images de son supplice vinrent s’insinuer soudain dans son esprit, la glaçant jusqu’au sang. Comment ne pas devenir complètement fou ? Que Jack ait gardé toute sa tête après un tel traitement était un véritable miracle… Mais c’était un homme fort, avec un mental solide et armé contre ce genre de chose. Elle, elle n’avait pas son passif…

Ne s’en construisait-elle pas un, en ce moment même ? pensa-t-elle alors avec ironie…

Sam se força à rediriger ses pensées vers son supérieur. Cela lui évitait de songer à ce qui l’attendrait dès qu’on comprendrait qu’elle était de nouveau prête pour une séance de torture…
Par quoi était-il passé, dans toute sa vie? Elle ne le saurait certainement jamais. Il n’était pas homme à se confier facilement. Peut-être qu’un jour, si les choses changeaient entre eux, elle finirait par en savoir davantage. Elle le connaissait sans vraiment le connaître. C’était assez paradoxal, en fait. Mais ce qu’elle savait de lui était suffisant pour l’aimer. Et s’il l’aimait un temps soit peu aussi fort qu’elle tenait à lui, il devait être totalement rongé par l’inquiétude.

Carter n’arrivait pas à savoir depuis combien de temps elle avait été capturée mais cela devait bien remonter à plusieurs mois. Peut-être autant qu’O’Neill lorsqu’il avait été bloqué sur Edora. Sauf qu’il avait eu une compensation à rester sur cette planète, songea-t-elle un pincement au cœur tandis que l’image de Laira lui traversait l’esprit. Pour Sam, cela avait été un véritable cauchemar. L’incertitude la torturait presque autant que l’idée intolérable et révoltante de sa mort.

Etait-ce pareil pour lui, à présent ? Songeait-il à sa mort ? … Sa mort… Non ! Ne pas penser à ça ! … A autre chose ! Et si elle rentrait un jour… Oui, ça c’est mieux. Si elle rentrait un jour. Quelle serait sa réaction ? Il lui sourirait simplement, soulagé ? Il la prendrait dans ses bras, comme il le faisait parfois lorsqu’elle revenait de loin…? C’était certainement le mieux qu’elle puisse espérer de sa part, mais c’était déjà trop aux yeux de l’armée donc elle devrait s’en contenter.

Sam sentit tout à coup ses membres se détendre. Elle tenta de bouger un bras, puis l’autre… ça y est ! Elle se redressa doucement afin de regarder la salle. Il n’y avait personne. Ni une ni deux, le cœur battant la chamade, Carter sauta hors du sarcophage et s’approcha doucement de la porte. Celle-ci s’ouvrit aussitôt, la faisant sursauter. Derrière elle se trouvaient plusieurs Jaffas qui pointaient leurs Zats dans sa direction… Sam se redressa et leva les mains, résignée.


Vaisseau cargo

- Ici Klu’il, vous m’entendez, Jacob ?
- Je vous entends oui, répondit aussitôt l’intéressé.
- Je viens de recevoir un message du Général Hammond. Les équipes SG7 et SG12 sont aux prises en ce moment même avec un vaisseau mère Goa’uld sur P2X126. Ils ont besoin d’aide de toute urgence. L’accès à la Porte leur a été coupé. Ils n’ont plus aucun moyen de rentrer. Cette planète est proche d’où vous êtes… Il souhaiterait que SG1 aille les chercher. Je vous transfère les coordonnées…

O’Neill se tourna vers ses compagnons. Lui avait déjà pris sa décision. Plutôt qu’attendre, il n’avait qu’une envie : se défouler…
L’équipe acquiesça d’un même mouvement, tandis que Jacob entrait déjà dans l’ordinateur de bord les nouvelles coordonnées qu’il recevait du Tok’ra.

- On va les chercher !
- Je transmets la nouvelle à votre Général.


Une heure plus tard
P2X126

Jacob venait de les transférer dans le vaisseau Goa’uld et repartait rejoindre la base Tok’ra. Ce n’était pas sa mission. Il serait bien resté les aider mais on l’aurait reproché à Selmac. L’Alliance avec la Tau’ri avait été rompue. Le Tok’ra n’avait déjà que trop tiré sur la corde en utilisant un vaisseau cargo pour aider SG1 à retrouver la fille de son hôte. Il préférait garder le peu de liberté qu’il avait encore pour secourir Sam en temps voulu.

SG1 se trouvait dans le vaisseau arrimé à une pyramide sur P2X126. A l’heure actuelle, la majeure partie des troupes était à l’extérieur et tentait de dénicher les deux équipes SG. Teal’c et Jack se débarrassèrent des trois Jaffas qui gardaient les anneaux de transport et SG1 se déploya.

- Summers et moi allons visiter les cellules, au cas où, commença O’Neill en parlant à ses deux autres coéquipiers. Essayez, de votre côté, de rejoindre le générateur et de savoir à qui appartient ce vaisseau. D’ici, nous ne pouvons contacter les équipes SG… J’espère qu’ils vont pouvoir tenir le coup encore quelques minutes.

Puis d’un mouvement de la main, il indiqua à Teal’c d’ouvrir la porte.

- Allez !




Au même moment
Vaisseau Ammon

Sam reprit conscience. Où se trouvait-elle ? Ouvrant les yeux, elle réalisa qu’elle était de nouveau enfermée dans ce fichu sarcophage. Elle était morte. Encore une fois.

La séance de torture avait tourné court pour une raison qu’elle ignorait. Le Prima d’Ammon était venu interrompre son Maître alors même qu’il s’amusait à lui… Instinctivement, elle posa la main sur son ventre. Elle pouvait encore sentir le goût du sang dans sa bouche. Finalement il l’avait achevée. Le souvenir de cette douleur atroce encore vivace dans son esprit lui donna envie de vomir. Son corps se mit soudain à trembler tandis qu’elle sentait des larmes lui piquer les yeux. Elle les refoula très vite. Sam s’était promise de ne plus pleurer.

Le sarcophage était censé lui redonner une santé de fer et pourtant elle se sentait épuisée. Il faut dire qu’elle n’avait pas mangé depuis plusieurs jours maintenant et le peu d’eau qu’on lui donnait n’arrivait pas à étancher sa soif. Elle était complètement vidée physiquement et psychologiquement. Une vraie loque…

Son cercueil s’ouvrit. Elle tenta de bouger mais son corps s’y refusa une nouvelle fois.
Il ne lui restait plus qu’à attendre.


P2X126

Les cellules étaient vides. Aucune trace de prisonniers, constata O’Neill désespéré.

- Allez ! s’exclama-t-il alors furieux. Direction le générateur principal ! On va détruire ce foutu vaisseau !

Puis enclenchant son talkie-walkie, il commença à rebrousser chemin.

- Teal’c, vous me recevez ?
- Tout à fait, O’Neill.
- Vous avez des infos sur notre vilain méchant ?
-
Rien pour le moment.

Jack eut un mouvement d’agacement, semblant hésiter. Mike comprit de suite pour quelles raisons. Il voulait être sûr que ce vaisseau n’était pas celui d’Ammon avant de le faire sauter…

- Bon… Rendez-vous dans la salle du générateur. Le premier arrivé là-bas a gagné. Oubliez pas le C4. Mais avant tout, il faut désactiver les sécurités et le bouclier… Teal’c, vous saurez faire ça ?
-
Bien sûr, O’Neill.
- Jack !
intervint Daniel. Et si Sam était dans ce vaisseau ?
- Je sais… Ecoutez… Il y a deux équipes SG en bas qui ont besoin de notre aide, Daniel. Si vous pouvez vérifier à qui appartient cet engin, faite-le… Mais dépêchez-vous…
-
Compris O’Neill, répondit Teal’c.


Vaisseau d’Ammon

Lorsque Sam recouvra l’usage de son corps, elle se hissa hors du sarcophage et se cacha près de l’entrée, attendant l’arrivée imminente de Jaffas venant la chercher. Elle patienta pendant quelques minutes mais ne voyant rien venir, elle finit par sortir de sa cachette et s’approcha du panneau d’ouverture de la porte. Ne sachant quel était le code d’accès, elle força le boîtier, tritura les cristaux et…

- Sésame ouvre-toi, murmura-t-elle incrédule tout en allant se cacher tandis que la porte s’entrebâillait déjà.

Mais comment s’était-elle ouverte, c’était un véritable mystère… Il aurait fallu un disfonctionnement des sécurités du vaisseau pour permettre une telle chose… Enfin, peu importe ! Elle pouvait sortir ! Elle attendit, la respiration haletante, que quelqu’un vienne voir pourquoi la porte s’était soudainement ouverte mais en vain. Sam émergea donc de sa cachette et sortit prudemment de la salle.

Personne…

Le cœur plein d’espoir, elle s’élança alors dans les couloirs.

P2X126

- Vous avez entendu, Mon Colonel ?
- Entendu quoi ?
- Des pas…

Jack leva alors la main, demandant le silence puis comme aucun son ne lui parvînt, il reprit sa marche.

- Il n’y a plus personne…

Ils avaient croisé quelques troupes Jaffas mais pour l’heure ils n’avaient toujours pas été repérés. Un véritable miracle en soi.
Jack et Mike firent encore quelques mètres lorsqu’ils furent attirés par une salle dont la porte était curieusement entre-ouverte.

- Un sarcophage… Summers, allez voir s’il y a quelqu’un dedans… Teal’c ?
- O’Neill ?
- Des nouvelles ?
-
Toujours rien...
- … Fais chier !! grogna Jack, la radio coupée afin que nul ne l’entende.
- … Nous venons de désactiver le bouclier et les sécurités, continua le Jaffa.
- Très bien…

Mike revint vers lui.

- Personne, Mon Colonel.
- … On continue.

Ils marchèrent encore quelques minutes sans croiser personne, puis leurs talkies-walkies se mirent à crépiter.

-
O’Neill.
- Oui, Teal’c ?
-
Nous sommes devant le générateur.

Jack s’arrêta, le front soucieux. Il se tourna vers Mike le questionnant du regard. Celui-ci préféra ne rien dire. C’était à lui de prendre la décision.

- Que fait-on ? insista Teal’c.
- Allez-y. On se rejoint dans cinq minutes à la salle des anneaux.




Des kilomètres et des kilomètres de couloirs… Sans compter les centaines de portes… Dommage que les vaisseaux-mère Goa’uld ne soient pas tous fais dans le même moule. Ça faciliterait grandement les choses.
Sam s’arrêta quelques instants, le souffle court. Elle était épuisée. Un voile blanc passa devant ses yeux et elle dut poser un genou à terre pour ne pas tomber. Elle n’arriverait jamais à sortir de là…




Après s’être rejoins au beau milieu d’un couloir, les quatre membres de SG1 se dirigèrent au pas de course vers la salle des anneaux de transport. Au moment même où ils allaient déverrouiller la porte, celle-ci s’ouvrit laissant le passage à une dizaine de Jaffas. Reprenant très vite leurs esprits, SG1 déclencha de suite les hostilités. Plusieurs tirs furent échangés tandis qu’ils reculaient pour se mettre à l’abri.

- Il ne faut pas qu’on tarde trop, O’Neill !
- Je sais, je sais !

Sur ces mots, Jack lâcha son P90, se redressa et lança une grenade sur les Jaffas mettant un terme au combat…





L’explosion fit sortir Carter de sa torpeur.
On aurait dit le son que faisait une grenade… Les Goa’ulds n’avaient pas ce genre de technologie. Et s’il s’agissait d’une équipe SG !!!?
Le cœur battant à se rompre, Sam se remit vaillamment sur ses jambes et s’élança dans les couloirs.



Quelques minutes plus tard
Forêt de P2X126

SG1 n’avait pas fait dix mètres que déjà l’explosion du générateur se faisait entendre.

- Vite !! A la porte ! s’exclama Jack tandis que des cris résonnaient déjà tout autour d’eux.

Esclaves, Jaffas se retournèrent tous pour voir le vaisseau peu à peu, parcelle par parcelle exploser, se disloquer. Le souffle qu’allait produire la destruction du bâtiment ne tarderait pas à les atteindre. Tous se mirent à courir pour s’éloigner le plus possible.

- SG7 ! SG12 ! Ici le Colonel O’Neill ! Vous me recevez ?
- … Cinq sur cinq, Colonel ! On est content de vous entendre ! Merci d’être venu nous chercher !
- D’où vous êtes, vous devez entendre autre chose !
-
Affirmatif ! Le vaisseau d’Ammon est en train d’exploser !! C’est un sacré spectacle ! Les Jaffas sont complètement …

Mais Jack n’écoutait plus… Il ralentit l’allure et se retourna, le visage décomposé.

- O’Neill ! s’exclama Teal’c qui avait vu son ami freiner net lorsque le nom d’Ammon avait été prononcé.

Indifférent aux cris du Jaffa, Jack s’arrêta, inconscient du danger.
Il venait de la tuer. Il n’avait pas attendu et il l’avait tuée. Elle était morte... Elle était morte…
Une main le tira en arrière, lui faisant reprendre ses esprits.

- O’Neill ! Il faut partir ! Nous sommes encore trop près !

Il ne pouvait et ne voulait pas bouger mais Teal’c, ne l’entendant pas de cette oreille, empoigna la manche de son ami et l’incita à repartir. Machinalement, Jack se remit à courir. Ils rejoignirent rapidement le reste de SG1 qui avait ralenti l’allure pour les attendre. O’Neill croisa le regard ravagé de Daniel mais aucun mot ne fut prononcé.

- SG1 ! Nous avons réussi à rejoindre la Porte ! Nous entrons les coordonnées !
- … Ici SG1, finit par répondre Mike, voyant que le Colonel était bien incapable de dire un mot. On est là dans cinq minutes !

Ils durent se frayer un chemin parmi quelques troupes ennemies mais n’eurent pas trop de difficultés, le cœur des Jaffas n’y étant plus. Le vaisseau venait d’exploser, le souffle ravageant tout sur son passage. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent en vue de la Porte des Etoiles. SG7 et 12 les attendaient près du vortex ouvert. Les voyant surgir de la forêt, ils commencèrent à passer la Porte.
Il se mit soudain à pleuvoir d’énormes morceaux de métal, débris du vaisseau.

- Vite ! s’écria Mike tandis qu’ils slalomaient difficilement, les yeux levés vers le ciel.

Un cri aigu retentit derrière eux se mêlant à d’autres un peu partout. Jack ne sut trop pourquoi il se retourna particulièrement à ce moment précis. Une femme venait d’être touchée par un projectile. Au ralenti, il la vit vaciller sur ses jambes maigres, tombant lourdement à genoux, et croisa son regard. L’espace d’un instant qui parut durer une éternité, la même surprise se lut dans leurs yeux. Ils avaient cessé de respirer, de penser… puis la jeune femme, le regard soudain brouillé, finit par se tasser et s’effondrer sur le sol.

L’air qui avait déserté les poumons d’O’Neill le pénétra de nouveau.

- CARTER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Son hurlement fit sursauter SG1. D’un même mouvement, tous se retournèrent. Voyant Jack s’élancer vers une femme à terre, Teal’c et Daniel se précipitèrent vers elle à leur tour.

Des Jaffas arrivèrent à cet instant et commencèrent à leur tirer dessus. Ni une ni deux, Mike s’élança vers eux afin de couvrir les trois hommes. Teal’c arma sa lance et répliqua à son tour sans pour autant cesser de courir.
O’Neill parvint enfin au niveau de la jeune femme et s’effondra à genoux. Doucement, il la retourna et balaya d’une main tremblante les cheveux mi-longs qui cachaient son visage.

C’était bien elle !

- Jack, s’écria Daniel qui arrivait à son niveau, haletant.
- C’est elle ! répondit aussitôt O’Neill croisant son regard plein d’espoir.

Pour toute réponse, Daniel laissa échapper un grognement mélange de larmes et de soupirs. Il aida Jack à mettre Sam sur son dos puis partit aider Teal’c. Celui-ci avait de suite compris qui était le précieux chargement d’O’Neill.

D’un même mouvement, SG1 se rapprocha de ce dernier, le protégeant au mieux dans son épuisante ascension. Carter ne pesait plus bien lourd mais ils avaient couru au moins deux kilomètres pour arriver jusqu’à la Porte. Jack puisait dans ses dernières réserves.

Enfin, il parvint jusqu’au vortex et le traversa.


Terre, SGC


Harassé, Jack tomba à genoux, fit doucement glisser Sam par-dessus son épaule et la serra dans ses bras. Il entendit à peine ses amis passer la Porte et le vortex se fermer derrière eux.
Daniel aussitôt s’avança en titubant et se mit à hurler, hystérique :

- Une équipe médicale !!! Vite !!

Puis se penchant vers elle, il tenta de voir comment elle allait mais Jack, haletant, ne la lâchait plus.

- Qu’est-ce qui se passe ? demanda Hammond s’avançant vers eux.

Puis il reconnut Sam et s’apprêtait à demander à son tour une équipe médicale lorsque Janet entra précipitamment dans la salle d’embarquement. Voyant une femme blonde dans les bras du Colonel, son sang ne fit qu’un tour et elle s’élança aussitôt vers eux.

- Oh Mon Dieu ! s’exclama-t-elle en s’agenouillant à côté de couple, tremblante.

Elle tenta de prendre le pouls de Sam, mais O’Neill la gênait.

- Colonel !
- Jack ! intervint Daniel le secouant légèrement pour le faire réagir.

Celui-ci finit par redresser la tête et, comprenant enfin ce qu’on attendait de lui, lâcha Carter et s’écarta.
Janet commença à prendre son pouls, puis l’ausculta rapidement sous le regard tendu de l’assemblée. Finalement, elle redressa la tête et sourit.

- La blessure n’est pas trop grave. Elle est à bout, c’est tout, conclut-elle en faisant signe à ses aides d’amener le brancard à côté d’elle.

Un soupir général se fit entendre dans la salle.

Les yeux rivés sur Sam, O’Neill réalisa, le cœur serré, combien elle avait maigri. Des cernes profondes assombrissant son visage, elle semblait totalement exténuée, à la limite… Un jour de plus et elle serait certainement morte, songea-t-il une sueur froide glissant soudain dans son dos.

Il regarda les infirmiers la soulever avec précaution et la déposer sur la civière. Puis ils partirent, suivis de Janet et du Général. Mike se tourna alors vers ses coéquipiers puis comprenant qu’il n’était pas à sa place, il s’éclipsa discrètement afin de les laisser partager cet instant rien que tous les trois.

Au bout de quelques minutes de silence, leurs regards se croisèrent. L’émotion qui se lut dans leurs yeux était la même. Le soulagement, la libération. La fatigue aussi. Les nerfs qui tombent. Daniel, complètement vidé se laissa glisser jusqu’au sol dans un soupir. Son corps ne lui répondait plus. Il aura besoin de ses amis pour l’aider à se relever… mais plus tard.

Teal’c, toujours aussi imperturbable en apparence, exultait à l’intérieur. Elle était revenue, ses amis étaient là, autour de lui, bien vivants. C’était un de ces moments parfaits, où on est serein, où on sait que les gens qu’on aime sont sains et saufs.

Jack, quant à lui, écoutait le battement de son cœur reprendre un rythme normal. Il était épuisé, il avait mal aux genoux, au dos mais pour la première fois depuis cinq mois, il s’en foutait. Il se sentait vivant. Il allait pouvoir recommencer à vivre. Il l’avait retrouvée.


FIN

Une suite pour les shippeurs a été faite et est disponible. Elle se nomme « Avec Carter »
Un p’tit mail ?