Les jours suivants, bien que fort occupée par l'Ordre, Tonks ne put s'empêcher de ressasser la scène à laquelle elle avait assistée malgré elle dans la cuisine. Elle aurait aimé en parler directement avec Remus, mais ce dernier semblait vouloir l'éviter et y parvenait merveilleusement bien… elle ne l'avait pas croisé une seule fois depuis !
Ses préoccupations furent cependant bien vite reléguées au second plan lorsqu'elle apprit, au cours d'une mission, qu'Arthur Weasley avait été grièvement blessé. Elle fut autorisée à abandonner temporairement son poste et se rendit aussitôt à Ste Mangouste pour prendre des nouvelles.
Compte tenue de l’heure plus que tardive, l’hôpital était relativement silencieux et ses pas précipités résonnaient dans le couloir désert. Tonks se contraignit donc à marcher sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller les malades assoupis dans leurs chambres. On ne lui avait pas précisé la nature des blessures d’Arthur mais elle revoyait avec angoisse la gravité peinte sur le visage de l’Auror venu la remplacer.
- … Grièvement blessé ? Comment cela ?
- Il est entre la vie et la mort.
Elle n’avait pas attendu un mot de plus et avait aussitôt transplané.
Tonks connaissait les Weasley depuis plusieurs années maintenant. Elle avait fait ses études à la même époque que Charlie et, sans évoluer dans le même cercle d’amis, ils avaient toutefois eu l’occasion de rencontrer leurs familles respectives.
Et puis l’Ordre avait revu le jour et depuis, elle les côtoyait quotidiennement.
Pleine d’appréhension, la jeune femme tourna à l’angle du couloir suivant et découvrit la haute et mince silhouette de Remus. Malgré ses peurs, Tonks en ressentit un profond réconfort.
- Comment va-t-il ? demanda-t-elle, en guise de salut.
Un fin sourire détendit les lèvres de Lupin.
- Il va s'en sortir, tout va bien. Molly est avec lui.
Seule l’adrénaline lui avait permis de rester sur ses pieds et maintenant que la tension s’évanouissait, Tonks se sentit vaciller. Elle s’effondra lourdement sur l’une des chaises présentes dans le couloir et Remus prit place à ses cotés.
- Leurs enfants sont prévenus ? demanda-t-elle au bout de quelques secondes de silence.
- Oui. Enfin, ils sont au courant pour l'attaque mais ils n'en savent pas plus. Si l'état d'Arthur le permet, il faudra penser à organiser une escorte pour les amener auprès de lui demain dans la journée. Je doute que Molly y ait pensé.
La jeune femme leva les yeux vers le visage indéchiffrable de Remus et proposa :
- On pourrait s’en charger tous les deux... ?
Le regard de Lupin, qui semblait hypnotisé par une fissure présente sur l’un des murs du couloir, vint se poser sur le manteau de Molly Weasley à côté de lui.
- Je ne peux pas, je suis désolé. J’ai une mission en cours et je ne peux m’absenter davantage.
L’excuse était parfaite. Tonks elle-même aurait pu en prétexter une similaire. Mais l’obstination avec laquelle Remus évitait son regard fit soupirer la jeune femme.
- Je sais que le moment est mal choisi mais j'ai la désagréable impression que tu cherches à m'éviter…
- Pas du tout, répondit-il aussitôt, comme s’il s’était attendu à une telle remarque. Tu fais fausse route.
- Ah bon ? Cela fait pourtant des jours que je ne t’ai pas croisé !
- J’ai juste beaucoup à faire, tout comme toi, d’ailleurs.
- Oui, mais moi j’aurai bien pris cinq minutes si tu m’en avais laissé l’occasion. Juste pour te parler.
Le regard de Remus se posa de nouveau sur la fissure et Tonks soupira.
- Tu sais… prendre des nouvelles, comme le font les gens normaux quand ils s’entendent bien, insista-t-elle.
- Tu as de mes nouvelles par Sirius...
La voix rauque de Lupin faiblit légèrement et il s’agita nerveusement sur sa chaise.
- C’est différent, lâcha Nymphadora.
- Le résultat est pourtant le même.
Tonks observa le profil figé de Remus. Si elle n’avait pas vu quelques secondes auparavant le tremblement léger de ses mains avant qu’il ne les cachât dans son pantalon, elle aurait pu le croire indifférent.
A quoi jouait-il, au juste ?
- Tu fais exprès de ne pas comprendre ? s’emporta-t-elle. J’ai envie de te voir toi !
Une légère rougeur apparut sur les joues de Lupin.
- Tu avais raison, le moment est mal choisi, répliqua-t-il avec raideur.
Ainsi mouchée, la jeune femme ne se laissa pourtant pas démonter :
- Bien au contraire ! La vie est trop courte alors je ne vois vraiment pas pourquoi tu fais tant de chichi ! Qu’est-ce qui t’arrête ?
Des cris s'élevèrent au même instant dans le couloir silencieux, empêchant Lupin de lui répondre et, à en juger par le soulagement peint sur son visage, nul doute que cela l’arrangeait bien.
Un éclat de lumière fit luire un bref instant les murs du couloir et les hurlements cessèrent aussitôt. Seul le bruit de pas précipités leur parvenait à présent. Quelques secondes plus tard, plusieurs guérisseurs poussant une civière flottante surgirent devant eux. Ficelé de la tête aux pieds, un homme y était allongé et s’agitait en tout sens afin de se libérer. Sa bouche s’ouvrait en grand sans que le moindre son ne parvienne à s’en échapper, lui donnant l’aspect d’une carpe tout droit sortie de l’eau.
- Désolé, mais vous ne nous avez pas laissé le choix ! grommela l’un des guérisseurs afin de justifier l’emploi d’un sort de mutisme sur le patient récalcitrant. Non mais regardez-moi ça !
L’homme en blouse blanche souleva l’un des nombreux pansements recouvrant une blessure à l’aspect inquiétant. Il secoua la tête avec exaspération et tous s’arrêtèrent devant la porte de la chambre d’Arthur Weasley.
- On n'attend pas deux semaines pour se faire soigner quand on a été attaqué par un Loup-garou ! C'est de l'inconscience … pour lui et pour les autres ! grogna-t-il, prenant à témoin l’un de ses collègues.
- Elles se sont infectées… soupira celui-ci.
- Bien sûr qu’elles se sont infectées !
Il se pencha vers le patient qui continuait de gesticuler.
- Qu’est-ce que vous espériez ? Qu’en ne faisant rien, tout cela ne serait rien de plus qu’un mauvais rêve ? Désolé mais ça ne marche pas comme ça !
Lupin avait blêmi en découvrant les blessures de l’homme allongé sur la civière. Il n’avait pas eu besoin d’attendre confirmation du guérisseur pour savoir ce qui était responsable de telles plaies et il savait également que le blessé survivrait. Morsures infectées ou pas, il en fallait bien plus pour tuer un Loup-garou.
Sans cesser de maugréer des recommandations à prendre en compte lors des prochaines nuits de Pleine Lune, les guérisseurs firent entrer la civière dans la chambre qu’occupait déjà Arthur Weasley et Remus se tourna vers Tonks. Celle-ci observait la scène sans réel intérêt bien qu’avec une certaine pitié. Ce n’était bien évidemment pas la première fois qu’elle faisait face à un Loup-garou. De part son statut d’Auror, elle y avait déjà été confrontée les nuits de Pleine Lune. Mais Remus ne pouvait s’empêcher de chercher à analyser la moindre petite expression susceptible de lui indiquer ce qui se passait en ce moment même dans l’esprit de la jeune femme.
Bien sûr, son regard perçant ne passa pas inaperçu et Tonks se tourna finalement vers lui.
- Et maintenant, une fois par mois, ce brave homme n'aura plus qu'en tête de croquer le premier venu…, soupira la jeune femme. Il aurait mieux valu qu'il ne s'en sorte pas. Ce n'est pas une vie, ça !
Remus sentit son cœur se déchirer.
« Il aurait mieux valu qu’il ne s’en sorte pas. »
Aux yeux de Tonks, la mort était préférable à sa nature hybride. Sa vie ne méritait donc pas d’être vécue…
Depuis ce jour tragique où Fenrir Greyback l’avait contaminé, Lupin avait bien souvent maudis sa condition mais jamais jusqu’ici celle-ci ne lui avait autant fait horreur.
« Ce n’est pas une vie, ça ! »
Non, ce n’était pas une vie. Et pourtant il survivait et jusqu’ici, il y parvenait relativement bien. Il aurait aimé lui dire qu’être un Loup-garou n'était pas une fin en soi. Qu'on pouvait vivre normalement… enfin presque. Qu'on ne devenait pas insensible, qu'on pouvait aimer… souffrir.
Mais qu’importait, tout cela ? Sans le savoir, Tonks venait de le confronter à la réalité.
Elle ne voulait pas d’une vie comme ça.
Alors bien sûr, peut-être tiendrait-elle un discours tout à fait différent en apprenant sa véritable nature. Mais jamais il ne pourrait oublier cet instant où, sans tenir compte d’émotion ou sentiments divers, elle avait dit ces quelques mots :
« Ce n’est pas une vie, ça ! »
Non, ce n’était pas une vie. Ce n’était pas une vie pour elle.
- Ca va ? s'enquit la jeune femme face à son silence et la pâleur de son visage.
Remus acquiesça machinalement, la gorge si serrée qu’il eut du mal à articuler :
- Euh… oui, je suis juste inquiet pour Arthur.
- Mais tout va bien, maintenant, le rassura-t-elle aussitôt en souriant. C'est une chance qu'on l'ait trouvé aussi rapidement.
Lupin acquiesça de nouveau mais resta silencieux. Il n’avait plus qu’une envie. S’enfuir.
Il avait besoin de s’éloigner d’elle, de mettre le plus de distance possible. Devoir supporter ses avances était au-dessus de ses forces.
Remus se levait déjà lorsque la porte de la chambre s'ouvrit, faisant apparaître Molly. Le visage pâle, les traits tirés, elle sourit en les découvrant dans le couloir. Ses yeux étaient rouge d’avoir trop pleuré mais brillants de soulagement.
- Ca va aller, dit-elle aussitôt. Il doit se reposer mais ça va aller. Il m'en fait voir celui-là ! ajouta-elle faussement fâchée.
Lupin se contenta de lui répondre d’un sourire figé. Il était heureux, profondément heureux pour Arthur et cependant, jamais il ne s’était senti aussi mal de toute sa vie.
- On peut le voir ? demanda Tonks avec entrain.
- Il s’est assoupi. Il vaudrait mieux le laisser dormir. Je vais rejoindre les enfants pour les rassurer, ils doivent être morts d'inquiétude.
- Je passerai demain chez Sirius pour les escorter jusqu’ici. Maugrey voudra sûrement venir avec nous.
- … Oh… Oui, merci Tonks, acquiesça Molly. C’est vrai… il faudra les conduire à Ste Mangouste.
Mrs Weasley prit son manteau d’une main tremblante.
- Je suis encore un peu secouée. Je n’y avais même pas songé…
Elle se tut, un sourire embarrassé sur les lèvres. Nymphadora lui pressa gentiment l’épaule puis l’aida à revêtir le lourd vêtement.
- Ca va aller pour transplaner ?
- Oui, oui, merci. Et merci d’être venus ce soir.
Molly leva des yeux larmoyants vers eux.
- Tous les deux, finit-elle en reniflant.
- C’est normal ! répondit Tonks. Nous étions très inquiets ! Mais tout va pour le mieux maintenant ! Vous feriez bien de rentrer rassurer les enfants !
- C’est vrai… ils doivent être morts d’inquiétude, répéta Mrs Weasley avant de se tourner vers Remus. Tu ne viens pas ?
- Non, désolé. Je dois reprendre ma surveillance.
C’était une fausse excuse mais s’il retournait au 12 Square Grimmaurd pour la nuit, Tonks viendrait immanquablement avec eux et sa présence à ses côtés étaient la dernière chose qu’il lui fallait.
- Sortons d’ici, dit-il doucement.
Nymphadora et lui guidèrent Molly jusqu’aux portes de Ste Mangouste et Lupin regarda Mrs Weasley disparaître dans un « crac » familier non sans une certaine appréhension. L’idée de se retrouver de nouveau seul avec la jeune femme le rendait plus nerveux que jamais, en particulier si elle tenait à reprendre la discussion là où elle s’était interrompue… Aussi s’empressa-t-il de lancer :
- A bientôt, Nymphadora.
- Attends… tenta-t-elle de le retenir.
Mais il avait déjà transplané.
*****************************
La fin d’année approchant, le repaire de l’Ordre avait pris des airs festifs. Sirius avait poussé les enfants à décorer la maison pour lui redonner un aspect plus chaleureux. Des boules multicolores flottaient dans les airs et scintillaient de mille feux. Des guirlandes ornaient les murs et Molly avait préparé des décoctions qui répandaient dans l’air des odeurs de sapin et de pain d’épices. Sirius le premier avait mis la main à la pâte, en créant une ambiance enneigée dans le couloir qui menait à la cuisine. Tous semblaient avoir voulu effacer l’angoisse des derniers jours en s’attelant aux préparatifs de Noël et des chants, entrecoupés d’éclats de rire, avaient rythmé les journées.
La soirée de Noël s’était donc passée dans la bonne humeur même s’ils regrettaient l’absence de Monsieur Weasley, encore à Sainte Mangouste, et de Lupin, qui fuyait toujours Tonks. Ils avaient alors décidé à l’unanimité de se rattraper lors de la soirée du Nouvel an puisque Arthur serait enfin rentré et Remus obligatoirement présent. La pleine lune approchait à grands pas et il était hors de question qu’il erre comme une âme en peine le soir de sa transformation. Il aurait bien sûr pu se cacher ailleurs qu’au 12 square Grimmaurd, mais c’était sans compter l’avis bien arrêté de Sirius à ce sujet.
- T’as pas l’air en forme, mon vieux ! lui lança Black, en entrant dans la chambre de son ami après y avoir été invité.
En cette soirée de réveillon, Remus était assis sur son lit, revenant tout juste d’une mission particulièrement longue et épuisante.
- C’est ma mauvaise période, soupira-t-il en passant une main lasse sur sa nuque.
Un sourire amusé détendit les lèvres de Sirius.
- Tu sais que ça fait assez… féminin cette façon de dire les choses ?
- Très amusant… maugréa Remus, lui jetant un regard noir.
Mais le sourire de Black s’accentua.
- Allez, ne boude pas ! Je te tiendrai compagnie ce soir.
- Ce n’est pas utile, je vais trouver un endroit tranquille. Je ne veux pas gâcher l’ambiance.
- Tu plaisantes ? s’exclama aussitôt Sirius. Il en est hors de question ! Tu vas rester ici.
Remus soupira. Il s’était préparé aux objections de son meilleur ami. Ça n’aurait pas été Patmol s’il ne lui avait pas tenu tête pour lui imposer une situation qui finalement était la meilleure pour tout le monde…
Sauf…
- Non, tu as bien mérité de t’amuser un peu. Je n’ai aucune envie de te voir traîner dans mes pattes alors qu’en bas tout le monde fera la fête.
Mais Sirius s’était déjà planté devant lui, un doigt pointé sous son nez.
- Tu arrêtes ça tout de suite ! Tu m’entends ? Ca fait des années qu’on n’a pas fêté le Nouvel an ensemble, alors il est hors de question que tu en réchappes à cause de ce stupide problème de poil !
Remus ouvrait déjà la bouche pour rétorquer mais Sirius n’avait apparemment pas fini :
- Et je suis plus têtu que toi, alors tu n’auras pas le dernier mot. Tu restes ici, point final.
Lupin soupira.
A quoi s’était-il donc attendu avec une excuse aussi ridicule ? Et puis pourquoi cacher ses véritables raisons à Patmol ? S’il voulait l’avoir de son côté, il n’avait qu’à lui dire la vérité.
Du moins, en partie.
- Ecoute… commença-t-il avec embarras. Je n’ai pas envie que certaines personnes découvrent mon « problème ».
Sirius haussa les sourcils et vint s’asseoir sur le lit à côté de lui.
- Tu parles de Tonks ?
- Oui.
- Tu ferais mieux de lui dire, assura aussitôt Black. C’est une grande fille, tu sais, et en plus elle est Auror. Alors ce ne sont pas quelques poils qui vont l’effrayer.
Pour une raison qu’il ignorait, Remus sentit son cœur battre brusquement plus vite et ses joues se colorer. Il se leva aussitôt et fit quelques pas dans la pièce afin de cacher son visage traîtreusement empourpré.
- Je ne veux pas qu’elle sache, dit-il. Si j’accepte de rester ici, tu veilleras à ce qu’elle ne découvre rien ?
- Je ne te comprends pas… rétorqua Sirius. Elle est la seule à ne pas être au courant. Si tu le lui disais, tu pourrais descendre avec nous dans le salon.
- Et parader en Loup-garou ? Tu plaisantes, j’espère ! s’indigna Remus.
- Oh je t’en prie ! Tu n’es pas un monstre ! Les gosses t’ont déjà vu et ils ne se sont pas enfuis en hurlant !
- Tu veux dire, avant ou après que j’ai essayé de les tuer ? demanda Remus, acide.
Exaspéré, Sirius se leva à son tour.
- Tu as ta potion Tue-loup !
- Il est hors de question qu’une autre personne que toi ne me voit comme « ça » ! s’emporta Lupin, le visage blême.
Mais à peine sa voix s’était-elle haussée que Remus se détournait, gêné. Il se sentait ridicule de se mettre en colère ainsi. Ce sujet restait tabou et il trouvait grotesque de ne pas être parvenu à dépasser cela au fil des années.
Et dire qu’on le décrivait sage et réfléchi…
Le silence se prolongea et Lupin leva finalement les yeux vers son ami. Black l’observait avec gravité et Remus soupira, plus embarrassé encore. Il détestait se montrer si transparent. Même devant lui.
- Très bien, acquiesça finalement Sirius avant de rajouter avec entrain : Content de jouer les privilégiés !
Lupin croisa son regard rieur et un faible sourire étira ses lèvres pâles.
- Mais si tu veux mon avis, poursuivit Black, tu devrais le dire à Tonks. Au moins, tu n’aurais plus à te soucier de le lui cacher.
- Non, grommela aussitôt Remus.
- Pourquoi ne…
- Sirius ! Je ne veux pas !
- Mais… !
- Patmol ! Je ne te demande qu’une chose : la tenir à l’écart ! Est-ce que tu me le promets ?
- Argh ! finit par capituler Sirius. Oui, c’est d’accord, mais je ne te…
- … comprends pas, je sais, finit Remus pour lui.
Les deux hommes échangèrent un sourire mais Black dut sentir son anxiété persistante car il finit par lui jeter un regard en biais.
- Hum… tu sais que Tonks m’a souvent demandé de tes nouvelles ? lança-t-il négligemment.
Remus sentit sa gorge se serrer. Les propos de Patmol partaient d’une bonne intention mais celui-ci n’aurait pu choisir plus mauvais sujet pour le dérider.
Désireux de gagner un peu de temps, Lupin se tourna vers le porte-manteau à sa droite et examina avec attention un énième accroc qu’il découvrit sur sa lourde cape.
- Ah ?... Et alors ? parvint-il à articuler avec le plus de neutralité possible.
- Je crois qu’elle t’aime bien, répondit-il d’un air entendu.
- On est amis, les amis s’apprécient, en général.
Sirius leva les yeux au ciel, exaspéré.
- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Elle a des vues sur toi, j’en mettrais ma baguette au feu ! Je crois que tu as une carte à jouer, conclut Black en souriant.
Remus souleva l’un des pans du vêtement, à la recherche d’une nouvelle entaille.
- Ca ne m’intéresse pas. Elle est trop …
Il chercha un instant le mot adéquat mais les seuls qui lui venaient à l’esprit ne sonnaient guère comme des raisons d’éviter toute relation.
- Extravagante pour toi ? finit Black à sa place, non sans éclater de rire. C’est sûr que vous êtes aux antipodes tous les deux.
Le poids dans la poitrine de Remus se fit plus lourd et il rabattit avec plus d’irritation qu’il ne l’aurait voulu l’épais tissu de sa cape.
- Voilà, tu as bien résumé.
- Je te comprends et puis, honnêtement, j’adore ma cousine, mais j’ai du mal à vous imaginer ensemble.
- Moi aussi, murmura Lupin.
Un silence un peu lourd se fit. Les réponses laconiques de Remus étaient venues à bout de l’entrain de Black et celui-ci se tourna vers la fenêtre.
- Bon, mon vieux, c’est bien beau de papoter, mais la nuit commence à tomber.
Saisissant l’allusion de son ami, Lupin fouilla dans la poche de son pantalon et en ressortit sa potion Tue-loup. Il leva la fiole vers Sirius, comme pour trinquer et avec un sourire triste sur les lèvres, la vida d’une traite. Une longue nuit allait commencer.
*******************************
Tonks leva sa Bièreaubeurre et trinqua avec le reste des convives.
La cuisine, trop petite pour recevoir autant de monde, avait été abandonnée au profit du salon, beaucoup plus vaste. En fin d’après-midi, Sirius s’était chargé d’entreposer les meubles à l’étage et à présent, une longue table rectangulaire trônait au centre de la pièce lourdement décorée. L’humeur générale était à l’image de leur hôte. Particulièrement joyeux, Sirius jouait les boute-en-train, chantant, riant et plaisantant à qui mieux mieux. Incapable de rester en place, il se levait sans cesse de sa chaise afin d’aider Molly dans la distribution des plats et refusait catégoriquement qu’un invité ne vienne lui porter main forte. Il prenait cependant le temps de discuter avec Harry, et disparaissait parfois pendant plusieurs minutes à l’étage afin d’aller voir Buck qui était malheureusement souffrant.
La famille Weasley était presque au complet et le patriarche présidait le repas, confortablement assis en bout de table. Arthur était sorti le jour même de Ste Mangouste et n’était pas encore capable de marcher seul mais il se remettait peu à peu et nul doute que le dévouement et l’attention de Molly y étaient pour beaucoup. Celle-ci était aux petits soins avec son mari.
Un bruit saugrenu attira l’attention de Nymphadora de l’autre côté de la table, où les plus jeunes discutaient allègrement. Tonks ne put retenir un sourire en voyant l’un des jumeaux mettre subrepticement quelque chose dans le col de Ron. Un cri et de bruyants éclats de rire suivirent et la jeune femme soupira face à ce débordement d’enthousiasme.
Elle qui avait cru passer une soirée en compagnie de Remus avait vite déchanté, et on pouvait prétexter n’importe quelle mission urgente pour excuser son absence, Tonks savait parfaitement que Dumbledore avait fortement incité ceux qui le désiraient à fêter le Nouvel an en famille.
Non. Si Remus n’était pas là, c’était par choix et non par obligation.
- Par pitié, souris un peu ! s’exclama Sirius qui levait déjà les mains pour lui pincer les joues.
- C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! répliqua-t-elle aussitôt en repoussant les dix doigts qui s’agitaient sous son nez.
- Mais je souris, moi ! Regarde !
Le visage de son cousin se fendit en deux mais Tonks se contenta de lancer :
- Veux-tu vraiment qu’on reparle de ces derniers mois ?
- J’aimerais bien te voir à ma place, « miss discrétion » ! Tu serais toujours aussi joyeuse avec une horde d’Aurors à tes trousses et une interdiction formelle de sortir d’ici ?
- En parlant de ça ! Mon ami Colin qui travaille à Edinbourg m’a dit qu’un Auror saoulait tout le monde à ton sujet, lança Tonks. Un certain… Olms… Ou Olds…
Arthur Weasley, assis à côté de la jeune femme, s’empressa d’intervenir.
- Kingsley se fait harceler par un Auror du ministère écossais. Ce doit être le même ! Il parait qu’il lui envoie un hibou toutes les semaines pour savoir où en sont les recherches. Il lui a même proposé son aide !... Tu penses bien qu’il a refusé !
- Génial, grommela Sirius. De toute façon, même si ce type venait à Londres, jamais il ne me trouverait… vu que je n’ai pas le droit de sortir d’ici, rajouta-t-il, grinçant.
- Je crois que c’est une fille, indiqua Tonks en fouillant dans ses souvenirs.
- Ça pourrait être un Gobelin, le résultat serait le même !
Sirius jeta un œil sur la vieille pendule qui prenait un malin plaisir à retarder malgré les efforts de Molly pour la remettre à l’heure, et se leva.
- Je reviens ! Je vais voir comment Buck se porte.
- Mais tu y es allé il y a vingt minutes ! s’étonna Tonks. Et puis c’est bientôt l’heure !
- Son état m’inquiète.
- Tu veux que je jette un œil ? proposa la jeune femme.
- Tu es une experte en Soins aux Créatures Magiques ? s’enquit Sirius, non sans ironie.
- Euh… Non.
- Alors tu restes là !
Et sans un mot de plus, il sortit de la pièce. Tonks se tourna vers Arthur d’un air exaspéré mais celui-ci se contenta de lui sourire et la jeune femme eut de nouveau le sentiment qu’on lui cachait quelque chose. Elle en était même persuadée. Combien de regards entendus avait-elle intercepté tout au long de la soirée ? Combien d’excuses Sirius avait-il donné pour sortir de table et s’absenter pendant cinq à dix minutes à chaque fois ?
Décidée à en avoir le cœur net, Tonks se leva… et fut aussitôt alpaguée par Molly.
- Où vas-tu ?
- Aux toilettes, dit-elle d’un ton dégagé.
- Mais c’est minuit dans deux minutes !
- Plus maintenant ! Grâce à cette bonne vieille pendule, j’ai droit à cinq minutes !
Sans prêter davantage attention au glapissement agacé de Molly qui découvrait le nouveau retard de l’horloge, Tonks sortit du salon. Faisant mine de se diriger vers les toilettes, elle bifurqua cependant en direction des escaliers menant à l’étage. Elle les grimpa le plus silencieusement possible et s’avançait déjà vers la pièce où logeait Buck lorsqu’une porte s’ouvrit quelques mètres plus loin. Elle profita de l’obscurité pour se cacher et se glissa dans une des nombreuses chambres inoccupées de la maison des Black.
- Arrête de râler ! s’exclamait Sirius d’une voix faussement agacée. Que tu le veuilles ou non, tu devras me supporter toute la soirée ! Et puis pour une fois que je peux en placer une sans que tu me coupes la parole !
Un grondement sourd parvint jusqu’à la jeune femme et elle fronça les sourcils. Sans jamais être rentrée dans cette pièce, Tonks savait parfaitement qu’elle était ordinairement occupée par Remus. Alors qui s’y trouvait à l’instant ? Car il ne s’agissait pas de Lupin ! De cela, elle en était persuadée au vue du grognement inhumain qu’elle venait d’entendre.
- Raté ! répliquait joyeusement Sirius tandis qu’un bruit mat retentissait à l’intérieur de la chambre. Apprend à viser ! Et arrête de faire cette tête ! T’es vraiment de mauvais poil, aujourd’hui !
Un nouveau bruit sourd se fit entendre suivi d’un « Aïe ! » retentissant.
- Ok, ok ! J’y vais ! grommela Sirius. Mais je reviendrai avec une part de gâteau !
La chose dans la chambre grogna doucement et Black poursuivit, un sourire dans la voix :
- Pourquoi tu fais ton timide ? Tu aurais dû me dire que tu avais une faim de loup !
BADABOOM ! Un nouveau projectile venait d’être lancé mais Sirius avait précipitamment refermé la porte derrière lui. Son rire chaleureux résonna dans le couloir et Tonks fit un pas en arrière afin se dissimuler davantage. Quelques secondes plus tard, Black dévalait les escaliers en sifflotant, laissant la jeune femme plus perplexe que jamais.
Etait-ce Remus, dans cette chambre ?
Il y avait eu une telle complicité dans ce court échange qu’en temps normal, la jeune femme n’aurait même pas douté. Et pourtant…
Si Lupin était bien présent ce soir, pourquoi restait-il enfermé ? Pourquoi ne descendait-il pas faire la fête avec eux ?
Un mauvais pressentiment vint brusquement la saisir.
Et s’il était blessé ? S’il était cloué au lit avec l’incapacité de parler, tout juste capable de grogner… et lancer des objets lourds…
Non, c’était ridicule ! Si jamais Remus avait couru le moindre danger, Sirius le lui aurait dit. Après tout, il n’avait aucune raison de le lui cacher.
Sauf s’il s’agissait d’une demande pressante de cette bourrique de Lupin !
Dans un soupir agacé, Tonks sortit de sa cachette, s’assura que la voie était libre et rejoignit la chambre de Remus le plus silencieusement possible. Elle n’avait pas beaucoup de temps avant que Molly et Sirius comprennent qu’elle n’était pas au toilettes mais partie fureter à l’étage, aussi ouvrit-elle précautionneusement la porte. La pièce était faiblement éclairée et Tonks dut pousser davantage le battant pour voir la chambre dans sa totalité. Son regard fut bien vite attiré par une masse sombre et imposante, dos à l’entrée, et la poignée de la porte lui échappa brusquement des mains.
Un Loup-garou !
***
Un léger cliquetis attira son attention et Remus émit un vague soupir exaspéré. Qu’allait-il devoir jeter à la figure de Sirius pour que celui-ci daigne enfin rejoindre ses invités ? Certes, sa présence lui faisait du bien et rendait son isolement moins douloureux mais il estimait que Patmol avait autre chose à faire que taper la causette à un Loup-garou seulement capable de grogner.
Avec une certaine maladresse, compte tenu de la longueur de ses mains aux griffes acérées, Lupin se saisit d’une chaussure posée au pied du lit et se retourna.
L’air déserta brusquement ses poumons et une soudaine nausée le submergea.
Nymphadora.
Nymphadora était debout sur le seuil et le fixait avec un mélange de surprise et de terreur.
Ses doigts faiblirent et le soulier tomba sur le sol dans un bruit sourd, faisant sursauter la jeune femme. Celle-ci sembla revenir à elle et, d’une main tremblante, fouilla dans la poche de son pantalon à la recherche de sa baguette.
La respiration de Tonks était saccadée et sa hâte trahissait une peur panique qui glaça Remus. Aussi, en dépit du danger de se voir frappé par Nymphadora, il ne bougea pas, trop assommé par cette situation qu’il avait voulu par tous les moyens éviter. Malgré un fulgurant désir de disparaître six pieds sous terre, il n’arrivait plus à détacher son regard de celui de Tonks et lorsque cette dernière parvint enfin à pointer sa baguette sur lui, son immobilité interpella la jeune femme.
Nymphadora balaya vivement la pièce des yeux, notant méthodiquement l’ordre relatif des lieux, hormis quelques objets sur le sol, puis son regard perçant vint de nouveau se poser sur lui.
Quelques secondes plus tard, Lupin la vit baisser lentement sa baguette, confirmant ce que l’incrédulité soudaine de son expression trahissait déjà.
Elle venait de comprendre.
- … Remus ? balbutia-t-elle, tandis qu’au loin résonnait le décompte annonçant la Nouvelle année.
« Cinq !… Quatre !… Trois !… Deux !… Un !… BONNE ANNEE ! »
Les éclats de voix provenant du salon ramenèrent Lupin à la vie.
Il fallait qu’elle sorte ! Il ne voulait pas qu’elle le voit ainsi ! Il ne voulait pas !
Un dégoût et une colère sans précédent gonflèrent dans sa poitrine et un long rugissement s’échappa bientôt de sa gorge. Tonks fit instinctivement un pas en arrière, les yeux soudain exorbités, mais elle se ressaisit aussitôt et rangea précipitamment sa baguette.
- Remus, appela-t-elle doucement, levant une main apaisante vers lui.
Mais elle ne comprenait pas. Il ne voulait pas qu’elle le regarde. Il ne voulait pas qu’elle voie plus longtemps le monstre en lui. Jamais il ne s’était senti aussi mal, aussi avili de toute sa vie.
Elle devait partir !
Il rugit de nouveau, cherchant à dominer les cris et explosions diverses qui s’élevaient du salon. Sirius allait bien finir par l’entendre et la ferait sortir d’ici. Mais le vacarme se poursuivait sans discontinuer et bientôt la voix acariâtre de Mrs Black vint se mêler à la joyeuse cacophonie.
- Arrête, je t’en prie, dit Tonks, cherchant à couvrir ses hurlements.
Le ton de la jeune femme s’était fait suppliant et son regard trahissait une douleur qu’il ne comprenait pas. Avec horreur, il la voyait s’avancer, les mains toujours levées, et Remus s’empressa de faire des gestes impressionnants afin de la tenir éloigner.
Mais sans succès.
- Je t’en prie… ça n’a pas d’importance… Arrête, s’il te plait… continuait-elle d’implorer.
Remus fit un nouveau pas en arrière et son dos vouté vint percuter le mur de la chambre. Il était pris au piège. Tonks le rejoignit en quelques enjambées et il tenta de repousser ses mains tendues à l’aide de son museau. Il gardait ses longs bras cachés derrière lui de peur de la blesser de ses griffes tranchantes, et courbait l’échine afin de l’éloigner de lui à coups de tête suffisamment puissants pour la faire reculer. Mais elle restait obstinément devant lui.
- Remus… supplia-t-elle, malgré ses grognements intimidants. Je ne partirai pas !
Sa voix avait claqué avec force et Lupin leva les yeux vers elle. Tonks semblait au bord des larmes, les bras toujours tendus vers lui, et son cœur se serra. Cette situation était impossible…
Dans un grondement rageur, Remus la repoussa d’un coup d’épaule et fondit sur la lampe qu’il brisa d’un geste furieux. L’obscurité envahit aussitôt la chambre que seule la Pleine lune éclairait et Lupin rejoignit le coin de plus sombre de la pièce afin de s’y cacher.
Protégé par la pénombre, le Loup-garou s’adossa au mur et sentit sa colère se dissiper au profit d’une profonde détresse. Les jambes faibles, il se laissa lentement glisser le long de la cloison et se recroquevilla sur lui-même.
Il aurait voulu disparaître, ne plus exister. Il aurait voulu fuir cette chambre, fuir cette maison s’il avait eu ailleurs où aller. Mais il devait supporter la présence de Tonks. Supporter sa voix. Son regard blessé. Qu’attendait-elle de lui ? Pourquoi ne pouvait-elle tout simplement pas le laisser ?
Malgré ses paupières closes, son ouïe fine et son odorat particulièrement développé lui apprirent la présence de la jeune femme à ses côtés. Il se tassa un peu plus sur lui-même et sentit la main légère de la jeune femme se poser sur son bras velu. Cette simple image lui donna la nausée mais il n’avait plus la force de la repousser. En fait, il n’avait plus la force de bouger du tout.
Il ne voulait plus qu’une seule chose. Que tout cela cesse. Que tout cela disparaisse.
- Remus… Je t’en prie, écoute-moi. Ça n’a pas d’importance. Je me fiche complètement que tu sois un Loup-garou. Tu m’entends ? demanda-t-elle.
Sa main pressa plus fortement son bras mais il resta immobile, priant pour que Sirius les rejoigne enfin. Il ne voulait rien entendre, il ne voulait rien écouter. Il voulait tout oublier.
- Tu aurais dû m’en parler. Tu aurais dû me faire confiance. Je ne comprenais pas pourquoi tu me repoussais sans cesse… Je sentais bien qu’il y avait quelque chose…
Mortifié, Remus sentit le front de la jeune femme se poser sur son épaule et un frisson de dégoût le traversa de part en part. Jamais il n’avait autant haï la monstruosité de son enveloppe. Comment pouvait-elle le toucher ? Comment pouvait-elle caresser ce corps abject ? Dans un râle de désespoir, il tenta de la repousser une nouvelle fois et entendit avec un soulagement indescriptible le pas précipités de Sirius dans les escaliers.
- TONKS ! rugit celui-ci d’une voix furieuse. OU ES-TU, MAUDITE ?
Quelques secondes plus tard, Black parvenait sur le seuil de la chambre. Surpris par l’obscurité de la pièce, celui-ci marqua un temps d’arrêt et fouilla dans la poche arrière de son pantalon.
- Lumos.
Une lumière diffuse apparut de la pointe de sa baguette et son regard accrocha aussitôt le couple dans l’angle de la pièce.
- Par Merlin… murmura-t-il avant de se précipiter vers sa cousine pour la relever de force. Qu’est-ce que tu fiches ici ?
La jeune femme résista mais la poigne de Sirius était solide et elle fut contrainte de se lever.
- Lâche-moi ! Je n’ai rien fait de mal !
- Bon sang, Tonks ! Tu ne comprendras donc jamais où sont les limites ? Tu n’étais pas censée venir ici et tu le sais parfaitement !
- Qu’y a-t-il à cacher ? Remus est un Loup-garou, et alors ? En quoi est-ce si dérangeant ?
- C’est dérangeant parce que c’est personnel ! s’exclama Sirius. Si Lunard avait voulu que tu le saches, tu l’aurais su.
La jeune femme se figea brusquement et ferma les yeux.
- « Lunard »… murmura-t-elle en secouant la tête. Pourquoi n’ai-je jamais demandé à quoi rimait ce surnom ?
- Parce que ce ne sont pas tes affaires ! Maintenant tu sors d’ici !
- Non ! lâcha-t-elle avec raideur. Je reste avec lui ! Il est hors de question qu’il reste tout seul ici alors que tout le monde s’amuse en bas !
Sirius fit un pas vers elle, le visage blême de colère.
- Mais bon sang ! N’as-tu donc pas compris qu’il ne voulait pas de toi dans cette chambre ? s’écria-t-il en désignant le corps prostré de Lupin.
La jeune femme se tourna vers le Loup-garou toujours immobile et dut plisser des yeux pour apercevoir la forme pourtant imposante de Remus.
Sirius tenait sa baguette éloignée de son ami, afin de le cacher aux yeux de la jeune femme. Il pressentait que la lampe cassée n’était pas due à un accident et la dernière chose qu’il désirait était d’accroître l’humiliation de son ami. Il se sentait suffisamment coupable comme cela. Emporté par la liesse générale, il n’avait pas noté l’absence de Tonks et seule la plainte de Molly concernant le retour tardif de la jeune femme le lui avait fait remarquer.
- Sors d’ici, Tonks, dit-il plus calmement. S’il te plait. Tu pourras en parler avec lui demain si tu veux mais ce soir, laisse-le tranquille.
Ces paroles raisonnables eurent l’effet désiré car les épaules de la jeune femme s’affaissèrent. Au bout d’un instant de réflexion, elle finit par acquiescer mais prit cependant le temps de se tourner une dernière fois vers le Loup-garou.
- Ca n’a aucune importance pour moi, Remus. Je veux que tu le comprennes bien.
Elle hésita encore quelques secondes, espérant peut-être un signe, une réponse quelconque de Lupin mais celui-ci ne bougea pas et elle finit par tourner les talons. Sirius la regarda fermer doucement la porte derrière elle puis reporta son attention sur le corps prostré de son ami.
- Je suis désolé, Lunard… Sincèrement.