MAUVAIS KARMA

 

 

Auteur: gjc597
Email: gjc597@msn.com
Genre: humour (enfin, le mien, c'est tout dire)
Saison: Sans grande importance.
Résumé: Petits désagréments de la vie quotidienne.
Disclaimer: Les personnages sont la propriété de la MGM et de Sony…

Merci à celles qui me supportent ;-)
25/10/2005

 

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Une semaine d'enfer qu'il n'aurait même pas souhaitée à Ba'al, voila ce qu'il venait de subir. A croire que le sort s'acharnait sur lui. A croire qu'il avait été un monstre dans une vie antérieure et qu'il devait expier ses péchés dans sa vie actuelle. Mais qu'est ce qu'il avait fait pour mériter tout ça?

Le début de semaine s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. Le temps était clément pour un mois d'octobre, le ciel avait conservé sa teinte azur, la douce chaleur du soleil caressait sa peau et compensait la fraîcheur du vent automnal. Un temps idéal pour pêcher sauf qu'il n'était pas en vacances, pas encore du moins… pas avant … il préférait ne pas y penser, cela aurait eu tendance à couper net sa bonne humeur matinale… fait suffisamment rare pour être souligné! Passées ces considérations climatiques et les différents points de contrôle, il arriva enfin dans les couloirs du SGC et ses pas le menèrent tout naturellement vers … la cafétéria où il espérait trouver son équipe.

Jack dévisagea le jeune homme et se contenta d'exprimer par une mimique O'Neillienne sa façon de penser. La seule réplique qui lui était venue à l'esprit pour moucher Daniel étant un tantinet enfantine. De quoi aurait-il eu l'air si le "nananananère" qu'il avait pensé si fort avait franchi ses lèvres? D'un parfait idiot!

Daniel et Teal'c se regardèrent discrètement, jetèrent un œil à leur montre et sourirent d'un air entendu. Le colonel venait de battre son propre record. Il n'avait demandé où était Carter qu'au bout de … deux minutes vingt deux secondes.

Daniel cessa de parler en voyant le colonel s'étrangler à la simple évocation du nom du scientifique le plus maladroit que comptait cette Base.

Et c'était là que tout avait commencé. Le début d'une longue, très longue et interminable semaine à escorter une équipe de scientifiques tous plus "amusants" les uns que les autres.

Si au moins il avait eu Teal'c à ses côtés, ils auraient pu se balader un peu, visiter les environs sous prétexte de vérifier si un danger imminent ne les guettait pas. Mais non, le "grand guerrier jaffa", le "représentant de la lutte pour la liberté", "le symbole de la rébellion jaffa" avait dû se rendre sur P-quelque chose pour secourir la belle Ishta, empêtrée dans un conflit interne avec ses amazones! Jack n'en revenait pas. Il l'avait abandonné, lâchement, cela va sans dire, pour voler au secours d'une prêtresse. D'une traîtresse plutôt! De quel droit avait-elle osé détourner Teal'c de sa cause? De sa mission? De sa raison d'être? Quoi de plus important en ce bas monde que de soutenir son frère d'arme, lui Jack O'Neill en l'occurrence, pendant la dure épreuve qu'il traversait? Supporter Felger et ses acolytes était quand même, en toute objectivité, autrement plus difficile que de régler un petit souci domestique au pays des Amazones, non?
Devant la défection du jaffa, il s'était consolé en pensant que Daniel serait là, lui. Et bien non, même pas! Encore un déserteur. Et pas de bonne excuse, non plus, à son absence. Aucune ascension à préparer, pas de négociation américano-soviétique pour savoir qui utiliserait la Porte, pas même une bonne crise d'allergie qui l'aurait immobilisé à la Base. Rien de tout cela. Alors quoi? Demanderiez vous. Un minuscule, ridicule bout de papier tout jauni, tout froissé, rendu presque illisible par les années (les millénaires aurait corrigé Daniel, mais il n'était pas là et les absents ayant toujours tort …). Tout ça pour ça? Sûrement beaucoup de bruit pour rien, non? Et bien non, pas pour l'archéologue dont le savoir et la connaissance rendaient sûrement malades de jalousie, les plus brillants "géo-creusetout" de toute la galaxie. Jack l'avait vu bondir comme un cabri en apprenant l'existence de ce bout de rien du tout sur lequel, un soldat trop zélé avait cru déchiffrer un  - attention, roulement de tambour, le suspens est à son comble- … A. Imaginez donc la réaction de Daniel… "Je suis désolé Jack, je vais rester ici et étudier ce parchemin, c'est vraiment une découverte fantastique, rendez vous compte, cela nous ouvre de nouveaux horizons et blablabla". Et ce fut donc seul que le Colonel, leader de SG1, était parti sur P2X106 accompagné de Felger & Co.
Songer qu'il ne pourrait pas passer le temps à taquiner Daniel, l'exaspérait davantage encore que l'absence de Teal'c "le défenseur de ces dames".
Mais au fait, il n'a fait aucune allusion à Carter, diriez vous. Et pourquoi donc faudrait-il parler d'elle? En quoi était-elle responsable de la découverte de ce fichu minerai soi-disant révolutionnaire sur P6G222? (Et oui, il se souvenait du nom de cette planète et alors? C'était la planète où se trouvait son Second, non? C'était bien de son devoir de savoir localiser ses hommes!) Etait-ce sa faute si elle était la scientifique la plus douée, la plus à même de mener à bien ces expériences en un temps record? Il n'allait quand même pas lui reprocher cela. Et puis, il se plaisait à penser que, peut-être, elle aurait préféré être en mission avec lui … enfin, avec SG1, ici, sur cette planète de misère au champ électromagnétique capricieux. En y réfléchissant davantage, il reconnut qu'étudier un minerai potentiellement plus puissant que du naquada était autrement plus passionnant que de suivre la course folle des protons et électrons de P2-bazar. Autant pour lui, la seule once de consolation qu'il avait cru trouver venait de s'envoler. Il s'était donc résigné à supporter cette mission tant bien que mal, après tout, il en avait vu d'autres.

Au bout de quelques jours, passés à gérer les crises existentielles du couple Felger – Docteur Cynoc (le Monsieur science autochtone), à expliquer à des scientifiques étourdis que – oui, le soir, il fallait laisser ses pieds à l'air sous peine d'attraper des champignons et ce même s'il faisait froid-, à calmer et tenter de faire comprendre aux soldats, qui les accompagnaient et dont le manque d'intérêt pour cette mission était presque palpable, que non, faire des blagues de potaches aux scientifiques n'était vraiment pas une bonne idée etc, bref, il avait davantage l'impression d'être un directeur de colonie de vacances qu'un chef militaire. Et cette situation commençait à l'agacer prodigieusement! Heureusement pour lui, la mission "garde chiourmes" tirait à sa fin et le départ était prévu pour le vendredi matin, soit dans les dix prochaines heures. Il ordonna le rangement du matériel sans tenir compte des protestations, après tout c'était lui le chef et surtout, il avait l'habitude avec Daniel qui réclamait sans cesse des délais supplémentaires lorsqu'ils étaient off-world et il envoya tout ce beau monde sous leur tente  dès que le soleil commença à se coucher. Un peu de répit lui ferait le plus grand bien.
Le lendemain matin, il maudit ces satanés scientifiques, capables de citer la composition chimique de n'importe quel élément, mais pas fichus de plier et d'emballer une tente correctement. Ils finirent enfin par se mettre en route avec un peu de retard sur l'horaire et, par vengeance plus que par souci de ponctualité, Jack leur fit parcourir la distance qui les séparait de la Porte au pas de course. Ce fut jubilatoire et curieusement, sa bonne humeur refit son apparition et amplifia proportionnellement au son des jérémiades des pauvres bougres peu habitués à courir avec un sac de vingt kilos sur le dos. Un vrai sadique diriez vous, mais imaginez ce qu'ils lui avaient fait endurer pendant cette semaine! Tout cela n'était que justice et puis, un peu d'exercice, ça n'allait pas les tuer. Ne disait-on pas "un esprit sain dans un corps sain" ?
Ce fut donc dans un excellent état d'esprit qu'il franchit le vortex le ramenant sur Terre… malheureusement, l'état de grâce prit rapidement fin lorsque Felger se retrouva, pour une raison inconnue, propulsé en sortant du vortex et qu'il percuta de plein fouet … le Colonel O'Neill. Bilan des pertes: une casquette un peu écrasée et une paire de lunettes de soleil définitivement bonne pour la casse, plus quelques contusions pour le scientifique. Rien de bien dramatique mais ce fut néanmoins suffisant pour irriter grandement le leader de SG1. Sans l'intervention quasi providentielle du Général, le maladroit aurait, à n'en pas douter, passé un mauvais moment vu le regard noir que lui adressa le colonel.

Le débriefing de mission et la sempiternelle visite à l'infirmerie finirent de l'achever et d'enterrer sa bonne humeur. Il regagna donc ses quartiers, bien décidé à décompresser un peu. Ce fut sans compter l'arrivée tonitruante de Daniel qui se fit une joie de lui expliquer en détail les merveilleuses découvertes qu'il avait faites. Passionné comme il l'était toujours dans ces cas là, il ne sembla pas remarquer le total désintérêt de Jack qui restait allongé sur son lit, les yeux clos, prêt à s'enfoncer dans les limbes d'un sommeil qu'il espérait réparateur. Sa tirade achevée, il fixa le colonel en attendant une réaction qui ne vint pas. Déçu par tant d'incompréhension, Daniel quitta la pièce non sans avoir poussé un soupir à fendre l'âme. Sitôt la porte refermée, Jack daigna soulever une paupière, constata qu'il était enfin seul et se mit à son aise. Il tapota son oreiller, le redressa un peu et s'installa confortablement, les bras croisés derrière sa nuque, fin prêt pour un petit somme bien mérité. Le début de sourire de contentement qui commençait à étirer ses lèvres se figea lorsque retentit la sonnerie stridente et prodigieusement agaçante du téléphone. Il souffla plus qu'il ne soupira et décrocha.

Il fit une pause, se calma un peu en imaginant l'air terrifié que devait avoir Felger derrière son téléphone puis reprit:

Jack repensa à ce moment qui avait bien failli lui faire perdre son sang-froid. L'idée saugrenue d'abandonner Felger et sa tente sur cette satanée planète lui avait alors traversé furtivement l'esprit mais en bon responsable qu'il était, il avait pris sur lui et avait replié lui-même la tente … puis il avait enfourné rageusement tout ce qui appartenait au scientifique dans son propre barda … Et merde! Ragea-t-il intérieurement.

Il raccrocha sans laisser à Felger l'opportunité de répondre et attrapa son sac à la recherche du dossier perdu. Evidemment, il le trouva sans peine. Anticipant d'éventuels futurs dérangements, il décida de rentrer chez lui. Là au moins, personne ne viendrait l'importuner. Il fit déposer le fameux dossier dans le bureau du scientifique et regagna sa maison où un silence bienvenu l'accueillit.

Il s'affala sur le canapé, alluma machinalement la télévision et son portable. L'idée ne l'enchantait guère mais il se devait d'être joignable. Le bip caractéristique de sa messagerie retentit dans la pièce. Allons bon! Quoi encore? Maugréa-t-il en interrogeant sa boite vocale. Il écouta la voix métallique l'informer du nombre de messages qu'il avait puis il se concentra sur la voix nasillarde qui lui rappelait que le technicien viendrait le lendemain matin, entre huit heures et midi pour réparer son lave-linge. Il effaça le message et se prit la tête entre les mains… Adieu grasse matinée! Même chez lui, il ne pouvait pas être tranquille. Il ne demandait pas grand-chose pourtant. Un peu de calme, de paix, de repos. Il se leva, bien décidé à profiter malgré tout de sa soirée et partit dans la cuisine préparer son repas.

Armé d'une succulente pizza et d'une bonne bière, il prit place confortablement dans le fauteuil et commença à regarder le match de basket qui démarrait. Cela devait être la rencontre du siècle, les deux équipes se valaient et concouraient pour une place en finale, un beau programme en perspective.

En effet le match tenait toutes ses promesses, il restait vingt secondes et un lancer franc pour l'équipe sur laquelle avait parié Jack. Concentré et passionné, le coeur palpitant, les membres tendus, il s'avança sur le bord du fauteuil, prêt à bondir si le ballon entrait dans le panier et qualifiait son équipe. Les joueurs des deux équipes étaient placés dans le couloir des lancers francs, Brian McFee l'attaquant vedette se concentrait sur son futur tir. L'arbitre porta le sifflet à sa bouche, le son strident et bref retentit, McFee fit rebondir le ballon, une fois, deux fois, puis donnant une forte impulsion sur son pied d'appui, il se détendit, ses pieds quittèrent le sol et d'un habile mouvement de poignet, il lança le ballon qu'il tenait à bout de bras au dessus de sa tête. La grosse boule orange s'éleva dans les airs en tournant sur elle-même, prit la direction du panier, frappa le panneau, roula sur le cercle et … Un cri de désespoir résonna dans tout Colorado Springs… la télévision de Jack O'Neill venait de rendre l'âme. Son propriétaire se rua dans sa chambre, conscient qu'il venait de rater la fin du match mais souhaitant néanmoins connaître le score final. Il trouva enfin le petit poste radio qui traînait au fond d'une armoire. Tout en cherchant le bouton marche arrêt, il s'assit sur son lit et découvrit avec effroi que les piles étaient à plat. Dépité, il leva les yeux au ciel en se demandant quel dieu lui en voulait à ce point et décida de baisser pavillon. Après une rapide toilette, il se coucha et s'endormit en espérant que le lendemain serait un meilleur jour.

Un bruit désagréable le tira des profondeurs du sommeil. Il ouvrit un œil et le jeta sur le radio réveil: 4.00 am! Il identifia le son grave et répétitif comme étant l'alarme d'une voiture, grommela et enfouit sa tête sous l'oreiller pour étouffer le bruit, particulièrement irritant. Il finit par se rendormir rapidement pour être à nouveau réveillé à peine une demi-heure plus tard par cette maudite alarme. Et cela se répéta jusqu'à ce qu'il craque et finisse par se lever de fort méchante humeur.

La journée démarrait mal et son instinct lui disait qu'elle n'était pas prête de s'arranger. Et en effet, un flot continu de soucis, contre temps et petites contrariétés anima son samedi de repos. Les réparateurs n'étaient arrivés chez lui qu'en début d'après midi pour lui annoncer qu'ils n'avaient pas la pièce nécessaire à la remise en état de sa machine à laver, qu'il fallait la commander et que ça prendrait un certain temps pour être livré. Le technicien du magasin de HI-FI lui apprit que sa télévision était définitivement hors service. Une petite mémé laissa tomber une boite d'œufs sur ses chaussures alors qu'il faisait tranquillement quelques courses… bref, il vivait ce qu'on appelait " un jour sans". Et le soleil n'était pas encore couché. Il rentra chez lui en début de soirée en se demandant ce qui allait encore lui tomber dessus. Il fut rapidement fixé lorsqu'il pénétra dans la cuisine pour ranger ses courses. La porte du congélateur était restée ouverte depuis la veille au soir, lorsqu'il en avait sorti la pizza. Il ragea intérieurement et passa une bonne partie de la soirée à nettoyer, astiquer, désinfecter le congélateur et le sol et découvrit que du jus de viande, ça collait et ça sentait vraiment mauvais!

Ereinté par cette journée et écoeuré par le spectacle des aliments en pleine déconfiture, il partit se coucher sans demander son reste, sans souper mais en prenant soin de se munir de boules quiès. L'alarme pouvait toujours sonner désormais, il s'en fichait. Et la nuit se déroula sans encombre.

Ce fut donc frais et dispo qu'il entama son dimanche…
Il prépara son café et prit une douche. Alors qu'il était dans sa cuisine, prêt à savourer le liquide noir et brûlant, le téléphone sonna.

Et Jack lui raconta dans le détail, seulement interrompu par le rire du jeune homme qui visiblement s'amusait beaucoup des mésaventures de son ami.

Le rendez-vous fut pris. Jack vaqua à ses occupations puis, l'heure avançant, il se mit en route pour rejoindre Daniel. Ce dernier avait entendu parler d'une petite auberge qui servait, soit disant, les meilleurs steaks de tout le comté et il voulait voir ce qu'elle valait.

Ce fut donc tout guilleret à l'idée de savourer une succulente pièce de bœuf, tendre et fondante, qu'il emprunta la Ciesta Road en direction de Broadmoor. Il ouvrit les fenêtres de son pick-up tandis qu'il traversait le bois pour profiter de l'odeur de sève et de pins quand il remarqua la légère fumée blanchâtre qui s'échappait du capot. Il stoppa son véhicule, souleva le capot et manqua d'étouffer. Le mince filet de fumée venait de se transformer en un nuage opaque et dense. Cela n'annonçait rien de bon. Il commença à jurer, il avait déjà eu sa dose d'ennuis la veille. Il sortit son portable de sa veste pour contacter Daniel. Après tout, c'était à cause de lui s'il se retrouvait en panne, en plein milieu des bois, sur une route visiblement peu fréquentée! Il composa le numéro et attendit. Rien, pas de tonalité. Il jeta un regard mauvais vers son téléphone et constata que, bien évidemment, il était hors réseau. Si le téléphone n'avait pas été la propriété de l'Armée, il l'aurait vraisemblablement réduit en miettes. Les limites de sa patience venaient d'être franchies. Il s'installa en bougonnant contre un tronc d'arbre. Avec la chance qu'il avait en ce moment, une voiture passerait peut-être avant la tombée de la nuit ou mieux, Daniel s'inquièterait et penserait à le chercher. Mouais, autant compter sur une téléportation de Thor! Pensa Jack.

Au bout de deux heures passées à compter les arbres qui l'entouraient et à observer l'activité incessante des fourmis, seules présences vivantes qu'il avait croisées depuis qu'il était planté ici,  il décida de prendre le chemin du retour, à pied.

Il se demanda un instant s'il n'était pas dans la Quatrième dimension en constatant qu'il n'avait pas croisé âme qui vive depuis qu'il était sorti du bois. Bon, d'accord, c'était dimanche et Colorado Springs était plutôt calme le week-end, mais là, ça dépassait l'entendement. Il continua sa progression à travers la ville déserte et réalisa enfin. Non seulement il y avait un meeting aérien, où se rendaient toujours les trois quarts de la ville mais surtout, c'était la finale de basket ! Pas étonnant que personne ne traînât dans les rues. Il maudit Daniel et ses brillantes idées tout le long du chemin qu'il lui restait à parcourir. Et il se maudit davantage encore de ne pas avoir songé à contacter le jeune homme sitôt sorti du bois!

Arrivé enfin chez lui, il constata que son répondeur clignotait. Il appuya d'un doigt rageur sur le bouton et entendit la voix douce de Daniel lui annoncer qu'il était vraiment navré mais qu'il était retenu à la Base et qu'il devait annuler leur déjeuner. Lorsqu'il conclut en disant avec beaucoup d'humour que la loi de Murphy se poursuivait, s'en fut trop pour Jack et pour le pauvre répondeur qui décéda des suites de ses blessures après qu'un poing O'Neillien se fut abattu sur lui.

Ce petit moment de défoulement avait eu le mérite de calmer, juste un peu, Jack qui appela ensuite l'assistance dépannage. Après dix minutes d'âpres négociations avec une standardiste qui ne semblait pas décidée à l'aider, il perdit patience et adopta l'attitude et le ton autoritaire du militaire qu'il était. Complètement tétanisée, la pauvre fille se confondit en excuses en lui expliquant que la dépanneuse ne serait disponible que le lendemain. Il s'excusa à son tour de s'être emporté et raccrocha.

Il s'adossa au mur en se lamentant sur le sort qui s'acharnait sur lui. Il pouvait supporter beaucoup de choses, mais là, il trouvait que cela commençait à faire vraiment beaucoup. Oh bien sûr, il n'y avait rien eu de dramatique, rien qui ne pourrait s'arranger, mais cette succession incessante de petits riens lui avaient bien empoisonné son week-end. Et après une semaine passée à supporter Felger, sa patience était vraiment malmenée. Il jeta un œil dans son salon et pensa un bref instant à allumer sa nouvelle télévision mais, dans un éclair de lucidité, il préféra éviter. Murphy pourrait décider de la faire imploser, juste pour clore son week-end en beauté!

Le vide, voila ce qu'il devait faire. Oublier cette semaine et ce week-end pour repartir du bon pied et entamer une autre semaine sous de meilleurs auspices. Fort de cette bonne résolution, il débrancha le téléphone, ferma les volets et pour une fois, donna un tour de clé à la porte d'entrée. Il ne voulait voir ni entendre personne. Il se cala dans le canapé et attrapa un livre qui se trouvait sur la table basse. Un peu de lecture lui permettrait de penser à autre chose.

Absorbé par l'histoire captivante qui se déroulait en lettres noires sur pages blanches, il n'entendit pas tout de suite la sonnerie de l'entrée. Il finit par lever les yeux et lança un regard menaçant vers la porte. Il était hors de question qu'il se laisse à nouveau importuner alors qu'il avait réussi à retrouver le calme et la sérénité qui le caractérisaient. De toutes façons, s'il ne se manifestait pas, l'intrus finirait bien par se lasser avant lui. Du moins, c'était ce qu'il espérait. Mais il se trompait. L'importun alternait avec une rythmique bien cadencée des coups de sonnettes et sur la porte. Les "dring dring" "toc toc" successifs eurent bientôt raison de la patience de Jack.

Les coups cessèrent, des pas qui s'éloignaient résonnèrent et le silence apaisant se rétablit enfin. Jack, pleinement satisfait d'avoir chassé l'intrus sans avoir eu à se lever, se replongea dans son livre… quand sa curiosité le titilla. Il posa l'ouvrage sur le bord du canapé et se dirigea vers la porte qu'il entrebâilla discrètement. Et là, il vit avec horreur une voiture qu'il aurait reconnu entre mille disparaître au bout de la rue.

Mauvaise semaine, mauvais week-end mais là, c'était l'apothéose!

FIN

 

Mauvais Karma 2 par Ghitoc